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dats, & les vexations de quelques gentilshommes de
ces provinces. Le comte de Richemont connétable de
France perdit cette année fon époufe, qui mourut le
deuxième de Fevrier. Elle étoit veuve de Louis duc de
Guienne, fils de Charles VI. quand le connétable l'é-
poufa.
Avant

que

de finir cette année, il ne fera pas inutile de dire qu'elle eft remarquable par la date qu'elle donne au livre de l'Imitation de Jefus - Chrift, qu'on voit aujourd'hui manufcrit dans la bibliotheque des Jéfuites d'Anvers, & qui eft écrit de la main même de Thomas à Kempis chanoine regulier de Zwol, comme ces paroles qu'on lit à la fin du manufcrit, en font foi. Fini acheve l'an de Notre-Seigneur 1441. par la main de frere Thomas de Kempis dans le mont de Sainte-Agnès proche de Zvvol. Ce manufcrit contient les quatre livres de l'Imitation de Jefus-Chrift fous quatre titres differens. Il est authentique, étant marqué au commencement qu'il appartient au monaftere des chanoines reguliers du mont Sainte-Agnès vierge & martyre proche de Zwol : & on lit enfuite d'une main plus récente, que le frere Jean Latomus profès de l'ordre des réguliers dans la maifon proche d'Herentals, miniftre general de cet ordre,ayant fait la vifite du monaftere de Sainte- Agnès près de Zwol, l'avoit retiré des ruines de ce monaftere, de peur qu'il ne pérît entierement, & apporté à Anvers, où il l'avoit mis l'an 1577. entre les mains de fon ancien & fidele ami Jean Beller, qui l'avoit donné en faveur de ses enfans aux peres de la focieté de Jefus l'an 1590. Ce manufcrit eft un préjugé bien favorable à Thomas à Kempis, pour le croire auteur du livre. Cependant ceux qui l'attribuent à d'autres, ne font point arrêtez par cette preuve qu'ils croient leur être plutôt

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I 441.

favorable que contraire, comme on le peut voir dans Dupin, Biblio- M. Dupin, qui a fait exprès une longue differtation teurs ecclefiaft. fur les difputes arrivées à l'occasion de ce livre.

theque des au

tom. 12. in 4.

pag. iss.

I 442.
I.

On pourvoit à léglife de Saltzbourg.

Acta Patricii, tom. XIII. con

cil.pag. 1 $97.

les

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peres deBafle

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LIVRE CENT-NEUVIE ME.

N commença cette année par accorder les provifions de benefices pour plusieurs églises de differens endroits : & comme l'églife de Saltzbourg étoit vacante, Frederic qui en étoit doyen, fut élu par le chapitre pour remplir le fiége. Un député fut envoyé au concile de Bafle pour en demander la confirmation; & comme les peres vouloient que Felix ordonnât dans fon confiftoire cette confirmation, & qu'on fit ferment entre les mains de ce pape; le député refusa de s'y soumettre, remontrant que c'étoit au concile feul à qui il étoit envoyé, & qu'il n'avoit aucune affaire à démêler avec Felix. La chose fut long-tems difputée; & enfin le concile accorda en fon nom ce qu'on lui demandoit; le Pallium fut donné à l'élu vers le milieu du mois de Janvier par le cardinal de Saint-Sixte, & par Etienne de Novarre avocat au nom du pape. C'eft ainfi qu'on accommoda l'affaire.

Environ le même tems il s'éleva une grande difpute entre les peres de Basle. Jean de Bachenstein avoit obtenu d'eux la prévôté de l'église de Virtzbourg, ville Differend entre épifcopale de Franconie fur le Mein; quoique Philippe Poccafion de archevêque de Tréves l'eût depuis quelque tems obtenue d'Eugene après fa fufpenfion par les peres du concile. L'affaire fut mife en déliberation pour être examinée; Jean plaida fa caufe en plein concile contre Philippe: & quoique Felix l'exhortât fort à differer quelque

la prévôté de Virtzbourg.

tenis, jufqu'à ce que les affaires de l'églife fuffent ter-
minées en Allemagne, lui remontrant que l'archevê-
que de Treves avoit beaucoup de crédit parmi les prin-
ces électeurs, qu'il en étoit fort appuyé, & qu'il lui
paroiffoit dangereux d'irriter dans la conjoncture pré-
fente un homme fi puiffant & fi recommandable: jean
toutefois préferant fon avantage particulier au bien pu-
blic, n'eut point de repos, qu'il n'eût obtenu ce qu'il
fouhaitoit; & à l'infu de Felix, il fit rendre par l'évêque
de Verceil une fentence en la faveur ; & pour confirmer
plus pleinement fon droit, il demanda au concile une
nouvelle provifion fur fon affaire. Cette demande re-
nouvella les disputes, vu que les uns étoient favorables
à Jean, & que les autres demandoient inftamment un
délai pour
éviter le fcandale. On tint une congregation
generale pour la décision de cette affaire qui demeura
toutefois indécife. Les mêmes divifions furvinrent à
l'occafion du doyenné de Capoue & d'autres, & l'on em-
ployoit beaucoup de tems en ces fortes de difputes, fans
vouloir, ou pouvoir rien terminer.

1442.

III.
Le départ du

légat de Felix
pour l'Italie, eft

Cependant Felix preffoit fort le départ de fon légat en Italie; c'eft pourquoi il donna ordre à Nilhod de Methone gouverneur du comté de Nice, qui par hazard fe trouvoit pour lors à Bafle, d'équiper une galere, afin que ce légat pût partir pour l'Italie au premier jour de Mars. Il lui fit donner les inftructions par Æneas Sylvius qu'il avoit choisi pour fon fecretaire, & elles furent expediées le dernier jour de Février. Mais le départ du légat fut differé, parce qu'on jugea à propos d'envoyer auparavant une ambaffade au duc de Bourgogne, de Bourbon & de Savoie, qui s'étoient assemblez à Ne- Voyez plus bas,

vers.

Pendant que toutes ces choses se passoient à Bafle, au
Aaa iij

art. 34.

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I 442.

IV.

Panchant des

magne pour le pape Eugene.

Alta Patricii,

tom. XIII.conc.

pag. 1598.

commencement du mois de Mars, l'archidiacre de Mets & l'auditeur de la chambre que les peres avoient enprinces d'Alle- voyez en Allemagne pour fonder l'efprit des princes, arriverent,& firent leur rapport,que la plus grande partie des princes panchoient fort pour se déclarer en faveur du pape Eugene, & qu'on lui avoit déja envoyé en Italie les conditions du traité qu'on vouloit faire avec lui: que les Allemands étoient fort irritez de ce que les peres de Balle n'avoient pas encore accepté aucun des endroits nommez pour tenir le concile general, & qu'il leur fembloit qu'ils devoient avoir déja envoyé des légats à Francfort, avec un plein pouvoir d'agir conformément aux volontez des princes. Ce rapport inquiéta fort les peres de Bafle. On tint plufieurs affemblées fur ce fujet, & les fentimens y furent fort partagez: un des confultans ayant dit à Felix qu'il ne pouvoit faire trop de députations aux rois & aux princes, comme on l'avoit reglé autrefois: Ce pape répondit qu'il étoit affez accablé de dépenfes inutiles, qu'il avoit déja envoyé plufieurs députez fans en avoir tiré aucun fruit ; & qu'il croyoit que le meilleur expedient & la voie la plus fure étoit de nommer au plutôt un endroit pour le concile futur; afin de prévenir les princes qui n'avoient aucun pouvoir là-deffus.

V. Le concile de Bafle députe à l'empereur pour traiter de la paix.

Peu de jours après, Felix s'étant offert aux peres à tout entreprendre pour la paix de l'église, & à ne rien refufer de tout ce que le concile jugeroit neceffaire pour y réuffir, fauf toutefois l'autorité de l'églife; ils crurent tous qu'on devoit envoyer des députez à l'empereur pour traiter avec lui des voies neceffaires pour parvenir à une paix folide:& pour cela Felix choifit un évêque nommé Barthelemi, & Nicolas Ami, qui furent chargez d'une lettre fynodale pour instruire Frederic, &

pour l'engager à travailler à la paix. Panorme compofa 1-442, cette lettre au nom du concile; mais n'ayant point été approuvée, quoiqu'affez louée, le cardinal d'Arles chargea Æneas Sylvius d'en faire une autre,qui fut eftimée de tous, & même de Panorme. Cette lettre rendoit compte d'une maniere claire & précife de la conduite des peres de Bafle, & de la caufe des divifions entre Eugene & le concile; on y parloit du mépris que ce pape en avoit fait, des mouvemens qu'il s'étoit donnez pour le diffoudre, de fes crimes énormes envers l'églife, du jugement plein d'équité qu'on avoit rendu contre lui à Bafle, & de la neceffité fondée fur les canons d'élire un autre pape. On exhortoit l'empereur à favorifer la jufte caufe du concile, & à réprimer l'audace de ses ennemis. Enfin on l'affuroit que le concile ne fouhaitoit rien tant que la paix de l'églife; mais une paix qui fût établie fur la vérité, fur la justice, fur l'honnêteté, & qui ne donnât point atteinte à la foi orthodoxe : qu'en obfervant les decrets des conciles de Constance & de Bafle on feroit la paix fans nulle difficulté ; que Felix & les peres y contribueroient de tout leur pouvoir.

&

VI.

Départ des

cile vers l'em

Les deux députez partirent le cinquiéme d'Avril avec ces ordres ; & le bruit s'étant répandu que l'empereur députez du condevoit inceffamment arriver à Francfort pour la diéte, pereur. & qu'il étoit en chemin, les peres du concile délibérerent entre eux pour lui envoyer une célebre ambaffade, Les nouveaux cardinaux refuferent cet honneur, fe reffouvenant du chagrin qu'on avoit caufé aux autres députez à l'affemblée de Maïence, & craignant avec fondement qu'on ne les obligeât,de même que ceux-ci, à quitter les marques de leur dignité, & à ne point paroître avec l'habit de cardinal. Mais Felix & beaucoup

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