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tant pour payer au cardinal de la part des Acciaïoli : & s'obligeoit au nom de la republique AN. 1346. à payer en certains termes les fept mille reftans. De plus ce findic portoit les preuves par écrit des concuffions de l'inquifiteur, & il fe trouvoit, difoit-on, qu'en deux ans il avoit exigé plus de fept mille florins de divers citoyens fous prétexte d'héréfie & toutefois Jean Villani témoigne à cette occafion que jamais il n'y eut moins d'hérétiques à Florence mais, ajoûte-t'il, pour tirer de l argent de la plus petite parole proferée contre Dieu, ou d'avoir dit que l'ufure n'étoit pas peché mortel, l'inquifiteur condamnoit le coupable à une groffe fomme, felon qu'il étoit riche. Les ambaffadcurs furent bien reçus du pape & des cardinaux, & propoferent en confiftoire public les reproches contre l'inquifiteur, qu'ils convainquirent de mauvaise foi & de concuffion, & obtinrent fufpenfion pour un tems des cenfures qu'il avoit portées.

A cette ocafion les Florentins firent un decret, comme on avoit fait à Peroule, en Espagne & ailleurs, portant qu'aucun inquifiteur ne pût fe mêler d'autre chofe que de fon office, ni con damner aucun particulier en peine pécuniaire, mais au feu s'il fe trouvoit heretique. On ôta à F'inquifiteur la prifon que Florence lui avoit donée, & on lui ordona de mettre dans les prifons publiques avec les autres ceux qu'il feroit prendre à l'avenir. Il fut ordoné de plus, que le podefta, le capitaine, ni aucun magiftrat ne donât ni apariteur, ni permiffion de faire prendre aucun citoyen à la requête de l'inquifiteur ou de l'évêque fans permiffion des prieurs, pour ôter les occafious de fcandales & de quereles. Que l'inquifiteur ne pouroit avoir plus de fix familiers, portant des armes offenfives, ni dunner à un plus grand nombre la permiffion d'en porter: que

les familiers de l'évêque de Florence feroient réAN.1346. duits à douze, & ceux de l'évêque de Fiefole à fix. C'eft que l'état de Florence comprend auffi ce diocefe. Or l'inquifiteur Pierre de l'Aquila avoit permis le port d'armes à plus de deux-cens cinquante citoyens: ce qui lui valoit par an mille florins d'or ou plus ; & c'étoit un moyen aux évêques de fe faire des amis.

Après que les ambassadeurs de Florence furent partis d'Avignon, l'affaire ne fut pas finie. Le cardinal de Barros n'étoit pas content de l'acord qu'ils avoient fait avec lui, & il étoit encore aigri par l'inquifiteur qui s'étoit réfugié à Avignon. Le cardinal obtint donc une commiffion du pape pour faire citer en cour de Rome tout de nouveau l'évêque de Florence, & tous les prélats qui n'avoient pas obfervé l'interdit, avec les prieurs & les autres magistrats de la ville: ce qui y causa un grand trouble contre l'église; & on recomença à faire un findic, & envoyer en cour de Rome. Mais la principale cause de cette citation eft que le pape vouloit que Florence révoquât certains articles publiez l'année précedente, contraires aux prétentions du clergé. J. Vill. x. En effet le quatriéme d'Avril 1345. les magif

6. 42.

trats de Florence firent une loi portant entr'autres articles, que tout clerc qui offenferoit un laïque en matiere criminelle, pourroit être puni par le magiftrat feculier en fes biens ou en fa perfone, fans exception de dignité : & que tout clerc ou laïque qui obtiendroit du pape ou d'un legat quelque privilege en fa caufe, ne feroit écouté d'aucun magiftrat: mais que les parens de l'impétrant feroient contraints en leurs biens & en leurs perfonnes à le faire renoncer au privilege. Telles étoient les loix que le pape vouloit faire revoquer comme préjudiciables à la liberté ecclefiaftique.

Le nouveau foi des Romains Charles IV. étoit devenu roi de Boheme par le decès du roi Jean AN. 1346. fon pere tué à la bataille de Creci le vingt-fixié- XXXVI. me d'Août 1346. & pour illuftrer ce royaume, Université le pape à la priere de Charles érigea une univer- de Prague. fité dans Prague qui eft la capitale, ordon- Vita PP. nant qu'à l'avenir on y doneroit des leçons en p. 253. toutes les facultez, & que les profeffeurs & les Trith. Chr. Hif. an. étudians jouiroient de tous les privileges dont 1:46. 1360. les autres univerfitez jouïffoient. Le pape ajoûte: Rain 1347. Ceux qui auront étudié, & qui demanderont la n. ile licence d'enfeigner, & le titre de docteur, feront prefentez à l'archevêque de Prague, qui aïant affemblé les docteurs profeffant actuelement dans la même faculté; examinera le poftulant par lui ou par autre, & s'il le trouve capable, lui donnera la licence & le titre de docteur. La bulle eft du vingt-fixiéme de Janvier 1347. Le roi Charles étoit favant pour le temps, & avoit bien étudié en Allemagne & à Paris : il travailla beaucoup à la fondation de fa nouvelle univerfité, & la rendit floriflante pendant cinquante ans.

La même année les docteurs de Paris condamnerent les erreurs de Jean Mercœur moine

de l'Ordre de Citeaux, avec défenfe à tous les Bibl. PP.
bacheliers qui expliquoient le livre des fentences, p. 1147.
de les enfeigner fous peine d'être privez de tout Duboulai
honeur de la faculté. Ces erreurs furent réduites to. 4. p.288.
à trente-neuf articles, dont les uns font qualifiez

erronez >
les autres fufpects dans la foi. En
voici quelques-uns qui feront juger des autres.
J. C. par fa volonté créée peut avoir voulu
quelque chofe qui ne devoit jamais arriver. De
quelque maniere que Dieu veüille il veut
efficacement qu'il foit ainfi. Dieu veut qu'un
tel peche, & qu'il foit pecheur, & il le veut
par fa volonté de bon plaifir. Perfonne ne peche
en voulant autrement que Dieu ne veut qu'il

י,

art. i

3.

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8.

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veüille. Dieu fait que le mal foit, & que AN. 1346. peché foit. Celui qui pêche, conforme fa voÎonté à celle de Dieu, & veut comme Dieu veut qu'il vcüille. Voilà les effets des vaines queftions & des mauvaifes fubtilitez qui regnoient alors dans les écoles.

11.

tion des Saints.

Sup. liv.

XC. n. 31.

1. 34.

XXXVII. Le feiziénie de Juin 1347. le pape Clement Canonifa- canouifa faint Ives de Treguier mort quarantequatre ans auparavant, favoir le dix-neuviéme de Mai 1303. & à cette occafion j'estime à propos de raporter la procedure entiere de la canonifation telle qu'elle eft décrite par un oficier qui en étoit alors chargé en cour de Rome. En Rain. 1347 voici la fubftance. Le pape ayant apris par le raport des perfonnes graves que quelqu'un eft en reputation de fainteté, & ayant reçu des prieres inftantes & reïterez pour fa canonifation; propofe l'affaire aux cardinaux, & par leur confeil commet quelques évêques du pays de celui qu'on dit être faint, ou d'autres perfonnes d'autorité, pour informer de fa reputation, de fes miracles & de la devotion du peuple envers lui. Cette information ne doit être que generale & fur la comune renomée, non fur le détail & la verité, mais feulement pour voir s'il en faut venir à l'information particuliere. Si fur leur raport le pape le juge à propos, il en commettra l'examen aux mêmes ou à d'autres, qui informeront de la créance, des vertus & des miracles du prétendu faint, fuivant les articles qu'il leur aura envoyez.

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Le pape ayant reçu cette information, en commet lexamen à quelques-uns de fes chapelains, ou d'autres perfones capables: pour en former les rubriques ou principaux chefs du procès après quoi le pape done le tout à examiner à trois cardinaux, un évêque, un prêtre & un diacre, qui doivent enfuite en faire

le raport tout au long en confiftoire: puis dans une autre feance on lit les dépofitions des témoins AN..1347touchant les vertus & les miracles. Avant que de paffer outre, le pape détermine avec les cardinaux fila perfection de la vie eft affez prouvée, puis on lit les dépofitions des témoins touchant les miracles: & fur chacune le pape décide, fi l'article eft fuffifament prouvé, & un cardinal l'écrit. L'examen étant fini, le pape demande les avis aux cardinaux pour fçavoir s'il eft à propos de faire la canonifation; & s'ils concluent qu'oüi, le pape la détermine fecretement. Alors on apele tous les prélats qui fe trouvent en cour de Rome; & le pape leur ayant raconté en confiftoire public tout ce qui a été fait, leur demande auffi leur avis.

Enfuite le pape affigne un jour & un lieu auquel il doit s'affembler avec les cardinaux, les autres prélats de la cour, le clergé & le peuple:puis il choifit fept ou huit prélats pour prêcher pu bliquement ce jour-là qui doit être un nois après ou environ, afin qu'ils ayent le temps de fe preparer. Cependant le pape comet deux cardinaux pour compofer l'office du Saint l'un compofera la legende, l'autre les répons, les antienes & l'oraifon. Le jour affigné étant venu, le matin à l'heure du confiftoire le pape s'y rendra en chape rouge avec la mitre en broderie de perles, les cardinaux & les prélats en habit ordinaire. Quand le pape & les cardinaux font affis par ordre, comme en confiftoire, le promoteur de l'affaire fe leve vis-à-vis du pape, & ayant pris un texte, il expofe le fujet, & fuplie le pape d'écouter quelques prélats qui vont en parler; & de définir que celui dont il s'agit, eft faint, qu'il doit être mis au catalogue des faints, & honoré par les fideles, & fa fête celebrée tous les ans au jour qui fera fixé par le pape. Alors les

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