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s'y jetoient enfuite elles-mêmes pour être brûlées avec leurs maris. Ces maffacres des Juifs AN. 1348. s'étendirent beaucoup en Alemagne mais il n'y en eut point à Avignon, où le pape publia deux bulles fur ce fujet; la premiere du quatrième de Juillet qui défend à aucun Chrétien de forcer les Juifs à venir au batême, ou les tuer, les bleffer, Rain. 1348, ou leur ôter leur argent, fans jugement du fei- 2. 33. gneur du lieu. La feconde bulle eft du vingtfixiéme de Septembre, & declare qu'il n'y a aucune raifon d'accufer les Juifs d'être les auteurs de la pefte, puifqu'elle ne regne pas moins dans les païs où il n'y a point de Juifs. En confequence il ordone aux évêques de faire publier dans les églifes défenfes de fraper ou tuer les Juifs fous peine d'excomunication du pape, que fi quelqu'un a diferent avec un Juif, il doit l'apeler en juftice: mais ces défenfes n'empêcherent pas les violences de continuer l'année fuivante principalement en Alemagne.

de Louis de

La mort de Louis de Baviere aplanit la plûpart XLVII. des dificultez que Charles de Luxembourg avoit Retour des rencontrées à fe faire reconoître empereur; mais part fans une des plus grandes fut la forme d'abfolution Baviere. des cenfures encourues par ceux qui avoient tenn le parti de Louis. Dès le quinziéme de Fevrier 13 4 8. le pape envoïa à Baudouin archevêque de Treves, un modele de la profeffion de foi & du ferment que devoient faire ceux qui voudroient être abfous, portant en fubftance: Je crois qu'il n'apartient point à l'empereur de déposer le pape, & d'en élire un autre: mais je le tiens pour une herefie. De plus je jure d'obéir aux ordres de l'églife & de N. S. pere le pape Clement VI. fur les rebellions & les autres excès que j'ai comis & les peines que j'ai encouruës, & que je ferai fidele & obéiffant au pape. J'obeïrai à Charles roi des Romains aprouvé par l'églife. Je n'adhe

rerai point à la veuve & aux enfans de Louis tant AN. 1348. qu'ils demeureront dans la révolte, ni ne les favoriferai aucunement. Enfin je ne conoîtrai dé

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formais aucun enipereur, s'il n'est aprouvé par l'églife.

Le pape envoïa une pareille commission à l'éAlb. Arg. vêque de Bamberg par le prevôt de cette église Marquard de Randec, qui étant parti d'Avignon, & paffant à Bafle y trouva l'empereur Charles arrivé le même jour vingtiéme de Decembre veille de S. Thomas. La commiffion adreffée par le pape à l'évêque de Bamberg lui fut envoiée auffi-tôt par l'empereur & aux évêques de Strasbourg, de Bafle & de Virsbourg, car ils étoient tous quatre à Bafle. Mais la for me d'abjuration parut dure, & quelques-uns confeillerent à l'empereur de ne la pas accepter, p. 142. de la cacher & d'écrire au pape pour en avoir une autre. On craignit que la ville de Bafle ne refusât de faire ferment à l'empereur, à moins qu'on ne levât l'interdit : c'eft pourquoi il falut montrer la commiffion. Le bourgmestre comparut avec les confuls devant l'empereur

& les évêques, & adreffant la parole à celui de Bamberg, dit en Aleman : Sachez que nous ne voulons ni avouer, ni croire que le défunt empereur Louis ait jamais été heretique, & que nous tiendrons pour roi des Romains, ou pour empereur celui que les électeurs ou la plus grande partie d'entr'eux nous auront doné,quand il ne demanderoit jamais au pape fa confirmation; & nous ne ferons jamais autre chofe contre les droits de l'empire en façon quelconque : mais fi le pape vous a doné pouvoir de remettre tous nos pechés, nous le voulons bien. Enfuite du confentement du peuple le même bourgmestre, & un autre chevalier firent le ferment conforme à la commiffion devant Jean de Pistoie secretaire du pape

qui étoit prefent; & ainfi furent levées les cenfures, & les bourgeois firent le ferment ordinai- AN. 1348. re à l'empereur, duquel l'évêque de Bafle, & l'abbé de Morbac ieçurent l'inveftiture. Le jour de Noël l'empereur comunia à la meffe du point du jour, il lut l'évangile à haute voix tenant l'épée nuë à la main ; & le lendemain jour de faint Etienne il fe retira de Bafle.

Cependant les feigneurs qui lui étoient opolez, p. 1507 s'adrefferent à Gunther comte de Schouarzenbourg en Turinge, grand guerrier qui avoit fervi l'archevêque de Maience Henri, & même l'empereur Louis de Baviere, & le prierent d'accepter l'empire. Il refusa d'abord, mais enfin il y confentit, fupofé que les princes & la noblesse affemblez à Francfort declaraffent autentiquement l'empire vacant, & qu'il fut élu par la plus grande partie des électeurs. Il le fut en effet le jour de la Purification fecond de Fevrier 1 3 4 9. par Henri archevêque de Maience, Louis marquis de Brandebourg, Rodolfe comte Palatin du Rein, & Henri duc de Saxe; & fix femaines après Gunther fut reçu dans Francfort. Il y fit un édit le dixième jour de Mars où il dit: Nô- Gold. Conf. tre prédeceffeur l'empereur Loüis d'heureufe me- 10.4.p.414moire a fait une loi portant, que celui qui est élu roi des Romains à Francfort par les électeurs ou la plus grande partie, a la pleine administration de l'empire avant la confirmation du pape. Nous renouvelons & ratifions cette loi par le prefent édit, de l'avis de nos princes ecclefiaftiques & feculiers, nous declarons nuls tous actes faits au contraire, notament les decrets des papes, comme répugnans à la doctrine chrétiene & apoftolique; puifque felon toutes les loix divines & humaines le pape lui-même doit être foûmis à l'empire, & l'empereur quant au temporel, n'est soûmis ni au pape, ni à aucune perfone fur la terre.

Au commencement du mois de Mai Gunther AN. 1348. étant toûjours à Francfort, tomba malade, & Alb. Ag prit une medecine que l'on crut empoifonée, par

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H. Rebdorf.

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ce que le medecin qui en avoit fait l'effai, mourut dans les trois jours, & Gunther lui-même devint auffi-tôt enflé, & perdit l'ufage de fes mains qui fe retirerent. Cet accident le determina à s'acomoder avec l'empereur Charles, auquel il ceda fes pretentions für l'empire, & il mourut dans le mois.

Le mediatcur de ce traité fut Louis de Baviere, fils aîné du défunt empereur qui reçut alors Duba. liv. de l'empereur Charles l'inveftiture du marquifat 22. p. 181. de Brandebourg que fon pere lui avoit doné. Pour l'obtenir Loüis rendit à Charles des reliques que les empereurs avoient coûtume de remettre à leurs fucceffeurs, & qu'il avoit en fa poffeffion, favoir l'épée de Charlemagne, la lance de la paffion, le côté droit de la croix avec un des clous, la nape que l'on difoit fervir à la cene de N. S. Ces reliques étoient eftimées très-precieuses

XLVIII.

Cependant dès le dix-neuviéme Mars le pape envoïa aux deux archevêques Baudouin de Treves, & Gerlac de Maïence une commiffion pareille à celle qu'il avoit envoïée un an auparavant au même Baudouin, & à l'évêque de Bamberg. Mais comme la formule d'abjuration paroiffoit trop dure à ceux de Maïence,qui ne vouloient point avouer qu'ils euffent erré dans la foi: l'empereur Charles pria le pape d'en dreffer une plus douce, & le pape répondit le fixiéme de Juin, qu'il étoit difficile de changer cette formule compofée & obfervée du tems de Jean XXII. toutefois qu'il en délibereroit avec les cardinaux.

En Alemagne il reftoit des freres Mineurs ataRetour des chez au parti de Louis de Baviere, dont plu freres Mi- fieurs voulant dès l'année precedente reconoître

neurs.

par

AN.

12. 21.

Id. 1

1349.

. 1349. n.

Charles de Luxembourg, en étoient détournés les plus opiniâtres, comme on voit par une lettre du pape à leur general du vingt-cinquiéme Rain. 1348. de Mai 1348. Mais cette année le peu qui reftoic de ces freres fchifmariques, & qui demeuroient 16. à Munic, s'adrefferent au chapitre general de Fading. l'ordre, defirant fe faire abfoudre des cenfures 1347. 22 qu'ils avoient encouruës:même Guillaume Ocam le plus diftingué d'entre-eux renvoya au general l'ancien feau de l'Ordre, qu'il avoit gardé longtemps. Le chapitre general qui fe tenoit à Verone dès l'année 1348. prefenta requête au pape vad. 1348% en faveur de ces freres repentans; & le pape don- n. 1c, na une bulle adreffée au general, par laquelle il lui done pouvoir de les abfoudre, en faisant l'abjuration dont il leur envoye la formule qui eft femblable aux précedentes: ajoutant feulement renonciation expreffe aux erreurs de Michel de Cefene. La buile eft du huitiéme de Juin 1349. Michel de Cefcne étoit mort à Munic dès l'an

Vad. 1343

1343. le vingt neuvième de Novembre, & on Id fcript. p. dit qu'il mourut penitent.

259.

Alb. Arg.

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La pefte ayant paffé en Alemagne, le peuple XLIX. commença à fe flageller publiquement fous pré Nouveaux texte d'apaifer la colere de Dieu. A la mi-juin flagellans. de cette année 1349. il en vint deux cens de Suaube à Spire, qui avoient un chef & deux autres maîtres aufquels ils obéiffoient en tout. Ils pafferent le Rhein dès le matin, & comme le peuple acouroit, ils firent devant l'église un grand cercle, au milieu duquel ils fe dépouillerent & fe déchauferent, gardant feulement une espece de calleçon qui tomboit jufqu'aux talons. Alors ils entrerent dans le cercle, & en ayant fait le tour ils fe profternerent l'un après l'autre, les bras étendus en croix, les fuivans paffoient fur les premiers, & les touchoient doucement de leurs foücts, puis ces premiers fe levoient & paffoient,

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