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Achmet avoit été avantageufe à plufieurs. Enfin il conclut en recommandant au pape l'ifle 1485. de Rhodes qui avoit donné la naiffance à fon pere. Le fouverain pontife le remercia avec beaucoup de bonté, & lui donna des lettres pour le grand-maître d'Aubuffon. Elles font datées du vingt-troifiéme d'Avril de cette an

née.

auffi des ambaffadeurs

VII.

Autres

Innocent VIII. reçut des rois de France, d'Angleterre & de Dannemarc, des ducs de Milan & de Bretagne, de ambaffaBertold archevêque de Maïence, de Jean arche- deurs au véque de Treves, tous deux électeurs de l'em- même pape pire, & enfin de la republique de Genès. Il les reçut tous avec beaucoup de bonté, & les exhorta à la paix, en leur expofant les fuites funeftes des guerres, les temples profanez, le eulte divin interrompu, les villes renversées, les vierges deshonorées; ce qu'il leur repetoit Onphr.in" plufieurs fois, dit Onuphre. 11 leur marqua le Innoc. defir ardent qu'il avoit de voir tous les princes anis pour faire triompher la Croix de JesusChrift fur les ennemis de fon faint nom. Mais toutes ces belles exhortations ne purent pref que rien produire, à caufe de la guerre qui étoit d'un côté entre Matthias roi de Hongrie & l'empereur Frederic, & de l'autre, entre Albert de Brandebourg & Othon de Baviere, dont on avoit befoin pour arrêter les progrès des Turcs. Et comme George duc de Baviere emploïoit fa médiation pour concilier ces princes, le pape lui écrivit, il fit l'éloge de fon zele," & le preflà fort à continuer une fi bonne œu vre pour l'avantage de la religion. La lettre du pape eft datée de Rome du vingt-huitième de Septembre.

La guerie de Baviere finit à la verité; mais celle d'Autriche devint plus violente. Matthias

roi de Hongrie, après être convenu d'une tréve 1485 avec les Turcs, vint affieger Vienne, & obligea cette ville à fe rendre après fix mois de fiege.

VIII.
Le roi de
Hongrie
fait laguer

re en Autriche &

prend Vienne.

Cette ville fut prife le premier jour de Juin, fans que Frederic s'en mit auffi peu en peine que fi cette affaire ne l'eut pas regardé. Ainfi bien loin de fe difpofer à fauver une place que la qualité de capitale d'une grande province fembloit rendre trés-confiderable, il l'abandonna à la difcretion du vainqueur, & pour témoiBonfin dec. gner que fa difgrace le touchoit fort peu, il prit cette conjoncture pour aller vifiter fon fils Maximilien dans les Païs-bas, repetant fouvent wol. 2. ge- cette maxime, que l'oubli eft le feul remede des chofes perdues, quand elles font irréparables. Dans ce même tems Antoine Bonfinius Bonfin. 4. voulant faire fa cour à Matthias, lui prefenta plufieurs ouvrages qu'il avoit compofez; ce prince le reçût fort bien & le retint auprès de

4.1.6.

Naucler.

neral, so.

dec.9.

1.X. Le cardinal Baluë légat en France.

i pour compofer l'hiftoire de Hongrie. Bonfinius la dédia à Uladiflas roi de Boheme, lorfque ce prince fut parvenu à la couronne de Hongrie.

Le cardinal Baluë étoit du nombre des ambaffadeurs que Charles VIII. roi de France avoit envoïez au pape. Il étoit venu dans le roïaume dès l'année precedente avant la mort de Sixte IV. & après celle de Louis XI. qui l'avoit fi long-tems retenu en prifon. Mais par ce qu'il y voulut exercer fes fonctions de légat, avant que d'avoir fait agréer fes lettres au roi & les avoir presentées au Parlement, pour connoître s'il n'y avoit rien de contraire aux droits de la couronne & aux libertez de l'église Gallicane; Charles VIII. en fut fi offenfe, qu'il lui défendit de prendre les marques de fa légation. Jean deNanterre procureur general du par

que

lement, prit de-là occafion de protefter contre tout ce que pourroit faire le pape,l'accufantd'at- 148 5. taquer les droits & les privileges du roi & du roïaume; il fe plaignit auffi que fa fainteté eut envoïé un légat à latere, fans aucun befoin: fi cela étoit neceffaire, difoit-il, il falloit choifir un plus digne fujet, qui fût animé de l'efprit de fon état, qui eût la fageffe & la fcience du feigneur, qui fût homme de paix, zelé pour la juftice, & non pas un homme qui n'aimoit le trouble & la divifion. Cette proteftation eft du vingtiéme d'Août. En confequence le parlement défendit au légat d'ufer de fon pouvoir. Néanmoins le confeil du roi aïant oui fes raifons & reçu les foumiffions,lui permit d'exercer fes fonctions, ce qui ne dura pas long-tems; parce que ce cardinal aïant appris la mort de Sixte IV. s'en retourna promptement à Rome, après avoir reçu du roi mille écus pour les frais de fon voïage. Innocent VIII. le fit évêque d'Albano, & lui donna dans la fuite la légation de la Marche d'Ancone.

Après fon retour à Rome, le pape écrivit au roi de France pour le féliciter fur fon heureux avenement à la couronne, & l'exhorter à fuivre l'exemple de fes ancêtres dans leur attachement inviolable à l'églife Romaine. Cette lettre eft du dix-huitiéme Avril: & dans une autre du dix-huitiéme Juin, il fe plaint au même prince, des magiftrats qui violoient les immunitez ecclefiaftiques dans la Provence annexée depuis peu à la monarchie Françoife, & qui ne cherchoient que leurs interêts, fous pretexte de maintenir l'autorité roïale; il exhorte le roi à y apporter un prompt remede & à reprimer ces abus. Comme on avoit indiqué une affemblée du Clergé pour le premier jour du mois d'Août, & que le fouverain pontife craignoit qu'on n'y

X.

Lep nocent écrit au roi

e pape In

de France. Raynald.

hoc. anne

2.36%

donnât quelque atteinte à fon autorité, par3485. ce que plufieurs demandoient le rétablissement de la pragmatique fanction dans fon entier fa fainteté prie Charles VIII. dans une autre lettre du vingt-cinquiéme de Juillet, de refpecter le fiége apoftolique dont les ancêtres ont toujours pris la défenfe, & de ne point fuivre les confeils de ceux qui ne cherchent qu'à détruire fon autorité.

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ce

Le zele du fouverain pontife pour les libertez de l'églife, lui fit déclarer la guerre à Ferdinand roi de Naples, qui exerçoit une violente tyrannie fur les fujets de l'Etat ecclefiaftique, & qui contre toutes les loix avoit fait mourir für divers foupçons le comte de Sarno & beaucoup d'autres. Un grand nombre de feigneurs du roïaume de Naples avoient imploré le fecours du pape, qui les afsista avec d'autant plus de plaifir, que depuis le commencement de fon pontificat, il fe plaignoit de ce prince qui refufoit à l'église Romaine le tribut qu'il étoit engagé de païer, fous pretexte que le comtat d'Avignon n'avoit été par la reine Jeanne au faint fiege que pour remplacer ce tribut, qui montoit à quarante mile écus. Innocent offenfé de ce refus, & invité par les feigneurs du roïaume de Naples leva une armée, dont il donna le commandement à Robert de San-Severino, & appella René duc de Lorraine à cette entreprise, comme celui à qui le roïaume appartenoit. Ce duc y confentit volontiers, & fe mit en voïage pour fe rendre en Italie. Mais à peine fut-il arrivé à Lyon, que Charles VIII. lui manda de ne pas aller plus loin, fe refervant le droit d'appaifer ces differends, comme y étant le principal intereffé, à cause du droit qui lui avoit été cedé. Ferdinand pour s'oppofer au pape commen

du

pape

ça par appaifer les feigneurs de fon roïaume,
qu'il avoit fi fort maltraitez. Il rendit la liber-
té au comte & à la comteffe de Montoire qu'il
tenoit en prison, & tâcha d'engager le fouve
rain pontife dans une guerre civile, afin qu'aïant
de l'occupation dans Rome, il ne portât pas
fes armes ailleurs. Aïant attiré dans fon partí
le duc des Urfins, il ne penfa plus qu'à femer
la divifion dans Rome. Il fit des courfes juf-
qu'aux portes de cette ville. Il emploïa les pro-
meffes, les menaces, & toutes fortes d'artifi
ces, pour
faire revolter les cardinaux & le peu-
ple contre Innocent VIII. Il eut foin de répan-
dre des écrits qui faifoient voir que l'élection
n'étoit pas legitime, aiant été faite
par des cardinaux revêtus de la pourpre fans
aucun droit; & il promettoit fon fecours aux
factieux pour élire un autre fouverain pontife.
Innocent fe trouvoit fort embaraffé, les dangers
l'environnoient de tous côtez, fes ennemis s'é-
toient déja rendus maîtres du pont Lamentano,
& y avoient mis une forte garnifon qui rava-
geoit tous les environs de Rome. San-Severino
pour arrêter fes incurfions, s'avança avec fon
armée le vingt-huitiéme Décembre, chaffa l'en-
nemi du pont qu'il occupoit, & fit mourir tous
ceux qu'on arrêta. Ces défordres mirent toute
l'Italie en feu. Ferdinand étoit appuïé des Flo-
rentins & de Sforce duc de Milan. Le pape avoit
pour lui les Venitiens & les Genois. Mais auffi-
tôt que le roi de Naples eut appris le départ du
duc de Lorraine, la crainte lui fit écouter les
propofitions de paix qui lui furent faites par
quelques cardinaux, il les accepta, & elles fu-
rent avantageufes au fouverain pontife.
Les articles de cette paix furent,
and païeroit au pape quatre-vingt mille écus
d'or, à la place de la haquenée ou du cheval

que

Ferdi

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