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TION DU B.

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feulement les Lundis, Mercredis & Vendredis, afin ( di- CONGREGAfoit-il d'imiter Jefus. Chrift qui avoit été flagellé pour leurs PIERRE pechés. Il défendit par les Conftitutions de recevoir ceux qui fe prefenteroient pour prendre l'habit, s'ils avoient moins de dix-huit ans & plus de cinquante, de peur qu'ils ne fuffent pas en état de fupporter les aufterités & les rigueurs de la penitence qui font prefcrites par ces Conftitutions. Ils fe levoient à minuit pour reciter Matines, après lefquelles ils restoient deux heures au Choeur pour faire Oraifon l'efté, & l'hyver ils y emploïoient trois heures. Ils faifoient encore une heure d'oraison pendant l'efté,& deux heures pendant l'hyver après Complies. C'étoit la regle generale pour tous fes Ermites; mais l'on pouvoit dire, que le bienheureux Fondateur étoit continuellement en oraison, car il y emploïoit tres-fouvent le tems qui reftoit depuis les deux ou trois heures d'oraifon.commune d'après Matines jufques au jour, & une bonne partie de la journée. Leur nourriture ordinaire étoit un peu de pain avec des fruits ou des herbes cuites en petite quantité, à la volonté du Superieur. Ils devoient reconnoître tous les jours leurs fautes dans le Refectoire avant que de fe mettre à table, & accomplir fidellement les penitences qui leur étoient enjointes. Si au milieu du repas quelqu'un commettoit quelque faute, il devoit fe lever pour s'en accufer, & devoit demeurer toûjours debout jufques à ce qu'on lui eût fait figne de s'affeoir. Quant à la pauvreté, elle étoit exactement obfervée: tout étoit en commun, & le Superieur avoit foin de dif tribuer à un chacun ce qu'il avoit befoin.

Une vie fi.auftere leur attira l'eftime des perfonnes vertueufes ; mais les libertins s'en fcandaliferent. Ils repandirent de faux bruits contre la reputation de ces faints Ermites, & publierent que ce qu'ils faifoient n'étoit que pour abuser de la fimplicité du peuple : que c'étoient des oups couverts de peaux d'agneaux qu'ils faifoient à l'exterieur profeffion d'ễ tre aufteres & de meprifer les honneurs & les richeffes ; mais que ce n'étoit que des rufes & des ftratagemes dont ils fe fervoient pour s'attirer de l'eftime & de la gloire. Ces Libertins eroïant que de fi grandes aufterités étoient au deffus des forees humaines, accuferent auffi ces faints Ermites de fortilege, attribuant à l'art magique cette grace furnaturelle de Dieu qui les foûtenoit & leur donnoit la force & le courage pour

GATION

CONGRE- fupporter ce genre de vie qu'ils avoient embraflé pour sa gloiDUB.PIER-re. Sur ces faux raports les Inquifiteurs firent des informaRE DE PI-tions. Les Ermites furent contraints de fortir de tems en tems

SE.

de leur folitude: c'eft pourquoi le bienheureux Pierre de Pife, pour faire ceffer cette perfecution, eut recours au Pape Martin V. qui perfuadé de la fainteté de ce faint Fondateur & de la vie exemplaire de fes Difciples, leur accorda une Bulle le 21. Juin 1421. qui les exemtoit de la Jurifdiction des Inquifiteurs, declarant nulles les Sentences d'excommunication qui pouvoient avoir été données, & toutes les procedures qui pouvoient avoir été faites contre eux. De cette maniere la perfecution ceffa, ce Saint & fes Difciples furent en plus grande eftime, & on leur offrit des établissemens en plufieurs endroits.

Ils avoient déja des Couvens à Venise, à Pesaro, à Talachio, Fano, Trevife, Crifpano, & Padouë: mais l'an 1422. ils furent receus à Urbin,& firent un nouvel établissement à Venife. Comme le lieu qu'ils avoient déja dans cette ville étoit trop petit pour contenir le grand nombre d'Ermites qui y demeuroient, Luce Contarini femme du noble Henry Delphino, accorda au bienheureux Pierre de Pife & à fes Compagnons l'Hôpital de faint Job qu'elle avoit fait bâtir, ce qui fe fit du confentement d'Henry Delphino, qui fe rendit luimême Disciple du bienheureux Pierre de Pife, à qui cet établissement fervit de nouveau motif pour exercer fa charité, fervant les malades, & leur donnant tous les fecours fpirituels & corporels dont ils avoient befoin. On lui donna en 1424. l'Eglife de faint Marc de Barocio. L'an 1425. il alla à Rome où il fit amitié avec le bienheureux Nicolas de Fourque-Palene, qui étoit Chef d'une Congregation d'Ermites, qui fut unie à la fienne, comme nous dirons dans la fuite, auffi-bien que celle du Frere Ange de Corfe, qui donna à nôtre faint Fondateur quatre ou cinq Couvens qu'il avoit. Enfin ce faint Fondateur aïant été appellé à Venife pour les affaires de fa Congregation, y mourut âgé de 80. ans le premier Juin de l'an 1435.

Le Pere Pierre Bonnacioli General de cet Ordre, dans un petit livre intitulé Pifana Eremus, &c. imprimé à Venise en 1692. & qui contient les vies en abregé des principaux Saints de cette Congregation, parlant du bienheureux Pierre de

que

GATION

SE.

Pife, dit qu'il fut enterré dans le même Hôpital de faint Job, CONGRE qui fut depuis cedé à des Religieufes de l'Ordre de faint Au- DUB.PIERguftin. Cela femble contraire à ce que dit le Pere Papebroch, RE DE PIle bienheureux Pierre de Pife étant retourné de Rome à Venise, abandonna ce lieu, les ameliorations qu'il y avoit faites aïant été eftimées afin que le prix lui fût rendu pour l'emploïer aux bâtimens qu'il faifoit faire au premier Couvent qu'il avoit eu à Venise dans la paroiffe de faint Raphaël, lequel Couvent s'appelle aujourd'hui faint Sebastien. Peutêtre auffi, que quoique les Ermites de faint Jerôme aïent eu des raifons pour abandonner cet Hôpital, nôtre faint Fondateur ne laifoit pas d'y aller pour y continuer fes fervices chaitables envers les malades, & qu'étant tombé lui-même malade, il voulut y mourir & y être enterré; parce que les Religieux de cette Congregation n'avoient pas encore d'Eglife ouverte à Venise en 1435. s'il eft vrai, comme le dit l'anonyme qui a écrit la vie de ce Bienheureux en 1695. que ce fut le Pape Calixte III. qui leur accorda la permiffion d'en avoir une publique, fur l'appel qu'ils avoient interjetté à ce Pontife d'une Sentence renduë par faint Laurent Juftinien, pour lors Patriarche de Venife, qui leur défendoit d'en avoir. Cer Autheur s'eft néanmoins trompé en citant cette Sentence de faint Laurent Juftinien de l'an 1414. puifqu'il ne fut Evêque de Venife que l'an 1433. & premier Patriarche de la même ville que l'an 1451. mais il fe peut faire que ce fut fur la fin de l'année 1454. qu'il donna cette Sentence, puifqu'il mourut le 7. Janvier 1455. ces Religieux ont pû avoir appellé de sa Sentence, non pas à Calixte III. mais au Pape Nicolas V. qui vivoit au commencement de la même année 1455. & comme il mourut auffi au mois de Mars, & qu'au mois d'Avril de la même année Calixte III. lui fucceda, rien n'empêche de croire que ce fut ce Pape qui leur accorda cette permiffion d'avoir une Eglife publique, que Nicolas V. auquel ils avoient appellé d'abord de la Sentence de faint Laurent Justinien, n'avoir pû leur accorder, aïant été prevenu par la mort.

Le Pere Papebroch dit, qu'il peut avoir été enterré dans le Monaftere de ces Religieufes l'aïant ainfi defiré, ou peutêtre par ordre du Senat, & qu'il y en a auffi qui pretendent qu'il eft enterré dans l'Eglife de faint Marc; mais qu'il croit qu'on y fit plûtôt la ceremonie de fes obfeques. Ce qui eft

GATION

SE.

CONORE- certain, c'eft que les Religieux de fon Ordre n'ont pû jufques DUB PIER- à prefent découvrir l'endroit où il a été enterré, foit à faint RE DE PI- Marc, foit dans ce Monastere des Religieufes de l'Ordre de faint Auguftin qui demeurent dans cet ancien Hôpital de faint Job, & quelques diligences que le Cardinal Delci, qui étoit Nonce du Pape auprès de la Republique de Venise en 1656. y apportât pour le découvrir, elles furent inutiles. Comme plufieurs Papes, principalement Pie V. & Clement VIII. ont donné à ce Fondateur le titre de Bienheureux, les Religieux de fon Ordre poursuivirent auprès du Pape Alexandre VIII. la permiffion d'en faire l'Office ou d'en celebrer la Meffe dans tout l'Ordre. Le Pape foufcrivit la Commiffion pour fa Beatification & fa Canonization, & nomma pour Ponent, le Cardinal Cafanate Protecteur de cet Ordre; mais comme les affaires vont fort lentement en Cour de Rome ils n'ont pû encore obtenir ce qu'ils souhaittoient.

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il

Après la mort du bienheureux Pierre de Pife, le bienheureux Barthelemy Malerba de Cefene fut le premier General qui prit le gouvernement de fa Congregation, comme il paroît par une Bulle d'Eugene IV. du 22. Février 1437. il avoit été du nombre des douze premiers Difciples de ce faint Fondateur, & pendant près de quinze ans qu'il fut General, fit plufieurs établissemens dont les principaux furent ceux de Vicenze & de Mantouë. De fon tems la Congregation des Ermites du bienheureux Nicolas deFourque-Palene fut unie à celle du bienheureux Pierre de Pife, & outre les privileges qu'il obtint du Pape Eugene IV. pour cet Ordre, ils eurent permiffion de pouvoir prendre les ordres facrés, & de tenir tous les ans le Chapitre general. Nicolas V. ordonna l'an 1453. qu'il fe tiendroit à l'avenir tous les trois ans, & leur permit d'y élire un General, des Provinciaux & quatre Deffiniteurs. L'an 1476. Sixte IV. confirma ce qui avoit été ordonné par Eugene IV. & Nicolas V. touchant la tenue des Chapitres generaux ; mais comme par les Conftitutions de l'Ordre on élit premierement un Vicaire general, entre les mains duquel le General & les Prieurs fe demettent de leurs offices, & qu'enfuite tout le Chapitre élit quatre Peres qui doivent faire feuls tous les Prieurs, & que ces Prieurs nouvellement élus par ces quatre deputés du Chapitre, doivent élire ensuite le General, Sixte IV. approuva cette maniere d'élection, or

donnant

DUB.PIER

donnant feulement que le Chapitre éliroit fix deputez pour CONGRE élire les Prieurs ; mais ce nombre n'a pas toûjours été fixe, car GATION par un autre Bref d'Alexandre VI. du quatorze Avril 1496. RE DE PIil eft permis au Chapitre d'en élire fix, quatre, ou cinq, com- SE. me il le jugera à propos.

L'an 1444. fous le Generalat du même Barthelemy de Cefene on y dreffa les premieres Conftitutions de l'Ordre qui furent imprimées à Venise en Latin & en Italien l'an 1488. & on commença déja à y retrancher quelque chofe des grandes aufterités que le bienheureux Pierre de Pife avoit prefcrites. Elles furent corrigées & mifes en meilleure forme l'an 1540. par le Pere Bernard de Verone, qui étoit pour lors General, & reçues dans le Chapitre general qui fe tint à Rimini l'an 1549. après que tous ceux qui formoient cette Congregation eurent protefté qu'ils ne pretendoient pas qu'elles les obligeaffent à aucun peché mortel, ni qu'on les pût contraindre à faire des vœux folemnels. Dans le Chapitre general de l'an 1629. on approuva de nouvelles Conftitutions qui furent reçuës dans celui de l'an 1638. & derechef publiées dans le Chapitre general de l'an 1641. elles furent imprimées en Latin à Pefaro, & on fit encore quelques declarations & quelques éclairciffemens fur ces Conftitutions dans le Chapitre de l'an 1644. ce font ces dernieres Constitutions qui font prefentement obfervées dans cet Ordre, où entre autres choses on a retranché l'abstinence perpetuelle.

Ces Religieux ne faifoient que des voeux fimples, & pouvoient difpofer de leurs biens jufques en l'an 1568. que le Pape Pie V. par un Bref du quinze Novembre de la même année, leur ordonna de faire des voeux folemnels. En vertu de ce Bref le Cardinal Louis Corneli qui étoit Protecteur de cet Ordre, se transporta au Couvent de faint Onuphre à Rome, qui appartient à cet Ordre, & y reçut la profeffion des Religieux qui y étoient, ce qui fe fit auffi dans les autres Couvens, laquelle Profeffion ils firent felon la Regle de faint Auguftin que le Pape leur donna auffi. Le même Pie V. confirma leur Congregation, & leur accorda l'an 1567. tous les privileges des Ordres Mandians. Il confirma derechef leurs privileges l'an 1571. & leur accorda Indulgence pleniere en forme de Jubilé le quatriéme Dimanche de Carême, laquelle Indulgence le Pape Gregoire XIII. étendit l'an 1583. pour toutes

Tome IV.

B

IN

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