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donner ainfi la communion fous l'efpece du pain & du vin à ceux qui auroient atteint l'âge de difcretion, & qui la demanderoient avec refpect, à condition ,, que ces prêtres leur diroient toujours en les communiant, qu'ils devoient croire fermement que le corps de Jesus-Chrift n'étoit pas feulement fous l'efpece du pain, ni le fang fous l'efpece du vin, mais

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رو

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que

Notre

Seigneur étoit tout entier fous chaque efpece,,. Cette explication caufa encore beaucoup de difputes, qui ne furent terminées que long-tems après. C'est pourquoi les députez drefferent d'autres batteries.

que

Ils eurent recours à des voies plus efficaces. Ils favoient la noblesse & la bourgeoifie de Bohême ne s'étoient déclarées contre les Huffites que par force, & après avoir été abandonnées de l'empereur & des princes de l'empire: qu'elles étoient dans un état violent, à caufe des infultes qu'elles recevoient tous les jours de l'armée & des paylans, & qu'elles feroient toujours prêtes de fe reconcilier avec eux au moment qu'on leur donneroit l'efperance de rendre leur condition meilleure. Sur ce fondement on fit entendre aux gentilshommes & aux bourgeois des villes de Bohême, qu'ils avoient été mal confeillez de dégrader l'empereur pour se mettre fous la domination de Procope, & de changer un gouvernement moderé en celui d'un prêtre fchifmatique, qui ne reconnoiffoit point d'autres loix que celles de fon caprice. Qu'au lieu des quatre états dont la monarchie de Bohême étoit auparavant compofée, un cinquiéme qui étoit l'armée, ufurpoit toute l'autorité, & ne la partageoit en aucune maniere avec les autres. Que les mêmes gens de guerre qui impofoient des taxes immenses pour contenter leur avarice, les levoient avec beaucoup de violence; que leur

14.33.

LXIV.
Les députez

travaillent à la
divifion des Bo-

hémiens.

Cochlée, hift.

Huffit l. 7.

143 3.

insolence ne pouvoit être punie que par un foulevement general, pour prévenir le deffein qu'avoient les Huffites de les exterminer, auffi-tôt qu'ils les auroient dépouillez de leurs biens.

va que

La nobleffe & la bourgeoifie n'étoient que trop convaincues de ces raifons; mais la premiere n'avoit point d'argent, & la feconde ne trouvoit pas assez de fureté à lui en prêter. Les députez du concile fâchez qu'un obftacle fi peu confiderable empêchât le rétablissement de la religion catholique en Bohême, écrivirent à Bafle des lettres fi preffantes, qu'on y fit une quête pour les néceffitez extraordinaires de ce royaume. On ne troudix-huit mille écus, & cette fomme fi peu proportionnée au befoin, ne laiffa pas de produire tout l'effet que l'on pouvoit attendre d'une plus grande, parce qu'elle fut mife entre les mains du plus habile & du plus zelé gentilhomme de Bohême. C'étoit un nommé Mainard de Neuhaux ou de la Maison-neuve, Naucler. ibid. officier de guerre, vaillant & experimenté, qui se piqua de devenir le liberateur de fa patrie. Mais comme la fuite de ces grands évenemens n'arriva que l'année fuivante, il faut reprendre l'hiftoire du concile.

P.45I.

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Le pape Eugene extrémement irrité qu'on eût refufé à Bafle les legats qu'il avoit envoyez au concile, & voyant que l'affaire le termineroit infailliblement à caufer un schisme dans l'églife, caffa par une déclaration publique du 29. de Juillet toutes les citations, procedures & decret's qu'on avoit faits à Bafle contre lui, le faint fiege & les cardinaux, & tout ce qu'ils entreprendroient de faire à l'avenir, excepté ce qu'il leur avoit permis de traitter. Ce qui l'obligea à cette démarche fut la conduite des peres de Balle à fon égard, dans la feffion douzième qui fe tint le lundi 13. de Juil

1433.1.

LXVI. Decret de citation contre le

Ibid. p. 509.

let, dans laquelle les peres fe plaignent fortement de la mauvaise foi du pape, comme ouvrant un chemin à fes fucceffeurs de fe déclarer prévaricateurs des decrets des conciles, & d'en rabaiffer l'autorité. Ils reprochent à ce pape qu'ils ont fait leurs efforts, quoiqu'inutilement, durant dix-huit mois tous entiers, pour fléchir fon infléxibilité, & pour l'engager à favorifer le concile de Bafle: mais parce que les peres craignoient que leur facilité ne paffat pour une lâche connivence, & ne donnât lieu au pape de s'opiniâtrer davantage, ils pri- pape Eugene. rent le parti de fufpendre pour un tems le pouvoir & le droit qu'ils avoient de prononcer contre Eugene un arrêt définitif de condamnation, & fe contenterent, à la priere de Sigifmond, de fommer encore une fois le pape à révoquer après foixante jours, le deffein qu'il avoit projetté de rompre & de transferer le concile, à moins qu'il ne veuille paffer pour contumace & pour un pécheur public. Ce decret eft tout au long dans le tome 12. des conciles à la feffion 12. & conçu en termes extrémement forts, puifqu'on y déclare ce pape incorrigible, fcandalifant toute l'églife, fufpens de toute administration du pontificat, & fait défenses de lui obéir, enjoignant aux prelats de venir au concile.

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LXVII. Decret tou chant les élec

Ibid. p. 513.

Dans cette même feffion le concile fit un autre decret, dans lequel on renouvella le droit des élections tions. établi par les Apôtres, & confirmé par le premier concile de Nicée dans les canons 4. & Ce decret porte 1. que le pape ne peut fe fervir des réferves faites ou à faire au faint fiege, des églifes metropolitaines, cathedrales, collegiales, monafteres & dignitez électives, excepté celles qui font renfermées dans le droit, & qui font dans les terres dépendantes de l'église de Rome; mais qu'on y procederà par élection, fans pour

1433.

Concil. patris Labbe, tom. 12. Seß. 12. conc. Bafil. Decret. de Elect,

LXVIII. Lettre d'Euge. ne aux peres du concile.

mettra par

tant porter aucun préjudice aux privileges & aux cou-
tumes contenues dans la difpofition du droit. 2. Le
concile ordonne que le pape le jour qu'il fera créé, pro-
ferment d'obferver inviolablement ce de-
cret. 3. Il commande à ceux qui ont droit d'élection de
n'élire que des fujets dignes & capables de remplir les
dignitez ecclefiaftiques; & afin qu'une chose de cette
confequence ne fe faffe pas legerement, il veut que le
jour de l'élection les électeurs s'affemblent dans l'égli-
fe pour y entendre avec dévotion la meffe du Saint-
Efprit, dans laquelle ils communieront après s'être
confeffez, afin d'obtenir de Dieu les lumieres nécef-
faires au choix d'un digne fujet. Qu'enfuite étant en-
trez dans le lieu de l'élection, ils jureront tous entre les
mains de celui qui préfide, & celui-ci entre les mains
de celui qui le fuit immédiatement, qu'ils éliront un
homme digne & utile à l'églife, foit évêque ou abbé ;
qu'ils ne donneront point leur voix à un homme qu'ils
foupçonneront raisonnablement d'avoir brigué cette
dignité pour lui ou par follicitation ou par promeffe
d'argent. Le concile prefcrit la formule de ce ferment.
Il eft ordonné qu'on élira des perfonnes d'un âge.
avancé, de bonnes mœurs qui foient dans les ordres
facrez; & l'on défend les élections fimoniaques qu'on
déclare nulles, en privant du droit d'élire ceux qui au-
ront fait de femblables élections. Enfin les
S.
peres ex-
hortent les princes, les communautez & autres de quel-
ques conditions qu'ils foient, de ne point interpofer
leur crédit dans les élections, foit par lettres, foit au-
trement, pour ne point porter préjudice ni faire au-
cune violence à leur liberté.

4.

Dans l'intervale de tems qui fe paffa entre cette feffion & la fuivante, on trouve une épitre du pape

Eugene

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I 43 3.

Eugene dattée du premier d'Août, dans laquelle il marque qu'ayant fu la raifon pour laquelle on avoit refufé les légats qu'il avoit envoyez, il declare à l'inftance de l'empereur & par le confeil de trois cardinaux qui étoient les feuls demeurez auprès de lui, que pour ôter toute occafion de fchifme, il approuve le concile depuis fon commencement, de même que fa continuation, afin qu'on pût travailler tranquilement à extirper les herefies, les guerres, les déreglemens des mœurs, & les autres abus; promettant de fe comporter à l'avenir, comme s'il n'y avoit eu de fa part aucune tranflation, ni rupture, qu'il révoquoit abfolument & entierement; & de favorifer en tout & par tout le concile, pourvu toutefois qu'on reçût fes légats, & qu'on abolît tous les decrets portez contre fa perfonne, fon autorité & fa liberté, contre le faint fiége, les cardinaux, prélats & d'autres qui lui demeuroient attachez. Par une autre lettre dattée du 13. d'Aout, il commet les mêmes archevêques & évêques, & l'abbé tre du même Nicolas, pour demander au concile la révocation des mêmes decrets, leur donnant auffi pouvoir de caffer & annuller tout ce qui avoit été fait de fa part contre l'autorité du même concile, & contre ceux qui le compofoient.

Mais comme ces deux lettres ne contenterent point les peres du concile, qui prétendoient ne devoir, ni même ne pouvoir révoquer aucune des procedures qu'ils avoient faites, & que le pape étoit obligé d'y confentir purement & fimplement, comme étant inferieur au concile; le même pape fit éclatter fon indignation contre les peres, & caffa de fa pleine puiffance le decret de la douziéme feffion fait contre lui, fes cardinaux & autres, par une bulle qu'il rendit publiTome XXII.

I

LXIX. Seconde let

pape.

LXX.'

Le pape caffe

le decret de la

12. feffion.

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