71 peu trop flateurs : mais Ciceron toûjours habile dans l'art de perfuader & de gagner les cœurs, ufe avec fon frere de la même précaution qu'il auroit pu prendre avec Cefar, en lui expofant fes devoirs fous l'idée d'un Magiftrat accompli, & en cela la vûë de Ciceron étoit moins de faire le portrait de fon frere, que de lui préfenter un modele. M. TULLII CICERONIS EPISTOLA AD Q FRATREM "E M. T. C. 2. Fratri S. T fi non dubitabam, quin hanc Epiftolam multi nuncii fama denique effet ipfa fuâ celeritate fuperatura,tuque antè ab aliis auditurus effes, annum tertium acceffiffe defiderio noftro& labori tuo: tamen existimavi à me quoque tibi hujus moleftia nuncium perferri eportere. Nam fuperioribus litteris, non unis, fed pluribus, cum jam ab aliis defperata res effet, tamen ego tibi fpem maturæ deceffionis afferebam; non folum ut quàm diutiffimè LETTRE POLITIQUE DE CICERON A SON FRERE QUINTUS. 1. E ne doute point, mon frere, que les couriers & la renommée ne devancent cette Lettre, & je fuis bien perfuadé que d'autres vous auront déja écrit qu'on vous laiffe une troifiéme année dans votre gouvernement, & qu'ainfi j'aurai encore tout ce temps-là à regretter votre abfence. J'ai cru néanmoins que je ne pouvois me difpenfer de vous apprendre une nouvelle fi fâcheufe pour vous & pour moi, fur-tout après vous avoir fait efperer dans plufieurs de mes Lettres que vous reviendriez inceffamment à Rome, quoique nos amis n'euffent aucune efperance de vous y revoir fitôt. Je vous écrivois de la forte pour vous entretenir le plus long-temps G diutiffimè te jucundâ opinione oblectarem, fed etiam quiatanta abhibebatur, & à nobis, & à Prætoribus contentio , ut rem poffe confici non diffiderem. 2. Nunc quoniam ita accidit, ut neque Prætores fuis opibus, neque nos noftro ftudio quicquam proficere poffemus, eft omnino difficile non graviter id ferre; fed tamen noftros animos maximis in rebus gerendis & fuftinendis exercitatos, fiangi & debilitari moleftiâ non oportet. Et quoniam ferre ea moleftiffimè homines debent, quæ ipforum culpâ contracta funt; eft quiddam in hac re mihi molef a Parceque je me flattois que les follicitations des Préteurs, &les mouvemens que je me fuis donnés pour obtenir votre recur, ne feroient pas fans effet &c. Après les Confuls il n'y avcit point à Rome de Magiftrais dont l'autorité fût plus grande que celle des Picteurs. C'étoient eux qui jugeoient les caufes civiles & criminelles, & qui commandoient les aimées qu'il me feroit poffible, dans une idée fiagréable, & parce que je me flattois que les follicitations des a Préteurs, & les mouvemens que je me fuis donnez pour obtenir votre retour, ne feroient pas fans effet. 2. Mais aujourd'hui que leur crédit & nos foins deviennent inutiles, c'est à nous à nous armer de patience, accoutumez à furmonter tant d'obstacles dans les affaires les plus difficiles & les plus importantes, il nous feroit honteux de nous décourager dans cette occafion, & de nous laiffer abbattre par la trifteffe. Cependant comme les chagrins qui nous arrivent par notre faute nous font ordinairen:ent les plus fenfibles; je dois fentir celui ci bienplus vivement que vous, ayant à me breprocher de m'être oppofé au def en temps de guerre. On leur donnoit auffi le gouvernement des provinces, Ainfi les Préteurs avoient interêt de folliciter le rappel de Quintus Ciceron, dans l'ef pérance de luy fucceder. *Rofin. Antiq. Romaines l. 7. chat. 2. b Ayant à me reprocher de m'être oppofe au deffein qu'on avoit l'année derniere ? |