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tems le commerce dans cette place, ont obfervé que la quantité d'argent qui y entre, & fans" lequel on ne peut acheter l'étain, eft prodigieufe & qu'il n'y a pas de canal apparent par lequel on puiffe conjecturer qu'il en forte; les Hollandois eux-mêmes étant obligés de payer en piaftres une grande partie des objets qu'ils achètent pour leurs cargaifons. Cela prouveroit que le Pays doit être riche, fi le Roi ne l'eft pas, vu que celui-ci paroît n'avoir aucun droit exclufif fur le produit des mines; néanmoins on n'apperçoit aucune marque de ces richeffes. Une difficulté femblable fe préfente fur la côte occiden tale de l'île, où les Anglois envoient annuellement dans le Pays, pour le poivre, trente à quaTante mille piaftres, dont il ne revient, au moins visiblement, jamais rien ou prefque rien, les profits du commerce particulier des Réfidens étant toujours remis en lettres-de-change;

cependant les Chefs & le Peuple font généralement pauvres. On fuppofe, & avec raifon, que la Chine eft le gouffre qui tôt ou tard engloutit tout l'argent de l'Inde, ainfi que de l'Amérique; mais il eft bien difficile de fuivre les différentes voies que prend celui de Sumatra pour s'y rendre.

Le dernier Roi de Palembang avoit laiffé fes Etats à fon plus jeune fils, qui, après la mort du père, fut chassé par son frère aîné, & obligé

A

de chercher un appui auprès du Sultan de Jam-
bee. L'ufurpateur y envoya quelques praws armés,
avec prière au Sultan de lui livrer le fugitif.
Mais ce Prince au contraire déclara que
que fon
intention étoit de foutenir la caufe de fon frère,
& s'empara des bâtimens. Le Roi de Palembang,
craignant que ce procédé, hoftile ne fût fuivi
d'une irruption dans fes Etats, fit rassembler
en 1777, une grande quantité de pierres, pour
en fermer deux des embouchures de la rivière,
obligeant chacun des Chefs de contribuer aux
travaux, felon le nombre de leurs fujets; & il
fortifia la troisième. J'ai appris ce fait d'un Ma-
lais fort intelligent.

Jambee étoit autrefois une place importante, Jambee. dans laquelle les Compagnies Angloife & Hollandoife ont eu des établiffemens. La ville eft fituée à environ foixante milles de la mer, fur une grande rivière (1). Son commerce confifte

poudre d'or, poivre & cannes; mais il eft aujourd'hui fort peu confidérable, la plus grande partie de l'or étant tranfportée par terre à la côte occidentale. Il y a plufieurs autres petits Etats

(1) En 1629, une efcadre Portugaise fut vingt-deux jours à remonter cette rivière, pour détruire quelques vaiffeaux Hollandois qui s'étoient réfugiés près de la Ville. Faria y foufa, T. III.

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Malais, fur toutes les grandes rivières de ce côté de l'île, mais dont l'étendue & la puiffance font peu connues, leurs ports n'étant guères fréquentés que par les Cling (Telinga) ou bâtimens Maures. Quelquefois, mais rarement, les vaisfeaux particuliers venant du Bengale, abordent fur ces côtes, pour tâcher d'y vendre quelques caiffes d'opium, mais jamais les Capitaines ne defcendent à terre, & ils trafiquent à la pointe de l'épée avec les Malais qui s'approchent; tant eft forte l'idée qu'on a de leur caractère perfide (1). Ils font prefque toujours en guerre avec les Habitans de l'intérieur, qui les obligent de fe confiner à la côte de la mer & en quelques endroits aux feules rivières. Les principaux de ces Etats font Indergeree, Siak & Battoo-Bara. La rivière Racan, fituée entre les deux derniers, & qui eft la plus grande de l'île, eft fi rapide, & la lame fi forte à fon embouchure où elle rencontre la marée, qu'elle n'eft pas propre à la navigation. Le pays d'Aru ou Rou, dont les Hiftoriens Portugais font fouvent mention, s'étend jufques fur fes bords (2). Campar, autre

(1) Note du Traducteur. Voyez à ce fujet, Voyage dans les mers de l'Inde, par M.Le Gentil. T. I, p.591a (1) Je foupçonne que le nom moderne de cette rivière, Racan ou Arracan, ainsi qu'on le trouve dans quelques Cartes, eft une corruption du mot Aru. Les Royaume,

royaume, jadis fameux, eft tombé dans l'obscurité. Tout le pays fitué fur la partie orientale de l'île, depuis le détroit de la Sonde jufqu'à la Pointe du Diamant, ou Tanjong Gooree, eft une terre baffe, où à peine on voit quelques mo tagnes peu considérables, & elle est couverte en partie de bois. La côte feptentrionale, depuis cette Pointe jufqu'à Acheen, préfente un aspect bien différent; c'eft une pente douce au pied d'une chaîne de hautes montagnes, & des terres bien cultivées. Pasay, qui fut autrefois le fiége principal du gouvernement de cette extrémité de l'île, eft fituée dans une belle baie, appelée Telloo Samoway, où le bétail, les grains, & toutes fortes de provisions abondent. Près du ride cette baie, il croît de beaux arbres, qui pour la qualité & la grandeur, pourroient fervir de mâts aux plus gros vaiffeaux, & dont on coupe une grande quantité, qu'on transporte à Malacca & à Batavia. Le gouvernement & les coutumes de ces pays font les mêmes, à peu de chofe près, que celles de tous les autres où regnent les mœurs & la Langue Malaise.

vage

Naturels ne fe fervent jamais du premier. Mendez Pinto dit, que la ville d'Aru étoit fur la rivière Panetican, & il donne un exemple de l'extrême rapidité de fon courant, ainfi que de fa grande largeur. Il eft fait mention, dans un Ecrivain postérieur, d'une rivière Jorcan.

Tome 11.

M

Battas,

Situation du Pays.

CHAPITRE XVIII.

Pays de Batas: fes productions. Habitans. Mœurs, Gouvernement. & Coutumes extraordinaires.

LA Nation la plus considérable qu'on trouve

en avançant vers le nord, eft celle des Battas, dont les coutumes & les mœurs, très-différentes de celles des autres Habitans de l'île, méritent une defcription particulière. Quoiqu'il foit fait fouvent mention de ce Peuple dans les anciens Ecrivains, cependant ce n'a été que vers l'an 1752, temps où les Anglois s'établirent à Natal, & formèrent des relations dans cette partie de l'île, qu'il a été proprement connu des Européens, & que fes ufages extraordinaires, en quelques points, ont été foigneufement exa

minés.

Le pays de Batta, à parler en général, est borné au nord par celui d'Acheen, & au fud par Pafummah & par le diftrict indépendant de Rou ou Aru; mais pour le déterminer d'une manière plus précife, il s'étend depuis la grande rivière Sinkell jufqu'à celle de Tabooyong, fur

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