Imágenes de páginas
PDF
EPUB

du hazard, & que vous ne puiffiés prévoir par votre prudence, & votre fagacité.

6. Si vous aviés à terminer quelque guerre difficile & dangereufe, je ne pourrois je l'avoue m'empêcher de trembler, lorfque je ferois reflexion qu'en vous continuant dans votre charge on nous auroit encore laiffé à la difcretion de la fortune. Mais dans ·les conjonctures préfentes vous n'aves rien, ou du moins très-peu à craindre de fes caprices;ainfi votre fageffe &votre propre vertu peuvent vous fuffire.

7. En effet nous ne fommes menacés d'aucune furprife de la part de nos ennemis; nous devons conter fur la fidelité de nos Alliés, & l'abondance de l'argent & des vivres, nous répondent de l'obéïffance de nos troupes: vous êtes plus heureux en cela que tant de grands hommes recommandables par leur fageffe, qui fe font vû très fouvent hors d'état de refifter aux coups de la fortune, de même que les plus habiles Pilotes font quelquefois forcés de ceder à la violence de la tempête.

Gy

8. Tibi parta cft fumma pax, fumma tranquillitas : ita tamen ut ea dormientem gubernatorem vel obruere, vel vigilantem, etiam delectare poffit. Conftat enim ca provincia primum ex eo genere fociorum, quod eft ex hominum omni genere humaniffimum: deinde ex eo genere civium, qui aut quod publicani funt, nos fummâ neceffitudine attingunt: aut quod ità negotiantur, ut locupletes fint, noftri confulatus beneficio fe incolumes fortunas habere arbitrantur. 9. At enim inter hos ipfos exif

Les Publicains étoient ceux qui faifoient valoir les fermes de la République & qui avoient foin de lever les impôts. On choififfoit pour cela les plus confidérables d'entre les Chevaliers Romains. Tous les Publicains étoient fort attachés à Ciceron, parcequ'il

leur avoit rendu de grands fervices pendant fon Confulat, & qu'il leur avoit donné en plufieurs autres occafions des marques de fon eftime & de fon amitié : en effet il fait de grands éloges d'eux dans plufieurs de fes difcours & fur tout. dans l'oraison pro

8.Cependant cette grande tranquillité qui regne dans votre Province, ne vousdifpenfe pas d'une continuelle vigilance; vous rifqués d'être furpris fi vous vous endormés, au lieu qu'en demeurant toûjours fur vos gardes tout vous deviendra facile & agréable. Vous aurés la fatisfaction de trouver dans cette province des Alliés d'une douceur infinie, & des Cytoyens avec qui nous avons une union fort étroite, parce que les uns font des & Publicains, & que les autres font de riches particuliers, qui attribuent à mon & Confulat la confervation des biens qu'ils ont amaffés. dans le commerce,

9.Ces Particuliers, me dirés-vous, ont quelquefois de facheufes contef

[merged small][ocr errors][merged small]

tunt graves controverfiæ, multæ nafcuntur injuriæ, magnæ contentiones confequuntur. Quafi verò ego id putem, non te aliquantum negotii fuftinere! intelligo permagnum effe negotium, & maximi confilii. Sed memento confilii me hoc negotium effe magis aliquanto, quàm fortunæ putare.

10. Quid eft enim negotii, continere cos quibus præfis, fi te ipfe contineas: Id autem fit magnum & difficile cæteris, ficut eft difficillimum: tibi & fuit hoc femper facillimum; & verò effe debuit, cujus natura talis eft, ut etiam fine doctrina videatur moderata effe potuiffe: Ea autem adhibita doctrina eft, quæ vel vitiofiffimam naturam excolere poffit.

11. Tu cum pecuniæ cum vo

tations, & des procés confiderables. les unscontre les autres.J'en conviens, mon frere, & je fçay que vous ne manqués pas d'affaires; je fuis même perfuadé que les fonctions de votre charge font très pénibles, & qu'elles demandent une prudence confommée. Mais je crois auffi que le fuccés en dépendra bien moins de la fortune que de votre propre difcernement.

10. En effet fi vous pouviés vous moderer vous-même, quelle peine pourriés - vous avoir à gouverner vos peuples? Il eft vray que bien des gens regardent la moderation, comme une vertu dont la pratique eft très difficile; auffi j'avoue qu'elle renferme en foy de très grandes difficultés : mais par; raport à vous elle n'en doit point avoir vous êtes d'un fi beau naturel qu'il femble qu'independamment de l'éducation que vous avés euë, vous n'auriés pas laiffé d'être fort moderé. Que ne devons-nous pas efperer de vous ? puifque vous avés été élevé d'une maniere qui pourroit même adoucir le naturel le plus farouche.

[ocr errors]

11. Tant que vous refifterés com

« AnteriorContinuar »