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Bafle, & de leur donner vingt jours après leur audien-
ce, pour
se rendre dans l'endroit qu'ils défireront.
Ce fauf-conduit étant expédié, on écrivit aux Bohé-
miens fur la résolution qu'ils avoient prife dans la
ville d'Egre de députer au concile, on leur envoya le
fauf-conduit par Jean de Mulbrun, un de ceux qui
avoient été députez en Bohême, & qui avoient assisté à
l'affemblée d'Egre. Les peres témoignent leur joie dans
cette lettre fur l'efperance d'une prochaine réunion.
Nous louons, dilent-ils, & nous béniffons le Sei-
,, gneur qui nous procure le plus heureux jour de no-
tre vie; nous voyons toutes les voies difpofées pour
la manifeftation de la gloire de Dieu; & l'avance-
ment du peuple chrétien. Il n'y avoit aucun de nous
qui ne répandît des larmes de joie, pendant que les
,, orateurs faifoient la lecture de ce qui s'eft paffe avec
,, vous. Nos entrailles étoient émues de voir un fi heu-
reux commencement, qui fera fans doute fuivi d'un
plus heureux fuccès. Levons donc nos mains vers le
ciel, & rendons gloire à Jesus-Christ d'avoir rendu si
prochaine cette paix que nous lui avons demandée fi
fouvent. Oui, l'heure approche, en laquelle l'églife
,, notre fainte mere, qui a été fi long-tems confternée
de voir les enfans divifez, commence à fe réjouir de
la paix & de l'unité que vous nous faites efperer, &
à changer en joie fon deuil paffé. Il eft tems que
ceux qui ont été marquez du fceau de Jesus-Christ,
qui ont été regénerez du même batême, en quittant
,, toute diffenfion, fe revêtent du même efprit de cha-
rité & d'unité, travaillent de toutes leurs forces à au-
gmenter la gloire du nom chrétien, & protegent la
foi orthodoxe que les Infidéles & les Païens déchirent
honteusement en beaucoup d'endroits, & travaillent

رو

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دو

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1432.

XX.

Lettres des

peres du concile

aux Bohémiens.

Concil.gener.

ibid. p.485.

1432.

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à éteindre entiérement Nous parlerons plus bas des quatre articles qui furent envoyez au concile par les Bohémiens, & qui feront connoître en quoi confifte le différend qui regnoit entre eux & les Catholiques.

Dans cette même feffion les peres du concile s'oppoferent par un decret particulier aux intrigues & aux machines, dont les ambaffadeurs du pape ufoient fecretement, pour détourner quelques prelats d'aller au concile, en extorquant d'eux par violence un ferment, par lequel ils promettoient de ne s'y point trouver. C'eft pourquoi les peres déclarent que perfonne n'eft obligé à tenir ce ferment. Et parce que le pape étoit alors affez dangereusement malade, le concile ordonna que fi le faint fiege venoit à vaquer, les cardinaux n'éibid. p. 487.& liroient point le pape ailleurs, que dans le concile même, & que le pape vivant ne pourroit point créer de nouveaux cardinaux durant la tenue du concile, parce

Concil. gener.

428.

que leur grand nombre étoit à charge à l'église, ordon-
nant que la création feroit déclarée nulle. Ils firent auffi
un decret pour le fceau des lettres & des actes du con-
cile, qu'il seroit en plomb, que d'un côté l'image du
Saint-Elprit y feroit gravée en forme de colombe, &
de l'autre ces mots : Le faint & facré concile general de
Bafle. Et parce que le pape Eugene pouvoit, malgré la
défense du concile, créer des cardinaux, on
on ftatua que
fi on en créoit quelques-uns, il ne pourroit point les
préconifer, pour prévenir un abus dangereux au def-
fein qu'on fe propofoit de réformer l'églife; qui étoit,
que plufieurs perfonnes ambitionnoient le chapeau de
cardinal, & euffent pû par là quitter le parti de l'église
s'attacher à la cour de Rome, ce que le concile vou-
foit empêcher.

pour

Le

1432.
XXI.
Le cardinal

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neur d'Avi

Concil. ibid..

Le dernier decret de cette feffion contient la commiffion donnée par le concile à Alphonfe Carrigle Efpagnol, cardinal du titre de Saint Euftache, pour être de Saint-Euftagouverneur de la ville d'Avignon & du comtat Venaif- che Souverfin, avec une pleine & entiére puiffance, femblable à guon. celle que François archevêque de Narbonne & came- 489. rier de l'églife romaine avoit reçue de Martin V. Ce prélat fe trouve avoir été le premier vice-légat d'Avignon, après le départ des papes & de leur cour: Pierre cardinal de Foix, auquel le pape Eugene avoit donné cette légation, ayant été rejetté par ceux d'Avignon, ce qui fut caufe d'une guerre, & de la prife de la ville; mais cela n'arriva que deux ans après, depuis lequel tems le cardinal de Foix conferva fa légation jufqu'à fa mort, qui arriva en 1464. & les habitans d'Avignon furent fi fatisfaits de fon gouvernement, qu'ils changerent en eftime toute particuliere, la haine qu'ils avoient conçue contre lui, & le furnommerent le bon légat.

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XXII. Cinquiéme

Labbe concil.

&feq.

La cinquième feffion fut tenue le famedi 9. d'Aout, veille de faint Laurent, dans la même année. Les peres feffion du concidu concile y établirent des juges & des procureurs pour connoître & décider des chofes qui regardent la foi. Ces juges furent François évêque de Pavie, Con- tom. x11.p.490. rad évêque de Ratisbonne, & Jean abbé de Citeaux, aufquels, après l'examen qu'on en fit, on donna le pouvoir, & dans le concile & hors du concile, de citer, d'entendre, de connoître, de décider & de faire tout ce qui concernoit les mêmes caufes jufqu'à fentence définitive exclufivement; c'est-à-dire, réfervant au concile feul le pouvoir de juger définitivement. L'on nomma auffi dans cette feffion un procurateur de la foi, qui fut Nicolas Ami licentié en théologie, des juges, pour

Tome XXII.

E

I 432.

XXIII.

Congregation où l'on écoute les légats du pape Eugene.

en ce tems là

Maguelone.

examiner les causes en general, un auditeur ordinaire de la chambre apoftolique, & des notaires. Enfin après avoir réduit le pouvoir de tous ces officiers à trois mois feulement, l'on ordonna que tous ceux du concile ne pourroient être ajournez à la cour de Rome, ni ailleurs. Ainfi finit la feffion.

Le 23. du mois d'Aout il y eut une congregation generale pour entendre les légats du pape Eugene, arrivez depuis peu à Bafle. Ils étoient au nombre de quatre, favoir, André de Conftantinople archevêque de Coloffe, Jean de Tarente, Bertrand évêque de Montpellier (a) c'étoit (a), & Antoine auditeur des caufes du facré palais. Ils parurent tous dans cette affemblée, & André parla le premier, & fort au long, des malheurs du fchifme, & des avantages d'une paix folide qu'il falloit embraffer avec le chef de l'églife, afin d'y amener les Grecs plus facilement, de travailler plus efficacement à la converfion des Bohémiens, & de réformer les mœurs du clergé. Dans une autre congregation, le 25. du même mois, Jean de Tarente parla de l'autorité fouveraine & néceffaire du pape, & du jufte fujet qu'Eugene avoit eu de diffoudre le concile de Bafle avec d'autant plus de raifon, que c'étoit à lui feul qu'il appartenoit de difpofer du tems & du lieu de la celebration des conciles, fans pouvoir en cela être foumis à d'autres : il ajouta, que le pape défirant fur-tout que le concile fût tenu en faveur des Grecs, des Bohémiens & de la réformation des mœurs; & fa maladie, jointe à d'autres affaires importantes, ne lui permettant pas de quitter l'Italie, il offroit tel endroit foumis à l'état ecclefiaftique, qu'on voudroit choifir, qu'il mettroit au plein pouvoir du concile, & qu'il s'y transporteroit auffi-tôt pour fubir avant toutes chofes le jugement qu'on feroit de la ré

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forme, tant par rapport à lui-même, que par rapport aux autres prélats & officiers qui en auroient befoin.

1432.

XXIV. Réponse des

à ces légats.

Labbe concil. tom.XII. p.673.

Ce difcours du légat du pape ne fut pas agréable au concile; & comme les peres avoient une inclination peres du concile auffi forte à continuer le concile à Bafle, que le pape Eugene avoit envie de le diffoudre, & de le transferer ailleurs, on répondit aux légats, que c'étoit une conduite bien furprenante de manquer ainfi au Saint-Esprit, comme font ceux, qui s'efforçant de rompre & de diffoudre un concile legitimement affemblé,veulent renouveller dans l'églife un fchifme, qui ne peut tendre qu'à fa ruine; que l'autorité des conciles generaux reprefentant toute l'églife catholique, avoit un pouvoir fouverain fur tous les membres, parce qu'elle procédoit immediatement de Jefus-Chrift, & & que les papes mêmes étoient obligez de s'y foumettre, en ce qui regardoit la foi, le fchifme & la réformation des mœurs; que c'étoit pour cette raifon qu'on ne pouvoit pas dire que le concile de Bafle eût rien attenté contre le pape Eugene en le citant à comparoître, & que les caufes qu'il apportoit pour le rompre, étoient nulles en beaucoup de maniéres, & tout-à-fait préjudiciables au motif pour lequel le concile étoit convoqué & même affemblé : qu'enfin pour toutes ces raifons, les peres ne pouvoient en confcience ni confentir aux deffeins du pape, ni acquiefcer à la rupture du concile.

XXV. Sixiéme fef

fion du concile

Cette réponse des peres du concile accélera la fixiéme feffion, qui fe tint le famedi 6. du mois de Septembre dans l'églife cathedrale de Bafle, où la meffe de la de Bafle. fainte Vierge fut celebrée folemnellement par Philibert évêque de Coutances, en préfence du cardinal Julien préfident, des deux cardinaux de Plaifance, & le Prince, furnommé Firmin, du lieu du gouvernement de fon

Consil. ibid. p.

493.

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