Imágenes de páginas
PDF
EPUB
[graphic][subsumed][merged small][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][merged small]

1431.

II.

Ouverture de ce concile.

ECCLESIASTIQUE.
les troubles excitez par certains factieux la firent
encore échouer, & il fallut attendre un autre concile,
qui fut celui de Bafle, qu'on peut regarder comme
une fuite du concile de Conftance, dont il n'a fait
qu'executer tous les decrets. La ville de Bafle fut donc
choifie par un
par un confentement univerfel. Le pape Mar-
tin V. confirma ce choix par une bulle, y envoya
cardinal Julien, & lui donna la qualité de légat, pour
préfider au concile en fon nom. Eugene IV. élû fuc-
ceffeur de Martin V. confirma l'indiction du concile à
Bafle, faite par fon prédeceffeur, & continua au car-
dinal Julien le droit de préfider: c'eft ce que nous
avons vû dans le volume précedent.

Ce cardinal en vertu du pouvoir que lui donnoit la
bulle de Martin V. de mettre d'autres perfonnes en
fa place, en
cas qu'il ne put pas aflifter lui-même au
concile, & ne le pouvant pas en effet, parce qu'il é-
toit alors occupé en Bohême, y envoya Jean Polmar
chapelain du pape, & auditeur du faint palais, & Jean
de Ragufe docteur en théologie de la faculté de Paris,
& procureur general de l'ordre des Dominicains, afin
de préfider en fon nom au concile. Ils arriverent à
Bafle le 19. de Juillet, & firent l'ouverture du concile
le 23. du même mois. On lit dans les actes d'Augu-
ftin Patrice, chanoine de Sienne, maître des cérémo
nies de la chapelle du pape, &enfin évêque de Bientina,

que dès le 4. de Mars Alexandre, abbé Bénédictin du

diocéfe d'Autun, étoit arrivé à Bafle, qu'il y avoit
affemblé les chanoines & le clergé, avec plufieurs au-
tres, leur repréfentant qu'il y avoit plus de fept ans
que le concile de Sienne étoit fini, que felon le de-
cret de ce concile, & celui de Conftance, on devoit
s'assembler à Baste, où tous les prélats avoient promis

de se rendre; mais qu'à leur défaut, il étoit prêt de commencer avec ceux qui étoient préfens, proteftant qu'il ne tenoit point à lui que les decrets des facrez conciles ne fuffent executez. Le même fait eft confir

143 I.

Eneas Sylv.

apud Orthuin.

mé par la lettre que le cardinal Julien écrivit au pape Eugene, contre le deffein qu'il avoit de diffoudre ce concile. Le même cardinal ajoute que les députez de l'univerfité de Paris arrivérent dans le même mois Grat. inFafcicu& que l'on écrivit à l'empereur Sigifmond, & aux princes d'Allemagne, d'envoyer leurs ambaffadeurs. Cependant on fut obligé de differer jusqu'au 19. de Juillet.

Ce même jour, Jean Polmar & Jean de Ragufe s'afsemblerent avec Jean évêque de Balle, & determinérent l'ouverture du concile au 23. du même mois. Mais comme il ne s'y trouva que fort peu de prélats, l'on feréduifit seulement à quelques congrégations qui durerent jufqu'au mois de Décembre, afin de donner au cardinal Julien, le tems d'arriver au concile, & de le commencer lui-même en qualité de président. En effet ce cardinal y arriva dans le mois d'Octobre, & auffi-tôt après son arrivée, il écrivit aux Bohémiens des lettres fort preffantes, & pleines de témoignages de tendreffe, pour les inviter à envoyer leurs députez au concile, en leur offrant un fauf-conduit très - ample, & dans les termes qu'ils fouhaiteroient. L'empereur les y invita auffi par des lettres qui ne pouvoient être plus conformes à l'humeur du pays: il tiroit fa principale gloire d'y être né; il rappelloit dans le fouvenir de fes compatriotes'la douce maniere dont fon aïeul, fon pere & fon frere les avoient gouvernez, & leur promettoit de fa part à l'avenir une domination auffi moderée. Il ajoutoit que pour recouvrer entierement l'ancienne

[ocr errors]

lo, epift.s.

III.
Le catdinal

Julien arrive à
Bafle, & écrit

aux Bohémiens.

confiance qu'ils avoient eue en lui, il s'en alloit à Rome, moins pour recevoir la couronne imperiale, Hift. Bobem. c. que pour laiffer par fon abfence à tout le monde,

49.

143 I.

En. Sylv.

IV.

Le pape Eugene IV. commence à vouloir diffoudre le

concile de Bafle.

Idem, cap.50.

&

principalement à fes sujets de Bohême, l'entiere liberté d'affifter & de demeurer autant qu'il leur plairoit à Bafle, où le concile alloit fe tenir. Il les exhortoit d'y affifter, & leur permettoit d'y aller fi-bien accompagnez, qu'ils n'euffent rien à craindre.

L'artifice des lettres de l'empereur confiftoir, en ce qu'elles levoient, fans faire femblant de rien, le plus grand obstacle, qu'apportoient les Huffites Bohémiens au voyage de Basse. Ils ne s'excufoient que fur la crainte d'être traitez comme l'avoient été Jean Hus, & Jerôme de Prague: & l'empereur n'oublioit rien de tout cc qui pouvoit fervir à leur ôter cette défiance. Cette lettre produifit l'effet qu'on désiroit. Les Huffites envoyerent leurs deputez au concile mais ce ne fut, qu'en l'année 1434. qu'ils y arriverent.

[ocr errors]

Cependant le pape Eugene, informé, qu'il y avoit très-peu de prelats à Bafle qu'il n'y avoit aucune fureté pour eux à caufe de la guerre, entre les ducs de Bourgogne & d'Autriche, & follicité d'ailleurs. par les Grecs, fuivant l'accord fait avec Martin V. à tenir un concile pour l'union des églifes greque & latine, conçut le deffein de diffoudre le concile de Bafle, ou du moins de le transferer dans une autre ville plus à portée des Grecs; ne croyant pas qu'il fût à propos pour le bien de la religion, de tenir deux conciles en même tems; & jugeant qu'il étoit mieux d'en indiquer un feul, à Boulogne en Italie, dans un an & demi, & un autre dans dix ans, fuivant le decret du concile de Conftance. Le pape en écrivit même au cardinal Julien, de l'avis de dix cardinaux qui étoient auprès de

lui; mais cette propofition ne fut pas favorablement reçue. On lui répondit qu'il étoit plus convenable, que le concile fût tenu à Bafle, que dans toute autre ville, étant plus à portée de réformer les mœurs des Allemans, & qu'on prioit sa sainteté de faire une nouvelle convocation de prelats. Ce qui ne fut point du goût du pape, qui avoit déja réfolu d'empêcher abfolument la tenue de ce Concile, informé du deffein qu'on avoit d'y traiter des matieres qui choquoient fon autorité.

C'est pourquoi le cardinal Julien voyant que le nombre des prelats augmentoit tous les jours, qu'on y voyoit arriver des cardinaux & des ambaffadeurs de rois & de princes; & confiderant d'ailleurs que le principal motif, pour lequel le pape Eugene vouloit révoquer le concile, favoir le peu de prelats & la difficulté des chemins, ne fubfiftoit plus, qu'on l'avoit laiffé le maître de cette affaire, que la tenue du concile à Bafle étoit abfolument néceffaire pour les affaires d'Allemagne & de Bohême, qu'on ne pouvoit honnêtement le remettre ni dans un autre tems, ni dans un autre lieu, fans fe faire tort, & fans fournir un fujet de plainte aux princes & aux prelats, il prit la réfolution de paffer outre. En forte qu'ayant tenu le vendredi feptiéme de Decembre une congregation generale, il y fit un decret, par lequel il indiqua la premiere feffion au vendredi fuivant, quatorziéme du même mois, & en donna auffi-tôt avis à Sigifmond, qui répondit de Milan, à tout le concile & au legat, l'onzième du même mois ; louant beaucoup leur deffein, & les exhortant d'y perfeverer avec courage, & de retrancher tous ceux qui voudroient, ou diffoudre, ou differer le concile, de la rupture duquel s'enfuivroit

143 I.

« AnteriorContinuar »