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difoient qu'un d'entre eux étoit le prophete Elie revenu du Paradis, & que le monde alloit périr par un tremblement de terre. Ils exciterent un grand mouvement de devotion prefque dans toute l'Italie & à Rome même, en forte que l'on voïoit par tout des proceflions de gens revêtus de longs habits de toile avec des capuces couvrant le vifage & aïant feulement des ouvertures pour les yeux comme font les facs des penitens blancs dans les provinces méridionales de France.

AN. 1409

Plat. ja Bos

nif. IX.

En ce recit je m'arrête principalement au témoignage de Thierri de Nicm, qui étoit en Italie depuis envion trente ans, & avoit ce fpectacle devant les yeux; & je le préfere à faint Antonin de Florence, qui n'avoit alors que dix ou douze ans, & à Platine qui n'en parle que S. Ant. tol fur le raport de fon perc. Thierri dit donc que 3., p. 445. prefque tout le peuple, des prêtres même, jusqu'à des cardinaux fe laifferent entraîner à cette devotion de porter des habits blancs & de marcher en proceffion chantant de nouveaux cantiques, ce qu'ils continuoient pendant treize jours de fuite, puis fe retiroient chez eux. Pendant leur marche ils couchoient la nuit dans les églifes, les mónafteres & les cimetieres, les prophanant de leurs ordures & mangeant les fruits des arbres qui s'y rencontroient. Comme ils couchoient dans les mêmes lieux jeunes & vieux, hommes & femmes, il en arrivoit de grands défordres; & enfin à Aquapendente dans l'état ecclefiaftique on arrêta un des impofteurs, qui étant mis à la question, avoua un crime pour lequel il fut enfuite brûlé: ce que quelques-uns de fes complices ayant apris, ils fe retirerent fecrete

ment

pro

Cette dévotion populaire ne laisla pas de duire quelques bons effets. Pendant qu'elle dura,

c'eft-à-dire deux ou trois mois au plus, il y AN. 1400. eut des tréves tacites entre les villes ennemies, S. Ant. une infinité d'inimitiez longues & morteles furent apaifées, les confeffions & les comunions furent frequentes. Les villes où paffoient les pénicens, exerçoient volontiers l'hofpitalité envers eux. Entre leurs cantiques qui étoient en latin ou en Italien, on remarque la profe Stabat Mater dolorofa que l'on atribuoit alors à faint Gregoire.

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2XXXIX. n..

69. liv.xcv. n. 13. liv.

XCVIII. n. $4.

Th. Niem.

II. c. 18.
Libert. Gall.

462.

L'aproche du Jubilé avoit aparemment exJubilé de cité ce mouvement de devotion. Car les Franl'an 1400 çois & les autres peuples de l'obedience d'Avignon comptoient toûjours que la grande indulgence devoit fe gagner à Rome chaque centiéme Sup. liv. année, comme Boniface VIII, l'avoit declaré en 1300. & ils ne s'arêtoient point à la reduction de Clement VI. à cinquante ans ; & encore moins à celle de trente trois ans faite par Urbain VI. qu'ils ne reconoiffoient pas pour pape. Les François vinrent donc à Rome par troupes & en grande multitude pendant toute l'année 1400. Mais le roi Charles VI. ou fon confeil craignant les fuites de ce pelerinage publia une ordonance où il dit : Nos ennemis pouroient entrer cependant en nôtre roïaume, comme nous favons qu'ils en ont deffein : & le trouveroient dépourvû d'homes & d'argent. D'ailleurs une grande partie du chemin d'ici à Rome eft fous Jobeffance du prétendu pape qui y refide, & il pouroit s'enrichir de l'argent que nos fujers y porteroient; ce qui le rendroit plus dificile à acceper la voie qui a été prife pour l'union de l'églife. C'eft pourquoi nous defendons à tous nos fujets d'aller à ce voïage. Voulons que ceux qui font en chemin retournent fi-tôt qu'ils auront conoiffance de cette ordonance; fous peine aux ccclefiaftiques de faifie de leur temporel,

aux autres de prife de leurs perfones.

Il ne laiffa pas d'ariver en Italie un grand AN.1409. nombre de François, mais comme le pape étoit

Th. Niem

en guerre avec le comte de Fondi Honorat Gaëtan, fes troupes répandues autour de Rome Rin. 1400. pillerent les pelerins & infultcrent même des fem- n. 2. mes nobles. Ceux qui vinrent jufqu'à Rome y aporterent de grandes ofrandes, mais la pefte s'y mit la même année, fans que le pape ôsât en fortir comme il avoit refolu pour prendre l'air pendant l'été. Ii demeura donc craignant de perdre fa feigneurie temporele; & toutefois il ne tira rien de fon trefor pour affifter les étrangers qui étoient demeurez malades à Ro

me.

pour

reçut

Manuel en

Juven. p.

Ce pendant C. P. étoit toûjours bloquée par xxxiv. Bajazet, & l'empereur Manuel Paleologue ne Voïage de fe fentant pas affez fort lui réfifter, prit l'empereur la refolution de venir lui-même en Occident Occident. chercher du fecours. Il laiffa donc fon neveu Calch. lib. Jean à la garde de C. P. & vint à Venife, puis 11. p. 44. à Milan où le duc Jean Galeas Visconti le très-bien, & lui dona une bone escorte de ca- 1. 10. 143. Labour valerie & d'infanterie pour le conduire en Fran- Monftrel. 1. ce. Il y fut reçu avec les honeurs convenables c. 4. à fa dignité, & ariva à Paris le troifiéme de Rain.n. 48, Juin 1400- mais la maladie du roi fut cause que les princes divifez entre eux ne lui promirent aucun fecours. Après un long féjour en France l'empereur Manuel paffa en Angleterre, où le nouveau roi Henri ne fit pas plus pour lui, étant lui-même encore mal afermi fur fon trône. Ainfi Manuel fut contraint de retourner chez lui fans avoir rien fait.

La même année Venceslas roi de Boheme &

XXXV.

Venceflas

dépofé. Ru

empereur d'Occident fut depofé de l'empire par fentence des électeurs, qui porte en fubftance: Pert empe-, Les princes & les autres états de l'empire ont fit. p. 25

reur.

p. 189,

0.13.

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fouvent averti le roi de Boheme Venceflas des AN.1400. défordres qui regnent par fa mauvaise conduite. Rain. 1450. Il a retranché quelques membres de l'empire, comme Milan & la province de Lombardie qui produifoient à l'empire de grands revenus; & il a pris de l'argent pour créer duc de Milan & comte de Pavie celui qui n'y étoit que comme miniftre de l'empire. Il a de même aliené plufieurs villes & plufieurs terres en Allemagne & en Italie. Il a vendu à fes favoris quantité de parchemins blancs fcellez de fon feau, où l'on a écrit ce que l'on a voulu.

Il ne s'eft jamais mis en peine des querelles & des guerres qui afligent l'Allemagne & les autres terres de l'empire, ce qui a produit les pillages, les incendies & les vols, qui font que perfone n'eft en fûreté ni fur terre ni fur mer: clercs, laïques, laboureurs, marchands, tous font également expofez; les églifes & les monafteres font ruïnez. Enfin il a fait mourir & quelquefois de fa main des évêques, des prê tres & d'autres perfones confacrées à Dieu, ou diftinguées par leur merite, dont quelques-uns ont été noyez ou brûlez : ce font tous des faits notoires.

Après donc l'avoir exhorté plufieurs fois, & communiqué l'afaire au faint fiege, après 1 l'avoir cité & contumacé dans les formes: Nous Jcan archevêque de Mayence au nom de tous les électeurs, privons de l'empire par cette sentence ledit feigneur Venceflas comme inutile, négligent, diffipateur & indigne; & nous dénonçons à tous les princes, grands, chevaliers, villes, provinces & fujets du faint empire, qu'ils font libres de tour homage & ferment prêté à fa perfone: les requerant & admoneftant de ne fui obéir, ni lui rendre aucun devoir comme roi des Romains. Cette fentence fut prononcée au château

château de Lonftein fur le Rhein le vendredi vingtiéme d'Août 1400.

an. 1395.

AN.1404. L'archevêque de Mayence dont elle porte le Thrit. Chr. nom étoit Jean de Naflau frere d'Adolfe qui Span. rempliffoit ce grand fiege vingt ans auparavant. Hirfang. Courad de Vinfperg fon fuccefleur mourut au mois d'Octobre 1395. & le chapitre élut tout d'une voix un chanoine de fon corps, favoir Godefroi d'entre les comtes de Liningen, homme fage, prudent, favant & digne de cette place au jugement de tout le monde. Mais Jean de Naflau petit homme fin & rule, qui étoit aufli membre du ch pitre, fit agir fi puiflament aupres du pape Boniface, qu'il cafla l'élection de Godefroi toute canonique qu'elle étoit, & pourvut Jean de Naffau de l'archevêché de Mayence. Quelques-uns difoient qu'il lui en avoit coûté foixante dix mille florins. Il tint le fiege de Mayence vingt-quatre ans.

Après la dépofition de Venceslas, les trois archevêques électeurs, Jean de Mayence, Ver- Id. Hir ner de Treves, & Frideric de Cologne demeure- Saug. an. rent à Lonstein, où nonobitant l'absence du duc 1400. de Saxe & du marquis de Brandebourg, ils élu- Gobel. c. rent pour empereur Rupert ou Robert comte 70. p. 214. Palatin du Rhein & duc de Baviere qui étoit préfent; c'étoit au mois de Septembre. De Lonfiein ils defendirent à Cologne par le Rhein ; & larchevêque Frideric y facra & courona roi de Germanie ce Robert de Baviere dans fon églife métropolitaine le jour de l'Epiphanie fixime de Janvier 1401. L'élection auroit dû fe faire à Francfort, & le couronement à Aix-la-Chapelle: mais mais ces deux villes tenoient encore pour Venceflas. Mais l'un & l'autre parti recone ifloit le pape de Rome Boniface, avec lequel Robert prenoit des mesures pour paffer en Italic & fe faire Couroner, ce que Venceslas n'avoit pas fair.

Tome XX.

Rain. 1401, Mc 1.2.3.C Ca

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