teres éxemts les abbez élus recevront pendant la neutralité la confirmation & la bénédiction des évêques diocésains. AN. 1404. Lettres du pape Inno Le pape Innocent écrivit fuivant la coûtu- XLVIII. me une lettre circulaire à tous les archevêques de fon obedience, leurs fuffragans & le clergé cent. de leurs provinces, pour leur donner part de la Rain, n. 12. promotion; où après en avoir rapporté les cir conftances, il exhorte à venir à Rome ou y envoyer des perfonnes capables dans la Touffaints Gobel, c. 88. prochaine, c'est-à-dire, le premier de Novembre 1405. pour tenir un concile général & travailler efficacement à l'extinction du fchifme. La lettre eft du vingt-feptiéme de Décembre 14c4. & il écrivit à même fin aux rois & aux princes de fon obédience. 11 manda ce deffein de concile à l'univerfité Spicil. to. 6. de Paris, dans une lettre qu'il lui écrivit l'an- p. 171. née fuivante 1405. le dix-feptiéme de Février. C'eft une réponse à deux lettres du mois de Novembre précédent qu'il avoit reçues de leur parts & il y parle ainfi des ambaffadeurs envoyez à Boniface fon prédéceffeur par le pape Benoît. Ils Jui offrirent principalement pour finir le fchifme la voye d'une entrevue en un certain lieu, l'exclufion de toute autre voye. Notre prédécef feur preffé de maladie dont il eft mort, leur déclara que cette voye étoit impraticable pour lui & les preffa de defcendre à quelques autres moyens particuliers d'union, mais ils s'en tinrent toûjours à cette voye de conférence. Après la mort de Boniface les cardinaux du nombre defquels nous étions, avant que d'entrer au conclave, les firent appeller, mais ils n'offrirent rien de nouveau. Notre intention é toit, s'ils avoient eu une procuration fuffifante, pour réfigner le pontificat, de ne point proceder à l'élection d'un nouveati pape; mais d'attendro qu'on eût pourvu à l'extinction du fchifme. Et AN. 1404 comme les envoyez déclarerent qu'ils n'avoient point de procuration de leur maître pour cet effer: nous les priâmes inftamment d'envoyer quelques-uns d'entre-eux pour apporter un tel pouvoir; à quoi ils répondirent, qu'ils ne à croyoient pas que leur maître convînt de la voye de ceffion. C'est ainfi que le pape Innocent ra conte ce qui s'étoit paffé à Rome. XLIX. En Angleterre le roi Henri tint un parlement Entreprife vers la fête de fainte Foi, qui eft le fixième d'O contre le cler Ctobre en 1404. Dans les lettres de convocagé en Angle- tion il recommanda aux vicomtes de n'y point Valfing. p. envoyer des gentilshommes inftruits des droits terre. 271 du royaume, parce qu'il ne s'agiffoit que de tirer de l'argent, auffi appella-t-on cette affemblée, le parlement des ignorans. Le roi ayant expofé le befoin qu'il avoit de fecours pour foutenir les guerres dont il étoit menacé, ces gentils hommes ne lui propoferent d'autre expédient que de confifquer tous les biens eccléfiaftiques de fon royaume. Car, difoient-ils, nous avons fouvent employé nos biens pour le fervice du roi, & expofé nos perfonnes aux fatigues & aux périls de la guerre, tandis que les clercs demeurent chez eux dans l'oifiveté, fans donner de fecours au roi. Il s'éleva là-deffus une grande difpute entre le clergé & la nobleffe; & Thomas d'Arondel archevêque de Cantorberi parla ainfi Le clergé a toujours autant contribué pour le fervice du roi que les laïques; il donne fréquemment des décimes & des quinziémes ; & à la guerre les vaffaux du clergé ne font pas moins nombreux à la fuite du roi, que ceux des laï ques. De-plus, nous difons jour & nuit des meffes & des prieres pour la profpérité du roi & de tous ceux qui le fervent. Celui qui parloit pour Ja nobleffe, témoigna à sa mine & au ton de fa voix qu'il ne faifoit pas grand cas des prieres: de l'églife; & l'archevêque reprit: Je vois où AN. 1404. tend la fortune du royaume, puifqu'on y mépri fe les prieres qui fervent à rendre Dieu favora ble: jamais un état n'a fubfifté long-tems fans religion. Celui qui parloit pour la nobleffe étoit un chevalier nommé Jean Cheine, qui après être entré dans le clergé, & avoir été diacre, à ce que l'on difoit, étoit revenu à l'état laïque. n. 12. Les envoyez du pape Benoît étant fortis de Rome après la promotion d'Innocent, s'arrêterent à Florence, d'où ils demanderent un saufconduit pour retourner à Rome traiter de l'union de l'églife. Sur quoi le pape Innocent écri- Rain. 1405. vit aux évêques de Florence & de Fiefole, & à Sup. n. 48. deux autres docteurs, une lettre semblable à celle qu'il avoit écrite à l'univerfité de Paris, se plaignant que les envoyez de Benoît avoient dit n'avoir aucun pouvoir d'accepter la voye de ceffion, & n'en avoient propofé d'autre qu'une conférence entre les deux papes. Innocent renvoye toûjours l'affaire au concile qu'il avoit indiqué pour la Touffaints prochaine ; & enjoint aux deux prélats de rendre public ce qui s'est paffé à Rome fur ce fujet. La lettre eft du vingt-troifiéme d'Avril 1405. te; L. d'Innocent. Rain. n. 7. Le onzième ou plutôt le douziéme de Juin qui cette année étoit le vendredi de la Pentecô- Nouveaux le pape Innocent cīća onze cardinaux, huit cardinaux prêtres & trois diacres. Le premier fut Conrad Caraccioli, noble Napolitain, qui avoit été patriarche de Grade, archevêque de Nicofie, puis évêque de Malte. Il fut prêtre cardinal du titre de faint Chryfogone, & camerlingue, c'est-àdire, grand tréforier de l'églife Romaine. Le fecond fut Ange Corrario, noble Venitien, qui portoit alors le titre de patriarche de CP. & avoit été employé par Boniface IX. en la non ciature de Naples pour Ladifas, & fut depuis AN. 1405. pape fous le nom de Gregoire XII. Il fut cardi nal prêtre du titre de faint Marcel. Gall. Chriff Le troifiéme fut François archevêque de Bor 1. p. ideaux, où Boniface IX. l'avoit placé en 1389. il eut le titre des quatre Couronner. Le quatriéme fut Jourdain des Urfins archevêque de Naples, qui eut le titre de faint Martin-aux-Monts. Le cinquiéme fut Jean Meliorato neven du pape qui lui avoit tranfmis l'archevêché de Ravenne, & lui donna le titre de fainte Croix en Jerufalem, Le fixiéme.cardinal fut Pierre de Candie alors archevêque de Milan, & depuis pape Alexandre V. il eut le titre des douze apôtres. Le feptiéme fut Antoine Archioni Romain, évêque d'Alco Ti: il eut le titre de faint Pierre-aux-liens: mais il mourut le vingt-uniéme de Juillet fuivant. Le Huitiéme fut Antoine Calvo noble Romain, évê que de Todi, qui eut le titre de fainte Praxede. Les trois cardinaux diacres furent, Odon Co. Jonne d'une des premieres maifons de Rome; fon titre fut faint George-au-voile-d'or; & de puis il fut pape fous le nom de Martin V. reconnu de toute l'églife après le fchifme. Pierre Stefanefchiou plutôt Annibaldi auffi noble Romain du titre de faint Ange. Le dernier cardinal fut Jean Gilles Normand de naiffance, docteur en droit & chantre de l'églife de Paris; mais ayant quitté l'obédience de Clement VII. il paffa à Rome où Urbain VI. lui donna la prévôté de Liége; & il l'avoit encore quand Innocent VII. Je fit cardinal diacre du titre de faint Cofme & faint Damien. Voilà les onze cardinaux créés à la Pentecôte 1405. Romains maffacrez. Innocent avoit fait cinq cardinaux Romains dans l'efpérance de fe rendre le peuple favora Sup. n. 46. ble, mais il n'y réuffit pas. Les fept officiers nomTh. Niem.. mez les hommes prudens, autrement les régens 1936 de la chambre étoient du parti Gibelin, & au lieu de s'en tenir au traité fait avec le pape, ils AN. 1405. lui faifoient tous les jours quelque nouvelle de mande. D'ailleurs Jean Colonne feignant de tenir le parti du pape Benoît avoit affez près de Rome un grand nombre de gens armez prêts à venir au fecours des régens contre le pape & ceux de fa cour. Le pape Innocent naturellement bon & pacifique, eu pour eux toute la complaifance qu'il put: mais enfin ils lui firent par malice des demandes fi déraisonnables, qu'il leur répondit en colere: N'ai-je pas fait tout ce que yous avez voulu ? & que puis-je faire davantage? fi ce n'eft que vous vouliez encore ce manteau que je porte. Voulant dire qu'il renonceroit plutôt au pontificat, que de fouffrir plus long-tems leurs importunitez, Ne pouvant donc leur faire entendre raison, 11 fut contraint de tenir toûjours pour fa garde un capitaine nommé Mufcarda avec un grand nombre de gens de guerre logez dans le bourg faint Pierre, qui lui coûtoient peut-être plus à entretenir que ne lui valoit fa dignité. Le roi Ladiflas qui feignoit d'être pour le pape, étoit d'intelligence avec les régens, qu'il avoit ga gnez par argent, & plufieurs autres des plus grands du peuple, vifant à fe rendre lui-même maître de Rome. Le pape avoit auffi un neveu nommé Louis Méliorati,âgé de trente ans, hardi & entreprenant, qui étant déja écuyer, fe joignit à Mufcarda, & portoit très-impaticmment la maniere dont les régens traitoient le pape fon oncle, Le cinquiéme d'Août 1405. au matin, les régens accompagnez de quelques autres Ro mains vinrent au palais parler au pape, prétendant s'accommoder avec lui, Ils conférerent Long-tems fans rien conclure, & fortirent de |