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Sur la fin de cette année 1401. treiziéme AN. 1401. du pontificat de Boniface, c'eft-à-dire le vingtXXXVI. deuxième de Decembre il revoqua auffi toutes Avarice de les Boniface. graces expectatives qu'il avoit accordées, IX. Gebel.c. même celles qui portoient la claufe Anteferri, $7.

Valfing. 364.

§. 156.

p.

ou de préference, fi elles n'avoient pas encore eu leur effet. Il caffa toutes les unions des paroiffes ou d'autres benefices faites par lui ou fon prédeceffeur immediat, fi elles avoient été faites fans grande neceffité. Il revoqua toutes les indulgences plenieres accordées fous la forme du Jubilé ou du voyage au faint fepulcre. Il caffa les difpenfis qu'il avoit données à des freres d'Ordres Mandians pour tenir des benefi ces même à chage d'ames. Mais toutes ces caffations & revocations n'étoient qu'un prétexte pour accorder de nouvelles graces, & attirer de l'argent.

Dès le commencement de cette année, c'est-àdire après l'Epiphanie le roi Henri tint un parlement à Londres, où fut fait un ftatut contre les Lollards ou Vicléfiftes, portant que par tout ou on les trouveroit foûtenant leur mauvaise doctrine, on les prendroit & on les livreroit à l'évêque diocefain: que s'ils demeuroient opiniâtres à défendre leurs opinions, ils feroient dégrade & livrez au bras feculier. Cette loi fut executée en la perfonne d'un prêtre qui fut brûlé publiquement à Smithfield. La crainte des jugemens obligeoit les Lollards à enfeigner en cachete, & voici les articles qu'ils enfeignoient, comme on le découvrit l'année suivante.

1. Le fept facremens ne font que des fignes morts, & n'ont point de valeur dans la forme ufitée par l'églife. 2. La virginité & le celibat ne font point des états aprouvez de Dieu, mais il a ordonné le mariage, & c'eft le meilleur. C'eft pourquoi ceux qui fe veulent fauver, doi

V difant

que ce

vent fe marier, ou du moins être dans la réfolution de le faire autrement ils font homicides AN. 1401. & empêchent la propagation du genre humain. 3. Si un home & une femme font d'accord de Le marier enfenible, la volonté feule fuffit pour faire un mariage fans autre foûmission à l'églife, & en vertu de cetre doctrine, les Lollards avoient quantité de mariages clandeftins. 4. Ils difoient que l'églife n'étoit que la fynagogue de Latan, c'eft pourquoi ils n'y alloient ni pour honorer Dieu, ni pour recevoir les facremens, principalement celui de l'autel, n'étoit qu'une bouchée de pain mort; & le nomoient la tour ou la fortereffe de l'antechrift. 5. S'ils ont un enfant nouveau né, ils ne le feront pas batifer dans l'églife: parce, difent ils, que c'eft une image de la Trinité qui n'eft point fouillée de peché & qui deviendroit pire, fi elle tomboit entre les mains des prêtres. 6. Nous n'avons ni fête ni jour plus faint qu'un autre, pas même le dimanche : on a tous les jours une égale liberté de travailler, de boire & de manger. 7. Enfin il n'y a point de purgatoire après cette vie ; & pour quelque peché que ce foit,il ne faut point d'autre penitence que de le quitter & s'en repentir avec foi.

Un chevalier nommé Louis de Clifford qui avoit été depuis long-tems protecteur des Lollards découvrit à l'évêque de Cantorberi Thomas d'Arondel ces propofitions qu'il avoit tenuës cachées & envelopées fous des termes obfcurs. Mais alors il s'en expliqua clairement, pour montrer que c'étoit par fimplicité & par ignorance, & non par malice qu'il avoit eu comunication avec ces heretiques. Il dona auffi à l'archevêque les noms de ceux qui enseignoient

Ces erreurs.

Elles pafferent alors jufqu'en Boheme; la

AN. 1401. XXXVII. Commenment de

3402.

hift. Colch. Huff. lib. En. fil. hift. Boa.

nouvelle univerfité de Prague fondée par l'empereur Charles IV. étoit gouvernée abfolument par les docteurs Allemans, au grand mécontentement des Bohemiens naturelement feroces & Jean Hus. peu traitables. Ils prierent le roi Venceslas de Trith. Chr. leur laiffer l'intendance de leurs écoles à l'excluHirf. an. fion de ces étrangers. Venceslas irrité contre les Allemans, qui l'avoient depofé de l'empire, accorda facilement aux Bohemiens ce qu'ils demandoient. Un des plus grands ennemis des Allemans étoit un jeune home de basse naiffance, mais diftingué par fon efprit & fa facilité à parler nommé Jean Hus, qui fut reçu maîtreès-arts en l'univerfité de Prague l'an 1396. ordonné prêtre en 1 4 0. & établi prédicateur dans l'églife nommée Bethléèm: enfin l'annéc fuivante il fut fait doyen. Les Allemans indignez fe retirerent de Prague peu de tems après au nombre de plus de deux mille tant docteurs qu'étudians, & pafferent à Lipfig en Mifnie où ils fonderent une nouvelle univerfité par autorité du pape.

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To. 1. ep. J.
Huff. init.

En. Sil.

P. 193.

Un noble Bohemien de la maifon du Poiffonpourri étudiant à Oxford en Angleterre y trouva les livres de Viclef intitulez des Univerfaux récls, où il prit grand plaifir, & en emporta des exemplaires, qui contenoient des traitez du droit civil, du droit divin, de l'églife, & diverfes queftions contre le clergé. Le noble Bohemien apoita tous ces livres en fon pays, comme un precieux trefor, & devint zelé fectateur de Viclef, dont il prêta les livres aux ennemis des Allemans, & particulierement à Jean Hus. Un riche bourgeois de Prague y avoit fondé une églife fous le nom de Bethleem, & y avoit donné un revenu fuffifant pour entretenir deux prédicateurs, qui tous les jours inftruifoient le peuple en Bohemien, dialecte de la langue Scla

one: or on donna une de ces places à Jean Hus

en I 400.

Comme il étoit éloquent & avoit la réputation d'être reglé dans fes mœurs, on l'écoutoit volontiers; & s'en étant aperçû, il avança plufieurs propofitions tirées des livres de Viclef: difant que c'étoit la pure verité, que l'auteur étoit un faint home; & je voudrois, ajoûtoitil, qu'après ma mort, mon ame fût avec la fienne. Jean Hus étoit fuivi prefque par tous les clercs qui étoient chargez de dettes, ou no tez pour leurs crimes & leurs feditions, efperant s'rl arivoit quelque nouveauté éviter les peines qu'ils méritoient. Quelques favans s'y joignoient auffi, indignez de ce que dans la diftribution des gros benefices on leur préferoit des nobles fans merite Enfin Jean Hus & fes difciples donnerent dans les erreurs des Vaudois.

AN. 1403

Bibl.

En Orient Bajazet fut obligé de quitter C. P. xxxvIII qu'il tenoit toûjours bloquée, pour marcher Fin de Ba contre Tamerlan empereur des Mogols, & maî- jazet. tre de prefque toute l'Afie. Il defcendoit d'un pa- Orient. p. rent de Jinguifcan qui s'établit en Maurenahat, 175. 877. & ce fut à Samarcand capitale de cette provin- 882.. ce que naquit Tamerlan. Son vrai nom étoit Timout & Lenc un furnom qui en Perfau fignifie boiteux. Le regne de Timourlenc commença l'an 771. de Hégire 1370. de J. C. & dura trente-fix ans, pendant lefquels il foûmit le Corafan, l'Inde, la Perfe, la Syrie, & s'avança jufqu'en Natolie ou Roumeftan. Là il prit Savaftia ou Sebafte fur les Turcs, & Bajazet étant venu pour arêter fes progrès, les deux armées fe rencontrerent à Ancyre ou Angouria, & il s'y donna une grande bataille que Bajazet perdit & y fut fait prifonier. Il mourut peu après l'an 805. de l'Hégire, 1 4 0 2. de J. C. ayant regué quatorze ans.

Pococ. fupl

1. 45.

XXXIX. Benoît XIII. déli ντέ.

Sup. n. 25.

J. Juven. 1520

Depuis plus de quatre ans le pape Benoît de AN. 1413. meuroit enfermé dans fon palais d'Avignon, dont il ne devoit fortir que quand l'union feroit retablie dans l'églife; & pour l'en empêcher onle gardoit de fort près, en forte qu'il étoit comme prifonier. Ennuïé de cet état il concerta avec un gentilhome Normand, nommé Robinet de Braquemont, la maniere de fortir fecretement. Le pape s'affûra donc d'une escorte de cinq cens homes qui l'atendit hors de la ville, & comme Robinet de Braquemont venoit fouvent le voir les foirs, il prit cette heure pour fortir avec lui déguifé comme s'il eût été un home de fa fuite. C'étoit le douziéme de Mars 1 4 0 3. & l'on comptoit encore 1 4 0 2. Pâques n'étant que le quinzieme d'Avril.

Labour p.

461. bis. f.

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Le pape Benoît emporta fur lui le faint facrement dans une belle boîte, fuivant l'ufage des papes de le faire porter dans leurs voyages. Il emiporta aufli une lettre du roi portant qu'il n'avoit jamais aprouvé la fouftration d'obéïffanee. Au fortir du palais d'Avignon, il fe rendit dans une maison de la ville, où le trouverent des gentils-homes François qui lui baiferent les piés & lui rendirent le refpect dû au pape. Il se fit faire la barbe qui étoit fort longue car il avoit laiffé croître fon poil pendant fa prifon. Etant forti d'Avignon, il joignit fon cfcorte qui le conduisit à Château-renard petite ville voifine où il arriva vers les neuf heures du matin ; & le jour méme il écrivit au roi pour l'avertir de fa fortie, proteftant de la continuation de fes bonmes intentions pour l'union de l'églife.

Si-tôt qu'il fut en liberté les cardinaux qui l'avoient abandoné, chercherent à fe reconcilier avec lui, voyant que les Efpagnols lui adhéroiens, & que les François étoient divifez furt fon fujet. La ville d'Aviguon rechercha auffi les

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