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Qu'il vive, & que dans leur mémoire
Les rois lui dreffent des autels.
Que les cœurs de tous les mortels
Soient les monumens de fa gloire.
Et vous, ô Maître des humains
Qui de vos bienfaifantes mains
Formez les monarques célébres :
Montrez-vous à tout l'univers;
Erdaignez chaffer les ténébres,
Dont nos foibles yeux font couverts.

ODE VII.

TIRÉE DU PSEAUME LXXII.

Inquiétude de l'ame fur les voies de la Providence.

Q

Ue la fimplicité d'une vertu paifible

Eft fûre d'être heureufe, en fuivant le Sei

gneur ! Deffillez-vous, mes yeux; confole-toi mon cœur : Les voiles font levés; fa conduite eft visible

Sur le jufte & fur le pécheur.

Pardonne, Dieu puiffant, pardonne à ma foibleffe.
A l'afpe& des méchans, confus, épouvanté,
Le trouble m'a faifi, mes pas ont hélité.
Mon zèle m'a trahi, Seigneur, je le confeffe,
En voyant leur profpérité.

Cette mer d'abondance où leur ame fe noie,
Ne craint ni les écueils, ni les vents rigoureux :
Ils ne partagent point nos fléaux douloureux :
lls marchent fur les fleurs, ils nagent dans la joie ;
Le fort n'ofe changer pour eux.

Voilà donc d'où leur vient cette audace intrépide,
Qui n'a jamais connu craintes ni repentirs.
Envelopés d'orgueil, engraiffés de plaisirs,
Enyvrés de bonheur, ils ne prennent pour guides,
Que leurs plus infenfés défirs.

Leur bouche ne vômit qu'injures & blafphêmes,
Et leur cœur ne nourrit que penfers vicieux.
Ils affrontent la terre, ils attaquent les cieux;
Et n'élevent leur voix, que pour vanter eux-mêmes
Leurs forfaits les plus odieux.

De-là, je l'avoûrai, naiffoit ma défiance.

Si fur tous les mortels Dieu tient les yeux ouverts, Comment, fans les punir, voit-il des cœurs pervers? Et s'il ne les voit point, comment peut fa science Embraffer tout cet univers?

Tandis qu'un peuple entier les fuit & les adore,
Prêt à facrifier fes jours mêmes aux leurs;
Accablé de mépris, confumé de douleurs,
Je n'ouvre plus mes yeux au rayons de l'aurore,
Que pour faire place à mes pleurs.

Ah! c'est donc vainement qu'à ces ames parjures
J'ai toujours refufé l'encens que je te doi?
C'est donc en vain, Seigneur, que m'attachant à

τοί,

Je n'ai jamais lavé mes mains fimples & pures
Qu'avec ceux qui fuivent ta loi?

C'étoit en ces difcours que s'exhaloit ma plainte.
Mais, ô coupable erreur! ô transports indifcrets!
Quand je parlois ainfi, j'ignorois tes fecrets;
J'offenfois tes élûs, & je portois atteinte
A l'équité de tes décrets.

Je croyois pénétrer tcs jugemens auguftes;
Mais, grand Dieu, mes efforts ont toujours été

vains,

Jufqu'à ce qu'éclairé du flambeau de tes Saints, J'ai reconnu la fin qu'à ces hommes injuftes.

Réfervent tes puiffantes mains.

J'ai vu que leurs honneurs, leur gloire, leur richesse,
Ne font que des filets tendus à leur orgueil;
Que le port n'eft pour eux qu'un véritable écueil;
Et que ces lits pompeux où s'endort leur molleffe,
Ne couvrent qu'un affreux cercueil.

Comment tant de grandeur s'eft-elle évanouie ?
Qu'eft devenu l'éclat de ce vafte appareil?
Quoi! leur clarté s'éteint aux clartés du foleil?
Dans un fommeil profond ils ont paffé leur vie,
Et la mort a fait leur réveil.

Infenfé que j'étois, de ne pas voir leur chute
Dans l'abus criminel de tes dons tout-puiffans!
De ma foible raifon j'écoutois les accens;
Et ma raifon n'étoit que l'inftin&t d'une brute,
Qui ne juge que par les fens.

Cependant, ô mon Dieu? foutenu de ta grace,
Conduit par ta lumière, appuyé fur ton bras,
J'ai confervé ma foi dans ces rudes combats.
Mes piés ont chancelé : mais enfin de ta trace
Je n'ai point écarté mes pas..

Puis-je affez exalter l'adorable clémence
Du Dieu qui m'a fauvé d'un fi mortel danger?
Sa main contre moi-même a fçu me protéger;
Et fon divin amour m'offre un bonheur immense,
Pour un mal foible & paffager.

Que me refte-t-il donc à chérir fur la terre,
Et qu'ai-je à défirer au céleste féjour ?

La nuit qui me couvroit, céde aux clartés du jour :
Mon efprit ni mes fens ne me font plus la guerre ;.
Tout eft abforbé par l'amour.

Car enfin, je le vois; le bras de fa juftice,
Quoique lent à fraper, se tient toujours levé
Sur ces hommes charnels, dont l'efprit dépravé
Ofe à de faux objets offrir le facrifice

D'un cœur pour lui feul réfervé.

Laiffons-les s'abîmer fous leurs propres ruines.
Ne plaçons qu'en Dieu feul nos vœux & notre espoir.
Faifons-nous de l'aimer un éternel devoir;
Et publions par-tout les merveilles divines
De fon infaillible pouvoir.

ODE VIII.

TIRÉE DU PSEAUME LXXV. Etappliquée à la dernière guerre des Turcs. Quelle est la véritable reconnoissance que Dieu exige des hommes.

LE Seigneur eft connu dans nos climats paifibies.

habite avec nous; & fes fecours vifibles

Ont de fon peuple heureux prévenu les fouhaits. Ce Dieu, de fes faveurs nous comblant à toute heure,

A fait de fa demeure

La demeure de paix.

Du haut de la montagne où fa grandeur réfide, 11 a brifé la lance & l'épée homicide

Sur qui l'impiété fondoit fon ferme appui.
Le fang des étrangers a fait fumer la terre ;
Et le feu de la guerre

S'eft éteint devant lui.

Une affreufe clarté dans les airs répandue
A jetté la frayeur dans leur troupe éperdue:
Par l'effroi de la mort ils fe font diffipés:
Et l'éclat foudroyant des lumières céleftes
A difperfé leurs restes
Aux glaives échapés.

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