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CLXXXII. Bataille dans la

quelle le duc de

Sommerfet eft

Varvick fils de Richard mit d'abord l'armée du roi dans 145 s. un tel défordre qu'il fut impoffible au general & aux officiers de le reparer; quoique les foldats combatiffent avec beaucoup de valeur. Huit mille foldats des royalistes demeurerent fur le champ de bataille, & avec eux le duc de Sommerfet, le baron de Clifford, les com- t tes de Stafford & de Northumbelland : le duc de Bukingham, quoique bleffé fe fauva avec quelques autres feigneurs. Le roi abandonné des fiens, fe retira dans une petite maifon, où il fe vit bien-tôt invefti, & à la difcretion du vainqueur. Richard affecta en cette occafion des manieres refpectueufes envers cet infortuné monarque; il le confola fur la perte de fon miniftre, & l'affura que cette mort lui procuroit l'affermiffement de fon trône. Il le fit monter à cheval, & le reconduifit à Londres.

On trouve dans la collection des conciles trois lettres du pape Callixte au roi de France: Par la premiere qui eft datée du huitiéme d'Avril de cette année, il apprend à ce monarque, que Dieu l'a élevé fur la chaire de faint Pierre, & que fes freres les cardinaux lui ont imposé une charge qu'il ne peut porter; fi le feigneur qui fe plaît à choisir les foibles pour confondre les forts, ne le foutient; & il demande à fa majefté le fecours de fes prieres auprès de Dieu. Il lui reprefente enfuite la trifte fituation des affaires de la religion opprimée par l'ennemi du nom chrétien; & l'exhorte à fe joindre aux autres princes, pour chaffer le Turc non feulement de Conftantinople, mais même des frontieres de l'Europe. Il le prie de n'être point furpris s'il n'a point appofé le fceau à fon bref, ce qu'il n'a pu faire n'étant pas encore couronné. Dans la feconde lettre, le pape rend graces au roi de son attachement au faint siege : & la troifiéme Iiii iij

CLXXXIII. Lettres du pape

Callixte au roi

de France,

Collect. concil.

Labbei, tom. 13.

1 45 5. qui est du premier Mai 1456. ne contient qu'un remerciment que le · pape lui fait d'avoir permis qu'on levât la dixme dans fon royaume, pour aider aux grandes dépenfes qu'on eft obligé de faire en faveur de la guerre contre les Turcs.

CLXXXIV.

Sigifmond

le cardinal Cu

M'. Dupin met dans cette année le commencement Démêlé entre de la conteftation entre Sigifmond duc d'Autriche d'Autriche, & comte de Tirol, & le cardinal de Cufa touchant l'exécution de la jurifdiction de ce cardinal dans fon évêDupin, biblioth. ché de Brixen; mais il faut que ce foit dès le commenx11. in-quarto. cement de l'année, puifque ce prince fut cité par

fa.

des Aut. tom.

CLXXXV. Réconciliation

parfaite entre le duc de Milan &

Alphonfe.

Ni

colas V. qui mourut dans le mois de Mars. Voici dequoi il s'agiffoit. L'évêché de Brixen dans le comté de Tirol étant vacant, les chanoines de la cathedrale avoient nommé Leonard Wismer chancelier de Sigifmond qui étoit comte de Tirol. Le pape Nicolas refufa de confirmer cette élection; ce qui fut caufe que Sigifmond fit arrêter prifonnier le cardinal de Cufa qui avoit été nommé à cet évêché par le pape, depuis deux ans, fans avoir égard ni à la dignité de cardinal, ni à l'autorité du faint fiege. Cette affaire auroit eu des fuites fâcheufes, fi elle n'eût été appaifée & par la moderation du cardinal lui-même, & par les foins de l'empereur Frederic.

Ce fut dans cette même année qu'Alphonfe roi d'Arragon, ayant appris que Jean duc de Calabre fils aîné de René duc d'Anjou, qu'on appelloit en France roi de Sicile, étoit paffé en Italie, & qu'il y faifoit de fourdes pratiques contre fes interêts, jugea à propos de confirmer la paix déja faite avec Sforce duc de Milan, & de s'unir plus étroitement avec lui, quoiqu'il ne l'eût jamais regardé de bon œil, & qu'il eût été fon ennemi déclaré. La reconciliation toutefois parut entiere &

fincere par le double mariage qui fut propofé, celui 1 4 5 5. d'Hippolyte-Marie fille du duc de Milan, avec un Alphonfe fils aîné de Ferdinand fils naturel du roi d'Arragon; & l'autre de Leonore fille du même Ferdinand, avec Marie Sforce fille du duc. Néanmoins ces mariages ne s'executerent pas, & Leonore fut donnée depuis à Hercule d'Eft duc de Ferrare,fils du marquis d'Est, dont nous avons parlé dans l'hiftoire du concile de Ferrare, lorfqu'il alla au devant des Grecs jusqu'à Venise.

Divifion

varre, & fon

La divifion qui a caufé tant de maux à la Navarre, DCLXXXVatre commença vers ce même tems. Blanche heritiere de Jean roi de Nace royaume avoit eu un fils nommé Charles de Jeans d'Arragon fon mari. Cette princeffe étant morte l'an 1441. Jean époufa en fecondes noces Kabelle de Portugal, & continua à jouir du royaume de Navarre, qui véritablement appartenoit à Charles, qui avoit alors trente ans, & qui n'avoit que deux fœurs, l'une mariée à Gaston comte de Foix, & l'autre à Henri infant de Castille. Cette détention de la Navarre arma le fils contre le pere, & chacun avoit fes partifans dans le royaume. La maison de Grammont très puiffante tenoit le parti du pere; celle de Beaumont qui ne l'étoit pas moins, celui du fils. La belle-mere qui eût voulu être défaite de Charles, augmenta la divifion, & aigrit l'efprit du pere: d'où fuivirent des haines irréconciliables, & des guerres très-cruelles. Le prince Charles ayant donné bataille à fon pere la perdit, & demeura prifonnier; mais quelque tems après il fut mis en liberté par un accommodement que les Arragonnois négociérent. Cependant fa joie fut courte à caufe des nouveaux troubles qui arrivérent par la trop grande avidité du pere, & l'impatience du fils, comme nous dirons dans la fuite.

I 455.

Le parlement de

vêque de Nantes de fon évêché.

Nous avons cette année une preuve éclatante du CLXXXVII. zele que le parlement de Paris a toujours eu pour Paris prive l'é- maintenir les libertez de l'églife gallicane. Guillaude Malétroit évêque de Nantes avoit appellé d'un ordonnance du roi Charles VII. en cour de Rome. Thréfor. chro. Le parlement à la requête du procureur general rennol. du P. Ro- dit un arrêt, qui faifit le temporel de cet évêque à en cette année cause de fon appel, parce qu'il avoit en cela violé les

mualdFeuillant,

1455.

privileges de l'églife gallicane, & les loix fondamen-
tales du royaume qui défendent d'interjetter de fem-
blables appels, parce que le roi ne tient fon temporel
que de Dieu feul, & ne reconnoît point en cette ma-
tiere d'autre fuperieur fur la terre. Le même arrêt dé-
claroit, que quoiqu'il foit vrai que le faint fiége puiffe
juridiquement excommunier le roi, il n'a pas cepen-
dant le pouvoir de le priver de fes états, ni de les don-
ner au premier qui s'en faifira, ni de difpenfer fes
fujets du ferment de fidelité: Que les droits du prince
ne doivent être plaidez qu'en fa cour; & tant s'en
faut que les évêques puiffent appeller de fes ordon-
nances & de fes édits, pour les faire caffer & annuller
par les papes, qu'ils ne peuvent pas même sortir du
royaume fans fa permiffion, ni les papes citer devant
eux aucun de fes fujets. Telles furent les remontran-
ces du procureur general. L'évêque fe démit de fon évê-
ché de Nantes en faveur d'un de fes neveux
& le pape
lui donna le titre d'archevêque de Theffalonique;
mais ce ne fut qu'en l'année 1462, fous Pie II.

Fin du Vingt-deuxième Tome,

TABLE

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A

429

A

617

Agnès Sorean. Son hiftoire, & les
jaloufies qu'elle caufe à la cour
Tome XX11.

522

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