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fe plaint ouvertement que vous lui avez enlevé deux cens mille Sefterces, lorfque vous avez deffendu de taxer les jeux publics: cela étant quelles fommes immenfes ne leveroit-on pas inutilement & fans neceffité, fi l'on continuoit à exiger des Tributs de tous ceux qui donnent des fpectacles dans Rome.

37. A la verité j'ay bien trouvé le moyen de faire ceffer toutes ces plaintes: la maniere dont je m'y fuis pris pour en venir à bout, a été admirée dans ce pays-cy, je ne fçai ce qu'on en penfe en Afie. Les Villes penetrées de reconnoiffance pour les fervices que nous leur avons rendus, avoient ordonné fans que perfonne les y excitât une levée d'argent, pour ériger un Temple & pour me conftruire un monument. La Loy a permettoit expreffément de lever des deniers lorsqu'on en vouloit faire cet

écrits en gros carac tere dans le latin font tirez de cette

ple, ou pour ériger
un Monument. Ces
mots ut ad templum
monumentumque ca- Loi.
pere liceret, qui font

id quod dabatur, non effet interiturum, fed in ornamentis templi futurum; ut non mihi potiùs quàm populo Romano, ac diis immortalibus datum videretur: tamen id, in quo erit dignitas, erat lex, erat eorum qui faciebant, voluntas accipiendum non putavi, tum aliis de caufis, tum etiam ut animo æquiore ferrent ii, quibus nec deberetur, nec liceret.

38. Quapropter incumbe toto animo & ftudio omni in eam rationem, quâ adhuc ufus eft, ut eos, quos tuæ fidei, poteftatique; S. P. Q. R. commifit & credidit, diligas, & omni ratione tueare, ut effe quàm beatiffimos velis.

39. Quòd fi tefors Afris, aut Hifpanis, aut Gallis præfeciflet,

ufage d'ailleurs cet argent n'auroit point été perdu pour le public; car comme on devoit l'employer à bâtirun Temple, c'étoit plutôt aux Dieux immortels, & au Peuple Romain qu'on en vouloit faire prefent qu'à moy;j'ay cependant refufé ce que les Ville's m'offroient de leur propre mouvement, quoyque la loy m'autorisât à accepter cet honneur. Je pris ce party pour bien des raifons; mais principalement pour étouffer les murmures de ces Magiftrats qui vouloient exiger des tributs qui ne leur étoient point dûs, & qu'ils n'avoient aucun droit de demander.

38. Soutenez donc conftamment la conduite que vous avez toûjours tenue à l'égard de ceux que le Senat & le Peuple Romain ont confiés à votre fidelité, & foumis à votre puiffance; n'épargnez ny vos foins ny vos peines pour les rendre heureux, & donnez leur en toutes chofes des marques de votre bienveillance & de votre protection.

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39. Si l'on vous avoit choifi pour gouverner les peuples d'Efpagne ou

immanibus ac barbaris nationibus; tamen effet humanitatis tuæ confulere eorum commodis, & utilitati falutique fervire. Cùm verò ei generi hominum præfimus, non modò in quo ipfa fit fed etiam à quo ad alios perveniffe putetur humanitas: certè iis eam potiffimum tribuere debemus: à quibus accepimus. Non enim me hoc jam dicere pudebit, præfertim in eâ vitâ, atque in iis rebus, in quibus non poteft refidere inertiæ aut levitatis ulla fufpicio Nos ea quæ confecuti fumus his ftudiis, & artibus effe adeptos, quæ fint nobis Græciæ monumentis disciplinifque tradita. Quare præter communem fidem , quæ omnibus debetur;

,

Je ne rougirai Grecs m'ont enseignez point de dire que je ne &c. Ciceron crai fuis arrivé à un fignant le relentiment baut point de gloire, que par le moyen des beaux Arts que les

de Silla, contre lequel il avoit plaidé, fe retira dans la

des Gaules,ces Nations féroces & barbares; il feroit même de votre bon cœur de vous attacher à leurs interêts, & de leur procurer toutes fortes d'avantages,mais puifque vous êtes chargé d'une Province où l'on voit des hommes pleins d'humanité, & qui paffent pour être la fource de celle qui fe trouve chès les autres nations; n'eft-il pas jufte que nous leur faffions fentir les effets d'une vertu dont nous -leur fommes redevables: Car enfin puifque ma conduite & mes actions, me mettent au-deffus de la médisance, & qu'on ne peut me foupçonner d'aucune lâcheté, je ne a rougiray point de dire, que je ne fuis arrivé à un fi haut point de gloire, que par le moyen des beaux arts que les Grecs m'ont enfeignés, & que j'ay puifés dans leurs livres. Il ne fuffit donc pas que nous ayons pour eux les ménagemens que l'on doit avoir pour tous

Grece, & comme il étoit dans fa premiere jeuneffe,il s'appliqua a l'étude de la Philofophie & de l'E

loquence, fous les plus habiles Maîtres de ce temps-là. Plutarque dans la vie de Ciceron.

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