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d'en avoir voulu donner la forme & SENEQUE

les regles.

le Rhéteur.

Ger. Fear

108.

Voffius ne s'en tient pas au foupçon; il décide. Cette affectation, dit-il, voff. Inst. (des pointes & des brillans continuels) Poer. 1. 3. p. étoit particuliere à la famille des Annéens, qui étoit celle de Lucain, celle des Seneques, celle de Florus I'Hiftorien. Bien plus : cette affectation étoit commune à l'Efpagne entiere, comme il a paru par l'exemple de Martial & de quelques autres Ecrivains de cette Province de l'Empire.

Ne nous en tenons pas à ces témoignages, & jugeons-en par l'ouvrage même de notre Rhetoricien. Que fignifie en général ce foin de recueillir en un corps des pensées détachées de divers Auteurs fur divers fujets, finon que l'Auteur du recueil aimoit les brillans & les pointes ? Quel effet ces pointes ainfi recueillies pouvoient-elles produire dans l'efprit de fes lecteurs, & particulierement, de fes enfans, à qui il les adreffe, finon la paffion d'en produire de femblables? Quel deffein peuton attribuer à l'Auteur qui les a ramaffées, finon celui de les donner Ty

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SENEQUE à imiter? Il le Rhéter.

y

a fans doute lieu de croire qu'il a a voulu que les enfans lui reffemblaffent. Son ftyle eft plus en joué, celui de fon fils le Philofophe eft plus fevere. Cela n'empêche pas qu'ils ne foient tous deux fententieux.. Mais, dit on, il blâme lui-même ce Pref. lib. 1. ftyle! Comme fi Petrone ceffoit dêContr. p. m. tre affecté, parce qu'il blâme l'af

60.

Rap. aver

fectation ou comme s'il avoit luimême ces tours aifez & ces manieres naturelles qu'il recommande tant aux autres ! Il donne, dit le Pere Ratiff des Refl. pin, les plus belles regles du monde fur la Poët. contre l'affectation, & il ne les obferve pas. Il eft trop peint & trop étudié, ou s'il eft fimple, c'eft d'une fimplicité affectée. Cette image de Petrone eft une image de Seneque. Et quand je devrois me hazarder un peu trop, j'avancerai ce que je pense. Je crois que quand même toutes les expreffions, & toutes les penfées qu'il a recueillies ou qu'il approuve, feroient auffi bonnes que Ciceron nous reprefente celles de Craffus (29) ce recueil, cet amas qu'il en a fait,

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væ tam fine pigmen tis fucoque puerili. Cic. 1. 2 de Qrat..

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ne pouvoit manquer d'être conta- SENEQUE. gieux, & de faire fur l'efprit de plu- le Rhéteur. fieurs de fes Lecteurs, à peu prés la même impreffion, qu'on peut croire qu'il a faite fur l'efprit de fes enfans. Je dis à peu près, parce qu'il faut reconnoître avec un Poëte, (30) que les leçons & les exemples d'un Pere ont d'ordinaire plus de pouvoir fur fes fils, que fur des perfonnes étrangères. Concluons que fi dans l'étude de l'Eloquence, on lit ces Auteurs pour profiter de leurs penfées & de leurs reflexions, il faut. attendre un âge meur, afin de prendre ce qu'il y a de bon fans fe laiffer infecter par ce qu'il peut y avoir de mauvais. C'eft le jugement, comme on fait, que Quintilien (31) a porté de Seneque le Philofophe, parce que fes defauts ont des attraits. L. 18. Ep. Erafme, Gronovius & Monfieur Mor- 12. p. 1668. hof en difent la même chofe. Ne réfulte-t-il pas de tout ce que j'ai rapporté, qu'il en faut dire autant de Seneque le Rhétoricien ?

(30)... Velociùs mos auctoribus. Juv. & citiùs nos corrumpunt vitiorum exem

pla domeftica

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Sat. 14. v. 31.

431) Dulcibus vi

tiis abundat. Quinti

gnis cum fubeant ani- | 10% c. I.

Gronov. Praf. Morhof.Pelihift. l. 4. c.

in Senec.

11. p. 174. No 8.

fur les Ora

teurs.

thevalier. p.

155.

DIALOGUE

SUR

LES ORATEURS,

Tenu la fixieme année du regne de Vefpafien l'an de Fefus-Chrift 74. recueilli enfuite & mis aujour par un Auteur, qui dit y avoir été prefent, étant encore fort jeune.

Ja

Dialogue fur les Orateurs illuftres. Le Dia'Ai parlé du Dialogue de Ciceron logue fur les orateurs eft une autre piéce, qui fe trouve fous ce titre dans Tac.in fol. quelques éditions de Tacite, & dans de Paris cher quelques unes de Quintilien avec le titre de Dialogue fur les Orateurs, 016 8. de Francf. fur les caufes de la corruption de l'Ep. 508. aprés loquence, Ouvrage qui paroît eftimable, quoi qu'imparfait, & dont il eft à propos de donner ici une idée. A cet effet diftinguons-y trois parties. La premiere nous préfente un Avocat & un- Poëte qui font aux prifes.

Quintil. in

les déclam.

Celui là veut faire embraffer fa pro- Dialogue feffion à celui-ci, parcequ'il le croit fur les Oratrés-capable de s'en bien acquitter; teurs. dernier s'en défend, parce qu'il

ce

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trouve dans la fienne, finon, de plus grands avantages, du moins plus de charmes & à peu prés autant de gloire. Cette difpute produit deux éloges, l'un de l'Eloquence, où l'on reconnoît bien des chofes qu'on a luës dans Ciceron; & l'autre de la Poëfie, où l'on retrouve auffi bien des idées qu'on peut avoir confervé de la lecture d'Horace, quoique les manieres de: ces Auteurs foient tout à fait diffé

rentes.

La feconde partie du Dialogue eft, pour ainfi dire, un plaidoyé du même Avocat, il fe nomme Aper, en faveur des Orateurs de fon temps contre les Anciens. Il vivoit du temps de Vefpafien. Ce font les Orateurs de ce temps là, quil appelle les modernes, & il appelle anciens, Ciceron & ceux de fon fiécle: fi ce n'eft que pour rendre fa caufe meilleure il prétend quelque-fois les ranger tous dans une même claffe, à caufe qu'il 162. n'y a que fix vingts ans des uns aux autres; & les traitant tous de moder

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Apud Tac.

p. m. 161.

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