car c'eft d'un Dieu, que proviennent les fenfations, la végétation, le fouvenir, & la prévoyance: c'eft un Dicu qui gouverne & conduit votre corps, & qui luy imprime le mouvement de même que le fouverain Etre l'imprime à tout l'Univers; & comme le monde qui s'altere fans ceffe, eft gouverné par une Divinité éternelle; de même auffi votre corps corrupible eft animé par une intelligence immuable. 21. En effet, ce qui eft a toûjours ce, rées de cette fubftanil n'a pas fait attention que par- là il mettoit Dieu en piéces, & que comme la plupart des hommes vivent dans la mifere, il y auroit par conféjl, quent des portions de Dieu qui feroient malheureufes; ce qui repugne abfolument. D'ailleurs fi les ames des hommes étoient des divinités, y auroit-il quelque chofe de caché & d'inconnu pour elles? &c. Ce raifonnement pa roît fans replique.Mr Baile s'en fert contre le dogme de Pytagore dans les obferva tions qu'il a faites fur la doctrine de ce Philofophe. a En effet ce qui eft toujours en mou. vement n'a n'y commencement ny fin &c. Toute cette métaphifique, est tirée mot pour mot du Phedre de Platon, comme Ciceron en convient luy - même au premier livre des queftions tufculanes æternum eft, quod autem motum lorfqu'il dit. ex quo té, donc l'ame a toû illa ratio nata eft Pla tonis, qua à Socrate in Phedro explicata, à me autem pofita eft in fexto libro de Republica, quod femper movetur aternum eft c. Les Platoniciens avoient coutume de fe fervir de ce raifonnement pour prouver l'immortalité de l'ame. Macrobe le reduit à cet argumentAnima ex fe movetur, quod autem ex fe movetur eft principium motus; Principium motus natum non eft, Ergo anima nata non eft. C'est à dire l'ame fe meur par fa propre vertu; l'Etre qui fe meut par fa propre vertu eft le principe du mouvement: Le principe du mouvement a toûjours exif 9 jours exifté, d'où il s'en fuit qu'elle exiftera toûjours, & que par confequent elle eft immortelle : mais il s'en faut beaucoup que ce raisonnement foit invincible. Il eft vray que notre ame agit par elle-même, & qu'elle eft la cause efficiente de toutes fes actions ; mais elle n'en eft que la caufe fconde & fubordonnée; car comme dit St. Paul, Dieu qui nous donne la vie, le mouvement & l'Etre, in pfo vivimus movetur &fummus;ainfi notre ame n'agit que par la vertu & le fecours qu'el le reçoit de la caufe prémiere elle n'eft donc donc pas le principe du c'eft mouvement: mais en mouvement n'a ny commencement fans avoir recours à ce que Platon n'a pas fait, il fuppofe done ce qui eft en queftion,ainfi il ne prouve rien. Lactance 1.7. des Inflitutions Divines chap. 8. Il rejette cette preuve des Platoniciens comme deféctueufe, voicy fes paroles. Supereft ut de ipfa immortalitate dicamus, Platonis documenta quamvis ad rem multum confer rant, tamen parum habent firmitatis, ad probandam & im plendam veritatem; nam licet verum de immortalite anima fentiret, tamen non ita de illa tanquam de fummo bono differebat. Nos igitur certioribus fignis eligere poffumus veritatem, quia eam non ancipisi fufpicione colligimus fed divina traditione cognovimus.Plato ́au affert alicui, quodque ipfum agitatur aliunde, quando finem habet motûs, vivendi habeat finem neceffe eft. Solum igitur quod fefe movet, quia nunquam deferitur à fe: nunquam ne moveri quidem definit: quin etiam cæteris quæ moventur, hic fons, hoc principium est movendi. Principio autem nulla cft origo: nam ex principio oriuntur omnia;ipfum autem nullâ ex re aliâ nafci poteft: nec enim effet hoc principium, quod gigneretur aliunde. Quod fi nunquam olitur,ne occidet quidem unquam. Nam principium extinctum, nec ipfum ab alio renascetur, nec ex se aliud creabit; fiquidem neceffe eft à principio omnia oriri; ita fit, ut motûs principium ex eo fit, quod ipfum à fe movetur: id autem nec nafci poteft, nec mori: vel concidat omne cœlum,omnisque natura tem fic argumentatus eft, immortale effe confiftat ny fin, & ce qui communique à un autre un mouvement que luy-même a reçû d'ailleurs, doit ceffer de vivre, lorfqu'il vient à être en repos. Ainfi l'Etre qui fe donne le mouvement est le feul qui puiffe toûjours fe le conferver; parce qu'il ne s'abandonne jamais, il est méme le principe, & la fource du mouvement des autres Etres: Or un principe n'a point de caufe, puifque c'eft luy qui donne l'existence à toutes chofes, & qu'il né peut recevoir la fienne d'aucun autre Etre, autrement ce ne feroit pas un principe. Que s'il n'a point eû de commencement, il ne doit point avoir de fin car fuppofé qu'un principe foit détruit, il eft impoffible qu'un autre Etre le reproduife, ou qu'il en produife luy - même un autre; puifqu'il n'y a rien qui ne doive tirer de luy fon origine: par conféquent ce qui fe donne le mouvement par luymême, eft le principe du mouvement, d'où il s'en fuit, qu'il ne peut ny naî tre ny mourir autrement toute la machine des Cieux tomberoit, & la quidquid per fe fentit & movetur & F |