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avoit eu depuis douze ans. Quand le legat Ber AN. 1340. trand Poïet y arriva, il trouva fur ce fiege Arnolde Sabatier, Bolonois, qui de chanoine de Meaux, avoit été élû évêque de Bologne en 1322. mais le clergé l'accufa d'avoir acheté l'évéché, & la fimonie étant prouvée, le légat f'en dépouilla en 1329. Toutefois la même année le pape le transfera à Riés en Provence, & pourvut de l'évêché de Bologne Etienne Agonet François de la province de Narbonne, archidiacre de Parme, chapelain du pape, & chancelier du légat. Il étoit laid, boffu & de mœurs défa greables ce qui le rendit odieux au peuple de Bologne: mais il mourut au bout de deux ans. A fa place le légat fit pourvoir de l'évêché de Sigon.de epif. Bologne, Lambert de Poïet fon neven, natif de p.171. Cahors, qui fut facré au mois d'Octobre Baluz vit.to. 1333. mais l'année fuivante dans le foûleve1. p. 728. ment du peuple, il fut enfermé au château avec fon oncle, dont la conduite imperieuse, & l'introduction de ces évêques étrangers avoient beaucoup contribué à la révolte de la ville. Lam bert étant délivré, fuivit fon oncle en France & renonça à l'évêché de Bologne en 1336. Mais dès le cinquiéme de Juin 1332. le pape avoit donné cet évêché à Albert Acciaioli Floren tin, élû évêque d'Apt en Provence ; & il en eut Fadminiftration jufques en 1340. que Beltrarmin lur fucceda.

Rain, n. 69.

Plufieurs villes de Lombardie qui avoient fuivile parti de Louis de Baviere & de l'antipape, revinrent à l'obedience du pape Benoît, & envoyerent un findic chargé de leur procuration datée du lundi trentiéme d'Octobre 1340. pour déclarer qu'ils fe foumettent à fes ordres touchant les excès qu'ils ont commis contre lui & Téglife Romaine. Qu'ils ne croyent pas que l'empereur puifle dépofer le pape,& en faire un autre,

mais qu'ils tiennent cette propofition pour heretique. Ils promettent de ne point adherer à Louis de Baviere, ni à aucun fchifmatique ; & demandent pardon de lui avoir obéi & à Matthieu Vifconti, & d'avoir reçu les nonces de l'antipape. Les citoyens de Novarre, de Verceil & de Come firent même foûmiffion par le même findic; & tous furent abfous des cenfures.

AN. 1340.

VII.

Rain

1340.

n. 65.

Nous avons vu que Philippe de Majorque Secor de tenavoit demandé au pape Jean XXII. la permiffion tative de Phide pratiquer à la lettre la regle de S. François, & lippe de Maque le pape la lui avoit refufée. Il revint à la jorque. charge douze ans après, demandant au pape Sup. liv. Benoît la même permiffion; & pour l'obtenir ul. n. plus facilement, il employa la recommandation " du roi de Naples Robert auquel le pape répondit Ce que notre prédeceffeur a refusé, après en avoir pleinement deliberé en confiftoire, ne doit pas être facilement remis à l'examen. Les papes nos prédeceffeurs ont donné fur cette regle plufieurs déclarations à la priere des freres de l'Ordre, dont quelques-unes ont été mifes entre les conftitutions autentiques. Or fi l'on accordoir cette demande, leur autorité feroit ébranlée, & l'union bannie de l'ordre des freres Mineurs, où il n'y a déja que trop de divifion. De plus le faint fiege n'a approuvé que quatre ordres de religieux mandians; & celui-ci en feroit un cinquième : ce que nous ne croyons pas expedient d'accorder en ces temps-ci. Philippe ajoûte dans fa fupplique qu'il trouve une infinité d'obstacles à l'obfervation litterale de la regle: mais fi nous levions ces obftacles, on pourroit croire que nous ferions plus favorables à cette nouvelle religion, qu'à l'ancienne approuvée depuis long-temps. Il en arriveroit encore un autre inconvenient: c'eft que plufieurs freres de cet ordre & des autres, que leurs fuperieurs vou

droient corriger, feindroient de vouloir paffer & AN. 1340. ce nouvel ordre, & en prendroient occafion d'être vagabonds.

VIII. Réduction de

Visconti.

Ughell. to. 4p. 978.

Enfin la perfonne de Philippe eft odieufe: ib eft notoirement promoteur & défenfeur de la fe ête des Beguins: il a tenu publiquement plufieurs difcours fcandaleux contre le pape Jean & le faint fiege, qui le rendent violemment fufpect d'herefies & nous n'apprenons pas qu'il aitencore donné aucun figne de repentir. Par toutes ces raifons nous ne pouvons en confcience lui accor. der fa demande ; & vous terniriez votre gloire, fi vous fouffriez un tel homme dans votre royauthe. La lettre eft du feptiéme d'Août 1340.

L'année fuivante les deux freres Jean & LuMilan & des quin Vifconti, fils de Matthieu, fe reconcilierent avec le pape Benoît. Luquin étoit en poffelfion de Milan après la mort de Galeas fon frere aîné, & Jean étoit évêque de Novarre depuis l'an 1319. auquel le pape Jean lui donna cet évêché, après qu'il eut renoncé au- fchifme & au titre de cardinal que lui avoit donné l'antipape.. Ces deux freres envoyerent donc au pape Guido le de Calice, citoyen de Milan, le même qui avoit negocié l'accommodement de Bologne & des autres villes de Lombardie. Li étoit chargé Rain. de la procuration de Jean & Luquin- Vifconti 134. n. 20. & fit en leur nom les mêmes déclarations & les Ughell. p. mêmes promeffes: foûmiffion & obéïffance au pape, reconnoiffant qu'il ne peut être déposé par l'empereur, promeffe de ne jamals adherer à Louis de Baviere, ni à aucun empereur qui ne foit approuvé par le pape: de payer au pape & aux cardinaux cinquante mille florins d'or en dedommagement de tous les torts faits par eux & leur famille aux légats & aux nonces du pape. Enfin ils reconnurent que pendant la vacance de L'empire, comme il vacquoit alors, le pape en

300.

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avoit l'administration ; & en confequence qu'ils vouloient tenir du pape & de l'églife Romaine le gouvernement de Milan & de fes dépendances. Au fond il importoit peu aux Vifconti & aux autres petits feigneurs de Lombardie de fe foumettre de paroles au pape ou à l'empereur: pourvu qu'en effet ils demeuraffent maîtres des villes dont ils étoient en poffeffion.

AN. 1341.

Rain. n. 33.

Après ces déclarations & ces promeffes faites en confiftoire, le pape accorda aux deux freres, Ughell. p. leur vie durant, le gouvernement de la ville de 305. Milan & de fon territoire avec toute jurifdiction & toute puiffance temporelle, comme vicaires de l'églife Romaine pendant la vacance de F'empire; & pour réparation des fautes paffées, n. 26. ilimpofá à la ville de Milan la penitencé fuivante: Vous ferez bâtir deux chapelles en l'honneur de faint Benoit, l'une en la grande églife, l'autre en l'églife de faint Ambroife, en chacune defquelles un prêtre celebrera tous les jours la meffe, recevant pour revenu trente florins d'or ; & le jour de S. Benoît vous ferez l'aumône à deug mille pauvres, donnant à chacun un pain de douze onces. A ces conditions fut levé l'interdit & toutes les autres cenfures. La bulle eft du quinze de Mai 1 341.

en

IX.

Labbé Barlaam à fon retour d'Avignon revint Quietiftes du à Theffalonique, où il avoit déja paffé quel- mont Athos. ques années, & il y eut de grandes difputes avec Sup.. 138 des moines du mont Athos, qui prétendoient avoir pouffé la perfection de l'orailon jufques à voir des yeux corporels une lumiere qui étoit Dieu-même, & être arrivez à l'état de la fublime quietude. Barlaam les accufoit de renouveller therefie des Maffaliens condamnez à Antioche vers la fin du quatrième fecle; & les nommoit Sup. 1. xia, Omphalopfyques, c'est-à-dire ava ayant l'ame" 25.26. au nombril. Or le fondement de ce reproche

Cave. p. 425.

Allat. de

Conf. p 829.

:

étoit la pofture où ces prétendus Quietiftes fe AN. 1341 mettoient pour prier, & qui eft décrite dans un traité fpirituel de Simeon abbé du monaftere de Xerocerque à C. P. vers le milieu de l'onziéme fiecle. Voici fes paroles: Etant feul dans ta cellule, ferme ta porte, & t'affis en un coin. Eleve ton efprit au-deffus de toutes les chofes vaines & paffageres enfuite appuye ta barbe fur ta poitrine tourne les yeux avec toute ta pensée au milieu de ton ventre, c'est-à-dire au nombril. Retiens encore ta refpiration, même par le nez, cherches dans tes entrailles la place du cœur où habitent pour l'ordinaire toutes les puiflances de l'ame. D'abord tu y trouveras des tenebres épaiffes & difficiles à diffiper ; mais fi tu perfe veres continuant cette pratique nuit & jour, tu trouveras, merveille furprenante, une joïe fans interruption. Car fi-tôt que l'efprit a trouvé la place du cœur, il voit ce qu'il n'avoit jamais fu; il voit l'air qui eft dans le cœur, & fe void luimême lumineux & plein de difcernement. Telle étoit la methode d'oraifon de ces Quietiftes ou Hefycaftes, car on les nommoit encore ainfi.

Nic. Greg.
XIX. hift.

C. I.

Boiv. vita
Nic. G.

Cantac. lib.

2. c. 39. p. 338

Le chef de ceux que combattoit Barlaam, étoit Gregoire Palamas, à qui Nicephore Gregoras avoit oui dire qu'il voyoit de fes yeux l'ef fence divine. Nicephore difoit l'avoir oui dire à Palamas & à Drimyr fon compagnon, en presence de plufieurs perfonnes, avant que Barlaam vint en Grece, c'eft-à-dire, avant l'an 13 28. Il les avoit dès lors vivement repris, & en avoit averti le grand logothete & quelques fçavans prélats quidirent que c'étoit l'herefie des Maffaliens, & lui ordonnerent de fuir la compagnie de ces genslà. Palamas fe trouvant donc à Theffalonique, lorique Barlaam y revint, foutint que cette lumiere divine dont il s'agiffoit, avoit apparu à plufieurs faints: comme aux martyrs pendant

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