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1485. le pape & le roi de Naples.

Ciacon. in

Innocent. VILL

blanc, dont Sixte IV. s'étoit contenté tous les ans, comme d'un hommage pour le roïaume de Naples. Qu'il traiteroit les grands avec douceur. Que ceux d'Aquila auroient la liberté de fe foumettre au faint pere ou au roi de Naples. Onuphr.& Que tous les benefices du roïaume feroient conferez à la volonté du fouverain pontife, qui pourroit fournir des vivres & donner paffage aux François, s'ils tentoient de recouvrer Naples. Que Virginie des Urfins qui s'étoit revolté contre fa fainteté, viendroit lui demander pardon à genoux, nuds pieds & tête nuë avec la corde au col; & que les autres de la même famille des Urfins fubiroient le châtiment qu'elle voudroit leur impofer. Ferdinand promit d'obferver tous ces articles. Mais fes promeffes furent fans effet, quoique le roi catholique, le duc de Milan & Laurent de Medicis euffent été fes cautions.

XIV. Le roi de

Naples n'obfer

ve aucun de ces arti

cles, & le pape l'ex

Il continua d'opprimer les feigneurs, il en fit. même mourir quelques-uns. On ne put lui faire païer le tribut dû à l'église Romaine, il fe mocqua même des avis & des remontrances du pa pe, qui enfin prononça une fentence d'excom+ munication contre lui, & le déclara privé de fon roïaume en faveur du roi de France j qui communie. pretendoit y avoir un droit legitime. Innocent Mariana VIII. travailla enfuite à reconcilier les Urfins hift. Hifp. & les Colonnes, & à procurer dans Rome la Lib.2.cap. tranquilité & l'abondance. Mais parce que tou tes ces guerres avoient épuifé fes tréfors, il créa de nouvelles charges à l'exemple de fon prédeceffeur, établit des fcelleurs de bulles en plomb, & un college de fecretaires.

7.

Brov. ad ann. 1487.

XV.

Le pape

écrit à l'évêque de

Dès le vingt-deuxième de Janvier de cette année fa fainteté avoit écrit à l'évêque de Paffaw, pour arrêter les progrès que l'herefie des Huiffites faifoit en Boheme par le zele & les

14850 Paffavv,

& à l'ar

chiduc

ad bunc

aun. n. 18.

19. & 201

prédications d'un Evêque Italien nommé Auguftin qui renouvelloit les erreurs condamnées par les conciles de Conftance & de Bafle. L'Evêque de Paffaw y travailla fi efficacement qu'il ramena l'auteur de ces troubles & lui fit d'Autriretracter fes fentimens heretiques. Il en infor- che. ma le pape, qui accorda le pardon au coupa- Raynald. ble, à condition qu'il quitteroit la Boheme, afin que les peuples infectez de fes erreurs ne voïant plus leur chef, rentraffent plus aifément dans le fein de l'églife. Sa fainteté écrivit encore le dix-huitiéme de Juin à l'archiduc d'Autriche, pour le prier de défendre dans fes états l'épreuve du fer chaud, qu'on emploïoit pour connoître l'innocence d'un homme accufé ou foupçonné. Elle l'exhorte auffi à reprimer par fon autorité les malefices, fortileges, & autres fuperftitions magiques.

Nous avons vu comment Ferdinand & Ifabelle avoient établi le tribunal de l'inquifition dans le roïaume de Caftille. Leur intention avoit été droite, & peut-être ce tribunal eutil produit de grands biens dans ces commencemens, s'il fe fut toûjours reglé sur la juftice, & s'il n'eut pas exercé un pouvoir tirannique. Mais on ne voïoit de fa part qu'executions fanglantes. C'étoit tous les jours quelque Juif ou quelque Maure Mahometan, qu'on accufoit d'être retourné à fes anciennes fuperftitions, & que l'on faifoit mourir pour ce fujet, comme fi la religion fe perfuadoit par la violence, & qu'elle fe fit quelque gloire d'eftre cruelle, ou d'avoir un grand nombre de fujets malgré eux. Ceux qui avoient échappé à la severité de ce redoutable tribunal, fe plaignoient qu'on faifoit tous les jours mourir un grand nombre d'innocens, dont le crime confiftoit à avoir des ennemis intereffez à leur perte. Quelques

XVI.

Troubles en Espagne à caufe de l'inquifi

tion.

Supra liv.

CXIV. n.

169. Surita.tom.

4.

Annal. lib. 20. cap.

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65.

Mariana

hift. Hifp.

lib. 25.cap.

8.

principaux feigneurs fe joignirent à eux, sous 3485. pretexte qu'on violoit la liberté, & que non contens de confifquer les biens des accufez, le

XVII.

Le pape ac.

corde au

roi d'Efpa

gne les décimes fur le clergé

délateur étoit compté pour témoin, qu'on ne donnoit à ces mêmes accufez aucune connoiffance de ceux qui les accufoient, & qu'il n'y avoit point de confrontation de témoins. Des plaintes on en vint aux murmures & à la révolte. Les états d'Arragon prierent Ferdinand d'y mettre ordre, de regler le tribunal de l'inquifition fur le modele des autres tribunaux, tant ecclefiaftiques, que féculiers, & d'empê cher la confifcation des biens. Quelque juste que fut leur demande, les inquifiteurs en prirent auffi-tôt l'allarme. Il en couta la vie à un d'entr'eux nommé Pierre d'Arbuefa. Un mercredi quatorziéme de Septembre, comme il prioit fuivant fa coûtume devant le grand autel dans l'églife cathedrale de Sarragoffe, une troupe de fcelerats accoûtumez aux crimes fans aucun refpect pour la fainteté du lieu, fe jetterent fur lui, & l'aïant percé de plufieurs coups de poignard, le laifferent à demi-mort fur la place. L'inquifiteur vécut encore deux jours, & les habitans de Sarragoffe inhumerent fon corps avec beaucoup de pompe au même lieu où il avoit été affaffiné. On crût voir pendant ce tems-là bouillonner fon fang fur le pavé; mais quoiqu'il en foit de ce prodige, le pape Paul III. ayant égard à la fainteté de la vie de l'inquifiteur, le canonifa dans la fuite à la priere de Charles-Quint.

res,

Ferdinand d'Arragon qui avoit befoin d'argent pour continuer la guerre contre les Maus'étoit adreffé au pape Sixte IV. pour obtenir les décimes de fon clergé; il avoit levé jufqu'à cent mille ducats d'or, & avec ce fecours. il avoit déja fait affez de progrès. Mais com

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Raynald.

ad bisne ann. 1485

Anton. Nebriff. Decad. 20

lib. 3.

me Innocent VIII. avoit aboli toutes ces permiffions accordées par fon prédeceffeur; Fer- 1485. dinand s'adreffa au nouveau pape pour lui en demander la continuation. Innocent la lui continua par une bulle datée du vingt-fixiéme d'Août de cette année, & lui écrivit enfuite de même qu'à Ifabelle le trentiéme de Janvier fuivant. Cette permiffion détermina ce prince à rentrer dans le roïaume de Grenade avec une armée plus nombreufe qu'il n'avoit euë jufqu'alors; &-l'ayant partagée en plufieurs corps, il attaqua en même tems & emporta avec une diligence incroïable plufieurs châteaux qui empêchoient l'approche de la ville de Ronda. Les Maures croïoient cette place imprenable, & fa prife jetta une fi grande terreur dans toutes les villes voifines, qu'il fuffifoit de les fommer pour les obliger à fe foûmettre. Par-là Ferdinand fe rendit maître des dix-neuf villes des montagnes d'Arraval, des dix-fept de celles de Gaufin, des douze de Villa-longua, de Maravelle, de Mont-major, de Cortos & de douze places des environs. Pendant qu'il combattoit ainfi en apparence pour le jeune roi de Grenade, fon veritable but étoit de s'emparer pour luimême de ce roïaume. Pour y mieux réüffir il n'oublia rien de tout ce qui pouvoit entretenir la méfintelligence entre l'oncle & le neveu, il augmenta les défiances de celui-ci, & pour lui ôter à fon égard tout fujet de foupçon, il redoubla les careffes qu'il lui avoit faites juf qu'alors & le combla de nouveaux prefens.) Par ces bons traitemens, il lui fut aifé de faire entrer le jeune roi dans tous fes deffeins. Ferdi-: nand lui ayant fourni des troupes, il les con duifit lui-même contre fon oncle, qui trop

ble

foi

pour réfifter à tant de forces, fe vit en peu de tems hors d'état de s'opposer aux progrès du roi d'Arragon.

XVIII. Commencement de la décou

9.6.27.

De Thou. hift. lib.

La découverte des Indes Occidentales que $485. Pon commença cette année, augmenta encore la puiffance de ce prince. On doit cette découverte aux foins de Chriftophle Colomb. Il étoit né à Aigurier petit bourg proche Genes. Après verte des avoir aflez bien étudié la cofmographie & l'afIndes Oc-tronomie, il s'appliqua à la navigation, & pafcidentales. fa d'abord en Portugal avec Doria, que la réMariana publique de Genes envoïoit au roi dom Juan ibid. 1. 25. en qualité d'ambaffadeur. Il fe maria à Lif Marmel. l. bonne avec Philippe Mogmez fille du fameux Periftiello, qui avoit découvert les ifles de Madere & de Porto-fancto. Les fréquentes converfations qu'il eut avec fa belle-mere jointes aux obfervations qu'il avoit faites, lui firent concevoir le deffein de découvrir les Indes Occidentales. Mais comme il ne pouvoit foutenir lui feul une fi grande entreprife, il en fit la propofition au roi de Portugal, auquel il demanda de fi grands avantages, que ce prince effaïa d'en faire la découverte par un autre, fur les inftructions de Colomb.Il fit partir fecrettement une caravelle, feignant d'envoier des vivres & du fecours aux ifles du Cap-verd. Celui qui la commandoit n'entendant ni l'aftronomie, ni la navigation, ne put fuivre la roure que Colomb avoit marquée, & à fon retour perfuada. à dom Juan que tout ce que lui avoit dit ce Genois étoit chimerique.

XIX.

Colomb n'aïant pas été écouté favorablement Chrifto- du roi de Portugal paffa en Caftille avec fon phle Cofrere Jacques Colomb, & envoïa en Angleterre lomb refufon frere Barthelemi Colomb, pour faire la fé par le roi de Pormême propofition à Henri VII. qui venoit de. tugal va en monter fur le throne. Chriftophle étant arriCaftille. vé à Cordoue où Ferdinand étoit alors, expoThomas fa fon deffein à Louis de Saint-Ange homme de Fazel. bift. qualité d'Arragon, qui le presenta au roi; &

Sicil.

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