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AN.

le

les prélats choifis pour prêcher le font fuccincte1347. ment & fuivant l'ordre que le pape leur a marn. 38. qué, les fermons étant finis, pape donne une indulgence d'un ou deux ans & d'autant de quarantaines, puis il fe retire.

A. 39.

XXXVIII.

Nicolas Lau

rent tribunde Rome.

Sup. n. 14. J. Vill. x11. c. 89,

Enfuite le pape regle en confiftoire le jour & l'églife où fe fera la cérémonie de la canonifation; le jour venu, & l'églife étant bien parée & bien éclairée, le pape affis devant l'autel, fera un fermon où il exhortera le peuple à prier pour lui, afin que Dieu ne permette pas qu'il le trompe en cette affaire. Puis on chante le Veni creator, on prie à genoux, on fe leve, & le pape déclare publiquement que celui dont il s'agit eft faint, & doit être honoré comme tel; & fa fête célébrée un tel jour. Alors on chante le Te Deum, le pape prononce l'oraifon du nouveau faint & donne une indulgence de fept ans & fept quarantaines: enfin il célébre folemnellement la messe en l'honneur du même faint.

Entre les députés que les Romains envoyerent à Avignon au commencement du pontificat de Clément VI, pour le prier de revenir à Rome, étoit un nommé Nicolas Laurent, en Italien Nicolo di Rienzo, & par abregé Cola-Rienzo. Il étoit fils d'un meunier, & notaire dans Rome, mais éloquent & hardi: enforte que dans un grand parlement qui fe tint à Rome le jour de la Pentecôte vingtiéme de Mai 1347, il fit le rapport de fon ambaffade d'Avignon, & parla fi artificieufement, qu'il fut élu par acclamation tribun du peuple, comme il l'avoit concerté avec quelques-uns de la populace. Il fut mit en poffeffion du capitole avec une pleine autorité; & auffi-tôt il l'ôta entierement aux nobles de Rome & d'alentour, il en fit prendre des principaux, qui maintenoient les voleurs à Rome & aux environs, & en fit une justice fi lévére, qu'on pouvoit aller en fureté de jour & de nuit.

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Le premier jour d'Août fête de faint Pierre aux liens le nouveau tribun fe fit armer chevalier An. 1347. par le fyndic du peuple à faint Jean de Latran; & comme cette cérémonie commençoit par un bain, il fe baigna par grandeur dans la cuve où l'on croyoit alors que Conftantin avoit été baptifé par faint Silveftre. A cette fête de le faire armer chevalier il tint une grande cour, & ayant affemblé le peuple, il fit un fermon où il dit qu'il vouloit remettre toute l'Italie fous l'obéiffance de Rome à la maniere antique, maintenant les villes dans leurs libertés & leurs droits. Enfuite il fit publier une lettre datée du même jour premier d'Août en ces termes.

A la gloire de Dieu, des apôtres faint Pierre Hocf. Leod & faint Paul, & de faint Jean-Baptifte, à l'hon- lib. c. 35neur de la fainte églife Romaine notre mere, pour la prospérité du pape notre feigneur, l'accroiffement de la fainte ville de Rome, de la facrée Italie, & de toute la foi Chrétienne : Nous Nicolas chevalier candidat du faint efprit, fevere & clément libérateur de Rome, zélateur d'Italie, amateur de l'univers, & tribun Augufte, voulant imiter la liberté des anciens princes Romains, faifons fçavoir à tous, que le peuple Romain a reconnu de l'avis de tous les fages qu'il a encore la même autorité, puiffance & jurifdiction dans tout l'univers qu'il a eue dès le commencement, & il a révoqué tous les priviléges donnés au préjudice de fon autorité. Nous donc pour ne pas paroître ingrat ou avare du don & de la grace du faint Efprit, & ne pas laiffer dépérir plus longtems les droits du peuple Romain & de l'Italie; declarons & prononçons que la ville de Rome eft la capitale du monde, & le fondement de toute la religion chrétienne; que toutes les villes & tous les peu ples d'Italie font libres & citoyens Romains,

AN. 1347.

n. 17.

Nous déclarons auffi que l'empire & l'élection de l'empereur appartient à Rome, à toute l'Italie, dénonçant à tous rois, princes, & autres qui prétendent droit à l'empire ou à l'élection de l'empereur, qu'ils ayent à comparoître devant nous, & les autres officiers du pape & du peuple Romain en l'églife de faint Jean de Latran, & ce dans la Pentecôte prochaine, qui eft le terme que nous leur donnons pour tout délai: autrement nous procéderons ainfi que de droit & felon la grace du faint-Elprit. De plus, nous faisons citer nommément Louis duc de Baviere. & Charles roi de Bohême qui fe difent élûs empereurs, & les cinq autres électeurs. Le tout fans déroger à l'autorité de l'églife, du pape & du facré collége. Cette patente est datée du premier jour d'Août.

Ce même jour le tribun fit auffi publier certains priviléges du pape qui lui donnoient comJ. Vill. Sup. miffion de gouverner Rome. C'est que les Romains avoient élû pour recteurs & gouverneurs Rain. 1347. de la ville Raimond évêque d'Orviette, vicaire du pape à Rome pour le fpirituel, & Nicolas Laurent avec lui; & le pape leur avoit confirmé cette qualité de recteurs pour autant de tems n. 18. qu'il lui plairoit. Mais Nicolas ne fongeant qu'à fon intérêt particulier, exclut du gouvernement l'évêque d'Orviette, qui ne pouvant plus fouffrir les entreprises, fortit de Rome. C'est ce que raconte le pape lui-même dans une bulle adref fée au peuple Romain, où il ajoute parlant toujours de Nicolas Laurent.

Il n'a pas craint d'étendre fes mains facriléges à l'ufurpation des terres & des droits de l'églife, & de charger fes fujets de nouvelles impofitions. Et enfuite: Au mépris de la religion Chrétienne il a repris les anciennes cérémonies des païens, recevant diverses couronnes extravagantes. En

effet Nicolas fe fit donner cinq couronnes de

différentes feuilles, fçavoir de chêne, de lierre, An. 1347. de mirte, de laurier & d'olivier par les premie- Hocfem.p. res dignités des cinq différentes églifes. Or parce sos. que les païens regardoient ces arbres comme

confacrés à certaines dignités, les premiers Sup. liv. v1. Chrétiens tenoient pour actes d'idolâtrie l'ufage n. a.

de ces couronnes,

traité exprès.

& Tertullien en a fait un De cor. mil

Le pape releve enfuite la citation faite par Nicolas Laurent à l'empereur Charles de Luxembourg, à Louis de Baviere, & aux électeurs de l'empire, & dit aux Romains: Ce malheureux ne prend pas garde combien en vous flattant ainsiTM, il vous attire de périls, en excitant contre vous l'indignation du roi Charles, & de tous les Allemans; & comme il réfroidit notre bienveillance envers vous, travaillant à vous détourner de la dévotion pour nous & pour l'églife. Il blafphême contre l'église univerfel- Rain. n. 19. le, difant que l'églife & la ville de Rome font la même chofe, par où il fe rend fufpect de fchifme & d'héréfie. Il a cité par ordonnance affichée les clercs Romains demeurant hors de

Romé à y revenir. Un auteur du tems ajoute Alb. Argent, que le prétendu tribun écrivit au pape Clément P. 140. fi dans l'année il ne revenoit à Rome, n'y réfidoit, il feroit un autre pape avec les Romains.

que

&

La bulle continue: Nous avons fait avertir Rain, n. 10. ledit Nicolas par notre légat Bertrand prêtre cardinal du titre de faint Marc, de renoncer à ces folies & à ces erreurs. Mais il eft demeuré endurci dans fon orgueil. C'eft pourquoi nous vous admoneftons & vous confeillons de vous défifter abfolument de fuivre ledit Nicolas, lui donner aucun aide, faveur ou confeil: mais l'abandonner & perfifter dans l'obéiffance de

R. 21.

l'églife pour vous attirer la continuation de nos graces & de nos faveurs paternelles. La date AN. 1347 eft du troifiéme de Décembre 1347. Mais cependant quelques nobles Romains excités par le cardinal Bertrand conjurerent contre Nicolas Laurent, qui étant abandonné par le peuple, quitta Rome, s'enfuit le quinziéme de Décembre déguisé par mer à Naples, & passa près de Louis roi de Hongrie.

Bal. vit. p. 256.884. J. Vill. x11

c. 104. XXXIX.

Mort de Louis de Baviere.

Rebdorf an

1447. Alb. Argent, p.

La même année mourut l'empereur Louis de Baviere. Comme il aimoit fort la chaffe, il fortit de Munic le matin du onzième jour d'Octobre étant gai & réjoui d'un fils qui lui venoit de naître, & il pourfuivoit un ours "mais fur le 141. J. Vill. midi il fut tout d'un coup frappé d'apoplexie & 11. c. 105. tomba de cheval au milieu de fes gens à deux milles de Munic, & mourut fubitement la trentetroifiéme année de fon regne comme roi des Romains, & la dix-neuvième comme empereur. Sa mort fut regardée comme une punition divine, parce que depuis quelques années il mettoit des officiers & des juges qui opprimoient les pauvres, & rendoient mal la juftice. En fes voyages il étoit fort à charge par les logemens, lui & fes enfans aux prélats, aux églifes & aux monafteres. Il haiffoit le clergé féculier, & difoit fouvent que quand il pourroit amaffer de l'argent comme de la boue, il ne fonderoit pas des chapitres de collégiales. Il mourut ainfi fans avoir été abfous des excommunications prononcées contre lui par les papes, & ne laissa pas d'être enterré dans la paroiffe de Notre-Dame de Munic avec grande cérémonie comme empereur, par les foins de fon fils Louis marquis de Brandebourg.

XL.

A C. P. l'impératrice Anne irritée du progrès Jean patr. de Cantacuzene, ne pouvoit goûter les confeils de paix que lui donnoit le patriarche Jean d'Apri;

de C. P. dé

pofé,

&

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