I 436. I. Le pape refu fe à Alphonfe l'inveftiture du ples. ragon. lib. 14. L du E pape Eugene avoit confirmé l'institution de René d'Anjou au royaume de Naples. Mais comme nous avons dit que ce prince étoit prifonnier du duc de Bourgogne, Alphonfe roi d'Arragon, eut tout le loifir royaume de Na- de s'emparer du royaume. Pour en obtenir l'inveftiture pape, il employ a les prieres & les menaces; mais il ne put rien gagner, foit parce que cette ufurpation avoit été faite fans le confentement & même contre la Suvita hift. Ar- défense du fouverain pontife, foit parce qu'Eugene ne vouloit faire aucun préjudice à René frere de Louis que la reine Jeanne avoit inftitué fon heritier. D'ailleurs l'adoption qu'Alphonfe prétendoit avoir eue de cette princeffe avoit été révoquée dans toutes les formes & pour de très juftes caufes; il ne pouvoit produire la confirmation de Martin V. qu'il alleguoit, & qu'on ne trouvoit point dans les archives de l'église romaine, il n'y avoit point de témoins qui puffent le dépofer. C'est ce qui obligea le pape fur les inftances réïterées d'Alphonfe, de lui répondre, que fi fon droit étoit auffi inconteftable qu'il le prétendoit, il pouvoit le poursuivre devant le faint fiege, en commençant à mettre les armes bas, & à ceffer de faire la guerre. Cette réponse ne fervit qu'à l'irriter davantage; dreffe au conci- fe plaignit publiquement du pape, il ne parloit que des obligations que lui avoit le faint fiege, quoiqu'en lui rendant quelque fervice, il n'eût pensé qu'à son profit, & qu'il eût même pris depuis peu la ville de Terracine fur l'état écclefiaftique fans la vouloir rendre. Et pour nuire davantage au pape, il s'adreffa au concile de II. Alphonfe s'ad le de Bafle. il Bafle, & exhorta les peres par fes lettres à commettre Caïette. Les peres de Bafle peut-être excitez par tous ces motifs, tinrent la vingt-troifiéme session du concile le famedi vingt-cinquième de Mars, dans laquelle ils continuerent à fatisfaire aux articles que le concile de Constance avoit laiffez dans la feffion quarantiéme pour la réforme de l'églife. Ils ordonnerent donc premierement, en conformité à ce qu'ils avoient déja établi dans la feffion feptiéme touchant l'élection d'un pape; que les cardinaux, dix-fept jours après la va 1436. cance du faint fiege, s'affembleroient dans une chapelle proche le conclave, d'où fortant en proceffion deux à deux, & chantant l'hymne du Saint-Esprit accompagnez par ceremonie de deux clercs, dont l'un devoit être fecretaire, entreroient dans le conclave dont les portes feroient fermées, & toute forte de commerce interdit aux cardinaux, afin que le repos de la folitude les rendît plus capables de recevoir les infpirations fecrettes du Saint-Efprit qui doit préfider à cette élection. C'est ce que le troifiéme concile de Latran fous Alexandre III. à fagement établi. On ajoute que les cardinaux, avant que de commencer le fcrutin, s'engageront par ferment conçu dans les mêmes termes, qui font dans la douzième feffion de ce concile, à n'élire que celui qu'ils jugeront le plus digne, & le plus capable d'être chef de l'églife. IV. Formule de des papes. Labbe concil. رو En fecond lieu, il eft ordonné que le pape dès le profeffion de foi jour de fon élection, fera la profeffion de foi, felon la formule exprimée dans la trente-neuviéme feffion du tom.x11.p.558. concile de Conftance." Moi, N. élu pape par le Dieu ,, tout-puiffant, dont je reçois le gouvernement de l'églife avec fon fecours, & comme fucceffeur du bienheureux Pierre prince des apôtres; je profeffe de cœur & de bouche, que tant qu'il plaira au Seigneur de conferver cette vie fragile, je croirai fermement, & tiendrai affurée la foi catholique felon la trapour dition des Apôtres, des conciles generaux & des faints ,, peres; particulierement des huit premiers conciles, ,, favoir, 1. de Nicée, 2. de Conftantinople, 3. d'E,, phèse, 4. de Chalcedoine, 5. & 6. des deux de Conftantinople,7. du fecond concile de Nicée, 8, du quatriéme de Constantinople; auffi-bien que les décifions des conciles de Latran, de Lyon, de Vienne, ,, me رو ور رو دو رو de " ,, de Conftance, de Bafle, & generalement de tous les autres conciles, dont je conferverai la foi toute entiere, jufqu'à donner ma vie, & répandre mon fang ,, pour elle,,. Les peres de ce concile ajoutent à cette profeffion de foi, que les papes doivent faire après leur élection, un engagement folemnel à poursuivre la convocation des conciles generaux, & à maintenir les élections fuivant les decrets du facré concile de Bafle; & afin que le pape conferve le fouvenir de cette promeffe durant toute fa vie, les peres ordonnent qu'il renouvellera tous les ans le jour anniverfaire de fon couronnement, & que le premier des cardinaux lui répetera par écrit durant la meffe. Le même decret étend fort au long les devoirs des papes. En troifiéme lieu, de peur que le pape ne fe conduife plutôt par des vues humaines, que par la confideration de fon propre devoir, il ne pourra pas remplir de Les parens jufqu'au troifiéme degré, les gouvernemens des terres qui font dans l'étendue du patrimoine de l'églife romaine, pour prévenir les fcandales dont l'expérience doit leur avoir rendu un fidele témoignage. Et le concile pour executer le premier des articles prefcrits par le concile de Conftance, réduit le nombre des cardinaux, afin que l'églife ne fouffre point de lezion, ne foit point avilie par ce grand nombre. ( Ce font les propres paroles du concile.) Il détermine ce nombre à vingt-quatre; il veut qu'ils foient choisis de toutes les parties du monde chrétien, afin que les décifions fur les interêts de l'églife fe faffent plus facilement, & qu'on délibere avec plus de maturité. Il ordonne encore que la vertu & la fcience fe trouvent également dans ces cardinaux, qu'il y en ait parmi eux qui foient fils, freres ou neveux des rois & des princes. Tome XXI. R I 436. V. Nombre des cardinaux reglé par le concile. Labbe conci. tom. XII. 562. 1 43 6. Il profcrit le nepotifme, en ordonnant que les neveux du pape ou de quelque cardinal même vivant, ne foient point élus cardinaux: Que les hommes nez d'un mariage illegitime, difgraciez du corps, ou atteints de quelque crime infame, foient auffi compris fous cette Loi. Qu'auffi-tôt que l'église grecque fera unie avec la latine, on éleve quelques-uns des Grecs au rang des cardinaux. Beffarion, l'un des plus favans évêques qui ait été parmi les Grecs, fut fait cardinal depuis cette loi. Nous aurons occafion de parler amplement de lui dans la fuite. Enfin pour achever ce qui regarde les cardinaux, il est marqué qu'ils ne feront point élus par le pape feul, ni par des follicitations fecretes, & faites à l'oreille; mais qu'ils feront faits par le scrutin, & qu'il paroîtra que la plus grande partie des cardinaux aura confenti & foufcrit à cette élection. On leur affigna la moitié du revenu des terres & des places de l'églife romaine, & toutes les affaires importantes doivent paffer par leur avis. Les lettres & les bulles des papes feront fignées par les cardinaux, comme étant fes confeillers & fes collateraux établis pour l'aider dans l'administration de l'églife. On régla l'âge des nouveaux cardinaux à trente ans, parce qu'on fuppofoit qu'à cet âge leur jugement étoit formé, & qu'ils étoient сара VI. Des élections & réservations. a bles de confeil. En quatrième lieu, le concile regla la maniere des Labbe, concil. élections, c'eft-à-dire, qu'elles feront libres, fuivant tom. XII. p. 566. ce qu'il avoit déja décidé dans la dixiéme feffion. Il caffe & déclare nulles toutes les graces expectatives, mandats & autres réserves des benefices que les papes avoient accoutumé d'appliquer à leur profit. Ces réferves des benefices avoient de fâcheufes fuites car il arrivoit que ceux en faveur defquels elles étoient fai |