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Mais de ces langues diffamantes
Dieu faura venger l'innocent.
Je le verrai, ce Dieu puiffant,
Foudroyer leurs têtes fumantes.
Il vaincra ces lions ardens,

Et dans leurs gueules écumantes
Il plongera fes mains, & brifera leurs dents.
Ainfi que la vague rapide

D'un torrent qui roule à grand bruit,
Se diffipe & s'évanouit

Dans le fein de la terre humide:

Ou comme l'airain enflammé

Fait fondre la cire fluide,

Qui bouillonne à l'afpect du brafier allumé:
Ainfi leurs grandeurs éclipfées.
S'anéantiront à nos yeux ;.
Ainfi la juftice des cieux
Confondra leurs lâches penfées.
Leurs dards deviendront impuissans,
Et de leurs pointes émouffées
Ne pénétreront plus le fein des innocens.

Avant que leurs tiges célébres
Puiffent pouffer des rejettons ;
Eux-mêmes, triftes avortons,
Seront cachés dans les ténébres;
Et leur fort deviendra pareil
Au fort de ces oifeaux funébres,

Qui n'ofent foutenir les regards du foleil..

C'est alors que de leur difgrace. Les juftes riront à leur tour: C'est alors que viendra le jour De punir leur fuperbe audace ; Et que, fans paroître inhumains, Nous pourrons extirper leur race, Et laver dans leur fang nos innocentes mains

Ceux qui verront cette vengeance
Pourront dire avec vérité,
Que l'injuftice & l'équité

Tour à tour ont leur récompense;

Et qu'il eft un Dieu dans les cieux,
Dont le bras foutient l'innocence,

Et confond des méchands l'orgueil ambitieux.

O DE VI.

TIRÉE DU PSEAUME LXXI.

Idée de la véritable grandeur des Rois.

Digna qus lire entre tous,

Dieu, qui par un choix propice

Un homme qui fut parmi nous
L'oracle de votre justice:
Infpirez à ce jeune Roi,
Avec l'amour de votre loi
Et l'horreur de la violence,
Cette clairvoyante équité,
Qui de la fauffe vraisemblance
Sait difcerner la vérité.

Que par des jugemens sévéres
Sa voix affure l'innocent:
Que de fon peuple gémissant
Sa main foulage les miféres.
Que jamais le menfonge obfcur
Des pas de l'homme libre & pur
N'ofe à fes yeux fouiller la trace
Et que le vice faftueux

Ne foit point affis à la place
Du mérite humble & vertueux.

Ainfi du plus haut des montagnes
La paix & tous les dons des cieux,
Comme un fleuve délicieux,
Viendront arrofer nos campagnes.

Son régne à fes peuples chéris
Sera ce qu'aux champs défleuris
Eft l'eau que le ciel leur envoie ;
Et tant que luira le foleil,
L'homme plein d'une fainte joic
Le bénira dès fon réveil.

Son thrône deviendra l'azyle
De l'orphelin perfécuté:
Son équitable austérité
Soutiendra le foible pupile.
Le pauvre, fous ce défenseur,
Ne craindra plus que l'oppreffeur
Lui raviffe fon héritage;

Et le champ qu'il aura femé,
Ne deviendra plus le partage
De l'ufurpateur affamé.

Ses dons verfés avec justice,
Du pâle calomniateur,
Ni du fervile adulateur
Ne nourriront point l'avarice;
Pour eux fon front fera glacé.
Le zèle défintéressé

Seul digne de fa confidence,
Fera renaître pour jamais
Les délices & l'abondance,
Inféparables de la paix.

Alors fa jufte renommée,
Répandue au-delà des mers,
Jufqu'aux deux bouts de l'univers
Avec éclat fera femée.
Ses ennemis humiliés

Mettront leur orgueil à fes piés:

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Et des plus éloignés rivages
Les rois, frapés de fa grandeur,
Viendront par de riches hommages
Briguer fa puiffante faveur.

Ils diront: Voilà le modèle
Que doivent fuivre tous les rois;
C'eft de la fainteté des loix
Le protecteur le plus fidèle.
L'ambitieux immodéré,

Et des eaux du fiécle enyvré,
N'ofe paroître en fa préfence.
Mais l'humble reffent fon appui ;
Et les larmes de l'innocence
Sont précieufes devant lui.

De fes triomphantes années
Le tems refpe&tera le cours ;
Et d'un long ordre d'heureux jours
Ses vertus feront couronnées.
Ses vaiffeaux, par les vents pouffés
Vogueront des climats glacés.
Aux bords de l'ardente Lybie..
La mer enrichira fes ports;
Et pour lui l'heureuse Arabie
Epuifera tous les tréfors.

Tel qu'on voit la tête chenue
D'un chêne, autrefois arbrisseau,
Egaler le plus haut rameau
Du cédre caché dans la nue:
Tel croiffant toujours en grandeur
Il égalera la fplendeur

Du potentat le plus fuperbe ;
Et fes redoutables fujets
Se multiplieront comme l'herbe
Autour des humides marêts.

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