xxus.

Anti-Pa-,, tion des affaires préfentes) encore qu'il pût livrer Polydore Virgile pour fa caution.

C'est dommage, dit Mr. de Brillat, que le Roi Jacques avoit fait brûler le li vre de fon pere à Londres, le jeune Paræus n'auroit peut-être pas appréhendé de parler des Rois d'Angleterre comme des autres. C'est toujours un bon effet de la Puiffance fouveraine, puis qu'il n'a point été infenfible à la difgrace & à l'infamie de fon pere. Si l'on avoit brûlé fon livre à Paris & à Madrid, peut-être auroit-il fait auffi quelque exception pour les Rois de France & d'Efpagne. Le monde eft rempli de gens qui ne deviennent fages que par la peur.

Quoiqu'il en foit, reprit Mr. de Rintail, Philippe Paræus a fait réparation d'honneur à la Majefté Britannique pour fon pere & a donné fatisfaction à l'AntiParaus. Ne croyés pas que fa restriction fût fans autre fondement que celui de la condamnation de fon pere. Il a eu foin de l'appuyer de l'autorité du célébre Cambden dont le paffage fera une honte éternelle aux Anglois d'aujourd'hui (1). Cambdenus, dit le jeune Paræus, in Britannia fua ait, Regem fupremam poteftatem & merum habere imperium, nec præter Deum fuperiorem agnofcere.

Comment, m'écriai-je, les Anglois du tems du Roi Jacques I. reconnoiffent dans leur Roi une Puiffance fouveraine & une

Do

1. Pag. 101.

Domination abfolue: Supremam poteftatem Anti-Pa& merum imperium? Hé, que penferons- raus. nous donc de l'infidélité des Anglois du tems du Roi Jacque II.? N'admireronsnous pas la légereté & l'inconstance de ces Infulaires?

Il y a plus que cela, répartit Mr. de Rintail, dans la conduite étrange de ces Peuples. Mais laiffons-en le jugement à Dieu; & au lieu de prévenir les réfléxions que la Poftérité fera fur des évenemens fi inouïs, retournons à l'Anti-Paræus.

Toute la défense du jeune Paræus fe reduit donc à foutenir les ambiguités d'un cœur double, & par des détours affectés d'un fugitif, que les Rois & les Princes fouverains d'aujourd'hui ne font que Conventionnels: & que ce que fon Pere a dit en faveur des Magiftrats inférieurs les regarde tous indifféremment (2). „ Il a cru juftifier encore mieux fon pere, en prétendant que Luther, les Théologiens de Wittemberg, Pierre Martyr, Robert Abbot, & tous les autres Théolo,,giens Proteftans en général (Omnis chorus Theologorum Proteftantium) avoient ,, enfeigné la même doctrine. Ét fur ce ,, que fon Adverfaire avoit parlé de Buchanan, comme d'un ennemi des Rois, & comme d'un méchant homme qui au29 torifoit les rebellions; il lui répond: Qu'il n'eft pas d'un homme de bien de parler mal des gens de bien à qui la République & l'Eglife font fi obligés.

2. Pag. 58. Ap. des Cath,

Si

Anti-Pa

raus.

Si tous les gens de bien parmi les Proteftans, dit Mr. Bertier, étoient faits comme Buchanan & Paræus ; & fi le fils de Paræus étoit avoué de la forte pour foutenir que c'eft obliger la République & l'Eglife, que d'enfeigner la doctrine de ces deux perfonnages, pourroit-on s'abstenir de penfer que l'Eglife des Proteftans n'est qu'une fociété de féditieux?

Ils fe garderont bien d'avouer un fi pitoyable Apologifte, repliqua Mr. de Rintail. D'ailleurs il fuffit que le jeune Paræus ait été Allemand comme fon pere, pour n'avoir pas été en état de défendre fa doctrine & de repouffer un Anti-Paræus. Vous riés? Et vous n'avés pas pris garde que le jeune Paræus a oublié l'Empereur d'Allemagne dans fon Catalogue de Princes conditionnels. Non, croyés moi, les Allemands n'ont pas été deftinés du Ciel pour bien expliquer leur Paræus. Cet avantage étoit refervé à quelque François Réformé de la communion de Paræus, & pour deviner tout d'un coup, à Mr. de Daillon, dont je veux vous rapporter le fentiment pour vous faire voir combien nous nous fommes abufés jufqu'ici, de croire que Brutus & Buchanan étoient des féditieux, felon le raifonnement de ce nouvel Auteur. Ecoutés Mr. le Clerc, c'est-à-dire l'un des plus moderés de fa communion. Mr. de Daillon, dit-il, en

adoptant fa penfée, fait voir qu'aucun ,, Théologien Proteftant n'a enseigné rien de contraire à l'obéiffance qu'on doit ", aux Rois, & que quand Paræus dit: Que

les

les Magiftrats inférieurs peuvent de droit Anti-Padéfendre, même par armes, l'Etat l'E- xæus, glife contre le Magiftrat fupérieur; il ne parle pas des Sujets d'un Prince abfolu, MAIS DES MAGISTRATS

DES

VILLES LIBRES D'ALLEMAGNE,
AUSQUELLES L'EMPEREUR,QUOI-
QU'IL SOIT LEUR MAGISTRAT
SUPERIEUR EN BEAUCOUP DE
CHOSES, N'A PAS DROIT NE'AN-
MOINS DE RAVIR LEURS LIBER-
TE'S (1).

Ah! dit Mr. de Brillat, je fuis maintenant perfuadé que Mr. de Daillon étoit bien plus propre pour expliquer Paræus que le fils de cet Auteur. Il est bien moins embaraflé & beaucoup plus net. Mais fi Paræus n'en vouloit qu'à l'Empereur d'Allemagne, qui n'est pas Roi du Corps Germanique, pourquoi s'eft-on tant échauffé en Angleterre fur ce fujet? Est-ce que l'Univerfité d'Oxford n'auroit point compris la penfée de Paræus en condamnant, fa doctrine? Eft-ce que le Roi Jacques, qui étoit Proteftant de fi bonne foi, auroit voulu obliger un Prince Catholique, ou la Maifon d'Autriche en faifant brûler fon Livre? Adieu donc l'Anti-Paræus de David Owen, & tous les beaux raisonnemens de ce Docteur Anglois.

Vous voyés au moins, reprit Mr. de Rintail, que Mr. de Daillon n'a point affecté de paroître Allemand dans l'explication du fentiment de Paræus. Mais j'au

1. Tom, s. Bibl, Univers. pag. 72.

rois

raus.

Anti-Pa- rois fouhaité que Mr. le Clerc d'Amfterdam nous eût facilité les moyens de démêler fon fentiment d'avec celui de Mr. de Daillon, lors qu'il a copié l'endroit où il marque; qu'aucun Théologien Proteftant (fans en excepter Brutus ni Buchanan) n'a enfeigné rien de contraire à l'obéisfance qu'on doit aux Rois.

ANTI-SCIOPPIUS.

Anti- 129. 'Ous entendons parler quelqueScioppius. fois de l'Anti-Scioppius de Ber

negger, qui étoit un célébre Profeffeur de 'Hiftoire dans l'Univerfité de Strasbourg, & qui mourut en 164c. Mais ce Titre ne fe trouve que dans la bouche de ceux qui ont occafion d'en parler dans les compagnies, & qui ne l'employent fans doute que pour abréger le circuit de l'expreffion. Il faut avouer néanmoins que nous avons un Livre compofé par Theodofius Berenicus écrit contre le Classicum Belli Sacride Scioppius, & imprimé l'an 1621. dans la Ville d'Augufta Triboccorum, fous le titre de Tuba Pacis Anti-Scioppiana, &c. que ce Berenicus n'eft autre que Bernegger, & cette Ville des Tribocques ne peut marquer que celle de Strasbourg. Mais tout cela ne me fait point envie de m'étendre davantage fur un fujet qui paroît étranger au deffein de mon Recueil.

AN

P