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1432.

XXVI. Septiéme fef

de Bafle.

églife, & de Guillaume duc de Baviere protecteur du concile, avec trente-deux prelats en habits pontificaux. Les promoteurs du concile propoferent la contumace du pape Eugene, qui n'avoit point révoqué la bulle de la diffolution du concile, & n'avoit point comparu en perfonne, ni par procureur, le jour qui lui avoit été affigné dans la troifiéme feffion. Sur quoi l'on prit des conclufions contre le pape, on le cita par trois fois à la porte de l'églife, & on le déclara contumace. Ses légats, les archevêques de Coloffe & de Tarente, l'évêque de Maguelone ou Montpellier, & l'auditeur parurent, & demanderent que, pour éviter les fcandales, on fursît quant aux procedures qui concernoient le pape & les cardinaux. Sur leurs remontrances, l'on commit deux évêques pour examiner les raifons de leur absence, & l'on envoya Gerard évêque de Lodi au roi d'Angleterre, pour lui représenter la convocation légitime du concile, l'exhorter à y envoyer fes prélats, & le folliciter à faire fa paix avec la France, afin qu'on pût enfuite travailler plus furement pour le bien de l'église, & qu'on

le fit fans obftacle.

Il y eut une congregation generale le vendredi 24. d'Octobre, dans laquelle on propofa plufieurs articles qui concernoient la réformation des mœurs dans le chef & dans les membres de l'église, felon le deffein du concile. Mais comme les peres n'étoient pas affez unis pour une fi bonne œuvre, ces projets n'aboutirent à rien, l'affaire du pape Eugene occupant davantage.

On tint donc la feptiéme feffion le jeudi 6. de Novemfion du concile bre; & après la meffe du Saint-Efprit, qui fut chantée Concil. gener. par l'évêque de Novarre, & les autres ceremonies ordi10m. XII.p.496. naires dans ces occafions, on publia le decret de la triéme feffion; que fi pendant la tenue du concile, le

qua

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faint fiege venoit à vaquer, il ne feroit point permis aux cardinaux de proceder à l'élection d'un nouveau pape fans le confentement du concile, & que cette élection ne se feroit que foixante jours après la vacance du faint Siege, afin de donner aux cardinaux abfens le tems de fe rendre au concile pour proceder à cette élection. Par un autre decret, le concile ordonna, qu'afin que ceux à qui il appartenoit de droit de difpofer des benefices des cardinaux rebelles, le puffent faire librement, & par la voie de collation, préfentation, élec tion, & toute autre provifion, quand ce feroit des benefices de metropolitaines, de cathedrales, ou autres poffedez par les mêmes cardinaux fous le titre de commende; tous ces benefices feroient remis aux collateurs ordinaires, fans avoir aucun égard aux réserves du faint fiege; & que le pape ne difpoferoit point des benefices de ceux qui étoient dans le concile.

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XXVII.

fondu Seq.

de Bafle.

concile

Ibid. p. 497.

La huitiéme feffion fut tenue le 18. Decembre, qui Hsieme felétoit un jeudi. Le concile y dit d'abord, que quoique felon le droit, & eu égard à la grande opiniatreté du pape Eugene, & des cardinaux qui lui font attachez, on dût procéder juridiquement pour les déclarer contumaces, & employer contre eux les peines de droits cependant voulant agir à leur égard avec toute la douceur poffible, dans l'efpérance que peut-être ils fe repentiront : & d'ailleurs faifant attention à la prière du roi des Romains, qui fait faire de nouvelles inftances auprès du pape par les ambaffadeurs, & fouhaite qu'on ufe de quelque furféance, le concile donne encore aprèsles trois mois expirez, foixante jours au pape Eugene pour accomplir ce qui eft porté dans la troifiéme & fi xiéme feffion, & pour révoquer fans autre délai la diffolution du concile; qu'autrement il fera procedé contre

1432.

XXVIII. Decret qui dé. clare qu'il ne peut y avoir

general.

Ibid. p. 498.

lui fans autre ajournement, & fans nouvelle citation. On déclare nulles toutes les provifions ou collations de benefices qu'il pourroit donner entre ci & ce tems-là. On enjoint à tous les officiers & prélats de le quitter vingt jours après ce terme expiré, fur peine d'être privez de leurs benefices.

On fit enfuite un autre decret, dans lequel les peres déclarent, que comme l'églife fainte & catholique eft une, qu'un concile Jefus-Christ son époux difant: Cant. 6. Une feule eft ma colombe ma parfaite amie; & cet article étant de foi, il s'en& fuit de là que cette unité ne pouvant recevoir aucune divifion, il n'y peut avoir qu'un concile general repréfentant l'églife catholique. Comme donc le concile a été établi dans la ville de Balle, conformément aux decrets des conciles de Conftance & de Sienne, à l'approbation de deux fouverains pontifes, Martin V. & Eugene IV. il est clair que tant que le concile continuera à Basle, on n'en peut affembler d'autres ailleurs; & toute autre affemblée tenue fous le nom de concile general, feroit eftimée une congregation de cabale & de fchifme. C'est pourquoi le faint concile avertit & exhorte tous les Fidéles, de quelque état, dignité, condition qu'ils foient, pape, empereurs, rois, en vertu de la fainte obéïffance, & fous les peines portées par le droit contre les fchifmatiques, d'empêcher la tenue d'aucun concile, pendant que celui de Bafle fe tiendroit : ordonnant que quiconque iroit à Boulogne, ou en tel autre lieu que ce pût être, pour la tenue d'un concile, encoureroit l'excommunication ipfo facto, & la privation de fes benefices. Par un autre decret, le concile déclare déchus de tout droit aux benefices, ceux qui les demanderont & obtiendront du pape Eugene, pour en priver ceux qui afsistent au concile. Enfin, par un troifiéme decret,

Ibid. p 499.

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l'on fait défenses au pape Eugene de faire aucune alienation des terres & châteaux de l'églife romaine, comme il l'avoit projetté, de mettre de nouveaux impôts dans la ville de Rome & ailleurs ; & en cas qu'il le fit, on déclare nul ce qu'il auroit fait.

1 43 2.

p.500.

XXIX.
Edit de l'em-

pereur pour

proteger le con

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Labbe concil.

I. p. 464.

Ce qui ranima la conftance des peres du concile, & ce qui les rendit plus hardis, fut la nouvelle qu'ils apprirent que Sigifmond roi des Romains avoit expedić, & fait publier à Sienne des lettres patentes du 22. Novembre, pour apprendre à tous fes fujets qu'il conti- tom.x11.append. nuoit de mettre fous fa.protection le concile de Bafle, comme il avoit fait dès le commencement, & qu'il ne fouffriroit jamais qu'on bleffat en aucune maniere fon autorité ni fa liberté. Ce prince s'étoit rendu à Sienne, à la priere des habitans qui avoient imploré fon fecours & fa protection contre les Florentins leurs ennemis. Ceux-ci faifoient tous leurs efforts pour empêcher Sigifmond de s'avancer vers Rome où il devoit être couronné, & le pape leur fut toujours favorable, jusqu'à la paix qui fe fit l'année fuivante.

XXX.

Affaires du

Naples.

Summon. lib.

1. 21.6. f.

Dans le royaume de Naples les affaires ne fe terminerent pas heureusement pour Jean Caracciole grand- royaume de fenéchal, & qui par une ambition démefurée, avoit tellement ufurpé l'autorité, qu'il s'en regardoit comme roi. Ce prince irrité du refus que la reine lui avoit fait c. 3. Mariana de la principauté de Salerne, jufqu'à en venir aux mauvais traitemens & aux injures contre cette princeffe fut peu de tems après puni de fon infolence, ayant été tué le 17. d'Août de cette année le lendemain des noces de fon fils. Cobelle ducheffe de Seffe, parente de la reine, l'avoit fait appeller, feignant que la reine étoit attaquée d'une apoplexie. Caracciole fe leva auffi-tôt pour fe rendre promtement au palais, & ce fut au for

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1432.

XXXI. Affaires de Pologne.

IO.

tir de fon lit qu'on l'assassina. La reine ne nia point ce meurtre, pardonna aux meurtriers, confifqua les biens du défunt, & condamna fa memoire. Après la mort, Louis d'Anjou que la reine avoit adopté, & que Caracciole avoit par envie confiné dans la Calabre, fous prétexte d'y faire la guerre, ne penfoit plus qu'à retourner à Naples ; mais il en fut empêché par la princesse de Seffe, jaloufe de conferver, & de ne partager avec perfonne le pouvoir abfolu qu'elle avoit auprès de la reine; outre qu'elle fe fentoit plus portée pour Alphonfe roi d'Arragon, que Caracciole avoit fait venir en Sicile, dans l'efperance de rentrer dans l'adoption de la reine, qui ne laiffa pas toutefois de le renvoyer, fans avoir rien fait en fa faveur. Cependant cette même reine n'étant pas éloignée de traiter avec lui, pourvu qu'il défarmât, confentit à la paix, qui fut conclue entre eux pour dix ans.

En Pologne les députez des Bohémiens étant venu trouver le roi Ladillas, pour lui promettre leur secours contre les chevaliers Teutoniques en Pruffe, qui contiCromer. lib. nuoient toujours à maltraiter les Polonois, & à leur faire la guerre, & pour informer ce prince des bonnes intentions du concile de Bafle à leur égard; ces députez, dis-je, furent reçus avec beaucoup de magnificence, & même admis à la communion par l'archevêque de Gnefne, & par les autres prélats. Mais auffitôt qu'ils entrerent à Cracovie, Sbignée qui en étoit évêque, donna ordre qu'on fit ceffer le service divin; ce qui irrita tellement le roi contre lui, qu'il le menaça de le traiter, comme il avoit fait Pierre fon prédeceffeur mais l'Evêque ne fut point étonné de ces menaces, & répondit avec courage au roi, que quand il s'agiffoit de la religion, il ne craignoit rien, qu'il étoit

:

prêt

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