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B

143 I.

V.

Premiere fel

la ruine de toute l'églife. Il écrivit de même au pape,
pour
le diffuader d'executer fa réfolution; l'engageant
à accorder plutôt fa protection au concile, qu'à penfer
rompre.

à le

a

La premiere feffion fut donc tenue le 14. de Decemfion du concile bre dans l'églife cathedrale de Bafle. La messe Y

de Bafle.

Concil. Patris Labbe, tom. 12.

fut

célebrée par Philibert, évêque de Coûtances en Nor-
mandie; & après les prieres ordinaires dans ces occa-
fions, le cardinal Julien en qualité de prefident du con-
cile, fit un difcours fur ces paroles du prophete Ifaïe,ch.
52. V. 11. Purifiez vous, vous qui portez les vafes du Seigneur,
exhortant les peres à mener une vie pure & fans tache,
à avoir une charité fincére les uns pour les autres, & à
pourvoir au besoin de toute l'églife, comme il convient
à ceux qui en font les chefs & les miniftres. Ce dif-
cours étant fini, le même évêque de Coûtances monta
en chaire, ou plutôt fur un trône affez élevé, & lut les
reglemens fuivans, à voix haute & intelligible, pour
être entendu de tout le monde, en présence de l'ambaf-
fadeur du roi des Romains, de celui du duc de Savoie,
& d'autres perfonnes de diftinction

La premiere chofe qu'il lut, fut le decret du concile P 459 462. de Conftance, dans la feffion trente-neuviéme touchant la célebration des conciles, où il étoit ordonné, qu'il se tiendroit un concile general cinq ans après celui de Conftance, un troifiéme, fept ans après la fin du fecond; & à l'avenir qu'il s'en tiendroit toujours un de dix ans en dix ans, dans les lieux que le pape indiqueroit à la fin de chaque concile, du confentement & avec l'approbation du concile même. Après cette lecture, on publia le decret qui affignoit la ville de Bafle, pour le lieu du concile, avec la bulle de Martin V. à ce fujet. Ensuite, on proposa six motifs, qui furent

Ibid p. 405.&

458.

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comme le but & la fin de tout le concile. Le premier, d'extirper les herefies. Le fecond, de réunir tout le peuple chrétien à l'églife catholique. Le troifiéme, de les inftruire dans les véritez de la foi. Le quatrième, d'appaifer les guerres entre les princes chrétiens. Le cinquième de réformer l'église dans fon chef, & dans fes membres. Le fixiéme, de rétablir, autant qu'il feroit poffible, l'ancienne difcipline de l'églife. Et parce que tous ces motifs fe réduifoient à ce deffein capital, de réformer l'églife, les peres prirent toutes les mesures & toutes les précautions nécessaires, pour exécuter furement ce deffein, & pour prévenir toutes les oppofitions qu'on auroit pû y apporter. Ils publierent les decrets portez par le concile de Constance, contre ceux qui troubleroient le concile, & qui, par des intrigues fecretes, ou par une violence ouverte & déclarée, en empêcheroient le progrès; contre ceux qui feroient infulte aux membres du concile, & contre ceux qui s'en retireroient, fans avoir auparavant fait part des raifons qui les porteroient à quitter le concile.

Une preuve de la fageffe & de la prudence des peres de ce concile, fut, le foin & l'exactitude qu'ils apporterent dans la décifion des matieres conteftées. Ils ordonnerent d'abord, que tous les évêques qui venoient au concile, feroient diftribuez en quatre claffes égales, & que chaque claffe feroit compofée de cardinaux, patriarches, archevêques, évêques, abbez, curez & docteurs, tant feculiers que reguliers, en theologie & en droit canon de quelque nation ou province qu'ils fuffent, Afin que le nombre de ceux qui compofoient ces claffes fût égal, on choififfoit tous les mois quatre perfonnes, c'eft-à-dire, un de chaque claffe, qui diftribuoient également ceux qui venoient tous les jours au

1431.

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rations des quatre claffes, elles en faifoient leur rapport au préfident du concile, qui indiquoit l'affemblée génerale, pour y dreffer la conclufion fynodale dans une feffion publique.

143 1.

Cette affemblée génerale étoit compofée des quatre nations, qui fe trouvoient dans le chapitre de l'églife cathédrale de la ville de Bafle en Suiffe; & là il étoit libre à chacun de propofer ce qu'il vouloit, fur la question qui avoit été examinée, & fur laquelle on devoit conclure. Après quoi, la feffion publique fe tenoit dans l'église cathédrale. On dreffoit la conclufion, & on l'inféroit dans les actes du concile. Voilà l'ordre qui a été gardé par les peres du concile de Bafle, dans les matieres conteftées. La raison de cette maniere d'agir du concile, fut pour empêcher les brigues de la nation d'Italie, qui a beaucoup plus d'évêques que les autres, & qui par leur grand nombre auroit pû retarder, ou empêcher, la réforme de l'églife. On a vû que ce même ordre avoit été gardé, vingt-quatre ans auparavant, dans le concile de Conftance. Cette diftribution des peres du concile de Bafle en quatre claffes, fe trouve à la fin de l'abregé de ce concile, imprimé dans le trentiéme tome des conciles du Louvre. Les fiécles paffez, & qui ont précédé ce Regia, tom. 30. concile, ne nous fourniffent point d'exemple d'une in fine. plus grande exactitude, ni d'une plus grande liberté.

On lut auffi dans cette premiere feffion, le decret du concile XI. de Tolede, contre ceux qui troubleroient le concile, par des paroles indifcretes, par du bruit, des ris immodérez, ou des difputes avec opiniâtreté, fous peine d'être exclus du concile, & d'être excommuniez pendant trois jours. Et pour empêcher les conteftations qui pouvoient s'élever fur les rangs, Tome XXII.

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Concil. general. in editiene

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1431.

V I.

Affemblée de

Bourges.

tier

Hift. de

il fut ordonné que le rang qu'on auroit dans le concile, & que les qualitez qu'on y prendroit, ne pourroient fervir de titre d'un droit acquis, ni préjudicier à perfonne. Enfin on accorda à ceux qui affifteroient au concile, le droit de percevoir les fruits de leurs benefices, quoiqu'abfens; & on y nomma les officiers du concile. Les notaires furent Luc de Viffo, fecretaire du cardinal Julien, & Rodulphe du diocese de Geneve, aufquels on joignit Henri Nithart, docteur en droit canon, & Louis Paris licentié, pour avoir infpection fur les actes qu'on écriroit. On nomma pour promoteurs, Nicolas Ami, licentié en théologie, & Henri Anefter, licentié en droit canon : & Henri Stater, doyen d'Utrecht, avec Saudere de Marthufen, furent choifis pour régler les places dans le concile. Le préfident y affiftoit en habits pontificaux, & étoit placé dans la chaire épifcopale près de l'autel, le vifage tourné vers les peres du concile, qui étoient affis en habits pontificaux, dans les fieges des deux côtez du choeur. Les ambaffadeurs des princes étoient dans le milieu fur des bancs, le vifage tourné vers le préfident; & derriere eux, les generaux d'ordre, les docteurs, & les autres ecclefiaftiques. Les prieres ordinaires étant finies, un ou deux prélats montoient au jubé, lifoient les decrets, & demandoient fi on les approuvoit : le préfident du concile, & ceux de chaque députation répondoient qu'oui; & ainfi finifsoit la feffion.

Tout le tems qui s'écoula jufqu'à la prochaine feffion, qui fe tint l'année fuivante, fut employé en Jean Char différentes congrégations, où l'on penfa aux moyens d'empêcher le pape Eugene de diffoudre le concile comme il avoit réfolu de le faire. Ce fut pour s'oppofer à ce deffein, que les prélats de l'églife de France,

Charles VIL

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