epift. 371 Hift. liv. LXXXII. n. 7. blent la paix des religieux par les foins & les autres. n. 31. ΧΙ. Mais après faint Bonaventure le relâche- Schifme entre ment fit de grands progrès chez les freres Mi- les freres Mineurs, par le malheureux fchifme qui divifa neurs. tout l'Ordre entre les freres fpirituels & ceux Hift. liv. de l'obfervance commune. Le bon pape faint LXXXIX. n. 3, Céleftin, dont le zele étoit plus grand que la prudence, autorifa cette divifion, en établifant la congrégation des pauvres Ermites fous la conduite du frere Libérat. Ce qui pouffa la divifion au dernier excès, fut la fameufe dif pute fur la propriété des chofes qui fe confu Hift. liv. LXXXVI. 1. 2. Hift. liv. LXXXVII. n. 33. Hift. liv. xc. n. 14. Hift. liv. xc, n. 34. : ment par l'ufage, comme le pain & le refte de Il déclara que l'obéiffance eft la principale vertu des religieux & préférable à la pauvreté ; car ces freres indociles foutenoient qu'on ne doit point obéir aux fupérieurs quand ce qu'ils commandent eft contraire à la perfection. C'étoit l'effet des difputes fcolaftiques aufquelles čes freres s'exerçoient continuellement on y traitoit tous les jours de nouvelles queftions, & on y employoit toutes les fubtilités & les chiCap. Exyc. canes poffibles. On demandoit par exemple, fi de verb.fign. la regle oblige fous peine de péché mortel, ou in 6. Clem, feulement de péché véniel. Si elle oblige aux Exivi. cod. Hift. liv. XCIII. n. 53. confeils de l'évangile, comme aux préceptes. Si ce qu'elle preferit en forme d'admonition, d'exhortation ou d'inftruction oblige autant que ce qu'elle exprime en termes impératifs. On s'accoutuma par-là à rafiner fur le décalogue & fur l'évangile. Les effets de ces difputes frivoles ne furent que trop férieux, le pape Jean XXII ayant ofé condamner ces freres indociles, ils le déclarerent hérétique de leur propre autorité; & appellerent de les conftitutions au futur concile. Hift. liv. Enfin la révolte alla fi loin, que ces freres XCIII. n. 46. Mineurs, foutenus par l'empereur Louis de Baviere, firent dépofer Jean XXII, & mettre à fa place l'antipape Pierre de Corbiere un d'entr'eux, qui pour foutenir fa dignité, fut 47. · réduit à prendre de toutes mains; & c'est à quoi fe termina l'humilité de ces freres, & leur zele pour la pauvreté & la perfection évangélique. 5. 6. Au refte, fi la mendicité des religieux n'a été autorisée dans l'églife que depuis le treiziéme fiécle, ce n'est pas que l'invention en fût nouvelle. De tout tems on a vu des men- Diog. Laerti Har. 80.n.4 dians, même fous prétexte de philofophie ou de religion. Les philofophes Cyniques men- Hift. liv XIX dioient, & on trouva une fois Diogene de- n.25. mandant à une ftatue, pour s'exercer, difoitil, à être réfufé. C'est à l'occafion des hérétiques Maffaliens, que faint Epiphane marque les inconvéniens de la mendicité, infiftant fur les lâches complaifances aufquelles elle engage pour les riches, même pour ceux dont les biens font mal acquis, vifites actives & passives, fateries, converfations de nouvelles, ou d'autres matieres mondaines; & la pire de toutes les complaifances, qui eft la facilité des Hift. livi abfolutions, & l'affoibliffement de la théologie morale. Guillaume Durandi, évêque de xcI. n. 31. Meude, dans fes avis pour le concile de Vienne, marque une grande cftime pour les religieux Mendians mais, ajoute-t-il, on devroit pourvoir à leur pauvreté, enforte qu'ils euffent en commun des revenus fuffifans, ou qu'ils fubfiftaffent du travail de leurs mains, comme les apôtres. : Les moines & les autres anciens religieux tomberent dans un grand mépris depuis l'introduction des Mendians. Ils n'étoient plus vénérables comme autrefois par leur amour pour leur retraite, leur frugalité, leur défintéreffement: la plupart s'abandonnoient à l'oifiveté & à la moleffe, les études même qu'ils prétendoient avoir fubftituées au travail des XII. Relâchement général des religieux. mains, étoient chez eux fort languiffantes ; en un mot, ils ne paroiffoient pas être d'unc grande utilité à l'églife. On voyoit au contraire les freres Mendians remplir les chaires des écoles & des églifes, & par leurs travaux infatigables, fuppléer à la négligence & à l'incapacité des prélats & des autres pasteurs. Ce mépris excita les anciens moines à relever chez eux les études, comme nous avons vu dans la fondation du collége des Bernardins à Paris ; & Hift. liv. le pape Benoît XII dans fa bulle pour la réLXXXII. n. 47. forme des moines noirs s'étend beaucoup fur les Hift. Liv. études. XCIV. n. 48. Mais comme on n'imaginoit pas alors qu'on pût bien étudier ailleurs que dans les Univerfités, on y envoyoit les moines, ce qui fut une nouvelle fource de relâchement par la diffipation des voyages, la fréquentation inévitable des étudians féculiers peu réglés dans leurs mœurs pour la plûpart, la vanité du doctorat & des autres grades, & les diftinctions qu'ils donnent dans les monafteres. Or les moines en général, non-feulement de la grande regle, mais encore de Clugni & de Citeaux étoient déja tombés dans un grand relâcheHift. liv. ment. On le voit par le concile de Cognac xxx1, n. 12. tenu en 1238, où il eft marqué que les moines & les chanoines réguliers recevoient en ar gent leur nourriture & leur veftiaire : enforte que les places monacales étoient comme de petits bénéfices. Les moines fortoient fans permiffion, mangeoient en ville chez les féculiers & s'y cachoient. Ils avoient leur pécule en propre, empruntoient de l'argent en leur nom & fe rendoient cautions pour d'autres. Ils mangeoient de la viande, portoient du linge & couchoient dans des cellules ou chambres particulieres. C'est ici le lieu, ce me femble, d'examiner les caufes ou plutôt les prétextes du relâche-. ment des religieux, dont un des plus communs & des plus fpécieux eft l'affoibliffement de la nature. Les corps, dit-on, ne font plus, tels qu'ils étoient il y a mille ans ou plus, du tems de faint Antoine & de faint Benoît: les hommes ne vivent plus fi long-tems & n'ont plus la même force. C'est un très-ancien préjugé & qui fe trouve dans Homere & dans Virgile mais ce n'eft qu'un préjugé, non-feulement fans preuve, mais détruit par des faits conftans. Du tems de Moïfe, il y a plus de trois mille ans, la vie humaine étoit bornée à cent ou fix vingts ans; & toutefois dans un pfeaume qui porte fon nom, elle est réduite à foixante & dix ou quatre-vingt ans. Parcourez toutes les hiftoires, vous n'y trouverez prefque perfonnes qui ait plus vêcu depuis trois mille ans, fi ce n'eft les anciens moines; & pour nous réduire à la France, depuis treize cens ans que dure la monarchie, aucun de nos rois n'a tant vêcu que le dernier mort. Il faut donc renoncer à ce préjugé populaire, qui a produit tant de relâchement nonfeulement chez les religieux, mais dans toute l'églife. De cette erreur eft venue la liberté que l'on s'eft donnée d'avancer de quatre ou cinq heures l'unique repas du Carême, & d'y en ajouter un fecond. Dès le douziéme fiécle Pierre le Vénérable voulant excufer le relâchement de l'obfervance de Clugni, difoit que la nature humaine eft affoiblie depuis le temps de faint Benoît, & toutefois faint Bernard dans le même temps, témoigne que tous les fideles jeûnoient encore le carême jufques au foir. Cependant fur ce faux préjugé on a avancé Pf. 89, 194 Hift. lip LXXII |