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problématique, répartit le diable. Il n'en faut pas croire là-dessus les Espagnols ni les Français. Puisqu'ils sont parties en cette affaire, ils n'en sauraient être juges. Je ne la dois pas juger non plus, moi, parce qu'étant le démon de la luxure, je protége également, tous les théâtres.

Même chapitre, le passage relatif aux deux entremetteuses (T. 1, p. 101) est plus long dans la première édition, et se termine ainsi :

Bon! s'il y en a! répondit le diable; il y en a partout, et principalement en France; mais il faut avoir un mérite reconnu pour y en trouver, et je vous dirai à ce sujet qu'à Paris, ces jours passez, un chevalier d'industrie s'entretenant là-dessus avec un de ses amis, lui disait : « Parbleu, mon cher, il faut que je sois bien malheureux! Il y a quinze jours entiers que je cherche une femme tributaire. Je parcours tous les matins les églises. L'après-dînée, j'épluche toutes les beautés des Tuileries. Je me montre à l'Opéra. Je parais tout débraillé à la Comédie, où tantôt je me couche sur les bancs du théâtre, et tantôt je me tiens debout derrière les acteurs. Cependant tout cela ne me mène à rien. Je n'ai pas même encore trouvé une bonne fortune sexagénaire, tandis que les plus jeunes et les plus aimables personnes de Paris sont en proie au chevalier de Tiremailles, qui n'a, sans vanité, ni ma taille ni ma jeunesse. Oh! ne t'y trompe pas! interrompit son ami; le chevalier de Tiremailles est un fameux libertin. Il a ruiné deux femmes. Il a eu des affaires d'éclat. Il a la meilleure réputation du monde. »

Chapitre X, après l'histoire de Zanubio (T. I, p. 162):

Immédiatement après Zanubio, continua le diable, est un marchand que la nouvelle d'un naufrage a rendu fou. Dans la loge suivante est renfermé un soldat qui n'a pu résister à la douleur d'avoir perdu sa grand'mère. Et le jeune homme qui suit ce bon soldat, dit don Cléofas, quel est le genre de sa folie?-Oh! pour celui-là, répondit Asmodée, c'est un pauvre garçon né imbécile. C'est le fils d'une

Hollandaise et d'un gros commis de la douane. Plus loin, dans le même chapitre, l'histoire des folles commence ainsi:

La première, reprit Asmodée, est une vieille marquise qui aimait un jeune officier qui servait en Flandres. Elle lui avait donné une grosse somme pour faire sa campagne. Elle s'avisa de consulter une devineresse pour savoir ce qu'il faisait. La devineresse le lui inontra dans un verre. La marquise le vit aux genoux d'une jeune Flamande, et elle en a perdu l'esprit.

Plus loin, même chapitre, après l'histoire de la femme du corrégidor:

La troisième est une procureuse qui pressait son mari de lui acheter une croix de diamants de dix mille ducats. Il n'en a voulu rien faire. Elle en est devenue folle. Après la procureuse est une coquette à qui la tête a tourné de dépit d'avoir manqué un grand seigneur dont elle avait médité la ruine. Dans ces deux petites loges au-dessous de ces dames, il y a deux servantes qui ont perdu l'esprit, l'une de douleur de n'être pas sur le testament d'un vieux garçon qu'elle a servi, et l'autre de joie en apprenant la mort d'un riche trésorier dont elle est unique héritière.

Chapitre XI, après l'histoire des deux femmes qui se rajeunissent (T. 1, p. 196):

Je remarque dans une même maison, poursuivit Asmodée, deux hommes qui ne sont pas trop raisonnables. L'un est un aventurier qui va tous les jours aux audiences des grands seigneurs. Il est assez fou pour croire qu'un quart d'heure après qu'il leur à parlé ils se souviennent encore de ce qu'il leur a dit.

Même chapitre, après l'histoire du licencié qui fait imprimer ses œuvres de jeunesse (T. ́I, p. 200):

Je découvre dans le voisinage de ce licencié un des meilleurs auteurs que vous ayez. C'est un excellent esprit. Ses ouvrages sont pleins de sel attique. Ils sont parsemés de pensées fines et bril

lantes. Il a des tours neufs, des expressions hardies et toujours heureuses. Passons à son voisin : c'est un homme...-Eh! n'allez pas si vite! interrompit avec précipitation don Cléofas; vous ne dites que du bien de cet auteur, et vous me le montrez avec des fous. Ah! il est vrai, reprit le diable; j'oubliais son défaut. Quand il lit ses pièces, il s'arrête à tous les endroits qui lui paraissent mériter des applaudissements, pour laisser à ses auditeurs le temps de lui en donner, et pour en savourer luimême toute la douceur.

Même chapitre, après l'histoire du bachelier qui achète pour enrichir son inventaire (T. 1, p. 201):

Il demeure chez ce bachelier un auteur qui réussit dans un genre d'écrire fort sérieux. Il n'est propre qu'à ce qu'il fait. Cependant il se croit propre à tout, et il ne veut point faire de comédies, parce que son comique serait, dit-il, trop fin pour affecter le parterre. S'il disait trop froid, je me garderais bien de mettre parmi les fous un homme si raisonnable.

Et quelques lignes plus loin:

Mais avant que de quitter le lieu où nous sommes, il faut que je vous parle encore d'un certain auteur que je viens d'apercevoir. C'est un homme qui possède les auteurs grecs et latins. Il emprunte d'eux toutes les pensées qu'il met dans ses ouvrages. Cependant il se croit original, et il ne traite de plagiaires que les auteurs qui pillent Lope ou Calderon.

Le chapitre XII, Des Tombeaux, débute par plusieurs histoires supprimées en 1726:

Le premier de ces huit tombeaux que vous apercevez à main droite renferme le corps d'un jeune amant mort de chagrin de n'avoir pas remporté le prix d'une course de bagues. Dans le second est un avare qui s'est laissé mourir de faim, et dans le troisième son héritier, mort deux ans après lui pour avoir fait trop bonne chère. Il y a dans le quatrième un père qui n'a pu survivre à l'enlève

ment de sa fille unique. Dans le suivant est un jeune homme emporté par une pleurésie pour avoir p.is des remèdes rafraîchissants.

Puis vient l'histoire de l'officier que sa femme trompait, et ensuite:

Le septième cache une vieille fille de qualité, laide et peu riche, que la tristesse et l'ennui ont consumée; et dans le dernier repose la femme d'un trésorier, morte de dépit d'avoir été obligée, 'ans une rue étroite, de faire reculer son carrosse pour laisser passer celui d'une duchesse. (V. t. I, p. 175.)

Ensuite viennent l'histoire du vieux mari et de sa jeune femme (T. I, p. 223), et celle du chanoine mort pour avoir fait son testament, après quoi on lit:

Auprès de cet imprudent chanoine est une belle dame immolée aux soupçons de son mari jaloux. Dans le quatrième est un dévot qui a perdu la vie pour s'être promené dans son jardin une demi-heure sans parasol, et dans le dernier une dévote pour s'être fait igner trop souvent par précaution.

Après l'histoire du Français assassiné pour avoir donné de l'eau bénite à une dame:

Ici gît un comédien que le déplaisir d'aller à pied, pendant qu'il voyait la plupart de ses camarades en équipage, a consumé peu à peu.

Après l'histoire de la vestale morte en couches: Et près d'elle repose un auteur dramatique qui mourut subitement d'envie au bruit des applaudissements du parterre, à la première représentation d'une pièce d'un de ses amis.

Chapitre XVI, des Songes. Immédiatement après les réflexions sur la jalousie des femmes, on

trouve:

A l'égard de dona Theodora, dit l'écolier, scon caractère me charme. Une femme mourir de regret d'avoir perdu son mari! O merveille de nos jours! - Cela est admirable, assurément, interrompit le démon. L'on enterra, il y a deux mois, un avocat dont la veuve ne ressemble point à celle-ci. L'

cat étant à l'agonie, sa femme en pleurs céda aux empressements de sa famille, qui, pour lui épar-gner la vue d'un si triste spectacle, l'enleva de sa maison. Mais avant que de sortir, l'avocate affligée appelle sa femme de chambre: « Béatrix, lui ditelle, aussitôt que mon cher mari sera mort, va porter cette fâcheuse nouvelle à don Carlos, et dis-lui que j'en suis si touchée que je ne le veux voir de deux jours. »

L'histoire de la comtesse femme du comte galant et libéral est racontée ainsi :

C'est une liseuse de romans, une tête pleine d'idées de chevalerie. Elle fait un songe assez plaisant elle rêve qu'elle est impératrice de Trébisonde, qu'on l'accuse d'adultère, et que tous les chevaliers qui se présentent pour soutenir son innocence sont vaincus par ses accusateurs.

Après l'histoire du vicomte Aragonais :

Si je ne me trompe, dit don Cléofas, j'aperçois dans la même maison un jeune homme qui rit en dormant. Vous ne vous trompez pas, répartit le diable; c'est un bachelier qui fait un songe fort agréable: il rêve qu'un vieillard de ses amis épouse une belle et jeune personne; mais je remarque à deux pas de là trois hommes qui font des songes bien mortifiants.

Le premier est un souffleur qui rêve qu'on donne un curateur à un marquis dont il commence à souffler le patrimoine.

Puis viennent l'histoire des deux frères médecins et celle d'un courtisan qui rêve que le ministre le regarde de travers, et ensuite:

Je vois encore un courtisan qui vient de se réveiller en sursaut. Il rêvait tout à l'heure qu'il était sur le sommet d'une montagne, avec deux autres personnes de la cour, qui l'ont poussé sans qu'il y ait pris garde et l'ont fait tomber de haut en bas. Après l'histoire du licencié qui défend l'immortalité de l'âme:

Auprès du licencié demeure un comédien qui

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