le се ORDRE MILITAI BIRGITTE. faire pauvre pour l'amour de Jefus-Christ, elle s'étoit mile M dans la dépendance d'une perfonne à qui elle avoit abandonné RE DE S. peu de bien qui lui étoit refté, comme nous lifons dans la vie de cette Sainte. Elle n'avoit point épousé un puiffant Prinde Suede, comme M. Hermant le veut perfuader. S'il étoit Prince de Nericie, il ne poffedoit point cette Province en Souveraineté, & sainte Birgitte n'a jamais eu le titre de Reine comme Schoonebeeck a avancé. Enfin s'il étoit vrai que cet Ordre pretendu eut été approuvé par Urbain V. la Bulle de la Canonifation de fainte Birgitte en auroit fait mention, auffi-bien que de l'Ordre du Sauveur, qui fut approuvé par le même Urbain V. & dont il eft parlé dans cette Bulle, comme aïant été inftitué par cette Princeffe. Ce font donc apparemment les Revelations de fainte Birgitte, où il eft parlé de Chevaliers, des qualités qu'ils doivent avoir, des ceremonies qui doivent s'obferver à leur reception, & de la maniere qu'ils doivent prononcer leurs Voeux, qui auront fans doute fait croire que cetre Sainte parloit d'un Ordre Militaire qu'elle avoit inftitué. Mais cette Sainte n'a point inftitué d'Ordre Militaire, ce qu'on lit dans fes Revelations touchant les Chevaliers, ne regardoit que l'Ordre de Chevalerie en general; & les ceremonies qui y font marquées, étoient à peu près les mêmes qui fe pratiquoient dans plufieurs Provinces à la reception des Chevaliers, qui avoient auffi prefque par tout les mêmes obliga tions. κa Chron. Nous pourrions en rapporter plufieurs exemples; mais nous nous contenterons de celui de Guillaume Comte de Hollande, qui avant que d'être couronné Empereur à Aix-la-Chapelle fut fait Chevalier à Cologne, l'an 1248. parce qu'il n'étoit encore qu'Ecuïer, & que les loix de l'Empire portoient, que l'Empereur ne devoit point être couronné qu'il ne fût Chevalier. C'eft pourquoi le Roi de Boheme le fit Chevalier; & Joann. Bevoici les ceremonies qui fe pratiquerent en cette occafion. La Ultraject.p.. Mefle aïant été celebrée par la Cardinal Pierre Capuccio du 77. Le Cartitre de faint Georges au Voile d'or, le Roi de Boheme aprè de Cambray l'Evangile prefenta à ce Prelat le Comte de Hollande, en lu: Tom 1.part. difant: Nous prefentons à vôtre Reverence cet Ecuier, fupplian, 3. Mennen. Equeft.Ord. très-humblement vôtre Paternité de recevoir fa Profeffion & fes fimbol. p. 8.. Vœux, afin qu'il puisse entrer dans nôtre Societé Militaire. Le pentier hift. MILITAI BIRGITTE. ORDRE Cardinal dit au Comte: Selon l'étimologie du mot de ChevaRE DE S. lier, il faut que celui qui veut combattre ait une grandeur d'ame, qu'il foit de condition libre, qu'il foit liberal, qu'il foit courageux, & qu'il ait beaucoup d'adreffe. Qu'il ait une grandeur d'ame, afin qu'il ne fe laiffe pas abbattre dans l'adverfité; qu'il foit de condition libre par fa naissance; qu'il fe faffe honneur par fes liberalitez, qu'il témoigne du courage, lorsqu'il commandera, &qu'il donne des preuves de fon adreffe dans les occafions: Mais avant que de prononcer les Vœux de vôtre Profeffion, afin que vous ne les fajfiez pas fans fçavoir à quoi vous vous obligez, écoutez les Regles de Chevalerie. Il faudra entendre tous les jours la fainte Meffe, expofer vôtre vie pour la défense de la Foi Catholique, garentir du pillage l'Eglife & fes Miniftres, proteger les Veuves & les Orphelins, éviter les guerres injuftes, acce pter les Duels pour délivrer l'Innocent, ne point aliener les biens de l'Empire, & vivre devant Dieu & devant les hommes fans aucun reproche. Ce font-là les Regles de Chevalerie, & fi vous les obfervez fidellement, fçachez que vous acquererez beaucoup d'honneur en cette vie, & que vous jouirez après votre mort de l'Eternité bienheureufe. Après cela le Cardinal prit les mains du Comte de Hollande, & les aïant ferrées dans le Meffel, où l'on venoit de lire l'Evangile, il lui demanda s'il vouloit recevoir l'Ordre de Chevalerie au nom du Seigneur, & faire profeffion de cet Ordre conformement à la Regle qu'il venoit de lui expliquer. Le Comte aïant répondu qu'il le vouloit recevoir, lui donna fa Profeffion par écrit qu'il prononça en ces termes. Moi Guillaume de Hollande, Prince de la Milice Vaffal du faint Empire & étant libre, fais ferment de garder la Regle de Chevalerie en prefence de Monseigneur Pierre Cardinal Diacre, du titre de faint Georges au Voile d'or & Legat du S. Siege, par ces faints Evangiles que je touche avec la main. Le Roi de Boheme lui donna enfuite un grand coup fur le cou en lui difant: Souvenez-vous en l'honneur de Dieu Tout puissant, que je vous fais Chevalier & vous reçois avec joie dans notre Societé, & fouvenez-vous aussi que Jesus-Christ a reçu un foufflet, qu'on s'eft moqué de lui devant le Pontife Anne, qu'il a été revêtu d'une robe, qu'il a fouffert des railleries devant le Roi Herode, & qu'il a été expofe tout nud & attaché à une Croix. Je vous prie d'avoir toûjours dans la pensée les opprobres de celui dont je vous confeille de porter toûjours la Croix. Après que MILITAI que la Meffe fut achevée, ils fortirent de l'Eglife au fon des ORDRE trompettes, des timbales, & des fanfares; le Comte fit un MILLAL de Lance avec le fils du Roi de Boheme; & mit enfuite BIRGITTE. l'Epée à la main, comme pour commencer à faire les fonctions de l'Ordre dont il venoit d'être honoré. coup quest. ord. Voilà quelles étoient les ceremonies qui s'obfervoient en Allemagne à la reception d'un Chevalier dès l'an 1248. & quelles étoient leurs obligations qui ont beaucoup de rapport aux obligations & aux ceremonies des Chevaliers qui étoient en Suede vers l'an 1346. auquel tems fainte Birgitte commença à avoir fes Revelations. Chaque piis avoit fes ufages particuliers, car il y en avoit où le Chevalier étant conduit à l'E- Menn. Eglife y paffoit toute la nuit en prieres. Le lendemain avant la fimbol.p. 114 Meffe il mettoit fon Epée fur l'Autel on la beniffoit, on la paffoit dans le baudrier qu'on lui attachoit fur l'épaule, & de cette forte il étoit fait Chevalier. Mais la pratique la plus ordinaire de faire des Chevaliers, étoit de les créer fur le champ de bataille après quelques exploits fignalés, en leur ceignant l'Epée, leur mettant des éperons dorez, & leur donnant l'acolade. Les Rois même se faifoient créer Chevaliers par leurs propres.Sujets, comme fit François Premier après la bataille de Marignan en 1515. qui voulut être fait Chevalier par Pierre Bayard Gentilhomme de Dauphiné, que fa vertu fit furnommer le Chevalier fans reproche, ce qu'ont fait auffi plufieurs de nos Rois le jour de leur couronnement ; & lorf- Chroniq. de Monftrelet, que l'Empereur Sigifmond vint en France l'an 1416. fous le Duhaillant Regne de Charles VI. qui lui permit de prendre féance au & Mezeray Parlement de Paris, ce Princey entendit plaider une Caufe fous Charles pour la poffeffion de la Senechauffée de Baucaire ou de Car- Equeftr.ord. caffonne, qui étoit contestée entre les nommés de Poftellan fimbol. Pier& de Signet. Comme le premier reprochoit à Signet qu'il ne la muald. hist. pouvoit pas poffeder à caufe qu'il n'étoit pas Chevalier ; chal l'Empereur fit approcher Signet, & prenant l'épée d'un de fes Gentilshommes, il la lui donna, lui fit chauffer les éperons dorez, & de cette forte le fit Chevalier, en difant à fa Partie, que la raifon qu'il alleguoit ne fubfistoic plus, puisqu'il l'avoit fait Chev re de S Ro chronolor. Tome IV. G ORDRE DES PAUVRES VO ΣΟΝΤΑΙ RES. De l'Ordre des Pauvres Volontaires. Ou s avons déja parlé d'un Ordre fous le nom de Pauvres Catholiques; en voici encore un qui a pris le nom de Pauvres Volontaires. Nous ne fçavons point ni le tems de fa Fondation, ni qui en a été le Fondateur; mais il y a bien de l'apparence qu'il a pû être fondé vers l'an 1370. car Bufchus Chanoine Regulier de la Congregation de Windefem, qui avoit été nommé par le Concile de Bâle Commiffaire pour la Reforme des Monafteres d'Allemagne, & qui dans. le même tems avoit été élu Visiteur du Couvent des PauvresVolontaires de la ville d'Hildefem par les Religieux de ce Couvent, du confentement de l'Evêque Erneft, dit que ces pauvres Volontaires d'Hildefem, embrafferent l'an 1470. la Regle de faint Augustin, & prirent un habillement particulier ; & comme ce ne fut que dans cette année qu'ils furent veritablement Religieux, c'eft pour ce fujet qu'il appelle leur Ordre, un Ordre nouveau, quoiqu'ils fuffent déja établis cent ans auparavant dans cette ville & dans quelqu'autres d'Allemagne : Ordo novus Fratrum Voluntariè Pauperum nominatus, anno Domini 1470. in Hilde fem primo furrexit, qui li cet ante centum annos in diverfis Alemania partibus & in Hildefem habitaverint, Voluntariè Pauperes nominati,fingularem habitum & Regulam Almi P. Auguftini jam in brevi fufceperunt. Ce fut donc l'an 1470. que ces Pauvres Volontaires embrafferent la Regle de faint Auguftin, & l'année suivante ils firent les Vœux folemnels entre les mains de leur Superieur, qui jufques alors n'avoit pris que la qualité de Procureur, à caufe que c'étoit lui qui devoit pourvoir à leurs neceffités ; mais après que ces Religieux eurent prononcé leurs vœux, ils lui donnerent le titre de Prieur. Ils retinrent néanmoins leurs anciens Statuts & les Reglemens qu'ils obfervoient par le paffé, & ils ne firent du changement que dans l'habit. Buschus ne marque point quel étoit celui qu'ils portoient auparavant ; mais en faifant leurs vœux folemnels, ils prirent une robe grife, un fcapulaire, & un capuce noire. C'eft ainfi qu'ils étoient habillés dans la Maifon; mais lorsqu'ils fortoient, ils mettoient une chape grife qui étoit beaucoup pliffée au tour |