AN.1406., LIX. Gregoire Th. Nicm. Leon. Aret. & les uns aux autres que fi quelqu'un d'entre cux eft élu pape, il renoncera à fon droit, quand l'antipape y renoncera ou mourra, pourvû que fes faux cardinaux veulent s'accorder avec ceuxci, enforte qu'ils faffent tous enfemble une élection canonique d'un feul pape fi un des cardinaux abfens ou quelque autre hors du facré colege eft élu pape, ceux-ci procureront de bon-ne foi qu'il faffe la même promeffe ; & que dans un mois après fon intronifation il écrive au roi des Romains, à l'antipape & à fes prétendus cardinaux, au roi de France & à tous les autres princes & prélats pour les inftruire de tout ce que deffus. Dans trois mois le pape élu envoyeLa fes ambaffadeurs à qui fes cardinaux jugeront à propos, avec pouvoir de convenir d'un lieu de conference; & on promettra de part & d'autre de ne point faire de nouveaux cardinaux pendant le traité d'union. Cet acte fut juré & foufcrit par les quatorze cardinaux. Le jour de faint André trentiéme du même mois ils élurent tout d'une voix Ange Corrario XII. pape. Venitien, cardinal prêtre du titre de faint Marc, lib. 111. c. 1. patriarche titulaire de C. P. âgé de foixante & Labyr. p.8. dix ans, & docteur en theologie. Les cardinaux l'élurent comme un home d'une fainte vie & d'ual. p. 256. ne feverité antique, perfuadez qu'il travailleroit de bonne foi à l'union de l'églife. Au fortir du Th. Niem. conclave il ratifia en pleine liberté l'acte qu'il avoit fait dedans ; & le jour de fon couronement il fit un fermon où il exhorta les cardinaux & les courtisans à concourir avec lui pour cette bonne œuvre, de quoi ils furent extrêmement rejoüis, & publioient par tout même par . 6. écrit des louanges de Gregoire. Lui de fon côté ne parloit que de fon defir pour l'union : difant qu'il vouloit le rendre au lieu de la conference, quand il devroit y aller à pié un bâton à la main, C. 2. 12. Ou-par mer dans la moindre petite barque. Les cardinaux & les courtifans ne doutoient point de AN. 1496. fa bone intention: ils craignoient feulement qu'il ne vécût pas affez pour l'accomplir. S -tôt que Gregoire XII. fut élu pa I. il écrivit au pape Benoît XIII. ciproques des deux & avant même fon couronne- Lettres réent, fuivant la convention faite à Rome dans le conclave le vingt- troifiéme papes. Sup. liv. Th. Niem. lib.III. c.4 de Novembre 1406. La lettre porte en fubftan- XCIX. n. 59. ce : en ce malheureux fchifme; c'est à vous à voir fi vôtre confcience n'eft point en hazard, Nemor. p. pour moi je declare ouvertement mon intention: 196. je ne prétens point perdre de tems, mais plus mou droit eft clair & certain, plus je croi loüa-, ble & für de l'abandonner pour la paix de la Chrêtienté: Agiffons donc l'un & l'autre pour concourir à l'union : j'offre de renoncer au pontificat, fi vous renoncez au droit que vous prétendez y avoir. La lettre eft dattée de Rome le onziéme de Decembre 1 4 0 6. & fut portée à Marseille, où étoit Benoît, par un frere convers de l'Ordre de faint Dominique, ambafladeur, ce femble, peu convenable pour une fi grande affaire. Gregoire écrivit en même temps une let. 198. tre circulaire aux princes & aux prélats οι après leur avoir donné part de fon élection il fait la même promefle de ceder mais toûjours avec la même restriction: En cas que fon adverfaire cede de fon côté. Le pape Benoît aiant reçu la lettre de Gre-, goire y fit une réponse où il protefte de même, III. C. qu'il a toûjours fouhaité l'union de l'église, sans AN 1406. jamais refufer la voie de difcuffion pour montrer la juftice de fon droit. Il offre de fe trouver avec fes cardinaux en quelque lieu für & convenable où Gregoire veüille venir avec les fiens; & y ceder fon droit fi Gregoire cede de fon côté. La lettre eft datée de faint Victor de Marfeille le dernier jour de Janvier 1407. Ainfi les deux papes tenoient le même langage, & la fuite fera voir qu'ils penfoient auffi de même, c'est-à-dire le contraire de ce qu'ils difoient. II. Lettre du roi de Fran ce. Cependant le roi de France Charles V I. publia une lettre patente adreffée à tous les fideles, où il dit. Nous avons affemblé l'hiver derNem.p.205. nier un concile de tout notre royaume où nous croyons que l'on a mis les fondemens de l'union de l'églife. Car le pape Benoît & Ange élu depuis peu à Rome ayant tous deux par leurs lettres accepté la voye de ceffion : nous avons rcfolu de leur envoyer inceffamment nos ambaffadeurs pour prier le pape Benoît & fon competiteur de promettre même par bulles que dans dix jours depuis qu'ils en feront requis, ils cederont abfens l'un de l'autre chacun chez cux entre les mains de leurs cardinaux ou par lettres ou par procureurs. S'ils ont égard à cette requi fition; les deux coleges de cardinaux fe rendront en un même lieu, où ils feront l'élection d'un feul pape. Que fi les deux contendans ne veulent ceder qu'en perfonne & étant enfemble, nous ne l'empêcherons point; nous les aiderons plutôt : mais fi le pape Benoît cherche des faux fuïans, ou s'éforce de quelque maniere que ce foit de tirer F'affaire en longueur, ou fi le Romain ne veut ceder qu'en prefence de Benoît, ou refufe de ceder abfolument en ces cas nous ordonnons de l'avis du concile de l'église Gallicane & des uni verfitez de Paris, d'Orleans & d'Angers, que fi dans les dix jours de la réquifition, il n'accorde AN.1407. nettement la voie de ceffion, & fi dans les dix jours fuivaus il ne fatisfait nos ambassadeurs fur les circonstances & l'execution de cette voïe; nous nous retirerons de lui comme d'un fchifmatique retranché de l'églife ; & nous ne lui rendrons plus aucune obéiffance , parce qu'il n'a tenu qu'à lui que la paix ait été renduë à l'églife. Enfuite les cardinaux qui feront demeurez avec nous dans le bon parti s'affembleront avec ceux de l'autre college pour l'élection d'un pape unique. Que fi par malheur tous les cardinaux fe trouvoient tellement divifez qu'ils ne puffent s'accorder pour faire l'union: nos ambaffadeurs travailleroient à la faire avec l'autre parti, aux conditions plus amplement exprimées dans leurs inftructions. Doué à Paris le dix-huitiéme Fevrier 1 4 07. & de nôtre regne le vingt-feptiéme. Dès le comencement du même mois le roi & l'univerfité envoïerent des ambaffadeurs au pa pe Benoît, favoir le patriarche d'Alexandrie 'Simon de Cramaud, l'évêque de Cambrai Pierre d'Ailli, l'évêque de Beauvais Pierre de Savoifi, les évêques de Meaux, de Troyes & d'Evreux, Amelin de Maillé archevêque de Tours, les abbez de faint Denis, de Jumieges, du mont faintMichel, de Clairvaux, de faint Etiene de Dijon, & plufieurs docteurs jufqu'au nombre de trentehuit en tout. Etant arrivez à Marseille où étoit Benoît, ils lui expoferent l'ofre que faifoit Gregoire de ceder pour l'union de l'églife: Et fi vous n'en faites autant ajoûterent-ils, nous avons charge de vous declarer que tout le royaume de France & plufieurs autres pays de la Chrétienté vous feront à tous deux fouftraction d'o Monftr. x. c. 33. n. III. Th. Niem. III. c. 7. c. I. 13. Ughel. to. I. p. 246. béiffance à vous & à vôtre competiteur. Le pa roient. Cependant le pape Gregoire envoya à MarArticles de feille trois ambaladeurs, Antoine Corrario êvêMarfeille. que de Modon fon neveu, qu'il fit évêque de Boulogne pendant qu'il étoit à cette ambaflade Labour. lib. Guillaume le Normand évêque de Todi, qui étoit fon tréforier, & Antoine Butrio docteur célebre de Boulogne. Après plufieurs jours de conference ils convinrent que l'union fe feroit par la ceffion des deux prétendus papes qui fe trouveroient enfemble à Savone ville epifcopale de la côte de Gênes, où ils fe rendroient à la faint Michel prochaine ou au plûtard à la Touffaints. Th. N. Ne- L'acte de ce traité eft du vingtiéme d'Avril 1407. & contient vingt-trois articles de conditions pour la fûreté des deux papes & de leur fuite, entr'autres que des deux côtez on ne nommera aucun des deux anti-papes, ni ceux de fon colege anti-cardinaux. mar. p. 200. Art. 21. Rain. 1407. Le pape Gregoire prit occafion du voyage de Savone pour demander un fubfide d'argent aux églifes de fon obedience comme on voit par une bulle circulaire du vingt-troifiéme d'Avril & par une particuliere au roi d'Angleterre HenTh. Niem. ri IV. datée du premier de Juin. Mais vers le même tems Gregoire declara à fes cardinaux & aux principaux de fa cour qu'il ne pouroit.fe |