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conduit, fi dans huit jours ils ne fortoient de leur ville; ceux de Bafle, pour ne pas laiffer leur cause fans défenfe, furent contraints de céder, parce que les princes ne vouloient point changer d'avis, & que les magiftrats ne vouloient pas permettre qu'on agît contre leur volonté.

رو

1441.

CLXXIII députez des

On entend les

deux papes.

A&a Patricii

Epift. ad Galatas, cap. 4. V. 30.

Ainfi le cardinal d'Arles le vingt-quatriéme de Mars vint à l'affemblée fans croix, & fans aucune marque de fa dignité; & même fans fuite, ayant laiffé fes collegues & fes domeftiques en fa maison. Il dit beaucoup de chofes auffi-bien que Thomas de Corcellis qui l'accom- p.1591. & seq. pagnoit, touchant la fouveraine autorité des conciles, le jugement équitable que celui de Bafle avoit rendu contre Eugene, & l'élection légitime & neceffaire de Felix en fa place. Le lendemain on entendit les députez d'Eugene, qui étoient Jean de Carvajal, & Nicolas de Cuza. Le premier fit l'apologie de celui qui l'envoyoit, il commença fon difcours par ces paroles de faint Paul: Chaffez la fervante & fon fils; car le fils de la fervante ne fera point héritier avec le fils de la femme libre, & dit beaucoup de chofes excellentes contre fes adverfaires. Il fut fecondé par Nicolas de Cuza, qui ne parla pas avec moins de folidité, refutant tout ce que ceux de Bafle avoient dit, appuyant ce que Carvajal avoit avancé, attestant même qu'Amedée avoit acheté le fouverain pontificat qu'il avoit poursuivi sous la peau d'une brebis, & qu'il avoit promis aux Venitiens douze mille hommes de cavalerie, fi quittant le parti d'Eugene, ils s'attachoient au fien. Il ajoûta que la dépofition d'Eugene n'avoit été faite que par fept évêques, lorfque les loix ne permettoient pas qu'on dépofât un fimple évêque, fans qu'il y en eût douze. Les princes, dit Patrice, écouterent ces deux députez avec beaucoup de plaiTome XXII.

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1441. fir, & leur applaudirent fort, parce qu'ils avoient solidement refuté les raifons de ceux de Bafle.

Jean de Ségovie ne voulut pas permettre que les difcours des députez d'Eugene fuffent fans réplique. Il répondit fans avoir l'habit de cardinal; & après avoir dit beaucoup de chofes en faveur des peres de Bafle, & avoir rendu raison de ce qu'il avoit quitté cet habit, il s'appliqua à réfuter les raifons de fes adverfaires. Il apporta douze preuves pour montrer que les conciles generaux avoient une fouveraine puiffance à laquelle les papes étoient obligez de fe foumettre; que le concile de Bafle étoit légitime, & qu'il n'avoit pu être diffous par Eugene, que ce pape avoit été justement déposé, & Felix légitimement mis en fa place, qu'il falloit en un mot lui obéir comme au veritable fouverain pontife. Enfuite il appuya de plufieurs raisons les veritez approuvées par le concile, & conclut, qu'Eugene avoit été justement déclaré heretique. Le lendemain Carvajal & Cuza repliquerent. Ceux de Bafle demanderent décifion de l'af à être encore entendus, mais ils furent refufez; & les princes à l'exception de l'électeur de Treves qui s'en étoit allé, s'affemblerent avec les ambassadeurs de Frederic & du roi de France; ils arrêterent que pour la paix de l'églife, il falloit affembler un concile general dans Acta Patric. un endroit different de Bafle & de Florence; dans une ville d'Allemagne ou de France, & que l'empereur inviteroit les contendans de s'y trouver; qu'on enverroit pour ce fujet des ambaffadeurs au mois de Novembre vers Eugene, de la part de l'empereur, du roi de France & des princes, & qu'on feroit favoir la même chofe à Amedée par quelqu'un de fes prelats; qu'enfin il faudroit commencer au plus tard ce concile le premier d'Août de l'année fuivante 1442.

CLXXIV.

Quelle fut la

femblée de

Maïence.

2.1592.

144 I. CLXXV. L'empereur

à l'affemblée de

Cette déliberation fut envoyée à l'empereur qui étoit à Vienne, où les députez de Bafle & ceux d'Eugene vinrent le trouver, chacun défendant fa cause avec renvoie l'affaire affez de vivacité. Frederic les écouta; mais fans accor- Francfort. der ce qu'ils demandoient, il remit l'affaire à l'affemblée de Francfort, qui devoit fe tenir à la fête de faint Martin, dans le mois de Novembre; où de l'avis des princes, il vouloit qu'on décidât fur le parti qu'on devoit prendre. Cependant cette affemblée fut differée jufqu'au mois de Mai de l'année fuivante. Albert proche parent de l'empereur fit profeffion de demeurer attaché à Felix, & de vivre dans fon obéiffance jufqu'à la mort: ainfi finit l'affemblée de Maïence. Ceux de Bafle n'ayant plus la liberté de parler, drefferent une longue apologie pour refuter les raifons des partifans du pape Eugene, & ne manquerent pas de la répandre de tous côtez.

a

Après que l'affemblée de Maïence fut finie, on tint à Bafle le premier de Juillet la quarante-troifiéme feffion du concile. Long-tems avant cette feffion les peres avoient agité entre-eux la queftion de la fête de la Visitation de la sainte Vierge, parce qu'ils vouloient en faire un decret. Il y avoit une bulle de Boniface IX. qui établissoit cette fête; mais comme cette bulle avoit été rendue pendant le fchifme, elle n'avoit été reçue que par ceux de fon obéiffance: ce qui donna fujet au concile de Bafle d'en faire une autre. On difputa longtems fur la maniere dont on devoit la dreffer. Æneas Sylvius en propofa une, & fon fentiment fut fuivi. Mais il furvint une autre difficulté, favoir fi le decret feroit fait fous le nom de Felix avec l'approbation du facré concile, comme on avoit coutume de faire dans les anciens conciles, ou bien fi l'on mettroit, fous le

pape Felix pre

CLXXVI. fième feffion du

concile de Bafle. Labbe, concil. tom. XII. pag.

648.

Ata Patricii. cil. pag. 1594.

tom. XIII. con

1441. fident, comme on avoit fait à Sienne. Enfin l'on convint que le decret ne feroit point au nom du pape. Le motif qui les portoit à agir ainfi fut que plufieurs princes ne reconnoiffant point Felix pour pape, l'autorité du concile feroit bleffée, fi l'on faifoit des decrets en fon nom. Cochlée rapporte que le concile promit à la nation d'Allemagne, que quand l'empereur & les princes fe déclareroient en faveur du concile qu'ils vouloient qu'on affemblât, Felix n'y préfideroit point; & que le concile procederoit en toutes chofes de la même maniere qu'avant son élection.

Cochlée, hiftor. Huffit. lib. 9.

CLXXVII.

Decret pour

établir la fête

de la Vifitation

de la fainte Vierge.

1

CLXXVIII.

Le duc de Mi

avec Felix pour

On dreffa donc le decret pour la folennité de la Visstation de la fainte Vierge, fans faire aucune mention du pape Felix. On ordonne qu'elle fera célebrée chaque année le deuxième du mois de Juillet dans toute l'églife, & par tous tous les Fidéles; accordant à ceux qui affifteront à matines, à la proceffion, au fermon, à la messe, aux premieres & fecondes vêpres, cent jours d'indulgences, pour chacun de ces offices. Le decret eft tout au long dans la collection des conciles. Ce fut dans cette feffion qu'Alphonfe roi d'Arragon fit demander aux peres d'impofer une dixme univerfelle fur le clergé, pour défendre l'ile de Rhodes qui étoit ravagée par les Turcs, promettant qu'il travailleroit à la faire payer dans fes états. Mais les peres n'ayant pas jugé à propos de lui accorder fa demande, à cause de la divifion de l'églife, il infifta pour la faire impofer du moins dans la Savoie, ce qui fut encore refufé.

Il y avoit quelque tems que Philippe duc de Milan lan veut traiter avoit chargé fes ambaffadeurs de traiter avec le concile, le reconnoître. pour le mettre fous l'obéiffance de Felix; & celui-ci Acta Patricii, averti par fes amis preffoit vivement le duc de conclure ce traité avant la diéte de Francfort. Mais parce qu'il

tom. XIII. con

ail.pag. 1595.•.

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a

I 441.

y avoit du danger pour Philippe, s'il étoit le premier de toute l'Italie à le déclarer en faveur du nouveau pape ; il demandoit treize mille écus d'or tous les mois, pour l'entretien de quatre mille hommes de cavalerie, & qu'on lui avançât l'argent des premiers mois, afin de le mettre en état de défendre fes états, & de recouvrer les provinces de l'églife romaine; promettant de fon côté de rendre Felix maître de la ville de Boulogne. Le fecretaire de Nicolas Piscinin qui commandoit les troupes du duc, demandoit auffi à Felix qu'on remboursât fon maître des dépenfes qu'on feroit à l'attaque de cette même ville,s'il souhaitoit s'en emparer; & la fomme n'étoit pas petite. On fit differens projets de traitez. Il y eut plufieurs députez, & beaucoup de lettres écrites de part & d'autre. Les cardinaux de Felix & fes amis l'exhortoient fort à accepter les conditions qu'on lui propofoit, parce qu'attirant le duc de Milan dans fon parti, il auroit bien-tôt Alphonfe roi d'Arragon, & une grande partie de l'Italie, que les Allemands & d'autres ne manqueroient pas de fuivre. Felix pouffé par toutes ces raifons, promit vers la fin du mois d'Août, au duc de Milan de lui compter cinquante mille écus d'or, trois femaines après qu'il auroit reconnu fon obédience, & qu'il lui auroit remis Boulogne; enfuite cinquante autres mille, des revenus de cette même ville, payables en differens termes. Le vicecamerier de Felix fut envoyé pour conclure le traité. Il fe donna de grands mouvemens, allant trouver tantôt le marquis de Ferrare tantôt Philippe. Enfin dans le mois de Janvier il fut renvoyé vers fon maître avec promeffe que dans dix jours le duc enverroit à Felix une célebre ambaffade, Après de belles pour le mettre fous fon obéiffance: mais toutes ces bel- promeffes, le les efperances s'en allerent en fumée; & les ambaffadeurs de lui.

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CLXXIX.

duc mocque

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