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refi, quæ nullum fequitur florem orationis, neque dilatat argumentum, fed minutis interrogatiunculis, & quafi punctis, quod propofuit, efficit.

Sed nihil eft tam incredibile quod non dicendo fiat probabile : nihil tam horridum, tam incul

a D'ailleurs il eft Rune Secte où l'on ne s'étudie point à étendre le difcours, &c. Les Stoïciens étoient les plus aufteres & les plus feveres de tous les Philofophes, ilsfe nommoientowi ciens, du mot Grec, Fox, qui fignifiePortique,parcequeZenon de Citie, léur Fondateur donnoit ordinairement fes leçons fous un Portique. Il n'y avoit pointdePhilofophes, qui fuffent plus concis qu'eux dans leurs raifon

nemens; ils difputoient à peu près comme nos Scolaftiques; c'est ce qui paroît par ce paffage de Ciceron tiré du 2. liv. de la fin des biens & des maux.Confectaria me Stoicorum brevis & acuta delectat. Concluduntur igitur corum argumenta fic. Quod eft bonum, est laudabile, quod autem laudabile eft omne boneftum, bonum igitur quod eft boneftum eft. C'est-àdire, j'aime beaucoup la précision &

il eft d'une Secte a où l'on ne s'étudie point à étendre le difcours, ni à l'orner, & dont toute la methode confifte à faire de petites queftions, & des raifonnemens concis & preffez.

Mais, comme je fçai que l'éloquence peut rendre vrai-femblables, les opinions qui paroiffoient les plus

la fubtilité avec laquelle, les Stoïciens difputent; voici de quelle maniere, ils tournent leurs raifonnemens. Tout ce qui merite le nom de bien eft loüable, or, tout ce qui eft louable eft honnête, donc, tout ce qui mérite le nom de bien eft honnête. Outre que les Stoïciens étoient fort précis dans leurs raifonnemens, ils faifoient à leurs adverfaires de petites interrogations, & quand ils

en avoient affés fait, pour mettre la quef tion dans tout fon jour, ils reprenoient" en peu de mots toutes les réponses. qu'on leur avoit données, pour en tirer la Conclufion. On prétend que c'est Socrates, quia le pre mier mis en ufage cette methode. M. de Fontenelle a ingenieufement imité la maniere dont raifonnoit 'ce Philofophe, dans un Dialogue où il le fait parler avec Montaigne.

tum, quod non fplendefcat oratione, & tanquam excolatur.Quod quum ita putarem, feci etiam audaciùs, quàm ille ipfe de quo loquor. Cato enim duntaxat de magnitudine animi, de continentiâ, de morte, de omni laude virtutis, de Diis immortalibus, de caritate patriæ, Stoïcè folet, nullis oratoriis ornamentis adhibitis, dicere. Ego autem illa ipfa, quæ vix in gymnafiis & in otio Stoïci probant, ludens conjeci in communes locos. Quæ quia funt admirabilia, contraque opinionem omnium ab ipfis etiam Pada appellantur. Ac tentare volui, poffent-ne proferri in lucem, id est

a J'en ai fait des teurs. Les Rhetorilieux communs. On ciens appellent auffi appelle lieux comlieux communs, les muns, les penfées & les penfées & moïens lespluscourts & les maximes les & les plus faciles, pour difcourir fur toute forte de sujets.

plus belles qui fe trouvent dans les Au

abfurdes, & qu'elle fçait embellir & faire valoir, les fujets les plus ingrats & les moins fufceptibles d'ornemens; j'ai formé un projet encore plus hardi que celui de Caton; il n'a parlé que des Dieux immortels, du mépris de la mort, de toutes les vertus en géneral, & en particulier de la temperance, de la grandeur d'ame, & de l'amour de la Patrie, encore n'en a-t-il parlé que dans le goût des Stoïciens, c'est-à-dire, fans employer les graces de l'éloquence, pour moi je me fuis fait un amufement d'agiter des questions, qu'ils daignent à peine examiner dans leurs écoles, & auxquelles ils ne s'appliquent jamais, que quand ils ont du tems de refte ; a j'en ai fait des lieux communs,en établissant des propofitions & que les Philofophes. appellent Paradoxes, parce qu'elles,

b. Que les Philofo- & de doa, qui fi phes appellent Paradoxes, c. Le mot de Paradoxe, eft compofé de deux termes grecs,fçavoir de Fae

gnifiie opinion, ainfi un Paradoxe felon fon étimologie, eft une propofition contraire à l'opinion

qui fignifie contre commune: mais cer

in forum, & ita dici, ut probarentur: an alia quædam effet erudita, alia popularis oratio. Eòque fcripfi libentiùs, quòd mihi ifta Faada quæ appellant, maximè videntur effe Socratica longéque veriffima.

çois, des fuccès fi brillans. Les uns ont dit que le vrai étoit de l'effence du Paradoxe, les autres ont prétendu que c'étoit

te définition ne fuffit pas pour en donner une idée jufte & complete; il refte encore à fçavoir, fi la verité lui eft effentielle ou accidentelle faux, quelquesle. Cette queftion fut agitée l'année derniere, à l'occafion des Paradoxes litteraires, critique ingenieufe d'une Tragedie moderne qui a eû fur le Theatre Fran

* Ines de Caftro.

uns ont avancé que le vrai & le faux, étoient également de fon reffort: mais il me femble qu'on peut concilier tous ces fen. timens, en faifant une diftinction. En

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