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fiffent un fi grand voyage. Aufli-tôt le pape leur permit de fe conformer à la volonté du roi, & lui AN. 1344. déclara qu'il n'avoit point prétendu que l'indulgence de cette croifade s'étendit au royaume de France, ni que perfonne en partit à ce deffein, dans la crainte où l'on étoit des mouvemens de guerre avec les Anglois. La lettre eft du douziéme de Mai 1345, & le pape y marque que quelques-uns blâmoient cette entreprife contre les infideles, difant qu'elle ne fervoit qu'à les aigrir davantage contre les Chrétiens; Raimond Saquet étoit du confeil du roi & dans fa confiance. Il fut évêque de Térouane dès l'an 1334, & vingt ans après archevêque de Lyon.

Pour commander l'armée Chrétienne le pape Gall. Chr. to. choifit Humbert dauphin de Viennois qui le fou- 1. p. 228.10. haitoit, & qui en accepta la commiffion à Avi- 2. fol. 431. gnon en préfence des cardinaux. Il promit de partir inceffamment & de s'embarquer au plûtard le fecond jour d'Août, & d'être à l'ifle de Négrepont dans la mi-Octobre, de mener avec lui cent hommes d'armes tant chevaliers qu'écuyers, & les entretenir à fes-dépens tant que dureroit la ligue entre le pape, le roi de Chipre, les Rodiens & les Vénitiens. Enfuite le pape lai donna publiquement de fa main la croix & l'étendard de l'églife Romaine ; fa commission est du vingt-fixiéme de Mai. Le dauphin partit en J. Vill. x11. effet, & s'embarqua à Venife avec plufieurs c. 38. croifés Italiens & autres: mais fon aucun fuccès.

voyage n'eut

Vita pap.

p. 258. 270.

XXVIII.
Meurtre

Le jeune roi de Naples André étoit prêt à fe faire couronner, & tous les ordres en étoient donnés, quand il fut affaffiné à Averfe, où il fe d'André de

trouvoit avec la reine Jeanne fa femme. C'étoit

le dix-feptiéme de Septembre 1345. Comme il alloit fe mettre au lit, quelques-uns de fes domeftiques le tirerent de fa chambre fur une

Naples.

lbid. p. 246. 270 860.

7. Vill,

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terraffe, fous prétexte de lui dire quelque nouAN. 1344. velle : mais ils lui mirent une corde autour du cou, l'étranglerent & le jetterent dans le jardin qui étoit au-deffous. Ainfi mourut ce prince âgé feulement de dix-neuf ans ; & la reine sa femme fut violemment foupçonnée d'être complice, étant déjà fort décriée comme abandonnée à plufieurs autres.

Rain. 1346. n. 47.

XXIX.

Le pape ayant été pleinement informé de ce crime, publia une grande bulle contre les coupables, où fans en nommer aucun, il les déclare tous infâmes, incapables de faire testament, ni aucun autre acte légitime, il ordonne que leurs maisons foient abattues, que perfonne ne leur paie ce qui leur eft dû, ni ne foit tenu de leur répondre en juftice. Nous confifquons, ajoutet-il, au profit des feigneurs tous leurs biens & tous leurs droits : Nous les privons de tous bénéfices & dignités eccléfiaftiques, fans efpérance de reftitution, de tous honneurs & offices féculiers, les rendant inhabiles à en obtenir de femblables: nous déchargeons leurs vassaux & leurs fujets de ferment de fidélité. On ajoute l'interdit fur tous les lieux où ils fe retireront > les peines contre leurs receleurs ou leurs fau& toutes les autres claufes des cenfures les plus rigoureufes. On ordonne à tous ceux qui ont connoiffance des coupables, ou des circonfsances du fair, de venir à révélation pardevant deux cardinaux qui devoient être envoyés légats en Italie. Enfin le pape révoque tous les pouvoirs d'abloudre à l'égard de ces cenfures. La bulle eft du premier de Février 1346.

teurs,

Pendant le carême suivant Guillaume de MeConcile de lun archevêque de Sens, tint à Paris dans la maiParis. fon épifcopale un concile provincial, où il préTo. XI. con fida, & cinq évêques y affifterent. Foulques de p. 1908. Spisil.5.p.128. Paris, Pierre d'Auxerre, Philippe de Meaux,

Dubois,

Jean de Nevers & Jean de Troyes, avec les vicaires des évêques de Chartres & d'Orléans. AN. 1345. Ils commencerent à s'affembler le vendredi de la troifiéme femaine de carême & continuerent juf- hift. Par. t. ques au mercredi fuivant quatorziéme de Mars. 2. p. 637. Će concile fit treize canons dont le premier commence comme la décrétale Clericis Laï

Sup. liv. cos de Boniface VIII, par l'ancienne inimitié des LXX1x. n. 42. laïques contre le clergé, & fe plaint que les juges féculiers font de jour en jour emprifonner, mettre à la queftion, & même exécuter à mort des eccléfiaftiques: mais on ne dit pas qu'ils foicat innocens, on fe plaint feulement que c'eft au préjudice de la jurifdiction eccléfiaftique.

Le concile continue: L'excommunié qui après c. 3. 4 l'année ne fe fait pas abfoudre dans trois mois, fera poursuivi comme fufpect d'héréfie. Or les Ordinaires peuvent prendre les hérétiques ou ceux qui en font fufpects; & fur leur réquifition les juges féculiers font obligés de les prendre, fous peine d'être eux-mêmes excommuniés. Le refte de ce concile regarde principalement les biens temporels de l'églife, & il finit par l'indulgence de l'Angelus accordée à ceux c. 13. qui le difent à l'heure du couvre-feu, c'est-àdire à la fin de la journée.

Berthold évêque de Strasbourg, avoit envoyé

Sup. liv.

XC111. n. 32.

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au pape fon official dès la fin de l'année pré- Eglife d'Alcédente, avec un plein pouvoir de fe foumettre lemagne. entierement aux ordres du pape, reconnoître la faute qu'il avoit faite en recevant de Louis de Baviere, quoique malgré lui, le temporel de fon églife, & lui en faifant hommage. Il promettoit auffi de ne point obéir à Louis, & n'avoir aucun commerce avec lui, jufqu'à ce qu'il fut réconcilié avec l'églife Romaine. La procuration étoit du cinquième de Novembre 1345. Le pape y eut égard, & accorda à l'évêque R. n. 21.

AN.

46.

1346.

Sup. liv.

Rain. 1343.

l'abfolution de toutes les cenfures qu'il avoit encourues; lui ordonnant pour pénitence la fondation de deux chapelles. La bulle eft du vingt-deuxième de Mars 1346.

Mais Henri Bufman, archevêque de Mayen XCIV. n. 14. ce, bien qu'élevé fur ce grand fiége par le pape Jean XXII, étoit toujours attaché à Louis de .64.65.&c. Baviere, comme il avoit promis à fon chapitre; Id. 1346. n. & ne fur point ébranlé par les procédures que fit contre lui Benoît XII, & enfuite Clément VI, qui dès l'an 1343, publia contre ce préTrith. Chr. lat une grande citation ; & après lui avoir accor

Hirs. an.

1346.

dé plufieurs délais, le contumaça dans les formes, & enfin le dépofa de l'archevêché de Mayence & de toute dignité par fentence du feptiéme d'Avril de cette année 1346. A fa place le pape pourvut de l'archevêché de Mayence Gerlac fils du comte de Naffau, qui avoit été élu par le chapitre dès l'an 1330, & avoit difputé ce fiége à Henri. Il étoit doyen de l'églife métropolitaine, & le pape efpéroit que par la richeffe & fa puiffance il abattroit & détruiroit le parti de Henri.

Mais Henri méprifa la fentenee du pape, & fe tint toujours pour archevêque, ce qui produifit dans le diocèfe de Mayence un fchifme qui dura huit ans, pendant lefquels Henri furvêcut. Il prit même pour coadjuteur Conon de Falquenbourg, chanoine de l'églife de Mayence, homme docte & prudent, dont l'habileté & le recours de fes parens fervirent beaucoup à le foutenir contre Gerlac. Chacun des contendans exerçoit toute l'autorité fpirituelle & temporelle dans les lieux dont il étoit le maître : ils s'excommunioient réciproquement: c'étoit une guerre ouverte, les pillages & les incendies défoloient tout le diocèfe; l'églife de Mayence ne put réparer en un fiécle les pertes de ces huit années.

XXXI.

viere.

Cependant le pape Clément termina les procé dures commencées depuis fi long-tems contre AN. 1346. Louis de Baviere, par une grande bulle qu'il publia le jeudi-faint treiziéme d'Avril cette an- Derniere fennée 1346. Il reprend l'affaire depuis la moni- tence contre tion qu'il avoit donnée contre ce prince trois ans Louis de Baauparavant, il l'accufe de lui avoir manqué plu- Sup. n. 17. fieurs fois de parole, & confirmant les condamnations de Jean XXII, il défend à qui que ce foit de lui obéir, d'observer les traités faits avec lui, le recevoir chez eux, ni demeurer en R. n. 8. fa communion; enfin il le charge de malédictions. Enfuire il enjoint aux électeurs de l'empire de procéder inceffamment à l'élection d'un roi des Romains: autrement que le faint fiége y pourvoiroit, comme ayant donné le droit & le pouvoir aux électeurs.

Outre cette bulle, le pape écrivit une lettre aux électeurs, où il leur représente Jes maux qu'à caufés la vacance de l'empire qu'il compte depuis la mort de Henri de Luxembourg, & les exhorte à s'affembler inceffamment pour l'élection fur la convocation de Gerlac archevêque de Mayence mais fans y appeller, ni admettre le détenteur du marquifat de Brandebourg; c'étoit Louis fils aîné de Louis de Baviere, que le pape prétendoit n'y avoir aucun droit. La lettre eft du vingt-huitiéme d'Avril.

n. 9.

XXXII.

Charles IV. élu empereur. Alb. Arg.

P. 135.

Cependant le roi de Bohême Jean de Luxembourg & fon fils aîné Charles marquis de Moravie, étoient à Avignon, où ils négocioient avec le pape la promotion de Charles à l'empire. Sur cette affaire les cardinaux fe trouverent divifés en deux factions. De l'une étoit chef le cardinal de Périgord qui vouloit l'élec-. tion de Charles avec les cardinaux François ; & l'autre faction étoit celle des Galcons, qui J. Vill, ×11. avoit pour chef le cardinal de Cominges. Ils en 7, 59.

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