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affemblé principalement pour extirper l'herefie des Bo1432. hémiens. "Quelle confufion, & quel scandale, dit encore le même cardinal, ne fera-ce pas dans l'églife,

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fi le concile fe termine, fans avoir rien fait ? Tout l'cnivers, qui aura été trompé par une fauffe attente ,, d'une entiere réforme de l'églife, n'aura-t-il pas fu,, jet de croire, que le clergé eft incorrigible, & qu'il ,, veut perfifter dans fes défordres ? N'armera-t-il pas tous les Heretiques contre nous, comme contre des ,, gens qui fe moquent de Dieu & des hommes ? Ne s'en prendra-t-il pas à l'évêque de Rome même, qui rendra un compte exact de la des ames perte dont il aura été coupable : Enfin, quel honneur, pour la ,, cour de Rome, de troubler un concile affemblé pour ,, la réforme ? N'eft-il pas vrai, que toute la haine, & toute la honte, retombera fur celui qui aura été la caufe de tous ces maux ?

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IV. On a publié par-tout que le concile de Baile étoit affemblé pour réunir les princes chrétiens, principalement pour accorder le roi de France & celui d'Angleterre, qui font en guerre depuis long-tems. Ils ont été invitez de venir au concile; ne fera-ce ,, pas les tromper, fi on le diffout? Il n'y aura donc plus de bonne foi parmi les hommes; on ne pourra plus faire fonds fur aucune parole donnée, & l'on ,, ne fe fiera plus à perfonne. Ajoutez, faint pere, con,, tinue le cardinal Julien, que toute la nobleffe d'Al,, lemagne s'eft offerte à mener une armée très-puiffante, l'été prochain, contre les Bohémiens, pourvû qu'on leur fourniffe trente mille écus d'or. J'en ai écrit quatre fois à votre fainteté, fans aucune réponse: enfin je leur ai promis cette fomme de la part du concile, & je les ai exhorté à l'exécution d'un def

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,, fein fi louable, pour lequel il falloit vendre & croix & 1432. calices, afin de fournir auffi-tôt cette fomme, fans excufe & fans délai. Si la diffolution du concile fe

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», permet, que deviendra ma promeffe ? N'est-ce pas commettre toute l'églife avec les Heretiques, qui ne ,, manqueront pas de fe prévaloir de nos détours & de fourberies? N'est-ce pas donner l'épouvante aux „Catholiques, & les forcer à prendre parti avec les Heretiques ? N'est-ce pas enfin irriter toute la nobleffe & toute la milice d'Allemagne, qui fe voyant trompée, s'élevera contre le clergé, & décrira partout fon avarice? Toute la faute, dit ce cardinal au ,, pape, retombera fur vous, puifque vous n'avez pas répondu à mes lettres, par lefquelles je vous priois d'envoyer du fecours à cette milice: mais encore vous m'ordonnez de rompre le concile, duquel feul, j'ai lieu d'efperer, ce que vous m'avez refufé; la foi & le falut des ames, doit être préferé au temporel, & >> au patrimoine de l'églife. Et quand il feroit certain », que vous dûffiez perdre Rome, & tout l'état eccle,, fiaftique, vous feriez obligé de secourir les ames, pour lefquelles Jefus-Christ est mort, plutôt que vos fortereffes, & les murs de vos villes.

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Enfin, le cardinal Julien affure le pape Eugene, dans la même lettre, qu'encore que peut-être la célebration du concile ne dût point procurer tous les biens qu'on en efperoit, qu'on diroit néanmoins qu'ils feroient arrivez, s'il n'eût point été diffous. Il réfute enfuite les raifons du pape pour la dissolution, & fe plaint des variations, & des paroles équivoques de ceux qui lui en avoient apporté les lettres. Il infifte plus fortement fur le danger évident du schisme, affurant fa fainteté, que les peres du concile étoient fermes dans la réfolu Tome XXII.

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1432. tion de le continuier, li expofant les caifons qu'on avoit eues d'improuver la bulle, dont il avoit chargé l'archevêque de Tarente, pour rompre le concile. L'examen de cette bulle fut fait par des perfonnes habiles & intelligentes, aufquelles ce cardinal la lut, pour tâcher de juftifier le pape, & de colorer fon procedé fous quelque prétexte fpécieux. Voici les raifons qu'Eugene alléguoit dans fa bulle, pour engager les -peres du concile à fe revirer.

XII.

Bulle du pape

rompre le con

cile.

Labbe concil.

tom. XII. p.937.

I. Il rapportoit les perfecutions & les violences, que Eugene, pour quelques citoyens de la ville de Bafle, infectez de l'erreur des Bohémiens, exerçoient contre le clergé. Cette raifon fut déclarée fauffe, parce qu'on avoit des preuves certaines, que les citoyens de la ville de Bafle étoient très-bons Catholiques, & bien intentionnez pour le clergé. II. A caufe que les guerres continuelles entre les ducs de Bourgogne & d'Autriche, ôtoient la liberté des chemins, qui conduifoient à Bafle; mais cetteraifon fut encore réfutée, parce qu'il y avoit une tréve entre ces Princes, & perfonne ne s'étoit encore plaint d'avoir couru quelque danger fur le chemin de Balle. III. C'étoit le prétexte de l'union des Grecs avec les Latins, qui ne permettoit pas de précipiter le concile. Cette raifon fut déclarée non-recevable, & même ridicule; parce que, difoit-on, il ne falloit pas permettre que l'Allemagne, dont la foi étoit alors bien établie, tombât dans l'herefie des Bohémiens, pour un fujet auffi incertain, qu'étoit la réunion des Grecs avec les Latins, qui fe défaifoit auffi fouvent qu'elle fe traitoit. Il y a trois cens ans, difoient les peres, qu'on nous rebat les oreilles de cette chanfon, & qu'on la renouvelle chaque année. IV. Le pape vouloit affifter lui-même au concile, d'où il concluoit, qu'il falloit l'assembler

en Italie. Mais cette raifon fut jugée auffi frivole que 1432. les autres; parce qu'on ne croyoit pas qu'eu égard au danger, dont la foi & tout l'état ecclefiaftique étoient menacez, le pape dût rompre le concile de Bafle, par la raifon, qu'il ne pouvoit y affifter en perfonne, puifque fon legat y étoit préfent. Telles furent les raifons qui firent paffer la bulle du pape Eugene pour fubreptice; puifqu'elle étoit appuyée fur des fondemens fr folides.

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Spond. ad an. même Auteur la reçoit au n. 9.

1432. no. 3. Le

La premiére lettre du cardinal Julien, qui paroiffoit, fufpecte à Sponde, parce qu'elle ne fe trouve point dans les actes de la bibliotheque du college de Navarre, mais qui eft rapportée tout au long par Æneas Sylvius, l'autorité duquel on doit ajouter plus de foi, puifqu'il étoit préfent à ce concile, en qualité de fecretaire du cardinal Dominique Capranic cette lettre, dis-je, fut fuivie d'une feconde, écrite encore au pape Eugene, & que le même Æneas Sylvius nous a laiffée. Elle futÆneas Sylvius écrire après le retour des députez que le concile ayoit Fafciculus reenvoyez aux Bohémiens, pour les inviter de venir à Balle; & pour le même fujet que la premiere. Nous en rapporterons feulement ici les principales circon

ftances.

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Il repréfente d'abord au pape la joie que les Bohrémiens ont témoigné, lorfqu'ils ont oui parler de la paix, & la difpofition où ils étoient de venir au concile, pourvû qu'on leur donnât un fauf-conduit. Il lui montre enfuite l'avantage que recevroit la réputation, fi, quittant l'Italie, & le loin des biens temporels de l'églife, dont il pouvoit commettre l'administration à des vicaires, il fe rendoit au concile; "parce que, dit-il, le veritable patrimoine de l'églife, c'eft de gagner des à Dieu: l'églife n'eft pas un affemblage de pier

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1 4 3 2.,, res & de murs: Jefus Chrift ne vous a pas établi » pour garder des villes & des places fortifiées, mais » pour être le pasteur des ames. Ce qui vous eft donc néceffaire & ce qui fera plus agréable à JesusChrift, c'eft que vous faffiez en perfonne ce qui regarde fon intérêt; & que le refte foit laiffé à des fubftituts Il Favertit après, que le bruit de la diffolution du concile qu'il méditoit, s'étant répandu dans toute la France, l'églife gallicane s'étoit affemblée par ordre du roi, à Bourges le 26. Février de l'année 1431. & que dans cette affemblée, elle avoit déclaré le concile de Bafle étoit légitime; & qu'il étoit néceffaire de le maintenir.

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Les principales raifons aufquelles cette affemblée de Bourges réduifit la néceffité de ce concile, furent, 1. Le grand progrès que l'héréfie des Bohémiens avoit déja fait dans toute l'Allemagne. 2. L'importance de réformer le clergé d'Allemagne, qui étoit plongé depuis long-tems, dans une corruption univerfelle. 3. La facilité qu'on auroit de réprimer les Bohémiens, s'ils perfévéroient encore opiniâtrement dans leur perfidie, & de leur ôter tout fujet de fe plaindre des Catholiques, & de dire qu'ils avoient été condamnez, fans qu'on les eût entendus. Toutes ces raifons engagerent les évêques de France à s'opposer aux deffeins du pape Eugene, & à la diffolution du concile de Bafle. Les actes de leur affemblée furent portez aux peres de ce concile ; & les ambaffadeurs de France y furent reçus avec beaucoup de joie. Parmi eux fe trouvoit Pierre, évêque de Digne en Provence, qui fut un de ceux qui allerent à Conftantinople, pour amener les Grecs en Italie, comme nous dirons dans la fuite.

Le cardinal Julien fut à propos fe fervir du zele de

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