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s'étoient affemblez à Bourges, par l'autorité du roi, &
qu'ils firent le vingt-fixiéme de Fevrier quelques régle-
mens ou chapitres, à qui ils donnerent le nom d'Avis,
dans lefquels ils remontroient que le concile étoit légiti-
mement convoqué, & devoit s'affembler à Bafle, & qu'il
ne devoit point être transféré ailleurs, priant le roi
très-chrétien d'envoyer fes ambaffadeurs au pape, afin
de l'engager, eu égard aux befoins de l'églife, & au
bien general de la religion chrétienne, à continuer le
concile de Bafle, & par là fermer la bouche aux en-
nemis de la foi, & de fa fainteté. Ils fupplioient auffi
le roi Charles VII. d'écrire à Sigifmond, roi des Ro-
mains, & aux ducs de Savoie & de Milan, afin qu'ils
tinffent la main à ce concile, & qu'ils euffent foin de
rendre les chemins libres, particuliérement du côté de
Rome. Amédée archevêque de Lion, & depuis cardi-
nal, fut choifi dans cette affemblée de Bourges, pour
aller trouver le pape, de la part du roi & du clergé. Le
roi fut auffi prié d'envoyer les ambaffadeurs au concile,
& de permettre aux prélats de fon royaume de s'y ren-
dre: ce qui leur fut accordé, avec la quatrième partie
des dixmes, pour leur dépenfe. On trouve dans l'ap-
pendice
des conciles une lettre du même archevêque de
Lion, au concile, touchant cette affemblée de Bourges,
& une autre affez longue, à Louis du Marets évêque
de Lauzanne, qui étoit à Bafle. Il y montre fon grand
attachement pour le concile, demandant néanmoins
qu'on traitât le pape avec beaucoup de douceur, parce
que c'étoit un pontife recommandable, & qu'étant
chef de l'églife, on ne pouvoit le chagriner, & lui faire
de la peine, que les membres ne s'en reffentiffent.

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Les peres du concile, pour empêcher que les bruits 14 3 2. qu'on répandoit, que le pape vouloit diffoudre le

VIII. Lettres circu

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du concile pour

12 HISTOIRE ECCLESIASTIQUE. concile, ne détournaffent les autres prelats de venir 1 432. à Bafle, écrivirent à tous les Fideles le vingt-uniéme laires des peres de Janvier de cette année, qu'ils avoient unanimefa continuation. ment réfolu & arrêté de continuer le concile, legitimement convoqué & commencé, fans penfer à quitter la ville, qu'il ne fût entierement fini: exhortant un chacun de les affifter, & ordonnant aux prelats, fur les peines de droit, de s'y rendre promtement. Ils prierent auffi les rois & les princes d'y tenir la main, & d'y envoyer leurs prelats. La copie des lettres écrites au roi de Pologne fe trouve dans l'addiXII. pag. 832. tion des actes du concile. Après toutes ces mesures, on fe prépara à tenir la feconde feffion.

Concil. tom.

IX.

de Bafle.

477.

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Elle fut tenue le 15. de Fevrier de cette année Seconde fef- 1432. & le premier decret qu'on y fit, fut, pour étafion du concile blir l'autorité du concile, & empêcher le pape Eugene de le diffoudre, ou de le transferer. C'eft pour Labbe concil. cela que les deux decrets du concile de Conftance, de tom. XII. pag. la quatriéme & cinquiéme feffion, y furent confirmez. Le premier, par lequel il eft déclaré, que le fynode aflemblé au nom du Saint-Esprit, qui compofe le concile general, & reprefente l'églife militante a fon pouvoir immédiatement de Jefus-Chrift, & que toute perfonne, de quelque état & dignité qu'elle foit, même le pape, eft obligé de lui obéir, dans ce qui regarde la foi, l'extirpation du fchifme, & la réforme generale de l'église, dans fon chef & dans fes membres. Le fecond, dans lequel le concile déclare, que tous ceux de quelque dignité & condition qu'ils foient, & le pape même, refufant d'obéir aux ordonnances & aux decrets de ce concile general, & de tout autre, feront mis en penitence & punis. En confequence de ces decrets, & de celui qui ordonne la

tenue des conciles generaux, le concile de Bafle déclare, qu'il n'a pû, qu'il ne peut, & ne pourra être diffous, transferé ou proroge, par qui que ce foit, même par le pape, fans le confentement & la délibération de l'affemblée. On déclara nul tout ce que le pape ou tout ausre feroit, pour donner atteinte à la tenue du concile, & pour appeller ailleurs ceux qui y affiftoient ou qui devoient y affifter. On défendit à ceux qui étoient incorporez au concile, d'en fortir pour quel que caufe que ce foit, fans le confentement du concile; & on déclara que toutes les cenfures & interdits, ou fufpenfes portez par le pape, contre les fuppôts du concile, feroient nuls, & n'obligeroient en aucune ma

niere.

que

1432.

X.

Le pape écrit au cardinal

Julien, de dif

foudre le conci

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Labbe concil.

XII, p. 934.

La raison qui obligea les peres du concile à f du concile à prendre toutes ces précautions, fut la nouvelle certaine qu'on reçut, que le pape Eugene avoit donné un decret, pour la diffolution du concile. Ce pape ayant appris que toutes les nations, animées d'un faint zele pour la réforme de l'églife, fe rendoient en foule à Bafle, & que le nombre des prelats & des docteurs étoit plus fuffifant pour pour compofer le concile, pour arrêtér ce zele qui l'incommodoit, envoya au cardinal Julien Julien tom deux prelats, l'archevêque de Tarente & l'évêque de Coloffe, pour l'exhorter à trouver les moyens de rompre le concile, ou de le fufpendre, fe fervant de ce lea prétexte, que l'union des Grecs avec les Latins commencée dans le concile de Sienne, ne pouvoit point se traiter à Bafle, fi les Grees n'y étoient préfens; qu'ils ne pouvoient s'y trouver, qu'après un tems con fiderable, à caufe de leur grand éloignement, que cese raifons étoient fuffifantes pour rompre le concile, & le transferer à Boulogne en Italie, soit foit pour faciliter

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JX

1432.

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Eneas Syl

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aux Grecs un voyage commode, foit afin que lui-même y pût affifter & y préfider.

Comme le deffein du pape ne tendoit qu'à empêcher la réforme de l'églife, les peres voulant pourvoir à la fureté du concile, renouvellerent les deux decrets de Conftance, que nous venons de rapporter, & ordonnerent que le pape ne pourroit rompre le concile, ni le transferer ailleurs. Ce qui montre, que ces deux decrets avoient, au tems du concile de Bafle, la même autorité & la même force qu'ils avoient eu, pendant le fchifme qui donna occafion au concile de Conftance; puifqu'ils ont été confirmez à Bafle, & que le concile ordonna qu'ils fuffent inferez dans les actes, après l'extinction du fchifme. Il n'est donc pas vrai, comme le prétendent quelques Auteurs, que ces deux decrets, n'ont été approuvez, que par le parti de Jean XXIII, durant le fchifme feulement, lorsqu'on doutoit encore du chef legitime de l'églife, puifqu'Eugene étoit alors reconnu univerfellement pour pape.

Ces précautions prifes par les peres du concile, ne parurent pas fuffifantes au cardinal Julien, qui fe crut os at obligé d'écrire au pape, pour lui remontrer avec une liberté entiére, accompagnée toutefois du profond refpe& qu'il lui devoit, combien il étoit éloigné de vouloir diffoudre le concile, envisageant cette diffolution vius in Fasciculo comme la ruine & la perte de l'églife, Æneas Sylvius a rapporté les deux lettres de ce cardinal, qui font d'un ftyle vraiment apoftolique, plein de force, & d'une cardinal Julien liberté chrétienne, qui regne par-tout. "Je vous parle, ,, très-faint pere, dit-il, avec beaucoup de confiance, & je n'épargnetai pas même les expreflions fortes, ,, par ce que j'ai appris de faint Bernard, que la veritable amitié fouffre quelquefois des reproches, & jamais

rerum, &c.

XI.

I. Lettre du

au pape Euge

де.

32

دو

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de flatterie : que fi j'agiffois autrement, je me rendrois coupable de facrilege & d'infidelité, devant Dieu & devant les hommes,,. Voici les raifons qu'allegue ce cardinal, pour engager le pape à ne point diffoudre le concile.

1. Parce que les Bohémiens y avoient déja été appellez, pour y traiter des moyens d'unir les Grecs avec les Catholiques : ils avoient reçu les lettres préfentées par les députez du concile, ils avoient répondu qu'ils étoient prêts d'y venir, pourvû qu'on mît en déliberation quatre articles, aufquels ils réduifoient tous leurs differends avec les Catholiques; ce que nous rapporterons plus bas. Or de rompre l'églife, difoit ce cardinal, c'est donner lieu aux Heretiques de fe prévaloir, c'eft approuver l'erreur & condamner la vérité, en éludant lâchement les moyens de la faire triompher. "Si l'on diffout le concile, ajoute-t-il, que diront les Heretiques? L'église ne reconnoîtra-t-elle pas fa défaite, puisqu'elle n'a pas ofé attendre ceux qu'elle avoit ,, convoquez ? Par notre fuite nous approuverons leurs ,, erreurs, & nous paroîtrons condamner la verité & la ,, juftice, qui font de notre côté.

رو

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II. Tous les Fideles fe fcandaliferont de la diffolution du concile, & ils auront lieu de croire que notre doctrine eft fauffe, puifque nous n'ofons la défendre contre pas les erreurs des Bohémiens. Après cela, il exhorte le ›il pape Eugene à fe défifter de fon deffein, par la confideration de fon propre interêt, puifque les Bohémiens, difoit-il, n'ont pas feulement répandu dans toute l'Allemagne, des erreurs contre la foi univerfelle de toute l'églife, mais même contre l'autorité & contre l'honneur du faint fiege en particulier.

III. Tout le monde fait que le concile de Bafle a été

1432.

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