Imágenes de páginas
PDF
EPUB

O DE XII.

TIREE DU PSEAUME CXIX. Contre les Calomniateurs.

D

Ans ces jours deftinés aux larmes, Où mes ennemis en fureur Aiguifoient contre moi les armes De l'impofture & de l'erreur : Lorfqu'une coupable licence Empoifonnoit mon innocence, Le Seigneur fut mon feul recours : J'implorai fa toute-puiffance, Et fa main vint à mon fecours.

O Dieu, qui punis les outrages,
Que reçoit l'humble vérité,
Venge-toi; détruit les ouvrages
De ces lèvres d'iniquité;
Et confons cet homme parjure
Dont la bouche non moins impure
Publie avec légereté

Les menfonges que l'impofture
Invente avec malignité.

Quel rempart, quelle autre barrière
Pourra défendre l'innocent

Contre la fraude meurtrière
De l'impie adroit & puiflant?
Sa langue aux feintes préparée
Reffemble à la fléche acerée
Qui part & frape en un moment.
C'eft un feu léger dès l'entrée,
Que fuit un long embrafement.

Hélas! dans quel climas fauvage
Ai-je fi long-tems habité!
Quel exil! quel affreux rivage!
Quels afyles d'impiété !
Cédar, où la fourbe & l'envie
Contre ma vertu poursuivie
Se déchaînerent fi long-tems,
A quels maux ont livré ma vie
Tes facriléges habitans!

J'ignorois la trame invisible
De leurs pernicieux forfaits.
Je vivois tranquille & paifible
Chez les ennemis de la paix.
Et lorfqu'exempt d'inquiétude,
Je faifois mon unique étude
De ce qui pouvoit les flater,
Leur déteftable ingratitude
S'armoit pour me perfécuter.

BY

ODE XIII.

TIREE DU PSEAUME CXLII.

Image du bonheur temporel des méchans.

B

Eni foit le Dieu des armées,

Qui donne la force à mon bras,
Et par qui mes mains font formées
Dans l'art pénible des combats.
De fa clémence inépuisable
Le fecours prompt & favorable
A fini mes oppreffions:
En lui j'ai trouvé mon afile,
Et par lui d'un peuple indocile,
J'ai diffipé les fa&ions.

Qui fuis-je, vile créature?

Qui fuis-je, Seigneur ? Et pourquoi
Le Souverain de la nature
S'abaiffe-t'il jusques à moi?
L'homme en fa courfe paffagére
N'eft rien qu'une vapeur légére
Que le foleil fait diffiper:

Sa clarté n'eft qu'une nuit fombre ;
Et fes jours paffent comme une ombre
Que l'œil fuit, & voit échaper.

Mais quoi les périls qui m'obfédent
Ne font point encore paflés:
De nouveaux ennemis fuccédent
A mes ennemis terraffés.

Grand Dieu, c'eft toi que je réclame:
Léve ton bras, lance ta flâme,

Abaiffe la hauteur des cieux: Et vient fur leur voûte enflammée,' D'une main de foudres armée Fraper ces monts audacieux. Objet de mes humbles cantiques, Seigneur, je t'adreffe ma voix : Toi, dont les promeffes antiques Furent toujours l'efpoir des rois; Toi, de qui les fecours propices A travers tant de précipices M'ont toujours garanti d'effroi ; Conferve aujourd'hui ton ouvrage, Et daigne détourner l'orage Qui s'apprête à fondre fur-moi. Arrête cet affreux déluge, Dont les flots vont me fubmerger. Sois mon vengeur, fois mon refuge Contre les fils de l'étranger. Venge-toi d'un peuple infidelle, De qui la bouche criminelle Ne s'ouvre qu'à l'impiété, Et dont la main vouée au crime Ne connoît rien de légitime Que le meurtre & l'iniquité.

[ocr errors]

Ces hommes qui n'ont point encore
Eprouvé la main du Seigneur,
Se flattent que Dieu les ignore
Et s'enyvrent de leur bonheur.
Leur poftérité florissante,
Ainfi qu'une tige naiffante,
Croît & s'éleve fous leurs yeux.
Leurs filles couronnent leurs têtes
De tout ce qu'en nos jours de fêtes
Nous portons de plus précieux.

De leurs grains les granges font pleines:
Leurs celliers regorgent de fruits:
Leurs troupeaux tout chargés de laines.
Sont inceffamment reproduits :
Pour eux la fertile rofée

Tombant fur la terre embrasée,
Rafraîchit fon fein altéré;

Et pour eux le flambeau du monde.
Nourrit d'une chaleur féconde
Le germe en fes flancs refferré.

Le calme regne dans leurs villes,
Nul bruit n'interrompt leur fommeil:
On ne voit point leurs toits fragiles
Ouverts aux rayons du soleil.
C'est ainfi qu'ils paffent leur âge.
Heureux, difent-ils, le rivage
Où l'on jouit d'un tel bonheur !.
Qu'ils reftent dans leur rêverie.
Heureufe la feule patrie
Où l'on adore le Seigneur !

« AnteriorContinuar »