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les paroles de Henri moine de Rebdorf, par lef quelles il femble montrer que dès lors on atri- AN. 1349. buoit le nom de Veronique à la femme que les Chaftel. peintres reprefentoient portant la fainte face de martyr. 13. N. S. & dont on a fait enfuite une femme effe- Ianvier p &tive & une fainte: au lieu que le nom de Vero- 205. nique fignifie l'image même de la fainte face, ainfi Sup. liv. nomée dès le tems du pape Innocent III. Ma- LXXVI. n. thicu Villani ajoûte que pour la confolation des pelerins on montroit le faint fuaire tous les dimanches & toutes les fêtes folemneles, & qu'il y cut quelquefois jufqu'à douze perfones écrafez dans la preffe.

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Les Romains étoient tous deveņus hôteliers donant leurs maifons aux pelerins à cheval, & leur faifant païer le gite fort cher tant pour eux que pour leur chevaux. De plus il faloit que les pelerins pourvuffent à leur nouriture; & les Romains pouvant avoir les vivres en abondance & à bon marché, eurent la malice de tenir fort chers toute l'année le pain & le vin & la viande : faisant défenses aux marchands d'en aporter de dehors, pour vendre le leur plus cher. A la fin de l'année comme au comencement la multitude des pelerins fut plus grande; & alors vinrent les grands feigneurs, les dames & les perfones confiderables d'Italie & des autres païs. Aux derniers jours on difpenfa tous ceux qui fe trouverent à Rome de ce qui leur manquoit du tems de leurs ftations: afin que tous puffent gagner l'indulgence.

M. Vil. I.

c..88.

Pendant le cours de cette année le cardinal An- Rain. n. 33 nibal de Cecano évêque de Tufculum, vint à 4; Ronie en qualité de légat, afin de pourvoir à la tranquilité publique & à la comodité des pelerins. Mais les Romains en furent mécontens, parce qu'il donoit des difpenfes pour abreger le Temps des ftations: ainfi les pelerins faifoient à

Rome moins de féjour & de dépenfe. Plufieurs AN. 1350. fois comme il étoit dans fon logis ils y tirerent des fleches, & firent infulte à fes domeftiques, & les attaquoient quand ils marchoient pr la ville. Le légat indigné partit de Rome, & s'en ala en Campanie: mais il mourut en chemin empoifoné avec plufieurs des fiens.

Rain. 1349. #. 11.

2.

Plufieurs princes reprefenterent au pape qu'ils ne pouvoient aler à Rome gagner le jubilé: entr'autres les rois de Caftille, d'Arragon, de Portugal & de Chipre, & le duc d'Autriche. C'est pourquoi ils demandoient en grace au pape qu'ils puffent gagner l'indulgence d'une autre maniere. Le pape difera de leur répondre, & manda feulement au duc d'Autriche Albert, qu'il "Id. 1350. en délibereroit avec les cardinaux. Enfuite il fit cette réponse à Hugues roi de Chipre : Nos freres les cardinaux confiderant que cette indulgence eft acordée non-feulement pour le falut des ames, mais encore pour l'honeur des faints n'ont aucunement voulu confentir qu'on l'acor dât à perfone, qu'à ceux qui vifiteroient leurs églifes. La lettre eft du quatorziéme d'Août. Depuis le pape permit à Jean archevêque de Brindes inter-nonce en Sici e, de doner l'indulgence de Jubilé à trente perfones, à condition que s'ils avoient effectivement réfolu d'aller à Rome, & avoient été retenus par des empêchemens légitimes, ils payeroient la fomme à laquelle feroient évalucz les frais de leur voyage: pour être employé à l'augmentation de la foi, & en autres œuvres pies, fuivant la difpofition du pape.

M. Vill. 3.

Mar. lib. Le roi de Castille étoit Alfonse XI. furnomé XV. c. le jufticier. Il n'avoit garde d'aller à Rome gagner le Jubilé, étant ocupé au fege de Gibraltar dès l'année précedente; il étoit prêt de le prendre, quand la pefte fe mit très-violemment dans fon armée, & il en mourut lui-même le vingt

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xime de Mars âgé de trente-huit ans. On croit que s'il eût vécu, il eût achevé de chaffer AN. 1350, les Mores d'Efpagne. C'étoit un grand prince, fices vertus n'euffent été obfcurcies par un concubinage de vingt-quatre ans avec Leonor de Gülm .n.

L. I.

Négocia

Cantacuze

ne.

Il eut pour fucceffeur fon fils Pierre agé de quinze ans depuis furnomé le Cruel. Cependant le pape envoya des nonces à C. P. comme il avoit promis à l'empereur Cantacuzene en 1 3 4 8. Ces nonces furent deux évêques tion avec Guillaume Emergat de l'Ordre des Freres Mi- l'empereur neurs, évêque de Kiffaure en Crete, & Gafpart ou Hugues de Spert de l'Ordre des Freres Prê- Sup. n. 426 cheurs, évêque de Ceneda dans la Marche Tre- Vad. 1349. vifane: leur commiffion eft du treiziéme Fevrier 2. 12. 1350. & le pape les chargea de deux lettres de la Reg. 163. même date, l'une à Cantacuzene, l'autre à Affan capitaine de C. P. Ils furent très-bien reçus de Cantacu zene, qui en parle ainfi dans fon

hiftoire.

Rain. 1359

n. 28.

Le pape ayant traité avec tout l'honeur con- Lib. 1.9M venable les ambaffadeurs de l'empereur, les renvoia, & avec eux deux évêques très - vertueux l'un & l'autre, & parfaitement inftruits des lettres humaines : ce qui les rendoit très-agreables en converfation, & très-capables de perfuader. Auffi l'empereur prenoit-il plaifir de s'entretenir avec eux tous les jours, & eux de leur côté avoient grand foin d'écrire tout ce qu'il leur difoit chaque jour fur le fujet de leur commiflion pour en faire leur raport au pape. Et enfuite après avoir dit ce que les nonces propoferent de la part du pape tant fur la guerre contre les infideles, que fur l'union des églifes, il ajoûte: L'empereur comença par témoigner fa reconoiffance envers le pape pour l'afection qu'il lui portoit, & la difpofition où il étoit d'agir contre les ennemis des Chrétiens; puis il continua: La

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AN. 1250. ment

$.7.5.

Gal. 11. 2.

,

guerre contre ces barbares me réjouit doubletant parce qu'elle fera utile à toute la Chrétienté , que parce que j'y prendrai part moi-même. Car je prétens y emploïer mes vaiffeaux, mes armes, mes chevaux, mes finances & tout ce qui eft à moi, m'estimaut heureux d'y expofer ma propre vie.

pas

Quant à l'union des églifes, je ne puis exprimer à quel point je la defire: Je dirai feulement que s'il ne faloit que me faire égorger pour y parvenir, je prefenterois non-feulement ma têté, mais le couteau. Toutefois une afaire de cette importance demande une grande circonspection: puifqu'il ne s'agit pas d'un interêt temporel, mais des biens celeftes & de la pureté de la foi. Il ne faut s'eu fier à foi-même, comme fi on pouvoit feul ariver à une fi haute conoiffance: c'eft ce qui a produit originairement la divifion 'des églifes. Car fi ceux qui les premiers ont introduit les dogmes que foûtient à prefent l'églife Romaine, au lieu de fe fier à eux-mêmes, & méprifer les autres prelats, leur avoient laiffé la liberté d'examiner : le mal n'auroit pas fait tant de progrès. Saint Paul comuniqua aux apôtres ce qu'il enfeignoit, craignant, comme il dit, de

courir en vain.

La conduite contraire n'a pas réuffi à l'empereur Michel le premier des Paleologues, & n'a fait qu'augmenter la divifion: moi-même je ne crois pas qu'on me perfuadât jamais avant la définition d'un concile univerfel de m'atacher à des P. 736 nouveautez, ou d'y contraindre les autres. Ceux que l'on veut forcer comencent par boucher leurs oreilles pour ne pas entendre le premier mot. Je ne croi pas que vous-même duffiez vous fier à moi touchant ma créance, fi je paffois à vôtre doctrine ainfi facilement & fans examen. Car quelle confiance peut-on avoir touchant les

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chofes

chofes recentes à celui qui n'eft pas fermement attaché aux opinions qu'il a reçûës de fes ancê- A N. 1350. tres, & dans lefquelles il a été nourri.

Je croi donc qu'il faut, fi vous le trouvez bon, tenir un concile univerfel où le trouvent les évêques d'Orient & d'Occident. Si on le fait, Dieu eft fidele, il ne permetra pas que nous nous écartions de la verité. Or fi l'Afie & l'Europe étoient comme autrefois foûmifes à l'empire Romaiu, il faudroit affembler chez nous le concile: mais à prefent il eft impoffible: Le pape ne peut venir ici, & il ne m'eft pas facile de me tant éloigner à caufe des guerres continuelles. Si donc le pape le trouve bon, nous nous aflemblerons en quelque place maritime au milieu de nous, où il viendra avec les évêques d'Occident, & moi avec les patriarches & les évêques de leur dépendance. Si le pape en eft content, qu'il m'envoie inceffament quelqu'un pour me le faire favoir & marquer le lieu & le tems de l'affemblée. Car il ne me faudra pas peu de temps pour faire venir les patriarches & les évêques.

Les nonces contens de cette réponse, & ayant reçu les prefens de l'empereur s'en retournerent. Ils rendirent compte au pape de leur voyage, & p. 737 lui montrerent le journal qu'ils avoient écrit. Le pape envoïa promtement à l'empereur dire que la propofition de tenir un concile lui paroifioit très-bone; mais qu'il falloit affembler les évêques de fa dépendance pour convenir du temps & du lica. Peu de temps après il écrivit encore à l'empereur, le priant de ne pas attribuer à fa négligence le délai du concile. Je ne fouhaite tien plus, ajoûtoit-il, que l'union des églifes, mais les princes d'Italie & les plus grands rois de nos quartiers font en guerre, & prêts à s'atta quer l'un l'autre avec de nombreufes armées', &il eft de mon devoir comme pere commun; de Tome XX,

E

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