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uns brûlés dans une cage de fer, d'autres tour AN. 1363. mentés fur le chevalet, un frere Mineur de grande vertu eut les oreilles percées d'un fer chaud. Le tiran contraignit un prêtre de Parme à monter fur une tour & prononcer anathême contre le pape Innocent & les cardinaux. Enfin ⚫ le même pape après avoir fait informer de fes crimes, dénonça à Bernabo le vingt-cinquième d'Août 1360, de comparoître à fon tribunal le quatriéme de Novembre fuivant, & comme il ne comparut point, il fut déclaré contumax en matiere de foi, & frappé d'anathême par fentence. Le pape Urbain continue: Bernabo étant demeuré depuis deux ans dans fon endurciffement nous le citons péremptoirement au premier de Mars prochain, c'est-à-dire en 1363, pour recevoir fa fentence.

Rain. 1363. 1. 3.

M. Vill.

c. 41.

x1.

Au jour nommé le pape tint confiftoire, & envoya deux cardinaux à la porte du palais pour appeller Bernabo. Un particulier fe présenta qui fe difoit porteur de fa procuration, mais elle ne fut pas trouvée fuffifante, non plus que les exceptions & les excufes qu'il propofa. C'est pourquoi le pape rendit fa fentence par laquelle il condamne Bernabo comme hérétique, & le déclare déchu de l'ordre de Chevalerie, de tous honneurs, priviléges & autres droits : ordonnant à tous les fideles de l'éviter. La fentence eft du vendredi troifiéme de Mars 1363. Après l'avoir prononcé le pape fe leva de fon fiége, fe mit à genoux, & levant au ciel les mains jointes, pria J. C. faint Pierre & faint Paul & toute la cour célefte, que ce tyran fut lié dans le ciel, comme il l'avoit lié fur la terre. Enfin le pape fit prêcher Rain. n. 4. la Croifade contre Bernabo, premierement en Allemagne, puis en Italie, comme il paroît par fa lettre du onzième de Juillet au cardinal Gilles Albornos, où il dit: Nous ne permettons

point que l'on prêche la Croifade pour le paffage d'outre-mer, jusques à ce que l'affaire de cet AN. 1364 hérétique foit terminée par la guerre, ou ce que par fa converfion.

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Dieu veuille,

C'est l'état où étoient les chofes quand les deux Vita P. Tho. ambaffadeurs du roi de Chipre, l'archevêque

c. 12. n. 67.

Pierre Thomas & le chancelier Philippe de Ma- ap. Boll. to. zieres revinrent à Milan pour traiter la paix. Ils 2. p. 1009. y trouverent les ambassadeurs du roi de France, qui croyant l'avoir conclue, & voulant s'en faire honneur, ne faifoient pas grand état du roi de Chipre ni de fes ambaffadeurs. Ils avoient auffi trouvé le légat Espagnol, c'est-à-dire le cardinal Albornos dur, aigri & animé à continuer la guerre ; difant qu'on ne pouvoit le fier aux traités que l'on feroit avec Bernabo. Ils trouverent Bernabo lui-même furieux comme un lion menaçant l'églife, contre laquelle il avoit toujours de mauvais deffeins, & méprifant la paix.

Les ambaffadeurs de France fe retirerent fans n. 68. 69; rien faire, & mécontens: mais ceux de Chipre demeurerent, & deux jours après le départ des François, Bernabo les envoya querir. S'étant affis entre eux deux dans un lieu retiré, il leur dit d'un vifage ferein: Maintenant parlez-moi hardiment de la paix, & me dites tout ce que vous en penfez. L'archevêque lui parla avec beaucoup de douceur & de force pour lui perfuader la paix, & après qu'il eut parlé, Bernabo penfa quelque tems, puis jettant un grand foupir il dit: Je Vous ai oui avec plaifir ; je veux abfolument avoir la paix avec l'église, & lui être déformais foumis & fidele. Après une longue négociation la paix fut conclue au mois de Février 1364, à ces conditions. Le feigneur Bernabo rendra à la premiere requifition du cardinal Androuin légat du faint fiége tous les châteaux & les fortereffes Corio. 3. xì qu'il tient dans les diftricts de Bologne, de Mo- ses.

AN. 1364. Phi. Vill. x1.

c. 64.

Rain. 1364.

n. 3.

XLVII.

dene & de la Romagne. Le pape de fon côté paye ra au feigneur Bernabo dans huit ans, à compter du jour de la reftitution des places, la fomme de cinq cens mille florins d'or: foixante deux mille cinq cens par an. Le traité eft daté du troifiéme jour de Mars. C'eft ainfi que Bernabo fut déchargé de tous les crimes: car en conféquence de ce traité il fut abfous de toutes les cenfures, & rétabli en tous fes droits, & l'interdit de Bologne levé folemnellement.

Cette paix relevoit les efpérances pour la CroiMort du roi fade d'outre-mer, mais elles furent bien-tôt Jean. Charles abatues par deux morts qui fe fuivirent de près,

V roi de

France.

c. 76.

Cont. Nang. F. 892.

celle du roi de France & celle du cardinal de

Vita p. 402. Périgord. Ce dernier qui étoit nommé légat Froif. c. pour la Croifade mourut à Avignon le dix-fep119. 121. 123. tiéme de Janvier 1364. Le roi étant retourné en Fh. Vill. x. Angleterre tomba malade à Londres, & y mourut le huitième d'Avril de la même année âgé de cinquante fix ans, dont il avoit regné treize & demi. Son corps fut rapporté en France & enterré à S. Denis le mardi feptiéme jour de Mai. Son fils aîné Charles duc de Normandie & Dauphin, fuccéda à la couronne, & fut facré à Reims le dimanche de la Trinité dix-neuviéme du même mois de Mai. On l'a furnommé le fage.

Vita c. 14.

n, 18.

Rain. n. 24.

1364.

A la place de Talairand cardinal de Périgord, le pape Urbain donna à l'archevêque Pierre Thomas la légation pour conduire la Croisade avec le titre de patriarche de C. P. & l'adminiftration des églifes de Coron & de Négrepont pour fa fubfiftance & dix florins par jour. La bulle de fa légation eft du dixiéme de Juillet 1364, & étend les pouvoirs fur toutes les provinces de Romanie.

Quant au capitaine général de la Croifade, à n. 26, la place du roi Jean, le pape ne l'avoit pas encore déclaré ; comme il dit dans fa lettre à l'em

pereur Jean Paléologue, qui eft du feiziéme -Octobre. Cependant le roi de Chipre qui devoit AN. 1364. commander les Croifés jufques au départ du roi

Sup. n. 45. Jean, étoit allé vers l'empereur & les autres Vita P. Th. princes d'Occident qui lui avoient donné de bel- n. 83. les paroles, mais aucun fecours effectif.

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XLVIII.
Le roi de

Danemarc &
l'empereur à
Avignon.

Valdemar III roi de Danemarc vint aussi vifiter le pape Urbain au commencement de fon pontificat, & fe trouvant à Avignon, quand les rois de France & de Chipre fe croiferent, il fe croifa comme eux. Le pape lui donna la rofe d'or Vita PP. p. le quatriéme dimanche de Carême, & plufieurs 366. 983. reliques pour enrichir les églifes de Danemarc:

fçavoir, des cheveux & des habits de la fainte Rain. 1364. Vierge, du bois de la croix, quelques parcelles n. 14. de reliques de faint Jean-Baptifte, de faint Georges, de faint Vincent, & des faints Nérée & Achilée. Il donna des indulgences à ceux qui prieroient pour ce prince, prit fa perfonne & fon royaume fous la protection du faint fiége ; & le fit participant de toutes les bonnes œuvres qui fe feroient dans l'églife. Je ne vois pas ce que ce dernier article ajoute à la communion des faints exprimée dans le fymbole. La bulle eft du neuviéme de Mars 1364. Le pape donna auffi commiffion aux évêques de Camin, de Lincop & de Lubec, de fraper de cenfures ceux qui étoient rebelles à ce prince. Voilà ce qu'il remporta de fon voyage.

L'année fuivante 1365, l'empereur Charles IV vint auffi à Avignon, y étant invité par le pape, avec quantité de nobleffe d'Allemagne & d'ailleurs. Le roi de France Charles y envoya le Cont. Nang. duc d'Anjou fon frere avec d'autres feigneurs & p. 907. prélats, entre autres Guillaume de Melun archevêque de Sens, & Guillaume de Dormans chancelier de Normandie. L'empereur arriva à Avi

gnon au mois de Mai; & le jour de la Pentecôte Vita P. p. troifiéme de Juin il affifta à la meffe célébrée 370.984.

par le pape, en fon habit impérial portant la AN. 1364. couronne en tête & le feptre à la main. L'empereur & le pape eurent plufieurs conférences dont on rapporte deux fujets: le premier d'envoyer du fecours contre les Turcs & les autres infideles. Car on difoit à Paris que l'empereur avoit offert au pape à cet effet les décimes de fon royaume pour entretenir des troupes foudoyées pendant trois ans, & raffembler les compagnies qui ravageoient la France depuis fi longtems; & leur donner moyen d'expier leurs crimes, s'ils s'en repentoient, les foudoyant toutefois largement. D'autres difoient que le fujet des conférences fecretes du pape & de l'empereur étoit d'abattre les tyrans d'Italie, princiCorio.p. 567. palement les Visconti.

Rain. 1365. #2, 2.

L'une & l'autre opinion peut être vraie, mais la premiere eft appuyée par une lettre du pape au roi de France Charles, où il dit : L'empereur comme vous favez, eft venu depuis peu nous trouver, & nous a expofé combien il defire la paix & la tranquillité de toute la Chrétienté, particulierement de votre royaume ; pour l'abaiffement des infideles & le recouvrement de la terre fainte, & nous a découvert plufieurs autres fecrets qui tendent au bien public. Comme donc nous concourons ardemment à ses bonnes intentions,nous fommes convenus ensemble qu'il faut commencer parbannir entierement de toute la Chrétienté ces maudites compagnies qui la ravagent, les faifant marcher de gré ou de force contre les infideles. L'empereur perfuadé que le roi de Hongrie donnera paffage par fon royaume aux gens de ces compagnies, offre de leur fournir des vivres à fes dépens depuis votre frontiere jufqu'à celle de Hongrie. Que fi le roi de Hongrie ne confent pas à leur paffage, nous & l'empereur avons ordonné qu'ils foient conduits en

Orient

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