Ce fera celui dont la bouche Rend hommage à la vérité ; Qui fous un air d'humanité Ne cache point un cœur farouche, Et qui par des difcours faux & calomnieux Jamais à la vertu n'a fait baiffer les yeux.
Celui devant qui le fuperbe, Enflé d'une vaine fplendeur, Paroît plus bas dans fa grandeur Que l'infecte caché fous l'herbe ; Qui bravant du méchant le fafte couronné., Honore la vertu du jufte infortuné.
Celui, dis-je, dont les promeffes Sont un gage toujours certain: Celui, qui d'un infâme gain Ne fait point groffir fes richesses: Celui, qui fur les dons du coupable puissant N'a jamais décidé du fort de l'innocent.
Qui marchera dans cette voie, Comblé d'un éternel bonheur, Un jour des élûs du Seigneur Partagera la fainte joie; Et les frémiffemens de l'enfer irrité Ne pourront faire obftacle à fa félicité.
Mouvemens d'une ame qui s'élève à la connoiffance de Dieu par la contemplation
de fes ouvrages.
L
Es cieux inftruisent la terre A révérer leur auteur. Tout ce que leur globe enferre, Célèbre un Dieu créateur, Quel fublime cantique, Que ce concert magnifique De tous les céleftes corps! Quelle grandeur infinie! Quelle divine harmonie Réfulte de leurs accords!
De fa puiffance immortelle Tout parle, tout instruit. Le jour au jour la révèle, La nuit l'annonce à la nuit. Ce grand & fuperbe ouvrage N'eft point pour l'homme un langage Obfcur & mistérieux : Son admirable structure Et la voix de la nature, Qui fe fait entendre aux yeux.
Dans une éclatante voute 11 a placé de fes mains Ce foleil, qui dans fa route Eclaire tous les humains. Environné de lumière, Cet aftre ouvre fa carrière, Comme un époux glorieux, Qui dès l'aube matinale De fa couche nuptiale Sort brillant & radieux.
L'univers, à fa présence, Semble fortir du néant. 11 prend fa courfe, il s'avance Comme un fuperbe géant. Bientôt fa marche féconde Embraffe le tour du monde Dans le cercle qu'il décrit ; Et par fa chaleur puiffante, La nature languiffante te ranime & fe nourrit.
O que tes œuvres font belles ! Grand Dieu, quels font tes bienfaits? Que ceux qui te font fidelles, Sous ton joug trouvent d'attraits! Ta crainte infpire la joic: Elle affure notre voie, Elle nous rend triomphant: Elle éclaire la jeuneffe, Et fait briller la fageffe Dans les plus foibles enfans.
Soutien ma foi chancelante, Dieu puiflant; infpire moi Cette crainte vigilante Qui fait pratiquer ta loi. Loi fainte, loi défirable. Ta richeffe eft préférable A la richeffe de l'or; Et ta douceur eft pareille Au miel dont la jeune abeille Compofe fon cher tréfor.
Mais fans tes clartés facrées, Qui peut connoître, Seigneur, Les foibleffes égarées Dans les replis de fon cœur ? Prête moi tes feux propices. Vien m'aider à fuir les vices Qui s'attachent à mes pas. Vien confumer par ta flâme Ceux que je vois dans mon ame, Et ceux que je n'y vois pas.
Si de leur trifte esclavage Tu viens dégager mes fens; Si tu détruis leur ouvrage, Mes jours feront innocens. J'irai puifer fur ta trace Dans les fources de ta grace; Et de fes eaux abreuvé, Ma gloire fera connoître Que le Dieu qui m'a fait naître, Eft le Dieu qui m'a fauvé.
ODE III.
TIRÉE DU PSEAUME XLVIII.
Sur l'aveuglement des hommes du fiècle.
Q
U'aux accens de ma voix la terre fe réveille : Rois, foyez attentif: peuples, ouvrez l'oreille: Que l'univers fe taife, & m'écoute parler. Mes chants vont feconder les accords de ma lire : L'Esprit faint me pénétre, il m'échauffe, il m'infpire Les grandes vérités que je vais révéler.
L'homme en fa propre force a mis fa confiance ; Ivre de fes grandeurs, & de fon opulence, L'éclat de fa fortune enfle fa vanité.
Mais, ô moment terrible! ô jour épouvantable Où la mort faifira ce fortuné coupable, Tout chargé de liens de fon iniquité?
Que deviendront alors, répondez, grands du monde
Que deviendront ces biens où votre espoir fe fonde, Et dont vous étalez l'orgueilleufe moiffon? Sujets, amis, parens, tout deviendra ftérile; Et dans ce jour fatal, l'homme à l'homme inutile Ne paîra point à Dieu le prix de sa rançon.
Vous avez vû tomber les plus illuftres têtes; Et vous pourriez encore, infenfés que vous êtes, Ignorer le tribut que l'on doit à la mort? Non, non, tout doit franchir ce terrible paffage. Le Riche & l'indigent, l'imprudent & le fage, Sujets à même loi, fubiffent même fort.
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