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AN. 1343

Rain. 1344

XCIV. n. 17.
Sup. liv.

XCIV. n. 62.

XVII.

viere.

Rain. n. 42.

permiffion de fe faire couronner, qui lui futenfià
accordée le fecond de Février 1344, & la com-
miffion en fut donnée au cardinal Aimeric de

Chastelus qui reçut auffi l'hommage de la reine
Jeanne le trente-uniéme Août fuivant.

Cependant la Sicile étoit en interdit depuis la fentence prononcée contre Pierre d'Arragon par les nonces du pape Benoît XII, en 1339, ce qui donna occafion au pape Clément de réserver à sa difpofition tous les principaux bénéfices électifs qui vaquoient alors, & qui vaqueroient dans cette ifle, fçavoir les évêchés, les églifes collégia les, les abbayes & les prieurés conventuels & électifs réguliers ou féculiers. Cette réserve devoit durer deux ans depuis le premier de Juin 1343, où finifloit, celle qu'avoit fait Jean XXII, & ne s'étendoit point aux monafteres de filles. La bulle de Clément VI eft du cinquième de Mai de la même année.

Le pape voulant faire élire un empereur d'AlMonition à lemagne fans attendre la mort de Louis de BaLouis de Ba- viere, reprit les procédures de Jean XXII, & le jeudi faint dixiéme d'Avril il publia une lon gue bulle, où il reprend tout ce qui s'étoit paffé depuis la mort de l'empereur Henri de Luxem bourg, & tous les reproches contre Louis de 2. 57. Baviere; puis il conclut ainfi : Ne pouvant donc diffimuler plus long-tems fes crimes continués & multipliés, & nous empêcher de les punir, nous l'admoneftons de fe retirer dans trois mois de l'adminiftration de l'empire, de quitter le titre de roi, d'empereur ou de toute autre dignité, & de venir en perfonae fe foumettre à nos ordres, pour réparer tant de crimes & tant de torts faits

l'églife; lui déclarant qu'à faute de le faire nous procéderons contre lui fuivant l'énormité a. 58. de fes actions. Le pape envoya cette bulle à tous les archevêques, accompagnée d'une lettre en

date du douziéme d'Avril, par laquelle il leur ordonne d'en envoyer des copies à leurs fuf- AN. 1343. fragans, afin qu'elle foit publiée folemnelle

ment dans toutes les églises.

Alb. Ar

Le pape fit afficher cette monition aux portes de l'églife d'Avignon, & pendant les trois mois gent. p. 133. de terme Louis de Baviere envoya plufieurs fois des agens au pape & au roi de France, dont il le croyoit toujours dépendant, & ne tenoit pas pour fincere l'interceffion du roi auprès du pape. Cette négociation fut fans fruit, & le terme de la monition étant échu, c'est-à-dire, au bout de trois mois, le pape tenant un confiftoire, fit crier en Latin & en Allemand fi quelqu'un fe préfentoit pour Louis de Baviere: perfonne ne comparut, & le pape le déclara contumax. Mais Louis ayant écrit au roi de France: Si le pape fait quelque procédure contre moi, je m'en prendrai à vous, ce prince écrivit au pape de ne point paffer outre.

XVIII.

pape en An

gleterre.

Entre les cardinaux que le pape avoit faits l'année précédente, il y en eut deux auxquels il Collation du donna des bénéfices en Angleterre ; fçavoir Ais mar Robert du titre de fainte Anastasie, & GeSup. n.,12. raud de la Garde du titre de fainte Sabine, tous Th. Valfing, deux Limousins. Ils envoyerent leurs procureurs p. 163. en Angleterre pour obtenir l'effet de ces graces: mais les officiers du roi les empêcherent d'exécuter leur commiffion, & les ayant mis en prison, les chafferent honteufement du royaume. Le pape l'ayant appris, écrivit ainfi au roi d'Angle terre Edouard III: Depuis long-tems nous avons jugé qu'après la création des nouveaux cardinaux, il étoit convenable de leur donner de quoi fubfifter avec bienféance felon leur état, puif qu'ils partagent avec nous le travail des affaires de l'églife; & tout bien confidéré, nous n'avons point trouvé de moyens moins à charge aux

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églifes que de pourvoir ces cardinaux de bénéfi→ AN. 1343. ces déja vacans ou qui viendront à vaquer en divers pays, jufqu'à une certaine fomme. C'est ainfi que nous avons pourvu les deux cardinaux Aimard & Géraud natifs de votre duché d'Aqui taine, de bénéfices fitués dans votre royaume.

Valfing. p.

191.

Le pape raconte enfuite la maniere dont les agens des deux cardinaux ont été traités, & ajoute: il eft certain que nous avons accordé des graces femblables aux autres nouveaux cardinaux dans prefque tous les pays catholiques, fans avoir oui parler d'aucune rébellion ; & nous croyons qu'il eft de votre honneur & de votre intérêt que les cardinaux naturellement affectionnés à votre service, poffédent des bénéfices dans vos états; & Dieu veuille que ceux qui font élevés par les bienfaits de l'église Romaine ne foient pas les auteurs de ces violences, comme on le croit vraisemblablement. Il finit en priant le roi de faire réparer ce qui a été fait contre les agens des cardinaux, & de leur accorder fa protection pour les affaires dont ils font chargés. La lettre eft datée du vingt-huit d'Août 1343.

Le roi répondit un mois après par une lettre où il dit: Il eft notoire que dès la naissance de l'éRain. n. 90. glife les rois nos prédéceffeurs, & les feigneurs d'Angleterre ont fondé les églifes, & leur ont donné des biens & des priviléges, y établissant de dignes miniftres pour l'inftruction des peu ples & la propagation de la foi. Mais il est triste que par les provifions qui viennent de Rome, ces biens tombent aux mains de perfonnes indignes, principalement d'étrangers qui ne réfident point dans leurs bénéfices, ne connoiffent point leurs troupeaux, & n'en entendent pas la langue: ne cherchant uniquement que le profit temporel. Ainfi le fervice divin eft diminué, le foin des ames négligé, l'hofpitalité ceffe, les droits des églifes

fe perdent ; les bâtimens tombent en ruine. Ce-
pendant les hommes doctes & vertueux du royau- AN. 1343.
me qui pourroient utilement conduire les ames,
& fervir dans nos confeils, abandonnent leurs
études, défefpérant d'obtenir des bénéfices. D'ail-
leurs le droit de patronage que nous & nos fu-
jets avons fur les bénéfices, eft diminué, notre
jurifdiction eft fruftrée, & les droits de notre
couronne dépériffent honteufement: les richef-
fes de notre royaume paffent à des étrangers,
pour ne pas dire à nos ennemis: peut-être par
un deffein fecret d'affoiblir notre royaume, en
abaiffant fon clergé, & épuifant fes richeffes.
Tous ces inconvéniens ont été depuis peu expo-
fés en notre présence dans notre Parlement, au-
quel ils ont paru intolérables, & il nous a prié
inftamment, & tout d'une voix d'y apporter
reméde. Nous vous prions donc de permettre

que
les élections libres ayent lieu dans les égli-
fes cathédrales & dans les autres: d'autant plus
qu'autrefois nos ancêtres conféroient ces églifes
par le droit de leur couronne, & depuis à la
priere du faint fiége ils accorderent les élections
aux chapitres fous certaines conditions, & cette
conceffion fut confirmée par le faint fiéges La
lettre eft du vingt-fixiéme de Septembre.

Elle contient deux faits importans contrairesà la vérité, ce qui étoit l'effet de l'ignorance du tems. Le premier, que les rois d'Angleterre fuffent les fondateurs de toutes les églifes de leurs royaumes; puifqu'il eft certain que fous l'empire Romain la religion étoit établie dans la grande Bretagne, & les évêchés fondés, pour la plûpart avant l'entrée des Anglois-Saxons & des autres Barbares. Vous l'avez vu dans le cours de Sup. liv. cette hiftoire. L'autre fait faux, eft que les rois LXVI. n. 47. euffent originairement le droit de conférer les évêchés, & que les élections fe fuffent introdui

tes par leur permiffion. Vous avez vu que fous l'empire Romain les évêques étoient choifis &

AN. 1343 ordonnés par le concile de la province, fans que l'empereur ni fes officiers s'en mêlassent. Après l'établiffement des peuples Barbares, leurs rois fe rendoient quelquefois maîtres des élections, mais quant à celles des chapitres, elles s'introduifirent infenfiblement, & je les trouve établies dès le douzième siècle, fans en avoir pu remarquer le commencement.

XIX.

249.870.

xcvi. n. 4.

Le vingt-feptiéme de Février 1344, le pape Nouveaux Clément fit deux cardinaux, c'étoit le famedi des cardinaux. quatre-tems de carême. Le premier cardinal fut Bal. vit. p. Pierre Bertrandi le jeune, neveu de celui qui s'éSup. liv. toit fignalé en la difpute avec Pierre de Cunieres, & qui vivoit encore. Sa four Marguerite Bertrandi époufa Barthelemi de Colombiere au diocèle de Vienne, & de leur mariage nâquit le jeune Pierre, que le pape Benoît XII fit chanoine d'Autun puis il fut évêque de Nevers, & enfuite d'Arras en 1339. Le pape Clément le fit cardinal prêtre du titre de fainte Susanne, il accorda fa promotion aux prieres de la reine de France Jeanne de Bourgogne. Le pape l'avoua lui-même dans le difcours qu'il fit aux cardi 869. naux en ce confiftoire. Dieu m'eft témoin, ditil, que jeudi je fongeois fi peu à donner les ordres, qu'à la chofe du monde la moins vrai femblable mais le foir fort tard il me vint des lettres de la reine de France, qui dès le com mencement de ma création, m'écrivit que je lui devois accorder un cardinal, & depuis elle m'en a follicité plufieurs fois ardemment pour ce prélat par fes lettres & fes ambaffadeurs. Si j'avois prévu que je fiffe une ordination, je l'aurois faite plus nombreufe, & j'aurois pris: un ou plufieurs Italiens. Le pape voulut que ce prélat fût nommé le cardinal d'Arras.

Bal.

P.

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