Imágenes de páginas
PDF
EPUB

SAINTEBIR

les malades en l'absence de fon mari, qui étoit fouvent obli- ORDRE DE gé d'aller à la Cour, où le Roi le confultoit dans les plus im- GITTE. portantes affaires.

pro

Wlphon reconnut néanmoins le peu d'utilité de fes occupations, lorfqu'il les comparoit à celles de fa femme; & foûpirant pour avoir la même grace, il prioit Dieu très-fouvent avec elle ; & pour le faire plus tranquillement, il quitta la Cour. Ils entreprirent le voïage de faint Jacques en Galice avec leurs huit enfans. A leur retour Wiphon étant tombé malade très-dangereusement à Arras, Birgitte qui n'épargnoit aucun foin corporel pour le foulager, eut auffi recours la priere pour obtenir de Dieu fa guérifon. Saint Denys lui apparut qui lui prédit beaucoup de chofes à venir, & pour lui donner une preuve certaine de ce qu'il lui difoit; il lui mit que Wiphon gueriroit au plûtôt, ce qui arriva; & à peine fut-il arrivé chez lui avec toute fa famille, que pouffé par l'Esprit de Dieu, il fe fit Religieux dans l'Ordre de Cifteaux en aïant le confentement de fa femme. Il mourut quelque tems après, avant que d'avoir achevé l'année de fon Noviciat, étant à préfumer qu'il fit fa Profeffion avant que de mourir, fuivant la pratique de toutes les Religions, de faire faire la Profeffion à leurs Novices, lorfqu'ils font en danger de mort. C'est pourquoi il n'y auroit pas lieu de s'étonner, comme quelques-uns ont fait, de ce que les Religieux de Cif des SS. 8. teaux l'ont mis au rang des Bienheureux de cet Ordre dans Octob leur Menologe.

Birgitte fe voïant libre, ne penfa plus qu'à fe fervir de sa liberté pour mener une vie encore plus parfaite qu'auparavant. Elle fit le partage de fes biens entre fes enfans, difpofa de tout ce qui pouvoit la diftraire du fervice de Dieu, & fe donna toute entiere à fes exercices de pieté. Elle quitta ses habits precieux pour en prendre qui fuffent conformes à la vie penitente qu'elle vouloit mener. On en murmura, principalement à la Cour, & on l'attribua à une foibleffe d'efprit; mais comme elle ne vouloit plaire qu'à Dieu feul, elle s'éleva au deffus des jugemens des hommes, & ne rougit point même dans la fuite de manger avec les pauvres dans les Hôpitaux, ou dans les ruës, & quelquefois même de mandier avec eux. Elle ne porta plus de linge, fe couvrit le corps d'un rude cilice, fe ceignit de cordes pleines de neuds, & à ces mortifications elle

Baillet. Vies

GITTE.

ORDRE DE en ajoûtoit une tous les Vendredis, en faisant tomber goutte SAINTEBIR à goutte fur quelque partie de fon corps de la cire brûlante; afin de s'imprimer davantage le fouvenir des fouffrances du Fils de Dieu en fa Paffion. Ses jeûnes étoient frequens, & celui du Vendredi (outre ceux qui font ordonnés par l'Eglife) étoit au pain & à l'eau. Ses veilles n'étoient pas moins aufteres, elle n'accordoit du repos à fon corps que dans l'extréme neceffité & l'accablement du fommeil, n'aïant pour matelas qu'un tapis étendu fur le pavé, & vequit toûjours de cette forte près de trente ans depuis la mort de fon mari..

L'on croit que ce fut vers l'an 1344. peu de tems après la mort de fon mari, & lorfqu'elle étoit encore en poffeffion de fon bien, qu'elle fit bâtir le Monaftere de Wastein dans le Diocese de Lincopen au Roïaume de Suede, ce qui donna l'origine à l'Ordre qu'on a depuis appellé de faint Sauveur ou des Birgittains, qu'elle fonda pour obeïr au Sauveur du monde, qui lui dicta, à ce qu'on pretend, de fa propre bouche les Conftitutions ou Reglemens, fous le nom de Regle, qui devoient être obfervées dans cet Ordre, & qui contiennent. trente & un Chapitres, outre la Preface qui en contient trois autres. Il y en a auffi quelques-uns dans les revelations qui. font fous le nom d'Extravagantes.

Cap.1. Selon ces Conftitutions, cet Ordre eft principalement fondé pour des Religieufes qui doivent honorer la fainte Vierge. d'un culte particulier, & il doit y avoir auffi des Religieux. pour leur donner les fecours fpirituels dont elles auront befoin, & leur adminiftrer les Sacremens. Le nombre des RelCap. sz. gieufes eft fixé à foixante dans chaque Monaftere, celui des Religieux Prêtres à treize, felon le nombre des treize Apôtres dont faint Paul fait le treiziéme. Il y doit avoir quatre Diacres qui reprefentent les quatre Docteurs de l'Eglife faint Ambroife, faint Auguftin, faint Gregoire & faint Jerôme, & huit Convers, qui tous enfemble font le nombre des treize. Apôtres & des foixante & douze Difciples de Jefus-Chrift Cap. 22. Les Religieufes ne peuvent être reçues avant l'âge de dix-huit ans, & les Religieux avant vingt-cinq ans. Avant que de recevoir l'habit, elles doivent poftuler pendant un an. A la premiere demande qu'elles en font, elles doivent être renvoïées Cap. 10. à trois mois, & ainfi de trois mois en trois mois jusques à la fin de l'année, pour voir felles perfeverent dans leur refolu

Brg

8

Religieux Prestre de l'Ordre de S."Birgitte.

Duflos F.

SAINTEBIR

Cap. 10.

tion. Si néanmoins c'est une perfonne grave & d'une fi gran- ORDRE DE de autorité qu'il n'y ait aucun lieu d'apprehender quelque in- GITTE. conftance de fa part, on peut la recevoir au bout de fix mɔis. Cap.10.Ex Après l'année de Noviciat l'Evêque du lieu où le Monaftere travag eft fitué, ou quelqu'autre à qui il en a donné commiffion vient à la porte de l'Eglife, où il fait plufieurs demandes à la Poftulante, après quoi il la fait entrer dans l'Eglife. On porte Reg. devant elle une Banniere rouge, où d'un côté il y a un Crucifix & de l'autre l'image de la fainte Vierge, afin que jettant les yeux fur le Crucifix, elle apprenne la patience & la pauvreté, & qu'envifageant l'image de la fainte Vierge, elle apprenne l'humilité & la chafteté. La Poftulante fe tient à l'entrée de l'Eglife tandis que l'Evêque confacre un anneau. On allume deux flambeaux à côté de la Banniere lefquels doivent brûler pendant tout le tems de la Meffe. Après la bene- Cap. x diction de l'anneau, l'Evêque le lui met au doigt, & enfuite va celebrer la fainte Meffe. A l'Offerte elle fait fon offrande & retourne à la place, où elle demeure jufques à ce que l'Evêque ait beni les habits; pour lors il l'envoïe chercher par un Clerc, elle le vient trouver nuds pieds, se dépoüille de fes habits à un coin de l'Autel, ne se reservant qu'une Tunique. L'Evêque la revêt de ceux de la Religion, & après lui avoir mis le voile, il continue la Meffe: à l'endroit où l'on a coûtume de donner la benediction nuptiale aux perfonnes qui fe marient, il se retourne vers le peuple, fait appeller la Postulante, & après quelques prieres il lui met fur la tête la couronne que ces Religieufes portent, qu'il attache avec une aiguille en difant d'autres prieres. La Meffe étant achevée il la fait derechef appeller, elle fe profterne contre terre, pendant qu'il recite les Litanies, après lefquelles elle se releve pour aller communier. Auffi-tôt quatre Religieufes aïant ouvert la porte par où elle doit entrer dans le Monaftere, elles en fortent pour l'aller chercher, & l'y portent dans une bierre, l'Evêque la fuivant & la remettant entre les mains de l'Abbeffe, & pendant huit jours la nouvelle Religieufe n'eft obligée à aucune obfervance reguliere.

Telle eft la ceremonie qui s'obferve à la confecration d'ue Religieufe de cet Ordre, & qui doit être auffi pratiquée à Fégard d'unReligieux,excepté qu'au lieu de lui donner un an Cap. 13 neau, l'Evêque lui prend les mains ; qu'au lieu de lui mettre

« AnteriorContinuar »