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aux princes. Le roi Venceflas n'y vint point quoi qu'il en fût prié & l'eût promis. On y dé- AN. 1396libera pendant douze jours fur l'union de l'églife, & on envoya vers le pape Boniface pour l'exhorter à la ceffion, ce qu'il trouva fort mauvas, & leur auroit volontiers fait du mal, s il en eût pu trouver quelque prétexte. Il les amufa donc de paroles, fans leur doner de réponfe décifive: il tâcha même de les gagner, en leur accordant, contre les regles, des graces qu'ils défiroient pour eux, & pour leurs amis : mais ils n'avancerent rien pour l'afaire de la ceffion qui étoit le fujet de leur voyage.

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Martin roi d'Aragon étant revenu de Sicile aprit que Henri roi de Caftille avoit tenu à Salamanque une grande affemblée touchant l'union de l'églife, où l'on avoit conclu comme à Paris pour la voie de ceffion. Sur cet avis le Rain. 1397.. roi d'Aragon envoya au roi de Caftille deux am- n. 7. 8. c. baffadeurs, Vital de Blaves chevalier, & Rai- Sorita Inmond de France docteur en decret avec une letP. 263 tre qu'ils lui rendirent & propoferent devant fon confeil de vive voix certains articles touchant l'union de l'églife, qu'ils donerent aufli par écrit.

Le roi de Caftille répondit par une grande lettre où il rejete la voie de compromis, & dit entres autres raifons: On dira de la part de l'intrus, c'est-à-dire de Boniface, que le compromis n'eft pas une voie de droit & de justice, mais une voïe volontaire, à laquelle on ne contraint perfone, & l'intrus n'y doit point être contraint, puifqu'il s'ofre au concile general qui eft une voie de droit & de juftice. Il conclut pour la voie de ceffion propofée en France, aprouvée par les cardinaux & defirée par les fideles. La lettre eft du dixiéme de Septembre 1397.

Tome XX.

T

dic.

n. a

c. 91.

434

Hiftoire Ecclefiaftique,

que

cette

pa

L'année fuivante 139 8. il fe tint à Reims A N. 1386. une grande affemblée de feigneurs tant de l'empire d'Allemagne que du royaume deFrance pour Froiff. 44. procurer l'union de l'églife. Le roi Charles VI. fit en forte par priere & autrement que le roi Venceflas vint à Reims avec tout fon confeil: mais afin de ne pás doner à entendre affemblée ne fe fift que pour parler des deux pes: on fit courir le bruit qu'il s'agiffoit d'un mariage entre le fils du marquis de Brandebourg frere de Venceflas & la fille du duc d'Orleans. Ce prince étoit auffi à Reims avec le roi fon frere & leurs oncles les ducs de Berri & de Bourgogne; l'affemblée fe tint pendant le carême, qui cette année comença le vingtiéme Fevrier, & finit le feptiéme d Avril jour de Pâques.

que

Le mariage propofé fut conclu & publié mais quaut à l'afaire de l'églife les réfolutions furent tenues fecretes. On fut feulement que Pierre d'Ailli évêque de Cambrai devoit aller le Boniface, tant Rome en ambaffade vers pape de Venceslas pour de la part du roi Charles l'exhorter à foufrir qu'on fift une autre élection, pour juger lequel des deux demeureroit pape. Le roi de France fe faifoit fort du roi d'Angleterre & de ceux d'Ecoffe, de Caftille, de Portugal, de Navarre & d'Aragon: Venceslas fe chargeoit de fon royaume de Boheme, de l'Allemagne jufqu'en Prufle & de fon frere Sigifmond roi de Hongrie; ils promirent & jurerent de fe tenir fermes à cette réfolution & y amener leurs alliez. Mais le duc de Bourgogne ne voulut jamais aflifter à ces confeils qui fe tinrentà Reims perfuadé de ce qu'il avoit dit auparavant. On y perd fa peine & les prefens confiderables qu'on faits aux Allemans en cette ocafion. Ils ne tien dront rien de ce qu'ils vous ont promis.

XVIII.

Pierre

Pierre d'Ailli qui fut envoïé en cette ocasion, étoit né à Compiegne en 1350. de parens mé- AN. 1298. diocres. Il entra bourfier pour la theologic au colege de Navarre à Paris vers l'an 1372. Etant d'Ailli & ! procureur de la nation de France dans l'univerfi- Rome. té il embraffa la fecte des Nominaux & s'apli- Navar. hift. qua fort à la dialectique & à la phyfique, parti- Lannoi p. culierement aux traitez de l'ame & des méteo - 467. res. En 1375. il comença à expliquer le maître des fentences, & cependant il prêchoit de tems en tems. Il reçut le titre de docteur le onziéme d'Avril 1380. à l'âge de trente ans : : l'année fuivante il alla à Noïon où on l'avoit fait chanoine, puis on le rapela à Paris où il fur grand maître du colege de Navarre en 1384. Sa reputation lui attira grand nombre de difciples entre lefquels on en remarque trois Jean Gerfon, Nicolas de Clemengis & Gilles des Champs grand maître après Pierre d'Ailli en 1389.

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La même année Pierre d'Ailli fut honoré de trois charges chancelier de l'églife de Paris aumônier & confeffeur du roi vers l'année 1394. il fut treforier de la fainte Chapele qui eit la premiere dignité de ce chapitre. Enfin il fut élu évêque premierement du Pui en 1395. le fecond jour d'Avril: puis de Cambrai au commencement de l'année fuivante 1396. & il en prit poffeffion le fecond Juin Alors fe voyant obligé de réfider en fon diocefe, il réfigna la chancelerie de Paris en faveur de Jean Gerfon. Tel étoit Pierre d'Ailli, quand il fut envoyé à

Rome.

Etant arivé en Italie il trouva le pape Boniface à Fondi, & lui montra fes lettres de créance du roi de France & de l'empereur dont le pape fut content. L'évêque propofa la caufe de fon voiage, & le pape lui dit qu'il ne pouvoit

lui faire de réponse qu'aprés en avoir delibere AN. 1398. avec les cardinaux : il alla à Rome & logea à faint Pierre, & incontinent après il tint un confiftoire, dont le refultat fut qu'ils dirent au pape: Saint pere, vous devez difsimuler en cette occafion, & dire que vous obéirez volontiers à tout ce que vous confeilleront les princes qui ont envoyé cet évêque, pourvû que le prétendu pape d'Avignon fe demete de fon côté que les rois marquent le lieu où il leur plaira que fe tiene le conclave, vous vous y trouverez volontiers & y ferez trouver les cardinaux. Ce confeil plut à Boniface, & il y conforma fa réponse à l'évêque de Cambrai.

Quand les Romains entendirent que le roi de France & l'empereur demandoient que le pape fe foûmit à eux pour renoncer à fa dignité, cette nouvelle caufa de grands murmures dans Rome, par la crainte qu'eut le peuple de perdre le féjour du pape & de fa cour, qui leur attiroit de grandes richeffes, & leur en devoit aporter d'extraordinaires dans deux ans à l'occasiòn dù Jubilé de l'an 1400. pour lequel ils faifoient déja de grandes provifions qu'ils craignoient de perdre. Les plus notables des Romains s'affemblerent donc & vinrent devant Boniface, lui témoignant plus d'affection qu'ils n'avoient jamais fait, & il lui dirent: Saint Pere, vous êtes le vrai pape, vous demeurez au patrimoine de faint Pierre: n'écoutez point les confeils de quiter vôtre dignité. Qui que ce foit qui fe déclare contre vous, nous demeurerons avec vous jufqu'à expofer nos vies & nos biens pour foûtenir la bonté de vôtre caufe.

Le pape répondit: Mes enfans; prenez courage & foiez affûrez que je demeurerai pape; & quoi que puiffe dire ou traiter entre eux le ro de France & l'empereur, je ne me foûmettra

&tion d'o

ce à

point à leur volonté. Les Romains fe contenterent de cette réponse, mais ils n'en firent rien AN. 1398* conoître à l'évêque de Cambrai, qui continuoit toûjours de negocier avec le pape & les cardinaux ; & n'en tira autre réponse finon que quand Benoît fe feroit foûmis, Boniface fe conduiroit de telle maniere que les rois en feroient contens. Ainfi l'évêque partit de Rome, & paffaut par l'Allemagne il vint à Coblents, où il trouva Venceflas, & lui fit le recit de fa négociation. L'empereur lui dit: Vous direz au roi vôtre maître que je me conformerai à fa conduite & ferai que tout mon empire s'y conforme : mais autant que je puis voir il convient qu'il commence; & quand il aura foûmis fon pape, je foûmettrai le nôtre. Cependant il vint à la connoiffance du pape XIX. Benoît que le roi Charles VI. avoit envoyé vers Souftrales autres rois & les princes de la Chrétienté pour l'affaire de l'union ; & que le roi d'Angleterre Benoît. s'étoit joint à lui. Benoît en fut très-afligé, & Juv. Urf. envoya vers le roi Charles le cardinal de Pampe- p. 132. lune Martin de Salva: mais le roi & les princes de fon fang en étant avertis de bonne heure, on lui manda de ne point venir; ce que le pape trouva fort mauvais, comme il paroît par fes lettres au duc de Berri & au roi-même, en da- Spicil. to. te du neuvième de Juin.Le roi donc afin de pour- Lib. Gall. voir au fchifme, convoqua à Paris une giande to. 3. p. affemblée de prélats & de docteurs, qui com- 452. mença le vingt-deuxième de Mai dans la petite Edit. 1639. falle du palais qui donnoit fur la riviere. Le roi n'y t affifta pas étant retombé dans fa maladie : mais à la place y étoient le duc d'Orleans fon frere & fes oncles les ducs de Berri, de Bourgogne & de Bourbon. Ce fut le patriarche d'Alexandrie Simon de Cramaud qui fit l'ouverture de l'affemblée par un difcours François, où il raporta ce qui s'étoit paflé depuis la mort de Cle

6. p. 157.

Labour.

376.

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