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Ce fera celui dont la bouche_
Rend hommage à la vérité ;
Qui fous un air d'humanité

Ne cache point un cœur farouche,

Et qui par des difcours faux & calomnieux
Jamais à la vertu n'a fait baiffer les yeux.

Celui devant qui le fuperbe,
Enflé d'une vaine fplendeur,
Paroît plus bas dans fa grandeur
Que l'infecte caché fous l'herbe ;
Qui bravant du méchant le fafte couronné.,
Honore la vertu du jufte infortuné.

Celui, dis-je, dont les promeffes
Sont un gage toujours certain:
Celui, qui d'un infâme gain

Ne fait point groffir fes richesses: Celui, qui fur les dons du coupable puissant N'a jamais décidé du fort de l'innocent.

Qui marchera dans cette voie,
Comblé d'un éternel bonheur,
Un jour des élûs du Seigneur
Partagera la fainte joie;

Et les frémiffemens de l'enfer irrité
Ne pourront faire obftacle à fa félicité.

O DE II.

TIREE DU PSEAUME XVIIL

Mouvemens d'une ame qui s'élève à la connoiffance de Dieu par la contemplation de fes ouvrages.

L

Es cieux inftruisent la terre
A révérer leur auteur.

Tout ce que leur globe enferre,
Célèbre un Dieu créateur,
Quel fublime cantique,
Que ce concert magnifique
De tous les célestes corps!
Quelle grandeur infinie!
Quelle divine harmonie
Réfulte de leurs accords!

De fa puiffance immortelle
Tout parle, tout inftruit.
Le jour au jour la révèle,
La nuit l'annonce à la nuit.
Ce grand & fuperbe ouvrage

N'eft point pour l'homme un langage
Obfcur & mistérieux :

Son admirable structure

Et la voix de la nature,

Qui fe fait entendre aux yeux.

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Dans une éclatante voute
11 a placé de ses mains
Ce foleil, qui dans fa route
Eclaire tous les humains.
Environné de lumière,
Cet aftre ouvre fa carrière,
Comme un époux glorieux,
Qui dès l'aube matinale
De fa couche nuptiale
Sort brillant & radieux.

L'univers, à fa préfence,
Semble fortir du néant.

11 prend fa courfe, il s'avance
Comme un fuperbe géant.
Bientôt fa marche féconde
Embraffe le tour du monde
Dans le cercle qu'il décrit ;
Et par fa chaleur puiffante,
La nature languiffante
te ranime & fe nourrit.

O que tes œuvres font belles !
Grand Dieu, quels font tes bienfaits?
Que ceux qui te font fidelles,
Sous ton joug trouvent d'attraits!
Ta crainte infpire la joic:
Elle affure notre voie,
Elle nous rend triomphant:
Elle éclaire la jeuneffe,
Et fait briller la fageffe
Dans les plus foibles enfans.

Soutien ma foi chancelante,
Dieu puiflant; inspire moi
Cette crainte vigilante
Qui fait pratiquer ta loi.
Loi fainte, loi défirable,
Ta richeffe eft préférable
A la richeffe de l'or;
Et ta douceur eft pareille
Au miel dont la jeune abeille
Compofe fon cher tréfor.

Mais fans tes clartés facrées,
Qui peut connoître, Seigneur,
Les foibleffes égarées

Dans les replis de fon cœur ?
Prête moi tes feux propices.
Vien m'aider à fuir les vices
Qui s'attachent à mes pas.
Vien consumer par ta flâme
Ceux que je vois dans mon ame,
Et ceux que je n'y vois pas.

Si de leur trifte efclavage
Tu viens dégager mes fens;
Si tu détruis leur ouvrage,
Mes jours feront innocens.
J'irai puifer fur ta trace
Dans les fources de ta grace ;
Et de fes eaux abreuvé,
Ma gloire fera connoître
Que le Dieu qui m'a fait naître,
Eft le Dieu qui m'a fauvé.

ODE III.

TIRÉE DU PSEAUME XLVIII.

Sur l'aveuglement des hommes du fiècle.

U'aux accens de ma voix la terre fe réveille :

Que l'univers fe taife, & m'écoute parler.
Mes chants vont feconder les accords de ma lire :
L'Esprit faint me pénétre, il m'échauffe, il m'inf-
pire

Les grandes vérités que je vais révéler.

L'homme en fa propre force a mis fa confiance;
Ivre de fes grandeurs, & de fon opulence,
L'éclat de fa fortune enfle fa vanité.

Mais, ô moment terrible! ô jour épouvantable,
Où la mort faifira ce fortuné coupable,
Tout chargé de liens de fon iniquité?

Que deviendront alors, répondez, grands du

monde

Que deviendront ces biens où votre espoir fe fonde,
Et dont vous étalez l'orgueilleufe moiffon?
Sujets, amis, parens, tout deviendra ftérile;
Et dans ce jour fatal, l'homme à l'homme inutile
Ne paîra point à Dieu le prix de fa rançon.

Vous avez vû tomber les plus illuftres têtes ;
Et vous pourriez encore, infenfés que vous êtes,
Ignorer le tribut que l'on doit à la mort?
Non, non, tout doit franchir ce terrible paffage.
Le Riche & l'indigent, l'imprudent & le fage,
Sujets à même loi, subissent même fort.

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