Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Infenfé! qui remplis d'une vapeur légére,

Ne prenez pour confeil qu'une ombre menfongére,
Qui vous peint des tréfors chimériques & vains :
Le réveil fuit de près vos trompeufes yvreffes;
Et toutes vos richeffes
S'écoulent de vos mains.

L'ambition guidoit vos efcadrons rapides.
Vous dévoriez déja, dans vos courfes avides,
Toutes les régions qu'éclaire le foleil.
Mais le Seigneur fe léve; il parle, & fa menace
Convertit votre audace

En un morne fommeil.

O Dieu, que ton pouvoir eft grand & redoutable!
Qui pourra fe cacher au trait inévitable
Dont tu pourfuis l'impie au jour de ta fureur?
A punir les méchans ta colére fidelle
Fait marcher devant elle

La mort & la terreur.

Contre ces inhumains, tes jugemens auguftes
S'élevent pour fauver les humbles & les juftes,
Dont le cœur devant toi s'abbaiffe avec respect.
Ta juftice paroît de feux étincelante ;
Et la terre tremblante
S'arrête à fon aspect.

Mais ceux pour qui ton bras opére ces miracles,
N'en cueilleront le fruit, qu'en fuivant tes oracles,
En béniffant ton nom, en pratiquant ta loi.
Quel encens eft plus pur qu'un fi faint exercice?
Quel autre facrifice

Seroit digne de toi ?

Ce font-là les préfens, grand Dieu, que tu demandes.
Peuples, ce ne font point vos pompeufes offrandes
Qui le peuvent payer de fes dons immortels:
C'est par une humble foi, c'est par un amour tendre,
Que l'homme peut prétendre
D'honorer fes autels.

Venez donc adorer le Dieu faint & terrible,
Qui vous a délivrés par fa force invincible
Du joug que vous avez redouté tant de fois;
Qui d'un foufle détruit l'orgueilleufe licence,
Reléve l'innocence,

Et terraffe les rois.

1

[blocks in formation]

TIRÉE DU PSEAUME XC.

Que rien ne peut troubler la tranquillité de ceux qui s'affurent en Dieu.

.

C

Elui qui mettra fa vie

Sous la garde du Très-haut,
Repouffera de l'envie

Le plus dangereux affaut.
Il dira: Dieu redoutable,
C'eft dans ta force indomtable
Que mon efpoir eft remis:
Mes jours font ta propre caufe;
Et c'est toi feul que j'oppofe
A mes jaloux ennemis.

Pour moi dans ce feul azyle.
Par fes fecours tout-puiffans,
Je brave l'orgueil ftérile
De mes rivaux frémiffans.
En vain leur fureur m'affiége,

Sa juftice rompt le piége
De ces chaffeurs obftinés:
Elle confond leur adreffe,
Et garantit ma foibleffe
De leurs dards empoisonnés.

O toi, que ces cœurs féroces
Comblent de crainte & d'ennui.
Contre leurs complots atroces
Ne cherche point d'autre appui..
Que la vérité propice
Soit contre leur artifice

Ton

Ton plus invincible mur.
Que fon aîle tutélaire
Contre leur âpre colére
Soit ton rempart le plus fûr.

Ainfi méprifant l'atteinte
De leurs traits les plus perçans,
Du froid poifon de la crainte
Tu verras tes jours exemts:
Soit que le jour fur la terre
Vienne éclairer de la guerre
Les implacables fureurs ;
Ou foit que la nuit obfcure
Répande dans la nature
Ses ténébrcufes horreurs.

Quels effroyables abîmes
S'entrouvrent autour de moi!
Quel déluge de victimes

S'offre à mes yeux pleins d'effroi !
Quelle épouvantable image
De morts, de fang, de carnage,
Frape mes regards tremblans!
Et quels glaives invisibles
Percent de coups fi terribles
Les corps pâles & fanglans?
Mon cœur, fois en affurance;
Dieu fe fouvient de ta foi ;
Les fléaux de fa vengeance
N'approcheront pas de toi.
Le jufte eft invulnérable :
De fon bonheur immuable
Les Anges font les garans ;
Et toujours leurs mains propices
A travers les précipices
Conduifent fes pas errans.

Dans les routes ambiguës
Du bois le moins fréquenté,
Parmi les ronces aiguës
Il chemine en liberté.
Nul obftacle ne l'arrête.
Ses piés écrafent la tête
Du dragon & de l'afpic.
Il affronte avec courage
La dent du lion sauvage,
Et les yeux du bafilic.

Si quelques vaines foibleffes
Troublent fes jours triomphans ;
11 fe fouvient des promeffes
Que Dieu fait à fes enfans.
A celui qui m'eft fidelle,
Dit la fageffe éternelle,
J'affurerai mes fecours:
Je raffermirai fa voie,
Et dans des torrens de joie
Je ferai couler fes jours.

Dans fes fortunes diverfes
Je viendrai toujours à lui ;
Je ferai dans fes traverfes
Son inféparable appui :
Je le comblerai d'années
Paifibles & fortunées.
Je bénirai fes deffeins:
Il vivra dans ma mémoire,
Et partagera la gloire
Que je réserve à mes Saints.

« AnteriorContinuar »