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1432.

comme des Hérétiques & des Publicains. Je n'ai fait que traduire ici les propres termes de cette épître fynodale.

Ces peres ajoutent: Le pape fe plaint que nous ayons appellé les Bohémiens au concile: ce qu'on ne pût faire, dit-il, au concile de Constance qui les a condamnez. Mais ils répondent, qu'on ne lit dans aucun decret de ce concile, que l'églife ne doive pas appeller les Heretiques pour les inftruire. Nous ne fommes pas furpris, continuent-ils, fi l'on a pris occafion des paroles de notre orateur pour diffiper le concile, ce que nous connoiffons par nos lettres. Plût à Dieu, que pour l'honneur du fouverain pontife, il n'eût pas inferé cette raifon dans fes lettres, qu'une femblable convocation des Bohémiens, eft injurieufe au faint fiege, aux conciles, aux decrets des faints peres & aux loix de l'église. Mais fi le pape défapprouve l'audience qu'on accorde aux Bohémiens, pourquoi ne veut-il pas qu'on agiffe de même avec les Grecs; puifque les uns & les autres font féparez de l'unité de l'églife? Si le concile eft indiqué à Boulogne pour les Grecs; pourquoi les Bohémiens n'auront-ils pas le même avantage à l'égard du concile de Bafle? Leur herefie n'eft-elle pas plus dangereufe; & n'est-ce pas une raifon qui nous oblige à nous y appliquer plus fortement ? Les mêmes peres montrent enfuite l'importance d'écouter les Bohémiens, les confequences fâcheuses pour l'église, si on leur refufoit une audience : la conduite qu'on y tiendra, n'ayant d'autre vûe que de les inftruire & les convertir, s'il eft poffible : & que cette conduite a été pratiquée par beaucoup de peres & de docteurs de l'églife, dans tous les fiecles. Enfin ils finiffent leur Epître, en conjurant & fuppliant ile pape avec toutes les inftances

poffibles, pour le falut de fon ame, & pour la confer- 143 2. vation de l'églife, d'adhérer au concile de Bafle, & de ne point penfer à le diffoudre. Cette épître eft dattée de Balle dans une congrégation generale, le troifréme de Septembre.

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Les prelats qui étoient allé trouver le pape & les cardinaux de la part du concile, furent, l'évêque de Lauzane, & le doyen d'Utrecht : on les chargea de demander avec inftance au pape Eugene la révocation de fon decret. Ces deux députez s'acquitterent de leur commiffion avec beaucoup de fidelité, & l'empereur joignit même fes prieres aux leurs; mais ils ne gagnerent rien encore fur l'efprit d'Eugene, qui perfiftoit toujours dans fa réfolution. C'eft pourquoi, dès qu'on fut à Bafle fa réfolution par le retour des députez, on fe prépara à convoquer au plutôt la troifiéme feffion, où l'on ne fit que renouveller les decrets de la précedente feffion, touchant l'autorité du concile general.goo

X V.

Troifiéme fef

de Bafle.
Labbe concil.

tom.

XII. p.

Cette troifiéme feffion fut tenue dans l'églife cathedrale de Bafle le 29. d'Avril de l'an 1432. On commença par le rapport de tout ce que le concile avoit fait, pour fupplier le pape & les cardinaux de venir à Bafle, eu égard aux affaires importantes qu'on avoit à y traiter, & fur le refus qu'ils en faifoient,Eugene perfiftant fion du concile au contraire à vouloir opiniátrément la diffolution du concile, fans qu'on eut pû lui faire changer de dessein; on le fit fommer de publier fa révocation; par tout le monde, & non-feulement de ne pas empêcher; hais même de donner toutes fortes de fecours pour la tenue du concile, & de s'y trouver en perfonne dans trois mois, fi fa fanté le lui permettoit ou du moins d'y envoyer des perfonnes qui euffent un plein pouvoir d'agir en fon nom : & en cas qu'il négligeât de le faire,

479.

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le concile protefte qu'il pourvoira aux néceffitez de
l'églife, felon que le Saint-Efprit lui dicera, & qu'il
procedera par les voies de droit. Il exhorte auffi & aver-
tit les cardinaux de fe trouver au concile dans le même
terme de trois mois, à l'exception de ceux qui avoient
quelque empêchement canonique, & du cardinal de
Sainte-Croix qui étoit médiateur de la paix entre les
rois de France & d'Angleterre : mais à l'égard des car-
dinaux de Plaisance, de Foix, & de Saint-Eustache, qui
étoient plus près du concile, il restraint le terme à deux
mois. Les peres firent aussi publier un monitoire contre
le pape Eugene, par lequel ils lui enjoignoient de ceffer
de troubler le concile dont il ne pouvoit contester l'au-
torité, puifque Martin V. fon prédeceffeur, & lui, l'a-
voient indiqué. Ils l'accuferent de rebellion contre le
decret de la feffion trente-neuvième du concile de Con-
ftance, qui porte que le pape ne peut ni rompre un con-
cile general, ni le tranfporter ailleurs, fans en avoir
auparavant concerté avec les peres du concile. C'est
pourquoi ils répetent encore la quatriéme & la cin-
quiéme feffion du concile de Constance. Enfin ils or-
donnent à tous les prelats de publier ce decret, de le
notifier au pape,
fi cela fe peut, & de le faire afficher ;
& déclarent que, dès qu'il aura été lû, publié & affiché
à la porte de l'église de Bafle, il fera cenfé fignifié au
pape. Une année entiére fe paffa en citations contre
Eugene, au grand fcandale de l'églife.

Outre les notaires qu'on avoit choifis dans la premiere feffion, le concile jugea à propos d'en nommer encore deux autres dans celle ci, avoir Barthelemijde Lutignia, qui étoit de Sienne, & Thomas Chefnelat bachelier en droit chanoine du diocefe de Reims. Après quoi l'on fait la feffion, mais dans une congre

1432.

XVI.
Le concile

France.
Labbe concil.

818.

gation qu'on tint le neuvième de Mai, les peres informez de ce que les prelats de France avoient arrêté dans l'affemblée de Bourges, en remercierent par une lettre écrit au roi de le roi Charles VII. & le prierent, que, comme les rois fes prédeceffeurs avoient toujours paru pleins de zele tom. x11. p. pour fecourir l'églife, ce qui leur avoit mérité le nom de rois très-chrétiens, il lui plût de faire exécuter la déliberation de fes prelats, & d'envoyer les évêques de France avec fes ambassadeurs, afin que le concile étant devenu par là plus nombreux, il fût en état de pourvoir plus furement au bien de la religion. Le concile exhorta de même les prelats à fe rendre à Bafle, auffibien que le fieur de la Trémouille, qui étoit plus avant que tout autre dans la faveur du roi, Renault archevêque de Reims, chancelier de France, & l'archevêque de Lion, qui étoit alors legat du pape. Le concile pria ce dernier de quitter la légation comme inutile, pour fe rendre promtement à Basle, afin qu'à son exemple les autres y vinffent à l'envi. Cependant il paroît par une lettre de ce prelat à l'évêque de Lauzane qu'il ne quitta point la France, s'y croyant plus néceffaire, pour les affaires du concile.

XVII.

Affemblée des

au concile.

Les Bohémiens pour répondre favorablement aux invitations du concile, & aux lettres que l'empereur Bohemiens leur avoit écrites pour les engager à y envoyer leurs pour députer députez, convoquerent une grande affemblée dans leur pays à Egre fur ce fujet. Les fentimens d'abord y furent fort partagez. Les Orphelins perfuadez de l'ancienne maxime de Zifca, furent d'avis de n'écouter aucune propofition du concile, & de n'y affifter en nulle maniere. Mais les Thaborites, les bourgeois, & le peuple emporterent à la pluralité des fuffrages qu'on y envoieroit une célébre députation. Leur rai

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Quatriéme fel

de Bafle.

XIX.

hémiens.

Labbe concil.

tom. XII. P.

482.

fon fut, qu'on les accuferoit toujours, avec un prétexte plaufible, de s'être féparez de l'églife, & d'avoir altéré la créance de leurs ancêtres, s'ils ne fe juftifioient devant une affemblée qui repréfentoit tout le corps de l'églife. C'est pourquoi ils nommérent des députez, qui furent, Roquezane pour le clergé, & le grand Procope pour la nobleffe: mais avant leur départ, ils voulurent être munis d'un bon fauf-conduit, qui leur fut expedié dans la feflion fuivante, & qui leur fut envoyé : ce qui retarda leur arrivée jufqu'en

l'an 1434.

XVIII. La quatriéme feffion fut donc tenue le vendredi fion du concile vingtiéme de Juin de l'année 1432. & l'on y dreffa un ample fauf- conduit pour les Bohémiens, afin qu'ils puffent venir au concile avec fureté, & qu'il leur fût libre auffi d'en fortir avec telle affurance qu'ils fouhaiteroient. Ce fauf- conduit étoit une fignification Sau conduit qu'on faifoit à tous les peuples du royaume de Bohêaccordé auxBo- me, du marquifat de Moravie, de Prague, des villes & autres lieux, prêtres, barons, nobles, eccléfiaftiques & féculiers qui feroient envoyez au concile general de Balle, de s'y rendre au nombre de deux cens perfonpes feulement, à qui le concile, par fon fauf-conduit, accorde une entiére fureté, & leur permet de demeurer à Bafle, d'y traiter d'affaires qui leur auront été commifes, de les conclure & de les terminer, de célebrer l'office divin dans les lieux de leur demeuré fans qu'on puiffe les en empêcher, de fortir de la ville toutes les fois qu'ils le voudront, pour prendre l'air, ou pour d'autres fujets de punir eux-mêmes ceux des leurs qui manqueront à leur devoir, fans que d'autres puiffent s'en mêler. Le concile promet auffi de les mettre fous fa protection, durant tout le tems qu'ils feront à

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