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trailles bailli de Berri, Geoffroi de Saint-Belin, Joachim 1450. Rouaut, Pierre de Louvain, & plufieurs autres feigneurs, avec cinq ou fix cens lances & leurs archers, avec ordre de faire obferver exactement la difcipline militaire, & de ne fe point rendre odieux aux gens du

pays.

LII.

Le roi envoic une armée ca

Ces feigneurs partirent donc pour la Guienne, & commencerent la campagne par le fiége de Bergerac, qui fe rendit par compofition dans le mois d'Octobre: Guienne. on en fit le maréchal de Culan gouverneur. Enfuite on prit d'affaut le château de Jonfac fur la Dordogne, dont on fit la garnison prifonniere. L'armée après cette expedition fe partagea: une partie alla affiéger Montferrand, dont le gouverneur fe rendit prifonnier; de là elle alla à Sainte-Foi, qui fe rendit à Chalais aux mêmes conditions. L'argent pour payer les troupes étant venu alors à manquer, on en fit des plaintes au roi, qui fit arrêter prifonniers Jean de Xaincoins receveur general des finances, & un de ses commis nommé Jacques Chartier, qui tous deux furent convaincus de malversation, & d'avoir détourné les deniers du roi à leur profit. On vouloit les punir felon la rigueur des loix; mais le roi plus porté à la clémence qu'à la severité, fe contenta de confifquer leurs biens immeubles, & de taxer Xaincoins à foixante mille écus d'or qui fervirent à payer l'armée; ce qui étoit bien peu de chofe auprès de tout ce qu'il malverfations, avoit pillé & dérobé, comme il en convint de fon propré aveu.

Le dernier jour d'Octobre veille de la Touffaint, le feigneur d'Orval troifiéme fils du comte d'Albret, fe rendit à Basas avec beaucoup d'autres, d'où s'étant répandu dans le pays du Bourdelois jufqu'au nombre de quatre à cinq cens hommes, ils s'avancerent jufqu'à

રે

LIII. On punit wa receveur des fi nances de fes

1450.

Bourdeaux pour faire des courses dans l ile de Medoc, Le lendemain étant tout prêts d'entrer dans cette ile, ils apprirent qu'un corps de neuf mille Anglois & Bourdelois s'étoient mis en campagne pour les chercher. Sur cette nouvelle, le feigneur d'Orval mit fes gens en bataille, attendit l'ennemi de pied-ferme; & l'on en vint aux mains. Les François quoique de beaucoup inferieurs en nombre, fe battirent avec tant de valeur, qu'ils laifferent fur la place environ dix-huit cens de leurs ennemis, & firent plus de douze cens prifonniers. Ce fut la derniere action de cette année, parce que l'hiver approchoit, & qu'il étoit tems de laiffer repofer les troupes. L'année finit par l'hommage que Pierre nouveau duc de duc de Bretagne Bretagne vint faire au roi le troifiéme jour de Novemrend hommage bre. Il fit le ferment, non pas en qualité d'homme-lige, mais feulement en la maniere que fes prédeceffeurs l'avoient fait au lieu qu'à l'égard du comté de Montfort, dont il rendit auffi hommage, il ne fit point difficulté de le faire lige; c'eft-à-dire, qu'il renfermoit l'obligation de faire le service au roi, fur fon mandement, & envers tous & contre tous, fous peine de felonie & de confifcation du fief.

LIV.

Le nouveau

au roi.

L V.

Mort de Henri

Henri duc de Baviere dit le Riche, fils de Frederic duc de Baviere. de Landshut, mourut cette année, & laiffa fes états à Trithem. chron. fon fils Louis, dont on loue beaucoup l'obéiffance & Spaub. an.1445 la foumiffion envers fon pere, quoiqu'il lui eût été

très-fevere, jufqu'à le priver à l'âge de trente ans des chofes les plus néceffaires à fa condition. Quand fes ennemis lui confeilloient d'abandonner fon pere, & de fe retirer fecrettement en Autriche chez fon oncle Albert, fa réponse étoit, qu'il ne quitteroit jamais celui qui lui avoit donné la vie, & qu'il ne l'offenferoit jamais, tant qu'il fauroit faire ufage de sa raison. Il ne

fut pas cependant fi prudent ni fi fage, quand après 1450. avoir fait la paix avec le marquis de Brandebourg, à condition que ce marquis lui remettroit les édits que l'empereur avoit portez contre lui, il les reçut & les déchira publiquement. Cette action irrita tellement l'empereur, qu'il le déclara criminel de leze-majefté, rompit le traité fait avec le marquis, & excità les autres princes contre lui, qui ne cefferent de le perfecuter, qu'après l'avoir entierement accablé.

LVI. Accord entre

En. Sylvius, Europ.cap. 32.

L'accord fait cette année entre les deux freres Frederic & Guillaume de Saxe, fut plus heureux. Ces princes les deux freres après s'être fait long-tems la guerre pour la fucceffion ducs de Saxe de leur pere, étoient encore animez à la prolonger par de lâches courtisans qui y trouvoient leur interêt : mais Frederic voulant profiter de l'abfence de celui qui en étoit le principal moteur, & que le jubilé avoit attiré à Rome, il fit prier fon frere de le venir trouver, afin de s'accommoder enfemble, & de faire la paix. Guillaume monta auffi-tôt à cheval, pour fe rendre. à l'invitation de fon aîné, malgré les inftances que fes confeillers firent pour l'en empêcher, l'affurant que cette démarche de fon frere n'étoit point fincere, & à que c'étoit un piége qu'on lui tendoit pour le faire périr. „Je mourrai volontiers, leur répondit-il, quand je vous aurai vu tuez, vous qui vous plaifez à femer & entretenir la division parmi des freres,,. Sa démarche cut un heureux fuccès, les deux freres s'accorderent, devinrent bons amis, & s'unirent pour exterminer les auteurs de leurs difcordes & de leurs divifions.

Les Bohémiens ayant élu pour leur roi le jeune Ladiflas, qui l'étoit déja de Hongrie, prefferent l'empe- 1451, reur Frederic de le leur envoyer; il avoit alors près de

douze ans mais à cet âge n'étant pas encore capable Xxx iij

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145 I.

LVII. L'empereur

refufe aux Bohémiens Ladif

las qu'ils avoient élu

roi.

fant

de gouverner par lui-même; de plus, l'empereur n'opas confier ce jeune prince à des peuples auffi legers & auffi inconftans qu'étoient les Bohémiens, il ne fe rendit point à leurs inftances, & refufa toujours constamment de leur envoyer Ladiflas. Ce refus irrita tellement les Bohémiens, qui favoient que fa majefté imperiale devoit mener leur roi en Italie pour affifter à fon couronnement, qu'ils convoquerent une affemblée dans le deffein d'élire un autre roi. Cette réfolution inquiéta l'empereur ; il leur envoya des ambassadeurs, qui furent Ancas Sylvius alors évêque de Sienne, & Procope RoEn. Sylvius, benftein chevalier de Bohême. Le premier les harangua en latin, & juftifia fi folidement la conduite de l'empereur, en gardant le jeune Ladiflas auprès de lui, que non-feulement les Bohémiens fe rendirent à fes raifons, mais encore ils convinrent entre eux d'envoyer quelques jeunes gentilhommes de Bohême pour accompagner Frederic en Italie, & pour former la cour de leur jeune roi.

hift. Bohem. cap. 58. & epift. 130.

LVIII. Defcription

vius fait des

Thaborites.

epift. 130.

Æneas Sylvius fit une relation de fon voyage, qu'il qu'Encas Syl- adreffa au cardinal Carvajal, qui avoit été légat en Bohême, dans laquelle il lui raconte les differentes avantures qui arrivérent à lui & à fon collégue chez les Thaborites, & qui leur fervirent à mieux connoître le En. Sylvius, génie & les mœurs des Bohémiens. Il mande à ce cardinal, que craignant les voleurs & les embuches fur les chemins, fon compagnon & lui aimerent mieux se fier aux Thaborites, plus rufez à la vérité que les autres, mais moins cruels: ce qui fit tant de plaifir à ces fectaires, qu'ils leur jurérent fidelité, & promirent qu'on ne leur feroit aucun mal. Rien ne nous divertit davantage, dit-il, que de voir ces hommes groffiers contrefaire la politeffe des courtifans; & notre entrée dans

leur ville a quelque chofe de fort fingulier. Il tomboit 14 51. alors une pluie très-froide, & cependant quelques-uns d'entre eux n'avoient que leurs chemifes pour tout habit; & un très-petit nombre portoient des robbes fourrées. Les uns montoient des chevaux fans felles, d'autres fans brides; à ceux-là il manquoit un œil, à l'autre une main. Ils marchoient fans ordre; ils s'entretenoient entre eux fans pudeur, & tout étoit rustique & groffier parmi eux. Ils ne laifferent pas de nous offrir, avec une efpece de politeffe, quelques prefens de poissons, de vin & de bierre.

Il ajoute, que tout ce qu'il y a de plus monftrueux en impieté & en blafphêmes, fait là fà retraite ; qu'il y a autant d'herefies que de têtes, & qu'on y croit tout ce que l'on veut; qu'ils apperçurent deux boucliers à l'une des portes de la ville, fur l'un defquels on avoit peint un Ange tenant un calice, comme pour perfuader au peuple la communion du calice; & fur l'autre bouclier étoit la figure de Zifca, qu'ils femblent adorer comme une divinité, quoiqu'ils ayent en horreur toutes les images. Enée raconte enfuite une partie des avantures de Zifca; il parle de l'herefie des Thaborites, & de la maniere dont leurs villes étoient fortifiées; il blâme Sigifmond de les avoir laissé vivre en liberté, au lieu de les exterminer, & de leur avoir cedé pour toujours les biens des monafteres & de la nobleffe. Enfin, continue-t-il, comme ces peuples ne different pas feulement des Catholiques fur l'article de la communion fous les deux efpeces, mais qu'ils font entierement heretiques, & dans les fentimens de Wiclef, cela nous fit prendre le parti de nous retirer; & aucun de nous n'y voulut dire la meffe, quoique ce fût un dimanche, afin que les Thaborites ne puffent pas fe vanter que les

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