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donné avis que les Grecs avoient changé de réfolution, 1435. & vouloient abfolument qu'on tînt le concile à Conftantinople, ce qui étoit le contraire de ce qu'ils avoient accordé à Bafle, foit que cela vînt d'eux, ou plutôt du pape Eugene, qui supportoit impatiemment que le concile s'attribuât une fi grande autorité; les peres de Bafle envoyerent une feconde fois à Constantinople Jean de Raguze religieux Dominicain, Henri Menger Concil. Bafil. append. 1. art. docteur en droit, chanoine de Coûtances, & Simon 37.38.39.p. Freiron, chanoine d'Orleans, & bachelier en theolo- 851. feq. gie, afin de perfuader aux Grecs d'accomplir ce qu'ils avoient promis à Conftantinople; d'autant que l'union, de leur aveu même, ne feroit jamais parfaite fans un concile general des deux églises d'Orient & d'Occident: qu'un concile tenu à Constantinople ne feroit point general en ce fens là, parce qu'encore que le légat du pape y affiftât, ce légat ne faifoit pas l'églife occidentale, qu'ainfi on n'en tireroit aucun fruit: qu'enfin ville de Bafle, étoit le lieu le plus propre pour concile, l'air y étant fain,le pays paifible & fort agréable, dans lequel on jouiffoit d'une pleine liberté.

CXLV. Les Grecs

confentent à la en Occident.

tenue du concile

Sur toutes ces raifons des députez du concile, il fut conclu après quelques difficultez, que le concile fe tiendroit en Occident, & que l'empereur des Grecs, le patriarche, les prélats, & grands feigneurs de l'églife grecque s'y trouveroient, à condition que pour la commodité des perfonnes, & particulierement du patriarche qui étoit vieux & infirme, & du pape qui devoit necessairement y affifter, on choisît une ville maritime d'Italie, d'où l'on pourroit plus aifément fecourir Conftantinople. C'est ce qu'Henri Menger vint rapporter au concile de Bafle, fes deux collegues étant 52. & feq. restez à Conftantinople pour donner ordre aux frais du

Tome XXII.

Concil.gener. tom. XII. pag.

143 5. voyage des Grecs ; comme on le voit fort au long dans les lettres, les harangues & les actes qui en furent dreffez, & qui fe trouvent dans l'appendix au concile de Bafle, & dans la feffion vingt-quatriéme ce que nous rapportons plus bas.

CXLVI. Vingt-deuxiéme fellion du concile de Bafle.

Labbe concil. rom.x11. p. 555.

P. Alexand. Hift. Ecclef. fa

tom. 1. CXLVII.

Propofitions

Auguftin de

Roma.

i

&

La feffion vingt-deuxième qui fe tint le famedi quinziéme d'Octobre, fut toute employée à la condamnation du livre d'Auguftin de Roma, religieux Augustin & archevêque de Nazareth. Il avoit été élû general de fon ordre en 1419. fait évêque de Cefene en 1431. enfuite archevêque de Nazareth dans le royaume de Naples. Il avoit compofé un traité de l'églife divifé en trois parties, dont la premiere étoit de l'union de Jefus-Chrift & de fon églife, ou de Jefus-Chrift entier. La feconde de Jesus-Chrift comme chef, & de fon illuftre domination. La troifiéme de la charité de JefusChrift envers fes élûs, & de fon amour infini. Il avoit pouffé fi loin dans cet ouvrage l'union de la nature humaine avec la divinité, qu'il avoit avancé quelques propofitions dans lesquelles il attribuoit à la nature humaine en Jefus-Chrift, ce qui ne convient qu'à la divine. Voici ces propofitions telles qu'elles font rapportées dans le P. Alexandre & dans le decret.

1. Jefus-Chrift péche tous les jours, & depuis qu'il cul. XV. & XVI. a été le Chrift, il a péché tous les jours. Ce qu'il art. 5. pag. 425. n'entendoit pas de la perfonne de Jefus-Chrift, mais de fes membres, qui avec leur chef ne font qu'un feul Christ. 2. Tous les Fideles juftifiez ne font pas membres de Jefus-Christ, mais les feuls élûs qui doivent à la fin regner avec Jefus-Chrift pour toujours. 3. Selon l'ineffable prefcience de Dieu, on prend pour membres de Jefus-Chrift ceux dont l'églife eft composée, & elle n'est compofée que de ceux qui font appel

Collect. cone.

rom. XII. P. 5560

lez felon le decret de l'élection éternelle. 4. Il ne fuffit pas d'être uni à Jefus-Chrift par le lien de la charité pour être membres du Christ, il faut une autre union. 5. La nature humaine en Jesus Christ eft veritablement Jesus-Christ; la nature humaine en Jesus-Christ est la perfonne de Jefus-Christ. La raifon du fuppôt qui détermine la nature humaine en Jefus-Chrift n'eft pas réellement diftinguée de la nature même déterminée. 6. La nature humaine que le Verbe a prise par l'union perfonnelle eft veritablement Dieu propre & naturel. 7. Jefus-Chrift felon la volonté créée aime autant la nature humaine unie à la perfonne du Verbe, qu'il aime la nature divine. 8. Comme deux perfonnes en Dieu, font également aimables, de même les deux natures en Jesus-Christ, la divine & l'humaine, font également aimables à caufe de la perfonne commune. 9. L'ame de Jefus-Christ voit Dieu auffi clairement & parfaitement que Dieu fe voit lui-même.

l'auteur

1435.

CXLVIII.
Le concile de
Bafle les con-

Trithem. &

Script. Ecclef.

Toutes ces propofitions partie inventées par une fubtilité dangereuse, & d'autres tirées des mêmes principes & contenues dans le même ouvrage, furent con- damne. damnées comme erronées dans la foi par le concile de Balle, auffi-bien que fon livre & les traitez que fit pour les défendre. On épargna feulement fa perfonne, parce que, quoiqu'appellé par le concile fans Bellarm. de avoir comparu, il avoit apporté de bonnes raisons de fon abfence, & qu'il avoit foumis fa doctrine & tous les écrits au jugement de l'églife. Il mourut en 1443, ou felon d'autres en 1445, avec de grands fentimens de pieté. Cette année finit par une congregation generale qu'on tint à Bafle le vingt-deuxième de Decembre, dans laquelle le concile condamna les Venitiens à restituer ce qu'ils avoient pris au duc Louis patriarche d'A

Concil. Bafil. append. 1. art. conc. p.824.

16. tom.XII.2.

CXLIX. Decret du concile contre

les Venitiens.

1435. quilée, fur peine d'excommunication qui feroit encourue par leur duc, les confeillers, les nobles & les Bonfin. 3. dec. 3. procurateurs, outre cela d'interdit fur le peuple. Il ordonne donc aux Venitiens de rendre la ville, château, terres, métairies, jurifdictions, domaines, & autres biens dont ils ont dépouillé l'église d'Aquilée,` de rétablir le patriarche dans fon églife, tant au fpirituel qu'au temporel, & de l'en laisser jouir paifiblement, afin qu'en retournant dans le fein de l'église, ils meritent le pardon de leurs fautes. Il paroît que les Venitiens ne fe foumirent pas fi-tôt à ce decret du concile, & que le duc ne rentra pas dans fon église avant la mort qui arriva peu de tems après. Il eut pour fucceffeur Vital, qui eut auffi la qualité de patriarche d'Alexandrie. Il fut toujours contraire au pape & au concile, en haine des Venitiens.

Affemblée de

del empire.

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CL. Le fixiéme Decembre jour de faint Nicolas, l'emFrancfort pour pereur Sigifmond tint une affemblée à Francfort toula réformation chant la réformation de l'empire. Afin que chacun connoiffant quels étoient fes devoirs & fes obligations s'appliquât àles remplir. Mais l'empereur ne pouvoit que donner des avis, les moyens pour l'execution fe trouvoient dans la difpofition de ceux qui occupoient les premiers poftes de l'empire, & qui manquoient de bonne volonté; d'autant plus que Charles IV. pere de Sigifmond qui s'en plaignoit fouvent, avoit donné le patrimoine de l'empire aux électeurs, afin qu'ils élufsent Wenceslas fon fils ainé, quoiqu'il fût tout-à-fait indigne d'une telle dignité. On trouva feize articles. dans cette affemblée, fur lefquels on vouloit établir quelque reforme, afin d'empêcher la ruine entiere de l'état; mais parce que l'affemblée n'étoit pas affez nombreuse, l'empereur la remit au douziéme de Mars de

l'année fuivante, dans la même ville, ou à Ratisbonne. Pendant l'automne de cette année 1435. il y eut une fanglante bataille en Lithuanie entre Suitrigellon frere du roi Ladiflas Jagellon, & Sigifmond frere du duc Witold, qui prétendoient tous deux au duché de Lithuanie. Les Polonois favorifoient Sigifmond, & les chevaliers de Livonie étoient pour Suitrigellon,qui eut beaucoup de peine à fe fauver avec très-peu de Ruffiens qui lui refterent; tous fes chevaliers étant demeurez fur la place avec leur chef, & George prince de Novogarde. Sigifmond après cette victoire remportée, fe trouva maître de deux mille chevaux, il perdit dans le combat le duc de Mavofie qui étoit dans son armée : & le grand-maître des chevaliers ayant appris la perte que fon ordre avoit faite, renvoya deux cens chevaliers avec un chef; mais ceux de Livonie ne voulurent point les recevoir, qu'on n'eût auparavant confirmé le maréchal du Puys qu'ils avoient élu.

1435.

CLI.
Bataille en Li-

thuanie funefte
aux Livoniens.

Krantz. II.

CLII.
Les Turcs font

battus en Hon

Krantz.6.36.

Les Turcs furent dans le même tems chaffez de la Hongrie par Albert duc d'Autriche qui commandoit l'armée de l'empereur Sigifmond fon beau-pere; & les grie. Chrétiens ne remporterent la victoire que par le courage d'un fimple foldat, qui voyant que les Infideles avoient renversé les enfeignes, & que chacun penfoit à prendre la fuite & à fe fauver, prit fa hache d'armes, fe jetta fur les Turcs, en affomma un grand nombre, & procura aux Hongrois qui le fuivoient le moyen de relever leurs enfeignes & de pourfuivre l'armée ennemie. Dix-huit mille Turcs refterent fur la place, & on fit beaucoup de prifonniers. Sigifmond informé d'un fi heureux fuccès, fit venir ce foldat qui avoit fi courageufement fauvé fon armée, le créa chevalier & lui donna des terres pour foûtenir cette dignité.

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