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Tendre à Savone au tems marqué, faute de galeres, quoi que pour en avoir, il eût fait de AN.1407 grandes diligences auprès des Venitiens. Or, ajoûtoit-il, je n'irai point fur les galeres des Genois ils me font fufpects & avec raison, à cause de leur ancienne haine contre les Venitiens. -Je n'irai pas non plus à Savone par terre, je n'en puis faire la dépenfe. Il faut fe fouvenir que Gregoire étoit Venitien.

c. 9,

C. 12.

A Marfeille les ambaffadeurs de France pref- Labour. ← foient le pape Benoît de leur faire expedier une s. 6. bulle de ce qu'il avoit promis, particulierement touchant la voie de ceffion; mais il le refufa, prétendant qu'ils devoient fe fier à sa parole. Après quoi ils fe partagerent en trois : Le patriarche d'Alexandrie, & quelques autres refoJurent d'aller à Rome: l'archevêque de Tours & l'abbé de faint Michel demeurerent à Marfeille, pour veiller fur la conduite du pape : l'abbé de faint Denis Philippe de Villette & Hugues doyen de l'églife de Rouen furent envoyez en France: où vinrent auffi les deux évêques de Th. Niem Todi & de Modon envoyez du pape Gregoire, c. 13, qui arriverent à Paris le dixième de Juin.

Le roi leur dona audience publique le même jour; & ils anoncerent l'union de l'églife comme très proche, ce qui repandit une grande joïe, & on dona bien des louanges à Gregoire, que l'on nommoit ange de lumiere, faifant allusion à fon nom de batême. Les deux nonces reçu rent donc de grands honeurs, même de l'université, & demeurerent long-tems en France mais on fe défioit toûjours du pape Benoît, & on doutoit qu'il cedât le pontificat. L'évêque de Modon expliqua le détail du traité fait à Marseille pour l'entrevûë de Savone; & fon recit fut confirmé le lendemain par les envoyez d de France l'abbé de faint Denis & le doïen de Rouen. Ils renditent

compte auffi des raifons qui les avoient en AN. 1307. pêchez de fignifier à Benoît la fouftraction d'obedience fur le refus de la bulle qu'ils lui avoient demandée. Nous n'avons pas voulu, difoientils, le pouffer à bout; de peur qu'il ne mît quelobftacle à la conference de Savone.

IV. Ambafla

Rome.

162.

que

Le patriarche d'Alexandrie & ceux qui l'acdeurs de compagnoient, arriverent à Rome le cinquiéme France à de Juillet, & furent logez honorablement par Leonard évêque de Fermo neveu du pape GreLabour.c. 13. goire & fon camerier qui les prefenta au pape Mf. p. 258. le lendemain. Les deputez du pape Benoît étoient déja à Rome; & ils fe joignirent ensemble pour preffer Gregoire de tenir fa parole & de fe rendre .17.m. p. à Savone. Enfin le jeudi vingt-uniéme de Juillet les ambaffadeurs de Benoît s'étant assemblez avec les cardinaux de Gregoire, leur dirent: Nous avons requis votre pape jufques à fix fois de confirmer le traité de Marseille, fans cn avoir pû tirer de réponse, depuis trois semaines. que nous fommes à Rome: Nous vous protes tons donc en prefence des ambaffadeurs de France, que voici, qu'il ne tient point au pape Benoît que l'union de l'églife ne fe faffe, & fi on veut nous doner réponse, il faut que ce foit aujourd'hui parce que nous ne demeurerons pas ici davantage.

Le patriarche d'Alexandrie fit de fon côté la même proteftation ; & les cardinaux aïant fait confentir les uns & les autres de demeurer, leur prefenterent le lendemain une cedule par laquelle Gregoire demandoit un autre lieu d'entre vûë que Savone, ou qu'ils s'y rendiffent par terre l'un & l'autre, & que le maréchal de Boucicaut fe retirât en France. Il fe fit encore quelques antres propofitions de part & d'autre, & enfin 20. les ambaffadeurs de France fe retirerent & vinrent à Genes, d'où le patriarche écrivit au pape Gre

a

goire le vingt-deuxième d'Août, Fexhortant à accomplir fes promefles, mais inutilement. En- AN.1407. fuite ils vinrent à l'ile de faint Honorat où le pape Benoît s'étoit retiré à caufe de la pefte qui c. 21 étoit à Marseille. Il continua fes promeffes d'aller à Savone: mais il refufa de défarmer fes galeres, voulant toûjours les garder pour sa fùreté.

V.

lib. III. G

19. C. 21

Cependant le pape Gregoire étant parti de Gregoire à Rome la veille de la faint Laurent neuviéme Siene puis d'Août, vint à Viterbe, où il demeura trois fe- à Luques maines, & au commencement de Septembre il Th. Niem. paffa à Siene avec fa cour, & y demera le refte de l'année. Là pour amufer fes cardinaux il leur dit qu'il vouloit ceder le pontificat : mais à condition de conferver pendant fa vie tout ce qu'il avoit devant que d'être pape, favoit le titre de patriarche de C. P. les évêchez de Modon & de Coron dans l'état de Venife un prieuré qu'il tenoit en commende. Il demandoit encore l'archevêché d'Yorc en Angletere, que l'on fupofoit vacant, quoi qu'il ne le fût pas.

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Le premier terme de la conference aprochoit qui étoit la faint Michel, & le pape Benoît étoit déja arrivé à Savone avec fes cardinaux, attendant Gregoire avec les fiens. Ils le preffoient d'y aller fuivant fa promeffe; mais il leur difoit: Je ne veux pas m'expofer temerairement à me perdre avec toute ma cour: je veux paffer en Lombardie & demeurer en Piemont fous la protetion du marquis de Monferrat; jufqu'à ce que par fa médiation nous venions à une parfaite union de l'églife. Enfin le dernier terme de la conference étant expiré le jour de la Touffaints, Th. Niem; Gregoire fit publier ce jour-là même à Siene un Nemor p écrit où il expofe les raifons pour lesquelles il 244° prétend n'avoir pû alier à Savone; & il fit expliquer cet écrit en langue vulgaire par plufieurs

ẢN.14c8.
De fchifm.

III. c. 23.

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Nem. p.

312.

VI.

Au duc d'Orleans.

Monftrel. 1. 6. 36.

prédicateurs, particulierement des Ordres Mandians, dont quelques-uns même foûtenoient qu'il ne pouvoit faire l'union en confcience.

Vers le commencement du mois de Janvier 1408. le pape Gregoire vint de Siene à Luques avec fes cardinaux & fa cour. Comme il y tenoit fon premier confiftoire public, les nonces du pape Benoît le prierent de proceder effectivement avec leur maître à terminer le fchifine; fans diferer davantage. Il repondit publiquement qu'il étoit prêt de ceder, pourvû que Benoît en fit autant en perfonne ou par procureur. Cette réponse donna une grande joie aux cardinaux & aux courtisans de Gregoire, mais elle n'eut pas plus d'efet que les promeffes precedentes. Thierri de Niem ajoûte en cet endroit : Plufieurs difent que les deux competiteurs font d'intelligen ce pour éloigner l'union: femblables à deur champions qui viendroient fur le champ de ba taille comme pour le battre à outrance, mais après être convenus de ne fe'faire aucun mal: en fe retirant, ils s'aplaudiroient d'avoir longtems joué les fpectateurs, & les fpectateurs fe moqueroient d'eux.

En France fut alors commis un crime qui eut Affafinat de grandes fuires. même pour la religion. Louis duc d'Orleans frere unique du roi fut affaffiné publiquement dans Paris le vingt-troifiéme de Novembre 1427. par ordre de Jean duc de Bourgogne fon coufin-germain, qui avoua le meurtre autentiquement. Car la ducheffe d'Orleans veuve aiant porté fes plaintes au roi, le duc de Bourgogne fe retira d'abord en Flandre dont il étoit comte, puis il revint à Paris fi bien accompagné, qu'il étoit plus en état de fe faire craindre, que de craindre lui-même ; & alors il prétendit juftifier fa conduite par la bouche d'un docteur en theologie nommé Jean Petit, qui

parla pour cet éfet le huitiéme de Mars 14.08.

al hôtel faint Paul où étoient prefens Louis duc AN. 1408. Ide Guiene, & daufin fils aîné du roi, le roi de c. 39. Sicile, le cardinal de Bar, les ducs de Berri, de Bretagne & de Loraine, & plufieurs autres feigneurs le recteur de l'univerfité, grand nombre de docteurs, de bourgeois & d'autre peuple.

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p. 403

Le docteur Jean Petit étoit Normand & de vading, an. Ef'Ordre des freres Mineurs toutefois dès l'e- 1410. n. 19 xorde de fa harangue il rend ainfi raifon de fon atachement au duc de Bourgogne: Je lui ai fait =ferment de le fervir il y a trois ans paffez, & il me dona une bonne & groffe penfion, dont je I tire une grande partie de ma dépense. Dans le du difcours il foûtient entre autre cette corps propofition, qu'il eft permis à tout particulier de tuer un tyran; & il ajoûte: Jé prouve cette verité par douze raifons en l'honeur des douze apôtres. Puis il allegue Jean de Salisberi qui en éfet avoit foûtenu cette erreur deux cens qua- Lib. rante ans auparavant dans fon Policratique Enfuite Jean Petit fait l'aplication de cette maxime Sup. liv. au duc d'Orleans qu'il charge de crimes énor- LXX. n. 35′′ mes, mais fans preuves convaincantes. Et tels étoient les fameux docteurs de ce tems là.

15.

i.

VII.

Nouveaux

Th. Niem.

Dès le douzième de Janvier de cette année 1408. on publia une lettre du roi adreffée à tous les fideles , portant fouftraction d'obéiffance à cardinaux tous les deux prétendus papes depuis l'Afcenfion de Gregoi prochaine qui devoit être le vingt-quatrième de re Mai: mais avant ce terme la divifion fe mit entre Labyr. c. 1. eux & leurs cardinaux. Le pape Gregoire fe mit p. dans l'efprit de faire des cardinaux pendant le Carême:les cardinaux qui étoient avec lui à Lu- Schifm. lib. ques l'en diffuaderent, & firent fi bien qu'il remit jufqu'au troifiéme dimanche d'après Pâques. Mais alors il reprit fon deffein, fans toutefois

284.

c. 33.p.370

111. C. 31

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