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contenant le réfultat de ce concile mais cet écrit ne reflemble ni aux actes des anciens con- AN. 1351. ciles ni à leurs définitions. C'est une longue dé- concile. clamation contenant de grands lieux communs, Combef. aut. des louanges de Cantacuzene, de Palamas & du novis.p. 135. patriarche Callifte, & quantité d'injures contre Barlaam, Acyndinus & Grégoras, le tout d'un ftyle très-paffionné, & chargé d'une infinité de paroles, mais fans faits précis, ni même fans aucune date. Palamas qui femble être l'auteur de cet écrit, s'efforce d'y juftifier fon imagination fur la lumiere de Thabor par plufieurs paffages des peres Grecs, mais détournés de leur vrai fens ; & tous fes raifonnemens aboutiffent à confondre les effets miraculeux de la puiffance divine avec l'opération qui en eft la caufe, & à diftinguer réellement cette opération d'avec la fubftance de Dieu, comme les perfonnes divines font diftinguées entr'elles. Ce to- p. 146. Di me marque une cinquiéme feffion après les quatre rapportées par Grégoras ; & celle-ci fut fans doute des feuls Palamites, qui regardoient les autres comme juridiquement condamnés, & vouloient, difoient-ils, leur ouvrir une porte de pénitence. En cette feffion on lut encore un P. grand nombre de paffages des peres; puis par ordre de l'empereur, le grand garde-chartes demanda les voix, & la fentence de la feffion précédente fut confirmée. A la fin du tome font les foufcriptions: premierement des deux empereurs Jean Cantacuzene & Jean Paléologue puis de vingt-quatre évêques, dont les trois premiers font Callifte patriarche de C. P. Philothée métropolitain d'Héraclée qui fuccéda à Callifte dans le patriarcat, Grégoire métropoli tain de Theflalonique qui eft Palamas. Ils prennent tous des titres vains & ambitieux fuivant l'ufage du tems; comme l'humble Jacques mé

167. A.

p. 170.

AN. 1351. Greg.liv. XXI. c. 6. not. p.

798.

III.

ménie.

xcv. n. 34.

Rain, 1351.

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tropolitain de Calcédoine hypertime & exarque de toute la Bithynie.

Environ deux mois après que le tome eut été dreffé & foufcrit, les Palamites perfuaderent à Cantacuzene de le confacrer, pour ainsi dire, par une cérémonie nouvelle & extraordinaire. Le jour de l'Affomption de Notre-Dame quinziéme d'Août 1351, dans l'églife de fainte Sophie à huit heures, après l'office du matin, on fit folemnellement la lecture du tome en préfence du patriarche, des évêques, des prêtres, de tout le clergé, des Magiftrats & de la plus grande partie du peuple: puis l'empereur revêtu de fes ornemens, mit de fes propres mains fur l'autel les deux volumes qui contenoient les trois tomes, fçavoir, les deux contre Barlaam Acyndinus, & ce dernier qu'ils comptoient pour le troifiéme.

En 1346 le pape envoya deux légats au caLettre du pa- tholique d'Arménie, fçavoir, Antoine évêque de pe au catho- Gaete, & Jean élu évêque de Ceron, depuis lique d'Ar- archevêque de Pife. Antoine mourut en cheSup. liv. min, & Jean rapporta au pape les réponses du catholique & de l'églife de la petite Arménie, fur lefquels le pape ayant délibéré avec les cardinaux, quelques évêques & quelques docteurs en théologie & en droit canon, écrivir au catholique en ces termes : Nous n'avons pû tirer de ces réponfes, quant à plufieurs articles, ce que vous croyez nettement, foit par la faute de l'écrivain où de l'interprete: c'eft pourquoi nous avons cru devoir faire les queftions fuivantes.

3.

Croyez-vous que tous ceux qui au baptême ont reçu la foi catholique, & fe font enfuite féparés de communion d'avec l'églife Romaine, font fchifmatiques & hérétiques,s'ils perféverent opiniâtrement à demeurer féparés de la foi de cette

.

églife; & que perfonne ne puiffe être fauvé hors l'obédience du Pape Croyez-vous que faint AN. 1351 "Pierre ait reçu de J. C. la pleine puissance de jurifdiction fur tous les fideles ; que toute la puiffance que les autres apôtres ont eue en cerTaines provinces ait été foumise à la fienne, & que tous les papes fucceffeurs de faint Pierre ayent la même puiffance que lui? Croyez-vous qu'en vertu de cette puiffance le pape puiffe juger immédiatement tous les fideles, & déléguer pour cet effet tels juges eccléfiaftiques qu'il voudra? Croyez-vous que le pape ne peut être jugé de perfonne que de Dieu feul, & qu'on ne peut appeller de fes jugemens à aucun juge ? Croyez-vous qu'il puifle transférer les évêques, les abbés & les autres eccléfiaftiques d'une dignité à l'autre, ou les dégrader ou les dépofer S'ils le méritent? Croyez-vous que le pape ne doive être foumis à aucune puiffance féculiere même royale ou impériale, quant à l'institution, la correction ou la deftitution? Que le pape feul puifle faire des canons généraux, & donner indulgence pléniere, & décider les doutes en matiere de foi ? Ces questions font voir quelle idée la cour de Rome avoit alors de l'autorité du pape.

B. II. 7.

Le refte de la lettre, qui eft très-longue, contient des queftions fur les erreurs des Armé- n. 6. niens, foit particulieres, foit communes avec les Grecs ou les Orientaux fur l'état des ames après la mort, fur les facremens & l'eucharistie en particulier. Enfin le pape fe plaint qu'ils n'ont point obfervé ce qu'ils avoient promis, & qu'ils ont méprifé les avis & les inftructions de fes nonces & de fes légats. La lettre eft du vingtneuviéme de Septembre 1351. En même-tems n. 18. le pape écrivit à Conftantin, roi d'Arménie, le priant de tenir la main à l'acceptation & l'exé

AN.

1351.

IV.

6. 53.

cution de cette lettre, & lui donnant avis qu'il lui envoie fix mille florins des deniers de la chambre apoftolique, à prendre dans le royaume de Chypre.

A Damas l'émir qui gouvernoit la ville pour Martyrs à le fultan d'Egypte, voulant tirer de l'argent Damas. des Chrétiens, fit mettre le feu en deux endroits M. Vill. 11. de la ville ; & après qu'il fut éteint, il fuppofa que les Chrétiens l'avoient fait exprès, s'en prit aux plus riches d'entr'eux, qui étoient en grand nombre, & les fit mettre à la queftion. Quelquesuns par la violence des tourmens confefferent qu'ils l'avoient fait afin de chaffer les Sarrafins ; & ceux qui voulurent fe garantir de ce péril, donnerent à l'émir quantité d'argent ; ils furent en fi grand nombre qu'il en tira de grandes richeffes; & quant aux autres il leur donna le choix de renier la foi de J. C. ou de mourir en croix. Plufieurs renierent, mais il y en eut vingt-deux qui demeurerent fermes dans la foi ; & l'émir les fit attacher à des croix, & mener par la ville fur des chameaux; & ils vécurent trois jours en ce tourment. On menoit le pere crucifié devant fon fils renégat, & le fils devant fon pere: les renégats prioient avec larmes les crucifiés de fe délivrer de cette cruelle mort, & d'embraffer la religion de Mahomet: mais les martyrs demeuroient fermes, & défavouoient les apoftats, ne les reconnoiffant plus pour leurs parens. Vous voulez, difoient-ils, nous ôter les biens de la vie éternelle, à laquelle vous avez renoncé lâchement par la crainte des peines temporelles : pour nous ce nous eft un plaifir & une grace finguliere de pouvoir fuivre notre Sauveur J. C. Ils moururent ainfi conftamment dans les tourmens à la vue des infideles : mais le fultan ayant appris cette action de fonémir, le manda aufli❤ tôt, & le fit couper par le milieu du corps.

Le pape Clément étoit très - mécontent de

V.

Concordat

le roi d'Arra

Pierre roi d'Arragon, comme il paroît dans une AN. 1351. lettre qu'il lui avoit écrite l'année précédente où il difoit: Dans vos états les églifes & le clergé font opprimés, & la liberté eccléfiaftique du pape avec violée. Si quelqu'un porte des refcrits du faint gon. fiége adreflés à des juges eccléfiaftiques contre Rain. 1350* des laïques vos fujets, vos officiers ne lui per- n. 45. mettent pas de s'en fervir, ni aux juges de procéder en exécution, Il y a quelque tems que Bernard Alagnan chanoine de Valence, & notre nonce, prononça une fentence d'excommunication, & fit quelques autres pourfuites contre des laïques vos sujets, qui refusoient opiniâtrement de lui payer ce qu'ils devoient à la chambre apoftolique. Sur quoi vous fites venir devant vous le nonce Bernard; & après lui avoir dit plufieurs injures indignes de votre rang, vous le voulûtes contraindre par de terribles menaces à révoquer fes procédures ; & comme il le refufoit conftamment, vous tirâtes l'épée con tre lui: puis les affiftans ayant retenu ce mouvement de colere, vous le fites mettre dans une obscure prison, dont vous ne le tirâtes que pour le traiter plus cruellement. Il fut mené sur le haut d'une tour, où vos gens le tenant par pieds le fufpendirent en dehors la tête en bas, menaçant de le précipiter à la vue de fon pere qui étoit au pied de la tour : c'est ainsi que le nonce fut forcé à révoquer les procédures. Enfin vous avez méprifé les cenfures que vous aviez encourues pour ne nous avoir pas payé le cens que vous nous devez à caufe du royaume de Sardaigne & de Corfe. La lettre eft du yingt-fixiéme de Novembre 1350,

les

Pour faire ceffer ces plaintes, quelques car- Rain. 135 dinaux & quelques commiffaires tirés du confeil n. 26, d'Arragon,firent un traité qui porte en substance;

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